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MORDANT, -ANTE, part. prés., adj. et subst. masc.
I. − Part. prés. de mordre*.
II. − Adjectif
A. −
1. Rare. [En parlant d'un animal] Qui mord. Depuis ce moment, je n'ai point passé une heure (...) sans que le souvenir atroce, cuisant, ce souvenir qui ronge, (...) ne remuât en moi comme une bête mordante enfermée au fond de mon âme (Maupass., Contes et nouv., t.2, Confess., 1884, p.463).
2. [En parlant d'une substance corrosive; p. méton., de ses effets] Qui entame, use, corrode. L'arsenic blanc est absolument inodore; sa saveur est d'abord à peine sensible; mais elle devient ensuite âcre, mordante et caustique (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t.1, 1821, p.101).La trace âpre et mordante des sels de vinaigre (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p. 613).
B. − P. anal.
1. [En parlant de phénomènes d'intempérie] Qui provoque une sensation vive. Canicule, chaleur mordante. Le temps s'est mis à une pluie battante, aussi vive, aussi mordante que la grêle (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.520).Les pluies torrentielles, les gels mordants (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p.249).Un vent mordant et froid leur cinglait le visage (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p.15).
2. MUS., MUS. VOC. [En parlant de la voix, du timbre] Qui est d'une sonorité particulièrement pénétrante. Une voix puissante, d'une fraîcheur, d'une netteté singulière, d'un mordant timbre d'acier (Michelet, Oiseau, 1856, p.166).Voix au timbre grave, mordante et chaude comme la vibration d'une corde de violoncelle (Vogüé, Morts, 1899, p.3).Le violon avec son timbre mordant et incisif, porta un rude coup à la gigue (Grillet, Ancêtres violon, t.1, 1901, p.163).
C. − Au fig. D'une hostilité, d'une agressivité blessante. Caricatures, insultes mordantes. Camille fut douce et bonne, elle se sentait si supérieure! La marquise fut dure et mordante, elle se savait jouée comme une enfant! (Balzac, Béatrix, 1839, p.202).Aux reproches mordants et pleins de colère dont l'accablait Félix, (...) il répondait avec une bonhomie doctorale (Thierry, Récits mérov., t.2, 1840, p.294).Voltaire ne voit, dans l'entêtement de ses derniers partisans, qu'une occasion d'exercer sa mordante ironie (Boll, Qq. sciences captivantes, 1941, p.209).
III. − Subst. masc.
A. −
1. Instrument servant à saisir, pincer ou maintenir en place un objet; p. méton., partie d'une tenaille. Mordant. Morceau de bois fendu, qui sert à retenir la copie (...) et à guider le compositeur au fur et à mesure qu'il fait des lignes (Momoro, Impr., 1793, p.240).Il [le bec] est aigu et courbé, comme les mordants d'une tenaille, dans les oiseaux qui vivent de semences renfermées dans des coques très dures, tels que les perroquets (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.90).
2. ,,Extrémité en métal d'une ceinture ou d'une courroie de cuir`` (Leloir 1961).
B. −
1. Substance corrosive. [Les tatouages] faits avec la teinture d'arbres de l'Australie finissent par disparaître à l'aide de certains réactifs et de certains mordants (Ponson du Terr., Rocambole, t.4, 1859, p.44).
2. Substance permettant de fixer la couleur. On appelle mordants les substances poissantes (...) destinées à retenir les poussières colorantes (Al. Brongniart, Arts céram., t.2, 1844, p.678).Cuirs de couleur (...) teintés avec des mordants de différentes sortes: alumine, chrome, antimoine d'étain et de fer (Closset, Trav. artist. cuir, 1930, p.34).
