Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
MONOLOGUE, subst. masc.
A. − THÉÂTRE
1. Discours qu'un personnage seul en scène se tient à lui-même. Hamlet arrive seul au troisième acte sur la scène, et (...) dit en beaux vers français le fameux monologue to be or not to be (Staël,Allemagne,t.3, 1810, p.236).Jadis, en France, nous traitions les problèmes de l'homme sous forme de «lamento» au clair de lune, de monologues historiques devant des tombeaux, non moins historiques (Vilar,Tradition théâtr.,1963, p.98):
1. Bien absurde (...) le monologue de Camille de l'acte IV où se préparent et chauffent les prochaines imprécations. Ce résumé de la situation, cette récapitulation des revirements et des travers, quelle actrice pourrait jouer cela, sauver cela? Gide,Retour Tchad,1928, p.983.
SYNT. Monologue dramatique; monologue admirable, célèbre; monologue de l'Avare, d'Hernani, de Macbeth, de Polyeucte; monologues de Racine; écrire, déclamer, débiter, dire, réciter un monologue; savoir un monologue par coeur.
P. anal. Monologue musical. De toutes les combinaisons analysées ci-après, la plus simple (...) consiste à faire chanter la mélodie à un seul instrument à vent, ce qui donne au drame symphonique ses monologues (Gevaert,Orchestr.,1885, p.109):
2. Dès que (...) [la] tonalité est établie, le thème principal apparaît comme au début, sans accompagnement, monologue de 1erviolon, plus long de deux mesures que dans la première partie. Marliave,Quat. Beethoven,1925, p.134.
2. P. méton. Pièce à un personnage, généralement fantaisiste ou comique. Jouer un monologue; monologue comique. Le mariage n'est pas un monologue: c'est une pièce à deux personnages (Feuillet,Mar. monde,1875, p.267).Coquelin cadet chez Scholl: «J'ai fait un monologue. C'est extraordinaire, ils rient tant qu'ils en p... par terre» (Barrès,Cahiers,t.4, 1905, p.66):
3. Je soussigné reconnais céder en toute propriété à Madame Tresse un monologue de ma composition intitulé Le Secret de l'ancienne musique, ainsi que le droit de l'imprimer, réimprimer et vendre en tel format et à autant d'exemplaires qu'elle le voudra. Villiers de L'I.-A.,Corresp.,1878, p.240.
En partic.:
4. [Le] dernier effort [de Beethoven] d'annexer le parler dramatique au Lied est de 1813, avec sa deuxième version de An die Hoffnung, op. 94 (...). Ce grand monologue récitatif (...) est sa suprême tentative pour objectiver sa pensée, en la mettant en scène, comme il avait fait dans les grands airs de Léonore. Rolland,Beethoven,t.1, 1937, p.165.
B. − P. anal.
1. Discours qu'une personne seule se tient à elle-même. Synon. soliloque.J'ai bien peur de ne savoir plus trouver les paroles qui conviendraient à un nombreux auditoire et de transporter à cette chaire les monologues d'un solitaire (Cousin,Hist. philos. mod.,t.1, 1847, p.2):
5. ... dans l'inertie absolue où elle vivait, elle prêtait à ses moindres sensations une importance extraordinaire; (...) et à défaut de confident à qui les communiquer, elle se les annonçait à elle-même, en un perpétuel monologue qui était sa seule forme d'activité. Proust,Swann,1913, p.50.
En partic. Monologue intérieur. Suite de pensées plus ou moins formulées, rêverie, entretien muet d'une personne avec elle-même. Charles avait beau se remuer, aller et venir, il était poursuivi par un monologue intérieur, dont quelques phrases montaient de temps à autre jusqu'à ses lèvres et faisaient retourner les passants (Goncourt,Ch. Demailly,1860, p.208).C'est très gentil, me disais-je en continuant mon monologue intérieur (Léautaud,Pt ami,1903, p.144):
6. Avec plus de chance, plus de vertu, plus de talent, plus de cohésion et plus d'entraînement, nous [les écrivains clandestins de la Résistance] eussions pu écrire le monologue intérieur de la France occupée. Sartre,Sit. II,1948, p.258.
P. méton., littér. Transcription à la première personne des états d'âme d'un personnage de roman. Faulkner adopte les procédés mis à la mode par James Joyce et son école − le déchiffrement de la subconscience et le monologue intérieur (Arts et litt.,1936, p.42-07).Aucune traduction, bien entendu, ne saurait rendre le caractère si original de ces quelques pages de monologue intérieur, où la matière sonore de la langue règne en souveraine et où la prose est toute mêlée de vers (Béguin,Âme romant.,1939, p.251):
7. ... ce chapitre des Souvenirs [de Drumont] (...) est sans doute l'un des plus extraordinaires de ces monologues intérieurs, demi-parlés, demi-rêvés, avec leurs silences soudains, de brusques reprises, et parfois comme suspendu dans le vide, entre l'avenir et le passé, une date, un nom... Bernanos,Gde peur,1931, p.36.
