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MOTIVATION, subst. fém.
I. − [Correspond à motiver I A] PHILOS. Action de motiver, d'alléguer les (l'ensemble des) considérations qui servent de motif(s) avant l'acte et de justification à cet acte, à posteriori. Dans la Grèce, ce qu'il plaît à Nietzsche de découvrir, c'est cette insatisfaction même et ce déséquilibre sacré où le Christianisme trouvera son autorisation, sa motivation, sa raison d'être (Gide,Feuillets,1937, p.1282).Les valeurs ne m'apparaissent que dans une situation historique qualifiée où je m'oriente et cherche à motiver mon action. La motivation d'un projet précis est le rapport fondamental où s'insèrent des jugements moraux (Ricoeur,Philos. volonté,1949, p.72).Toute action libre et volontaire se base sur une motivation plus ou moins consciente. Ce sont les raisons que l'on se donne pour agir (Birou1966):
1. ... si (...) l'artiste ne se connaît point de motivation extérieure, sociale, s'il est tout gratuit, il n'est pourtant pas immotivé; il pressent et entrevoit même à quelle sorte d'apostolat il est prédestiné par la nature de son esprit, de son être et, en son fond, il ne tend à rien d'autre. C'est pour atteindre un tel secret qu'il se cherche (...) des parentés, (...) toute une antériorité spirituelle qui le justifiera. Massis,Jugements,1923, p.32.
II. − [Correspond à motiver II]
A. − PSYCHOL. Ensemble des facteurs dynamiques qui orientent l'action d'un individu vers un but donné, qui déterminent sa conduite et provoquent chez lui un comportement donné ou modifient le schéma de son comportement présent. Champ de la motivation; motivation consciente; motivations économiques, électorales, individuelles, professionnelles. La réussite professionnelle (...) [est] de plus en plus considérée comme due dans une large part à la motivation du sujet, alors qu'autrefois on ne tenait guère compte que de ses aptitudes (P.Pichot,Les tests mentaux,p.76 ds Foulq. 1971):
2. Entre les capacités d'un individu et son rendement réel s'interposent ses motivations (...). Qu'est-ce qui définit l'intérêt d'un travail? Qu'est-ce qui fait que le contenu même du travail soit une motivation à travailler ou au contraire un obstacle qu'il faut vaincre? C'est bien entendu un certain rapport entre la tâche et les aptitudes et intérêts de celui qui l'accomplit. Traité sociol.,1967, p.461, 465.
ÉCON. [Dans le cadre d'une étude de marché, d'une étude de publicité] Ensemble des facteurs qui déterminent le comportement d'un agent économique (acheteur/consommateur, vendeur, etc.) face à un produit ou un service donné. La recherche de l'intérêt personnel et/ou la satisfaction des besoins économiques sont considérées comme les motivations les plus profondes de l'activité économique (Cotta1972).
Étude de motivation. Les études de motivation ont connu un rapide essor en Amérique du Nord, car elles permettent de percer le mystère de l'acte de l'achat et notamment de mieux orienter l'effort de publicité (Romeuft.21958):
3. Étude de marché, étude de publicité, étude de motivation constituent en fait (...) trois approches, à des niveaux différents, du même problème ou, si l'on veut, trois moments d'une même démarche. Sociol.1970.
B. − LING. Relation, lien plus ou moins étroit entre un signe et la réalité qu'il désigne, entre la forme signifiante d'une part et le signifié d'autre part. Motivation du lexique; degré de motivation. Dans la dérivation, il y a toujours motivation (...). Enfin, l'attraction paronymique (par exemple, forcené, anciennement fors sené «hors de sens», rattaché à force) est fondée sur une fausse motivation (Ling.1972):
4. Le moment où la motivation d'un mot disparaît est souvent caractérisé par le fait que l'on commence à employer celui-ci dans des métaphores qui n'ont plus rien à voir avec le sens primitif. Dans l'expression française abîmer une robe rien ne rappelle plus le substantif abîme, qui est à l'origine du mot. W. von Wartburg,Problèmes et méthodes de la ling.,trad. par P. Maillard, Paris, P.U.F., 1963, p.145.
Motivation phonétique. Analogie entre la substance sonore de la langue et les bruits ou cris «naturels», notamment les onomatopées (d'apr. Greimas-Courtés 1979). Dans le cas de la motivation phonétique la forme phonique d'une unité lexicale, bien que très variable d'une langue à l'autre, est en relation directe avec son sens: par exemple les onomatopées fr. coucou et tic-tac. On parle dans ce cas d'une motivation directe (Mounin1974, s.v. motivé).
Motivation morphologique. Fait, pour un mot, que l'on y reconnaisse (à tort ou à raison) des composants permettant de rendre compte de son sens (par un lien étymologique ou non). Il y a (...) une motivation morphologique, dans les dérivés ou les composés; comme l'écrit Ferdinand de Saussure: «Ainsi vingt est immotivé, mais dix-neuf ne l'est pas au même degré, parce qu'il évoque les termes dont il se compose et d'autres qui lui sont associés, par exemple dix, neuf, vingt-neuf (...)» (Lang.1973).
Motivation sémantique. Relation entre deux acceptions d'un mot polysémique. La motivation sémantique est (...) indirecte. Ex.: l'expression le pied de la montagne où le sens figuré de pied est intelligible à partir du sens de base (Mounin 1974, loc. cit.).
C. − PSYCHOPÉDAGOGIE. Ensemble des facteurs dynamiques qui suscitent chez un élève ou un groupe d'élèves le désir d'apprendre. Motivations à l'expression écrite. Dans la mesure où les intérêts de l'enfant et de l'adolescent évoluent en fonction des expériences scolaires ou extra-scolaires, le problème de la motivation se renouvelle constamment avec les progrès de la réflexion et de l'action pédagogiques (A. Léon,La motivation chez les élèves de l'enseignement techniqueds Psychol. scol., déc. 1972, no9, p.78):
5. La motivation primaire est évidemment liée au besoin; l'une et l'autre sont le produit de changements dans l'équilibre biologique entre l'organisme et son milieu, exigeant la recherche d'un autre équilibre. Il n'y a pas identité entre besoin et motivation: le premier est un certain état de l'organisme ou d'une partie de celui-ci (...); la seconde est un état du système nerveux résultant du premier, de façon directe ou par l'intermédiaire de stimulus, externes ou internes, et susceptibles de pousser l'organisme à une activité. Il n'y a pas de relation simple, linéaire, entre le besoin et la motivation. R. Richterich,Les motivations à l'écriture et à la lecture en langue étrangèreds Fr. Monde, déc. 1974, no109, p.21.
Prononc.: [mɔtivasjɔ ̃]. Étymol. et Hist. 1845 (Richard de Radonvilliers); 1899 (Gide, Prométhée, p.311). Dér. de motiver*; suff. -(a)tion*. L'angl. motivation de même sens est att. dep. 1873 ds NED. Fréq. abs. littér.: 199. Bbg. Martin (R.). Contribution à l'ét. du concept de motivation. Lille-Paris, 1977, passim. _ Schneidegger (J.). Arbitraires et motivations en fr. et en all. Bern-München, 1980, 160 p.