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MONARCHIE, subst. fém.
A. − INSTIT. POL. et HIST.
1. Système de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par une seule personne, le plus souvent par un roi héréditaire. Monarchie élective, héréditaire; chute, renversement, rétablissement de la monarchie; partisans de la monarchie. Nous détestions l'empire et ce régime plagiaire de la monarchie (Lamart.,Confid.,1849, p.353).L'établissement de la monarchie impériale [à Rome] avait été le couronnement de l'oeuvre (Larbaud,F. Marquez,1911, p.123).
2. Pouvoir exercé par un monarque ou par des monarques successifs dans un pays déterminé; ensemble des institutions d'un tel gouvernement; période, durée d'un tel gouvernement. Monarchie française, légitime. Les hautes familles de la monarchie se sont fondues dans les familles de l'Empire (Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.743).Il y avait plus d'un siècle et demi que la monarchie avait cessé de convoquer les États Généraux (Bainville,Hist. Fr.,t.2, 1924, p.7).
SYNT. Monarchie capétienne; monarchie anglaise, espagnole, prussienne; nouvelle, puissante monarchie; en faveur de la monarchie; sous la monarchie.
Monarchie universelle. Pouvoir d'un monarque s'étendant sur une vaste partie du monde. Si cette prière irréfléchie avait été exaucée (...) la monarchie universelle de Bonaparte pèserait sur l'Europe (Staël,Consid. Révol.,t.1, 1817, p.455).
3. P. méton.
a) État, pays ayant ce type de gouvernement. Monarchies européennes; grandes monarchies. Trieste et Fiume, seuls ports de la monarchie autrichienne (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.1, 1823, p.683).
b) Opinion favorable à ce type de gouvernement. Synon. rare de monarchisme.Vous [Maurras] êtes allé à la monarchie par un appel impérieux et tout d'abord obscur de votre être. (...) cela manquait à un Jules Lemaître, on voit la maigreur de sa monarchie (Barrès,Cahiers,t.9, 1911, p.236).
4. En partic.
[La monarchie considérée sous divers aspects]
Monarchie absolue, pure. Monarchie dans laquelle les pouvoirs du monarque ne sont pas limités par l'existence d'une constitution. Le principe de la monarchie pure, de la royauté absolue avait dominé en Espagne sous Charles-Quint et Philippe II (Guizot,Hist. civilisation,1828, leçon 14, p.11):
1. En moins d'un demi-siècle on a vu tomber la monarchie absolue de Louis xiv, la république conventionnelle, le directoire, les consuls, l'empire, la monarchie selon la Charte: qu'y a-t-il donc de stable? Lamennaisds L'Avenir,1831, p.132.
Monarchie constitutionnelle. Monarchie dans laquelle les pouvoirs du monarque sont limités par une constitution et qui peut revêtir deux formes: monarchie parlementaire, quand la monarchie est associée à un régime parlementaire et monarchie représentative, quand il y a présence d'une assemblée représentative auprès du monarque. Une opposition éloquente sous une monarchie parlementaire était le rôle qui convenait à son attitude (Lamart.,Nouv. conf.,1851, p.309).Sous Louis-Philippe (...) il soutenait la monarchie constitutionnelle avec une passion juvénile (Zola,E. Rougon,1876, p.75).La Constitution de 1791: l'essai de la monarchie représentative (Vedel,Dr. constit.,1949, p.71).
Monarchie limitée, mixte, tempérée. Monarchie dans laquelle les pouvoirs du monarque sont limités par diverses institutions, en particulier par l'existence d'une assemblée représentative. La majorité de l'Europe, en 1789, approuvait l'établissement d'une monarchie limitée en France (Staël,Consid. Révol.,t.1, 1817p.368).Famille qui donna trois ministres à la monarchie tempérée (A. France,Lys rouge,1894, p.43):
2. L'Europe moderne offre des exemples de tous les systèmes, de tous les essais d'organisation sociale; les monarchies pures ou mixtes, les théocraties, les républiques plus ou moins aristocratiques y ont vécu simultanément... Guizot,Hist. civilisation,leçon 21828, p.7.
Monarchie de droit divin (v. droit3I B 1 b). Où sont la monarchie de droit divin, la monarchie constitutionnelle et l'Empire? (Clemenceau,1881ds Fondateurs 3eRépubl., p.308).
[En France]
[Chez certains aut. du xixes. et p. opp. aux régimes monarchiques de la 1remoitié de ce siècle] Ancienne, vieille monarchie. Régime monarchique avant 1789. Notre révolution (...) conquit l'Europe par les armes comme la vieille monarchie avait fait par les lettres (Sainte-Beuve,Tabl. poés. fr.,1828, p.286).[Mes parents] avaient traversé l'ancienne monarchie et la Révolution (Sand,Hist. vie,t.1, 1855, p.372).
