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MOIRE1, subst. fém.
A. −
1. Apprêt donné à certaines étoffes par écrasement irrégulier de leur grain avec une calandre. Cette popeline a bien pris la moire (Ac.1835-1935).
2. P. méton.
a) Rare. Aspect de l'étoffe qui a reçu cet apprêt. La moire des étoffes était, comme la splendeur de sa peau, quelque chose de spécial et n'appartenant qu'à elle (Flaub., Salammbô, t.2, 1863, p.39).
b) Étoffe qui a reçu cet apprêt et qui présente une alternance d'ondulations, de zébrures mates et brillantes. Deux courtines de moire verte à grands dessins brillants (Balzac, Enf. maudit, 1831, p.336).Le magnifique étalage de la moire lustrée dont les cassures resplendissent, de la soie opulente (Taine, Notes Paris, 1867, p.125).De miroitantes robes de moire paille ou rose thé (Lorrain, Phocas, 1901, p.42).V. ensorceler B 1 ex. de Barbey d'Aurevilly.
Moire antique, française. D'après leurs dessins, on classe les moires en deux catégories: − la moire antique (à grandes ondes); − la moire française (à dessins plus petits) (J. Coulon, Technol. gén. modiste, 1951, p.37).
B. − P. anal.
1. Aspect chatoyant. L'onde calmée où ce rayon s'argente Couvre son dos uni d'une moire changeante (Banville, Cariat., 1842, p.19).Le paysage, ineffablement assoupi, avait cette moire magnifique que font sur les prairies et sur les rivières les déplacements de l'ombre et de la clarté (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p.119).La moire satinée des épaules (Zola, E. Rougon, 1876, p.160).
2. Gén. au plur. Reflet ondoyant. Synon. moirure (v. ce mot B).La robe du cheval fabuleux frissonnait de reflets et de moires vivantes (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p.134).Le soleil, réverbéré sur les eaux, faisait courir le long des murs des moires chatoyantes (Moselly, Terres lorr., 1907, p.237).Dans les beaux yeux tristes de son compagnon passaient des éclairs de lumière, des moires de cette gaieté ironique et mouillée (Arnoux, Paris, 1939, p.206).V. cerne ex. 1.
C. − P. métaph. Formules portées à la surface de la voix grasse, bénéficiant chemin faisant de toutes ses intentions et de toutes ses moires (Malègue, Augustin, t.2, 1933, p.34).Notre plus grand écrivain en prose, au contact de l'esprit et de la suavité de la femme, eût acquis des chatoiements, des irisations, comme dit Maurras, des «moires» (L. Daudet, Idées esthét., 1939, p.181).
Prononc. et Orth.: [mwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1639 moire (Testament politique de Richelieu, éd. 1688, ch. IX, p.128 ds Bonn., p.95) cf. en 1646 moire désignant des étoffes chatoyantes de différentes matières (Document ds L. Bosseboeuf, La Fabrique des soieries de Tours, Bulletin et Mémoires de la Sté Archéologique de Touraine, t.41, p.261 d'apr. M. Höfler ds Cah. Lexicol. no6, 1965, p.91: Les moires plaines d'argent [...] Les moires de soye [...] Les moires de fleuret et de poil de chameau [...] Les moires de laine); 1650 (Mén.: Mouaire. Espece de camelot. Nous avons eu ce mot avec la chose des Anglois qui prononcent moër. Je croy que les Anglois l'ont eu des Levantins qui appellent moiacar une espece de camelot); on distinguait les moires lisses et les moires tabisées qui étaient soumises au passage à la calandre qui leur donnait des reflets ondoyants (cf. Havard) puis l'usage du terme a été réservé uniquement aux tissus ayant reçu ce traitement (cf. Encyclop. t.10 1765, p.608: la moëre n'est qu'un gros-de-tours auquel on donne le nom de moëre lorsqu'il a passé sous la calendre); b) 1765 «aspect ondoyant pris par une étoffe passée à la calandre» (Encyclop. t.10, p.610 col. a: le satin ne prenant pas la moëre); 2. 1784 «ce qui présente des reflets ondoyants comme ceux de la moire» ruisseaux de moire (sur une tapisserie) (Bern. de St-P., Ét. nature, t.3, p.464). Empr. à l'angl. mohair (transcrit moire en fr. selon la prononc. de l'époque), forme att. dep. 1619 et qui représente une altération, peut-être par attraction avec hair «poil», du terme angl. att. dès 1570 sous la forme mocayares et désignant à l'origine un tissu en poil de chèvre angora (cf. NED), l'angl. ayant ensuite réemprunté la forme moire au fr. pour désigner ce tissu, puis d'autres sortes d'étoffes, lorsqu'ils avaient été passés à la calandre pour leur donner des reflets ondoyants. Le terme angl. a été empr. à l'ar. muḫayyar «étoffe de poil de chèvre», peut-être par l'intermédiaire de l'ital. mocaiardo, même sens (mocajari, 1542 ds Pellegr. Arab., p.127; mocaiaro, mocaiardo, mucaiarro, mucaiardo, 2emoitié du xvies. ds Batt.). De l'ar. par l'intermédiaire de l'ital. a également été empr. le fr. moucayar (1553, Belon, Singularités, fo203 ro), moucayard (1565, R. des Sociétés sav. t.X, 1869, p.525), mocaiar, mocayar (1568, Nicolay ds Nasser Thèse compl., p.151), moncaiar (1575, Thévet ds Hug.) v. FEW t.19, p.130a. Bbg. Chevallier (G.). À propos du mot moire. Fr. mod. 1957, t.25, pp.186-195, 284-304. _ Tobler (A.). Etymologisches. Z. rom. Philol. 1886, t.10, pp.574-576.