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MORPION, subst. masc.
A. − Pop. et fam. Poux du pubis qui adhère fortement à la racine d'un poil et qui cause d'irritantes démangeaisons. On fait périr les morpions avec de l'onguent mercuriel (Ac.1798, 1878).Sarcey est juge de la beauté d'une phrase à peu près au même titre qu'un morpion, tombé par hasard dans l'Olympe, serait juge de la beauté du cul d'une déesse (Goncourt,Journal, 1879, p.39):
. Une femme du monde et qui souvent me laisse Fair' mes quat' voluptés dans ses quartiers d' noblesse M'a sournois'ment passé sur son divan de soie Des parasit's du plus bas étage qui soit Sous prétexte de bruit sous couleur de réclame Ai-j' le droit de ternir l'honneur de cette dame En criant sur les toits et sur l'air des lampions Madame la Marquis' m'a foutu des morpions. Georges Brassens, éd. A. Bonnaffé, Paris, Seghers, 1978 [1962], p.144.
B. − P. anal., pop. [Souvent employé comme terme d'injure] Personne de petite taille ou dont on a peine à se débarrasser. C'morpion-là [un poilu]! Non, mais tu l'as vu! Tu sais, y a pas à dire: ici on fréquente un tas d'individus qu'on sait pas qui c'est (Barbusse,Feu, 1916, p.31).
Gén. péj. Enfant, gamin. Agitant devant les yeux d'un des tout petits noirs enfants, le grand morceau vert d'étamine: «Tu le trouves pas beau toi dis morpion? (...)» (Céline,Voyage1932, p.174).Si ce sale morpion [un enfant] vient encore m'emmerder, je lui tords le cou (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.453).
C. − Arg. scol. Jeu qui consiste pour chacun des deux adversaires à placer à tour de rôle un signe distinctif (croix ou cercle) sur du papier quadrillé pour s'efforcer d'obtenir le plus rapidement une file continue de cinq signes dans n'importe quelle direction. À quoi jouez-vous? demanda Mathieu. − Au morpion. − Ça peut se jouer à trois? − Non (Sartre,Mort ds âme, 1949, p.66).Les jeux d'alignement, tels que (...) le morpion, dont le principe est de réussir avant l'adversaire un alignement de trois ou cinq pions (Jeux et sports, 1967, p.386).
REM.
Morbaque, subst. masc.,synon. vieilli,arg. et pop. L'ennuyeux c'était les morbaques... J'en ai ramené moi forcément... Il a fallu que je m'onguente (Céline,Mort à crédit, 1936, p.360).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀpjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1532 «pou du pubis» (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, ch. 17, p.141); 2. 1654 «gueux adolescent» (ds Esn.), à nouv. en 1866 «gamin importun» (Delvau, p.260, s.v. morbaque); 3. 1924 «jeu» (ds Esn.). Comp. de mordre* et de pion* au sens de «pou», att. en wallon au xves. (v. FEW t.8, p.146a), donc littéralement «le pou qui mord». Fréq abs. littér.: 28.