Monarchie selon la Charte. Régime monarchique établi par Louis XVIII et régi par une charte. V. supra ex. 1.
Monarchie de Juillet*.
B. − P. anal. et au fig.
1. P. anal.
a) (de régime) La puissance populaire qui transparaît à travers notre monarchie municipale (Chateaubr.,Mém.,t.4, 1848, p.520).La monarchie des abeilles et la république des fourmis pourront servir de modèles aux sociétés humaines (Ménard,Rêv. païen,1876, p.142).
b) (d'autorité, de domination) La monarchie spirituelle du pape est le fondement et la garantie des monarchies temporelles des rois (Lamennais,Religion,1826, p.132).Ce moment est décisif dans la vie de Voltaire, et signale en effet son véritable avénement à la monarchie littéraire universelle (Sainte-Beuve,Caus. lundi,t.7, 1847, p.111).
2. Au fig. Du Bellay présage, au lendemain de la mort de François Ier, le règne du français en Europe, la monarchie universelle de notre langue (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t.13, 1867, p.303).Jung (...) décrit cette unité du moi comme une pyramide de personnalités subordonnées plutôt que comme la monarchie d'un principe (Mounier,Traité caract.,1946, p.718).
Prononc. et Orth.: [mɔnaʀ ʃi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1270 «gouvernement par un seul chef» (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, p.46, 13); spéc. ca 1330 «régime politique où le chef d'État est un roi héréditaire» (Girart de Roussillon, 25 ds T.-L.); 1704 monarchie absolue (Trév.); 2. 1370-72 «État gouverné par un seul chef» (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre III, chap.4, p.206). Empr. au b. lat. mŏnarchia «gouvernement d'un seul» (début iiies.), gr. μ ο ν α ρ χ ι ́ α «commandement d'un seul» d'où «pouvoir monarchique, monarchie», dér. de μ ο ́ ν α ρ χ ο ς, v. monarque. Fréq. abs. littér.: 1855. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5516, b)1817; xxes.: a) 1123, b) 1531.
DÉR. 1.
Monarchien, -ienne, adj. et subst.,hist. (Révolution fr.). (Individu, groupe) qui était partisan du régime monarchique avec deux Chambres et un pouvoir royal fort. Peut-être n'était-il [le docteur Guillotin] ni républicain ni monarchien, mais à coup sûr il était excellent citoyen (Balzac, Œuvres div.,t.1, 1824-30, p.603).[Le] Modérateur du club monarchien, rédigé par Fontanes (Chateaubr.,Mém.,t.1, 1848, p.235).Le parti patriote s'amputa des monarchiens qui passèrent à l'opposition (Lefebvre,Révol. fr.,1963, p.153). [mɔnaʀ ʃjε ̃]. 1reattest. 1790 adj. et subst. (A. Challamel, Les Clubs contre-révolutionnaires, Annales patr. de Carra, no453 du 29 déc., p.170 ds Frey, pp.157-158); de monarchie, suff. -ien*. Cf. le b. lat. monarchianus «théologien partisan de la supériorité du Père» (début iiies.).
2.
Monarchiser, verbe trans.a) Emploi trans. Rendre monarchique; soumettre à une monarchie ou à une sorte de monarchie. Ces ardentes ambitions (...) appuyées (...) sur la nécessité de monarchiser la France (Balzac,Cabinet ant.,1839, p.121).Nous dispenser, nous abstenir, nous effacer, nous enterrer (...). Nous abdiquons par lâcheté. − Notre bouddhisme nous monarchise (Amiel,Journal,1866, p.208).En emploi adj. Il y a dans ce groupe trop de candidats à toutes les fonctions (surtout les grandes) de la République monarchisée (Clemenceau,Vers réparation,1899, p.36).b) Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers.] Être, se montrer favorable à la monarchie. Tout est gagné, si ces gens-là se monarchisent publiquement (Barnave, Œuvres,t.4, Lettres, Paris, Challamel, 1843 [1792], p.356).[mɔnaʀ ʃize]. 1resattest. 1556 part. prés. monarchizans «gouvernant monarchiquement» (Saliat, trad. d'Hérodote, V, 92 ds Hug.), 1599 monarchiser «exercer le pouvoir monarchique» (Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, II, 1, ibid.), puis 1792 se monarchiser «être favorable à la monarchie» (Barnave, loc. cit.), 1801 monarchiser «rendre monarchique» (Mercier Néol., p.130); de monarchie, suff. -iser*.
BBG.D'Oria (D.). La Struct. pol. de la soc. fr. du xviies. dans les dict. de Richelet (1680), Furetière (1690)... In: Annali della Facoltà di Lingue e Letterature straniere. n.s.3. Bari, 1972, pp.207-288. _ Dub. Pol. 1962, p.345, 346 (s.v. monarchiser). _ Quem. DDL t.18. _ Vardar Soc. pol. 1973 [1970], pp.268-269.