2. Discours d'une personne qui parle sans attendre de réponse ou sans laisser répondre ses interlocuteurs; dialogue, conversation où seul l'un des interlocuteurs est actif. Christel transforme facilement la conversation en monologue. J'admire l'aisance avec laquelle elle s'empare des dés. Elle est de cette race qu'on ne saurait interrompre (Gracq,Beau tén.,1945, p.19).Ils marchaient lentement, traînant le pas. Marat parlait à mi-voix, sans attendre ni solliciter de réponses d'Annie, une sorte de monologue chuchoté, comme une messe basse (Vailland,Drôle de jeu,1945, p.233):
8. ... il me décrit les difficultés du travail, l'écart désespérant entre ce qu'«on» voudrait faire, et ce qu'«on» parvient, avec tant de peine, à réaliser... Un long monologue à mi-voix, sur un ton de confidence − mais de confidence à soi-même; un monologue hésitant, coupé de fréquentes pauses. Martin du G.,Souv. autobiogr.,1955, p.LXVII.
SYNT. Monologue exalté, humoristique, ininterrompu, interminable, lyrique, passionné, pathétique, spirituel; monologue amoureux, raisonneur; monologue à haute voix, à voix basse; monologue de tragédien, de vieille fille; écouter, interrompre, poursuivre, tenir un monologue; se livrer à, se lancer dans un monologue; mettre fin à un monologue.
P. métaph. La bourrasque (...) se mit à rugir en basse continue (...) Rien d'inquiétant comme ce monologue de la tempête. Ce récitatif morne ressemble à un temps d'arrêt que prendraient les mystérieuses forces combattantes, et indique une sorte de guet dans l'inconnu (Hugo,Homme qui rit,t.1, 1869, p.100).Je sais (...) que nous sommes une nation de dialogue inapte à tomber dans le monologue du dirigisme (Cocteau,Poés. crit. II,1960, p.235).
PSYCHOL. Monologue collectif. Pseudo-conversation tenue par des enfants dont chacun s'adresse apparemment aux autres mais sans intention réelle de se faire écouter ou comprendre (d'apr. Piéron 1973). On a dit de la conversation de l'enfant qu'elle est un «monologue collectif», ou si l'on veut un monologue en présence d'autrui (Mounier,Traité caract.,1946, p.618).Monologue égocentrique de l'enfant. V. langage égocentrique, s.v. égocentrique ex. de Traité sociol. et égocentrisme ex. 2.En URSS, Vigotsky et Luria ont vu dans le monologue égocentrique de l'enfant le point de départ du langage intérieur de l'adulte (Traité sociol., 1968, p.246).
Prononc. et Orth.: [mɔnɔlɔg]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1500-03 menologue «discours que, dans une pièce de théâtre, un acteur prononce seul» (Thérence en français, éd. A. Vérard, foa 3 ro); 1508 monologue «id.» (Eloy D'Amerval, Le livre de la Deablerie, p.224b); b) 1884 «scène fantaisiste dite par un seul personnage» (B.-C. et E. Coquelin, L'art de dire le monologue, p.4); 2. 1811 «long discours d'une personne qui oublie ou néglige la présence de ses interlocuteurs» (Jouy, Hermite, t.1, p.137); 3. a) 1826 «discours d'une personne seule qui parle tout haut» (Balzac, Physiol. mar., p.156); b) 1834 «longue suite de pensées, rêverie d'une personne» (Id., La femme de trente ans ds La Comédie Humaine, éd. P.-G. Castex, t.2, 1976, p.1123); 4. 1925 litt. monologue intérieur (Larbaud in E. Dujardin, Les Lauriers sont coupés, préf. ds Rob.). Comp. de mono-* et de -logue*, d'apr. dialogue*. Comme terme littér. on trouve l'équivalent en russe chez Tchernychevski en 1856 et en all. chez Schnitzler en 1901 (cf. Publications of the Modern Language association of America, t.69, 2epart., 1954, p.1102 et 1111). Fréq. abs. littér.: 435. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 393, b) 730; xxes.: a) 424, b) 867. Bbg. Mack. t.2 1939, p.134. _ Schwartz (W. L.). «Monologue intérieur» in 1845. Mod. Language Notes 1948, t.63, pp.409-410. _ Struve (G.). Monologue intérieur: the origins of the formula. P.M.L.A. 1954, t.69, pp.1101-1111.