a) TEINT., TEXT. ,,Substance dont on imprègne les tissus pour qu'ils prennent la teinture`` (Sc. 1962). Teinture sur mordant. Généralement on emploie pour le mordançage en alumine, la préparation connue sous le nom d'acétate d'alumine ou mordant rouge (Wurtz, Dict chim., t.3, 1878, p.281):
1. Quand la fibre textile et la matière colorante ne peuvent s'unir directement, on a recours à l'emploi d'un mordant. Le mordant est un corps capable de s'unir de façon durable à la fibre et à la matière colorante. Blanquet, Technol. mét. habill., 1948, p.110.
b) GRAV. ,,Vernis utilisé dans les impression métalliques`` (Comte-Pern. 1974).
c) BIOL. Substance chimique (phénol, sels métalliques, alcalis) qui rend la coloration plus aisée (d'apr. Méd. Biol. t.2 1971). Acide picrique (bon fixateur et mordant) (Husson, Graf, Manuel biol. gén., 1965, p.9).
C. − Au fig.
1. Caractère de ce qui, de celui qui attaque, critique avec vivacité. Esprit mordant. La conversation n'était jamais frivole, mais le rire n'en était pas banni, quoique les plaisanteries y fussent simples et sans mordant (Balzac, Méd. Camp., 1833, p.219).Il y a au théâtre le mordant spirituel, le mordant insolent des nouveaux parvenus, le mordant simple et franc de l'homme de la nature (Bussy, Art dram., 1866, p.259):
2. Mais il ne lui suffisait pas de croquer des silhouettes, fût-ce avec le mordant d'un caricaturiste de métier. Son art, c'était de faire vivre ses personnages dans toute leur épaisseur humaine. Martin du G., Souv. autobiogr., 1955, p.LXXIV.
2. P. ext. Vivacité, énergie, entrain. On donne maints exemples de l'impéritie et de l'absence de mordant de l'armée américaine (Gide, Journal, 1943, p.163).
3. P. anal.
a) MUS., MUS. VOC. Ces admirables musiciens [saxophones d'Ellington] ne jouent pas avec assez de mordant (Panassié, Jazz hot, 1934, p.250).
[En parlant de la voix, du timbre] Ce qui caractérise une sonorité et une vivacité particulières. Le chanteur continua avec un éclat sauvage d'organe et un mordant d'intonation qui glacèrent l'assemblée (Soulié, Mém. diable, t.2, 1837, p.212).Elle [la voix du muezzin] a le mordant d'un hautbois et la pureté céleste d'un orgue d'église (Loti, Exilée, 1893, p.189):
3. ... comme il [Mozart] sait user de ce charmant petit orchestre où les deux violons et l'alto ajoutent leur mordant et leur frémissement léger à l'agilité de deux flûtes... Ghéon, Promenades Mozart, 1932, p.105.
Au violon, coup d'archet incisif à départ vertical puis horizontal.
Ornement consistant en un ou plusieurs battements faisant alterner plus ou moins rapidement une note principale et la note immédiatement inférieure pour s'achever sur la note principale (d'apr. Mus. 1976). Synon. pincé.
b) P. anal., LING. ,,Figure de syntaxe et de rythme qui consiste à répéter, après un mot-valeur (A) le déterminant (X) qui le précédait`` (Morier 1975). L'enjambement souligne alors l'effet en l'alourdissant: le mordant y perd de sa rapidité (Morier1975).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀdɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Adj. 1174 «qui mord» et au fig. «caustique» (Guernes de Pont-Sainte-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 732, 3072); 2. subst. a) ca 1200 «pièce de métal de la ceinture» (Escoufle, 5578 ds T.-L.); b) 1676 «manière de couper le bout d'une pièce de bois» (Félibien); c) 1743 «vernis pour fixer l'or ou l'argent» (Trév.); d) 1798 «qualité d'une voix sonore» (Ac.); e) 1798 «originalité, vivacité d'esprit» (ibid.). Part. prés. de mordre* empl. comme adj. et subst. Fréq. abs. littér.: 481. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)538, b) 817; xxes.: a) 650, b) 757. Bbg. Gohin 1903, p.371. _ Sculpt. 1978, p.660.