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MOIGNON, subst. masc.
A. −
1. Partie restante d'un membre partiellement amputé ou arraché. Je devrais te couper les quatre membres, traître, Et te laisser ramper sur tes moignons sanglants (Hugo, Légende, t.1, 1859, p.390).Le moignon cicatrisé qui remplaçait sa patte [d'une fouine] était horriblement gênant (Pergaud, De Goupil, 1910, p.108):
1. Si, par exemple, chez un amputé, quelque stimulation se substitue à celle de la jambe sur le trajet qui va du moignon au cerveau, le sujet sentira une jambe fantôme, parce que l'âme est unie immédiatement au cerveau et à lui seul. Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.90.
[Suivi d'un compl. désignant un membre ou une partie du corps] Moignon d'un bras, d'une jambe. Sa main couturée, calleuse, avec les moignons des deux doigts emportés par la bombe sous Dantzig! (Adam, Enf. Aust., 1902, p.270).Il croyait sentir, sous le pariétal, sa cervelle douloureuse, pareille au moignon d'un membre amputé (Bernanos, Imposture, 1927, p.512).
2. P. anal.
a) Reste (d'une branche coupée ou cassée); souche (d'un arbre abattu). Synon. chicot.Moignon d'une branche. Au bord de la route des moignons de peupliers abattus arrêtent chaque pas avec un parfum nostalgique de champignon (Giono, Eau vive, 1943, p.151):
2. Tout paraissait jaune, d'un jaune affreusement triste, la terre rôtie, les moignons des tiges coupées, les chemins de campagne, bossués, écorchés par les roues. Zola, Terre, 1887, p.290.
b) Partie restante (d'une structure brisée, d'un objet coupé ou cassé). Les bombes avaient arraché des pans entiers du tablier du pont, des moignons d'acier se dressaient vers le ciel (L'Humanité, 26 oct. 1966).
B. − P. ext.
1. Membre difforme ou rudimentaire, dû à une malformation congénitale. Les deux mains de M. Tanton étaient deux moignons, deux mains mal venues et imparfaites d'où seulement le pouce était sorti (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p.10).
2. ZOOL. Membre atrophié, organe rudimentaire propre à certaines espèces animales. Ils jacassent, ces clowns [des cormorans], devant un public de quatre pingouins qui applaudissent avec leurs moignons (Pays et gens de France, Paris, Larousse, 8 oct. 1981, p.1, col.1).
C. − BÂT. Partie supérieure d'une descente d'eau soudée au chéneau ou à la gouttière. On appelle moignon la portion du tuyau de descente soudée à la gouttière (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t.4, 1928, p.46).Un élément à moignon, appelé aussi naissance, sur lequel est raccordée la descente (Rustica Hebdo, 6-12 mai 1981, no593, p.18).
Prononc. et Orth.: [mwaɳ ɔ ̃]. Ds Martinet-Walter 1973 une distinction [mwaɳ ɔ ̃] / [mwanjɔ ̃] (4/9). Autres prononc. [mwε-] (Land. 1834, Besch. 1845; 2 sujets ds Martinet-Walter 1973), et [mɔ-] (Littré, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Warn. 1968; 1 sujet ds Martinet-Walter 1973). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 «ce qui reste d'un membre coupé, entre la coupure et l'articulation» (Chevalier cygne, 131 ds T.-L.); 2. 1690 [éd.] bot. couper, tailler en moignon (La Quintinie, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, t.1, p.108); 3. a) 1853 «membre rudimentaire dû à une malformation congénitale» (Champfl., loc. cit.); b) 1868 zool. (Littré). Dér. de l'a. subst. moing «mutilé, estropié» (ca 1275, Adenet Le Roi, Beuve de Commercy, éd. A. Henry, 311; déjà vers 1180 en fr.-prov., Girard de Roussillon, éd. W. M. Hackett, 2025), d'un rad. préroman *munnio- «émoussé», lui-même dér. de *munno- «id.»; cf. FEW t.6, 3, pp.223b-225b. Fréq. abs. littér.: 120. Bbg. Alessio (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t.17, pp.187-188. _ Sain. Sources t.1 1972 [1925], pp.133-134.