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MATER1, verbe trans.
A. − JEUX (échecs). Mettre le roi en échec de telle manière qu'il ne puisse plus se déplacer sans être à nouveau mis en échec. Mater le roi avec le fou (Rob.).
[P. méton.] Mater un joueur, mater son adversaire. Le faire échec et mat, gagner. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Au fig.
1. Soumettre, éventuellement par la violence, un être humain, une collectivité qui manifeste (un peu trop) sa volonté d'indépendance ou qui se révolte. Il changea tout d'un coup de visage et de ton, et se trouva contraint devant elle, maté par la supériorité de son caractère (Sand,Indiana, 1832, p.214).En fait, nous nous sommes battus pour qu'il n'y ait plus de guerre, et au nom du droit des peuples on nous empêche de mater la Prusse, qui réorganise ses réserves (Barrès,Cahiers, t.13, 1921, p.165).Elle n'aurait pas le dernier mot avec lui, il en avait maté d'autres! (Queffélec,Recteur, 1944, p.182):
1. Clovis, nous l'ignorions, était un de ces garnements dont on ne vient à bout qu'en employant la manière forte. Turbulent, agressif, batailleur, prompt à tout briser, il ne rêvait que plaies et bosses. Ses bons parents, tant pour le mater que par mesure de prudence, l'avaient vissé sur sa chaise. Toute la cour savait qu'il était clos à vis, Clovis. Fulcanelli,Demeures philosophales, t.1, 1929, p.107.
P. anal. [L'obj. désigne un animal] D'un coup de poing sur les oreilles il a maté le mulet qui mordait (Giono,Colline, 1929, p.19).
CHASSE (fauconnerie). Mater un oiseau de proie. (Dict. xixeet xxes.).
Emploi pronom. vieilli. Se mortifier. Il y avait en lui du saint Antoine, son patron, et surtout du saint Jérôme. Comme celui-ci, il était un grand lutteur des déserts, ne sachant qu'inventer pour se mater lui-même (...) bêchant la terre, sciant les blés, faisant les foins par la chaleur de midi, se ressuyant son chapelet en main au soleil, s'interdisant le feu dans les durs hivers (Sainte-Beuve,Port-Royal, t.1, 1840, p.397).Il se répéta: je devrais être heureux, prier en paix, me préparer à l'acte de demain et jamais je n'ai été si inquiet, si bouleversé, si loin de Dieu! − Il faut pourtant que j'achève cette pénitence! Le désespoir l'abattit, il fut sur le point de tout lâcher; il se mata encore, s'astreignit à épeler ses grains (Huysmans,En route, t.2, 1895, p.115).
2. Maîtriser une chose, limiter ou contrôler son développement, ses effets. Mater une insurrection; mater un incendie. Ils [les apothicaires du Moyen Âge] croyaient (...) que leurs feuilles [des cornichons] appliquées avec du vin, en liniment, mâtaient les accès de la rage (Huysmans,Oblat, t.1, 1903, p.107).Investi de la charge essentielle de déceler et de mater les idées révolutionnaires, de redresser les générations perverties dans leurs pères, détournées, par une déviation diabolique de l'histoire (Arnoux,Algorithme, 1948, p.26).V. circonscrire ex. de Gide:
2. La physique nucléaire, en déclenchant des forces catastrophiques, que la science ne peut plus mater, prouve la nécessité d'une règle morale et supra-humaine, si l'humanité doit continuer. Maurois,Journal, 1946, p.171.
En partic.
Humilier, rabaisser. Mater la fierté, l'orgueil de qqn. Je ne sais pas si M. Daru (...) me croyant un caractère profondément étourdi et présomptueux, veut le mater par une disgrâce continuelle (Stendhal,Journal, 1809, p.14).
Mortifier. Mater sa chair par des jeûnes (Lar. 19e-Lar. encyclop.); supra B 1 se mater).
Dominer. Mater ses passions, son impatience:
3. J'étais penché sur lui, il m'échappait. Il se retourna convulsivement, face au mur, comme si une force véritablement diabolique, la seule capable de mater sa volonté, voulait au dernier moment l'arracher à lui-même, l'emporter tout entier. Abellio,Pacifiques, 1946, p.342.
REM.
Maté, -ée, part. passé adj.Soumis, maîtrisé. Restant seul avec Thérence, je l'aidai à défaire ses coffres et à déplier les habits, tandis que Charlot, tout maté, la regardait d'un air ébahi (Sand,Maîtres sonneurs, 1853, p.271).Elle soupira orgueilleusement, fit un soupir saccadé de convoitise matée (Colette,Chéri, 1920, p.18).V. civilisé ex. 2.
Prononc. et Orth.: [mate]. Ac. 1694-1740 matter; dep. 1762 -t-. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 «vaincre, dompter» (Geoffroi Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5604); b) 1690 fauconn. (Fur.: oiseau [...] apprivoisé et matté); 1840 mater «dresser un oiseau de proie» (Ac. Compl. 1842); 2. fin xiie«se rendre maître de (quelque chose)» (Mainet, II, 55 ds T.-L.); 3. 1160-74 échecs «faire mat (son partenaire)» (Wace, Rou, II, 1767, éd. A. J. Holden, t.1, p.74). Dér. de mat1*; dés. -er; cf. le plus anc. matir «vaincre, abattre» (dep. Roland). Bbg. Wartburg (W. von). Fr. mat. In: [Mél. Brunel (Cl.)]. Paris, 1955, t. 2, p.674.