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MAURESQUE, adj. et subst.
I. − Adj. et subst.
A. − Adj. Qui appartient aux Maures, à leur civilisation et à leurs coutumes, et plus généralement à l'Afrique du Nord. Il avait eu de (...) je ne sais quelle esclave mauresque, gitane ou bohémienne, qu'il avait ramenée d'Afrique, un fils (Dumas père, Don Juan, 1836, i, 4, p.9).Le duetto «c'est fini le mariage» au premier acte, les deux autres duos du troisième acte, celui de la dînette et la chanson mauresque «ma belle Girofla», dont l'orchestration et la disposition vocale surtout sont fort ingénieuses (L. Schneider, Maîtres opérette fr., Lecocq, 1924, p.180):
1. [Paul de Manerville:] − Ah! l'autre! mon cher de Marsay. Elle vous a (...) un teint mauresque auquel un homme se chauffe comme au soleil... Balzac, Fille yeux d'or, 1835, p.352.
En partic. [En parlant d'un style architectural] Qui est imité de celui des anciens maures d'Espagne et se caractérise par l'arc outre-passé en lambrequin et polylobé en rameaux et feuillages disposés sans aucun assujettissement à l'imitation de la nature (d'apr. Chabat 1881). Architecture, palais, peinture mauresque. Contemplez ce spectacle, dit, sur les marches du Trocadéro, M. Bergeret (...) Voyez: dômes, minarets, (...) terrasses italiennes et terrasses mauresques (A. France, Bergeret, 1901, p.285).Une de ces grandes loges (...) attire l'attention (...) éclairée au fond d'une lanterne mauresque (A. Daudet, Nabab, 1877, p.231).
B. − Emploi subst.
À la mauresque. Dans le style des Maures. Des jeunes filles sveltes et rieuses se pressaient autour des élégantes fontaines de marbre ornées à la moresque (Nerval, Voy. Orient, t.2, 1851, p.79).Deux négrillons en costume de porte-queues de robes, et coiffés du casque à la moresque orné de panaches (E. de Goncourt, Mais. artiste, t.1, 1881, p.139).
CHORÉGR. Danse ancienne, dont l'origine est attribuée aux Maures. Il faut voir ces danseurs infatigables danser la moresque, les sonnettes aux genoux (Michelet, Tabl. Fr., 1833, p.48).
PEINT. Motif décoratif peint ou gravé à la manière des anciens mores d'Espagne qui consiste en rameaux accompagnés de feuillages, sans ordre et sans assujettissement à l'imitation de la nature (d'apr. Littré). Les Turcs ne souffrent point de figures dans leurs peintures, et n'ont que des moresques et des arabesques (Ac.1798-1878).
Rem. On dit aussi peinture moresque ou à la moresque: Une couche de crin recouverte d'une grosse toile ou d'une basane sert de support à cette garniture qui peut être soit en cuir de boeuf, soit en cuir gaufré doré ou peint «à la mauresque» (Viaux, Meuble Fr., 1962, p.67).
TECHNOL. ,,Ornements de caprice, feuillages de fantaisie qu'on emploie dans la damasquinerie`` (Littré).
II. − Subst. fém. Femme du pays maure, d'Afrique du Nord. Une belle mauresque. En chemin, les Espagnols regardant par la fenêtre. Deux Juives ou Mauresques sur des terrasses se détachent sur le noir du ciel (Delacroix, Journal, 1832, p.129):
2. Les plus grands noms de l'aristocratie française y sanctionnaient [sur le livre des paris du Grand-Club] les gageures les plus baroques, les plus niaises, celles du duc de Courson-Launay par exemple (...) obligé de s'épiler comme une mauresque... A. Daudet, Rois en exil, 1879, p.185.
Arg. ,,Mélange de pastis avec du sirop d'orgeat`` (Sandry-Carr. 1963). Je m'envoirais bien une mauresque d'Espagne en travers le gégier [= gésier] (Musette, Cagayous poilu, 1919, p.4).
REM.
Mauresquement, adv.À la manière des Maures. En entrant, le tarasconnais posa une main sur son coeur, et s'inclina le plus mauresquement possible, en roulant de gros yeux passionnés (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p.91).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀ εsk], [mo-]. Ac. 1694-1878 moresque; mauresque vedette de renvoi ds Ac. 1835, 1878; Ac. 1935 mauresque. La graphie moresque est auj. vieillie. Étymol. et Hist. I. A. Adj. 1. 1349 guiterne moresche «mandore» (Doc. ds F. Dick, Bezeichnungen für Saiten - und Schlaginstrumente in der altfranzösischen Literatur, 1932, p.67); 2. 1477 «qui a rapport aux Maures, à leur style particulier de décoration» (Extraits des comptes et mémoriaux du roi René, éd. A. Lecoy de la Marche, § 655, p.294: touaille morisque). B. Subst. 1. 1379 à la morisque «à la manière des Maures» (Inv. de Charles V ds Gay: ung reliquaire d'argent doré ouvré à la morisque); 2. 1448 chorégr. Extraits des comptes et mémoriaux du roi René, §763, p.336); 3. 1531 moresque peint. (Doc. ds Nouv. arch. de l'art fr., p.91). II. 1611 subst. «femme maure» (Cotgr.). Empr. à l'esp. morisco «maure» (ca 1140 ds Cor.-Pasc., s.v. moro; déjà comme nom propre en 966, ibid.), lui-même issu du lat. médiév. mauriscus «id.» (cf. Blaise Latin Med. Aev.), «noirâtre» (av. 1101 ds Nov. gloss.). La forme moresque, qui apparaît à côté de morisque au xives. (cf. FEW t.6, 1, p.555a) s'explique prob. par l'infl. des mots dérivés à l'aide du suff. -esque et trouve l'appui des formes occitanes (cf. 1453, moresqua «danse» ds Pansier t.3, v. aussi FEW t.6, 1, pp.553a-553b), où -esc résulte d'une évolution normale du lat. -iscus (voir W. Meyer-Lübke, Gramm. des lang. rom., t.2, §520). Il n'est donc pas nécessaire de faire remonter la forme en -esque à l'ital. moresco, qui n'est d'ailleurs att. qu'au xves. (v. Batt.). La forme mauresque, avec au, apparaît vers 1640 (voir Gay). Fréq. abs. littér.: 158. Bbg. Reinh. 1963, p.79, 88.