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MONSTRUEUX, -EUSE, adj.
A. − [En parlant d'un être vivant] Dont la conformation est contre nature. Dans les baraques foraines, on exhibe parfois des animaux monstrueux (Davau-Cohen1972):
1. X. (...) me parle des confidences qu'un (...) gynécologue anglais lui a faites, (...) sur la manière dont on se débarrasse des enfants monstrueux (...). L'accoucheur (...) s'il voit que l'enfant n'a pas de jambes, ou trois yeux, ou deviendra idiot (...) applique la main sur le visage de l'enfant qui, au bout de dix secondes, a cessé de vivre. Green, Journal, 1936, p.72.
[P. méton.] Corps, visage monstrueux. Le prisonnier (un petit) était maintenu par quatre élèves (...). Un grand accroupi entre ses jambes, lui tirait les oreilles et l'obligeait à regarder d'atroces grimaces. Le silence de ce visage monstrueux qui changeait de forme terrifiait la victime (Cocteau,Enfants,1929, p.13).Le cadet était bossu d'une manière complexe et, si j'ose dire, selon tous les méridiens. Son torse, monstrueux, en forme de barrique, semblait posé de guingois sur les jambes, et la tête elle-même s'implantait de guingois sur le torse (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p.98).
Qui est caractéristique du monstre. Conformation, difformité, laideur monstrueuse. La peau, chaude au début, est considérablement épaissie et oedémateuse; (...) les yeux restent clos; les naseaux sont en partie obstrués. L'animal prend un aspect monstrueux, analogue à ce que l'on observe dans certaines formes d'anasarque (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux, 1896, p.442).
B. − [En parlant d'une créature légendaire, mythique] Qui est de la nature du monstre (v. monstre II A). Quelque monstrueux serpent de l'air (Montherl., Célibataires, 1934, p.901):
2. Minos (...) avait exigé de nous un tribut annuel: sept jeunes gens et sept jeunes filles devaient être livrés pour satisfaire (...) aux appétits du Minotaure, le monstrueux enfant que Pasiphaë, l'épouse de Minos, avait eu de son commerce avec un taureau. Gide, Thésée, 1946, p.1420.
P. anal. [En parlant d'une créature imaginaire] Il entendait distinctement (...) remuer derrière la porte. (...) il imaginait un être monstrueux, des os déchiquetés, des chairs comme des haillons, une tête de cheval, des yeux qui font mourir (Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p.48).
C. − [En parlant d'une chose] Qui s'écarte des normes habituelles, qui est contraire à l'ordre naturel des choses.
1. Qui est contraire à l'ordre naturel des choses, à la bienséance ou à la morale. Accouplement monstrueux (Ac.1835-1935).Des doutes lui revenaient, sa femme ne pouvait être chez cet homme, c'était monstrueux et impossible (Zola, Nana, 1880, p.1279).Mais comment ose-t-on présenter de pareilles turpitudes sur la scène?... Et le public applaudissait! Et il y avait des enfants dans la salle; des enfants que les parents avaient amenés là, connaissant la pièce... C'est monstrueux (Gide,Faux-monn.,1925, p.1063):
3. Parfois, étreignant Marguerite, dans le demi-sommeil, j'étreins maintes autres femmes, certaines que j'ai vues, d'autres que j'imagine, comme ça, pour la circonstance (...). La femme que je serre dans mes bras, c'est comme un mélange monstrueux de Marguerite et d'une autre, de dix, de cinquante autres. Duhamel,Journal Salav.,1927, p.98.
2. Qui est excessivement cruel, pervers. Attentat, crime monstrueux. Deux mille Alsaciens sont morts à Madagascar. C'est monstrueux; la fleur d'une génération (Barrès, Cahiers, t.1, 1897, p.178).L'affaire Picquart, qui restera dans nos annales comme le plus monstrueux forfait de sociale scélératesse! (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.437):
4. ... je leur devais la vie − mais la vie est-elle un présent? (...) Après leur honteux abandon, je ne leur devais plus que la vengeance. Ils ont accompli contre moi l'acte le plus inhumain, le plus infâme, le plus monstrueux qu'on puisse accomplir contre un être. Maupass., Contes et nouv., t.2, Parricide, 1884, p.477.
3. Qui est contraire à la raison. Paradoxe monstrueux; erreur, idée monstrueuse. Je découvrais dans l'angoisse des possibilités effroyables, un univers monstrueux qui n'était que l'envers de ma toute-puissance (Sartre, Mots, 1964, p.123).
4. Qui est excessif par sa taille, ses dimensions, son intensité, sa valeur. Des mains monstrueuses. Immense cheminée devant laquelle, entre de monstrueux chenets, dont chacun supporte une petite marmite, les rôtis pleurent dans les lèchefrites (Rostand, Cyrano, 1898, ii, p.63).Parfois, le cri monstrueux d'un navire, un mugissement assourdissant et triste (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p.247).J'irai de capitale en capitale en touchant des cachets monstrueux, je pourrai même mettre de l'argent à gauche pour quand je serai vieux (Queneau, Loin Rueil, 1944, p.110).
Prononc. et Orth.: [mɔ ̃stʀyø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. J. Simon, Relig. natur., 1856, p.178: monstreuses; Giono, Poids du ciel, 1938, p.89: monstreux. Étymol. et Hist. 1. «Qui a les caractéristiques d'un monstre» ca 1330 [en parlant de Mémoire aux formes de monstre] chose mont hideuse et monstrüeuse (Guillaume de Digulleville, Vie humaine, 4828 ds T.-L.); 1563 la monstrueuse baleine (Passerat, Hymne de la Paix, I, 96 ds Hug.); 1575 enfans monstrueux (Paré, XIX, X, éd. J.-F. Malgaigne, t.3, p.25 b); 2. 1370-80 «(d'un fait, d'une action) contraire au plan de Dieu, aux lois de la nature» (Ovide moralisé, éd. C. De Boer, L. IV, 2385); 3. 1540 «prodigieux, extraordinaire, merveilleux» (La Grise, Tr. Guevara, II, 18 ds Hug.). Empr. au lat. monstruosus «monstrueux, bizarre, extraordinaire»; a pratiquement évincé le synon. monstreux (1250-75 [ms.], Gossuin de Metz ds Gdf.: beste monstereuse; 1554 cruauté monstreuse, Le Caron ds Hug.; à nouv. au xixes.: 1839-42 monstreuse autocratie, Comte, Philos. posit., t.5, p.230), dér. de monstre*, suff. -eux*. Fréq. abs. littér.: 1973. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1594, b) 4032; xxes.: a) 3908, b) 2518.