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MEURTRIER, -IÈRE, subst. et adj.
I. − Emploi subst. Personne qui a commis un ou plusieurs meurtres. L'âme du meurtrier est aveugle et il n'y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible (Camus,Peste,1947, p.1324).
1. ... quel crime n'est collectif? Même lorsque le meurtrier est seul en face de sa victime, il serait aisé de lui trouver des complices chez les morts et chez les vivants. Pourtant, lui seul est jugé, lui seul paye sa dette. Mauriac,Journal 3,1940, p.285.
Meurtrier de + subst.Meurtrier de son père (synon. parricide), de sa mère (synon. matricide), de son frère (synon. fratricide), de son enfant (synon. infanticide). La Bible dit (...) que Caïn, le meurtrier d'Abel son frère, c'est l'établissement de la propriété parmi les hommes (P. Leroux,Humanité,t.2, 1840, p.561).
II. − Emploi adj.
A. −
1. [En parlant d'une pers.] Qui commet, qui a commis un ou plusieurs meurtres. Époux, fils, père meurtrier; fille, mère meurtrière.
[P. méton.]
Littéraire :
2. La douleur que tu me causeras ne sera pas comparable au bonheur de savoir que celui qui me blesse, de ses mains meurtrières, est trempé dans une essence plus divine que celle de ses semblables! Lautréam.,Chants Maldoror,1869, p.167.
Qui incite, qui pousse au meurtre. Folie, fureur meurtrière. Celui qui, dans sa rage meurtrière, ne distingue ni le sexe ni l'âge, (...) celui-là, quels que soient ses exploits, n'est qu'un monstre sanguinaire (Genlis,Chev. Cygne,t.2, 1795, p.10).
2. P. anal. [En parlant d'un animal] Qui tue, généralement pour se nourrir. [En juin] les espèces innocentes, celles qui vivent de végétaux, sont nées toutes, mais pas encore les espèces meurtrières qui ont besoin de proie vivante (Michelet,Insecte,1857, p.18).
B. − [En parlant de choses concr. ou abstr.]
1. Qui sert à tuer, qui cause la mort. Arme, balle meurtrière; poison meurtrier. L'arc et la flèche seront remplacés par le feu et le plomb meurtrier (Crèvecoeur,Voyage,t.2, 1801, p.12).
2. En partic.
a) [En parlant d'un acte de guerre, d'une catastrophe] Qui cause la mort d'un grand nombre de personnes. Campagne meurtrière; combat meurtrier. Des épidémies meurtrières qui causaient l'avortement des mères ou leur faisait produire des monstres (Michelet,Hist. romaine,t.1, 1831, p.21).La victoire termine l'épreuve; mais l'épreuve est bonne aussi pour le vaincu, dès que la guerre a été aussi longue et meurtrière qu'on pouvait l'attendre (Alain,Propos,1921, p.192).
b) [En parlant d'un phénomène naturel] Qui cause des ravages, qui cause un mal comparable à de nombreux meurtres. J'irai chercher la fortune sous les climats les plus meurtriers. Sous de tels cieux, elle est sûre et prompte, m'a-t-on dit (Balzac,E. Grandet,1834, p.150).Les habitants (...) avaient l'affolement que donnent les cataclysmes, les grands bouleversements meurtriers de la terre, contre lesquels toute sagesse et toute force sont inutiles (Maupass.,Contes et nouv.,t.2, Boule de suif, 1880, p.116).Lorsque réapparurent les rayons meurtriers du soleil (...), il éprouva (...) le sentiment énergique que les jours de la fin étaient maintenant proches (Gracq,Argol,1938, p.119).
3. [En parlant d'un lieu] Où de nombreuses personnes trouvent la mort. Route meurtrière. De taciturnes milices de cipayes (...) sans pitié, rôdent, sans cesse, de toutes parts, en ces parages meurtriers (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels,1883, p.368).
4. P. exagér. Qui aurait pu tuer dans d'autres circonstances. Un coup de poing meurtrier. Qui exprime une envie de meurtre. Lancer des regards meurtriers.
C. − Au fig. Qui blesse moralement:
3. L'exécution, chez elle, est faite moins avec des mots spirituels qu'avec des sous-entendus, des appuiements sur les choses, des soulignements de sourires, des riens perfides, tout l'arsenal du plus exquis et du plus meurtrier esprit français. Goncourt,Journal,1873, p.945.
[P. méton.] Il mettait les stigmates de la débauche sur le compte de la vie littéraire en accusant la Presse d'être meurtrière (Balzac,Muse départ.,1844, p.99).
REM.
Meurtrièrement, adv.[Correspond à C supra] D'une façon meurtrière. Une somme passionnante, et torturante sans doute, d'observations (...) dont son esprit meurtrièrement lucide déroula devant lui le dédale infiniment changeant (Gracq,Argol,1938p.65).
Prononc. et Orth.: [moeʀtʀije], fém. [-jε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: meurtrier, iere, 1740: -iére, dep. 1762: -ière. Étymol. et Hist. A. Subst. ca 1165 «assassin» ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 963). B. Adj. 1. xves. [ms.] «qui commet ou a commis un meurtre, des meurtres» (Sept sages de Rome, éd. G. Paris, p.135: chevalier multrier); 2. ca 1500 «qui sert à perpétrer le meurtre» (Guillaume de Digulleville, Trois pèlerinages, fo55a ds Gdf. Compl.: murdrier coustel); 3. 1675 «qui encourage, pousse à tuer» (Racine, Iphigénie, IV, 4: lois meurtrières). Dér. de meurtre*, suff. -ier*. On note, à partir du mil. du xiies., de même que pour meurtre* et meurtrir*, des formes avec -t- ou -d- (cf. Gdf. et T.-L.). On trouve également, au sens de «assassin», les subst. mordrëor, murdrëor, murtrëor (début du xiiies. ds Gdf. et T.-L.) et mordris(s)ëor, murtrissor (fin du xiies. id.); dér. de meurtrir*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 1213. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2058, b) 2103; xxes.: a) 1646, b) 1284.