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MARÂTRE1, subst. fém. et adj.
Littéraire
I. − Subst. fém.
A. − Femme du père, par rapport aux enfants nés d'un précédent mariage. (Dict. xixeet xxes.).
En partic., péj. Femme qui maltraite les enfants que son mari a eus d'un mariage précédent. Synon. (non péj.) belle-mère (v. ce mot B).Voici la maison du scandale: la marâtre jalouse dit qu'on caresse trop ces étrangers aux dépens de ses propres fils (Chateaubr.,Fragm. Génie, 1800, p. 164).Il était veuf. Il s'est remarié. La marâtre déteste la petite (Bourget,Actes suivent, 1926, p. 124):
. ... les brodequins de fer rougi dont les nains chaussaient la marâtre de Blanche-Neige, les flammes où cuisait Lucifer, n'évoquaient jamais pour moi l'image d'une chair souffrante. Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 19.
B. − P. ext. Mère cruelle qui maltraite ses enfants. La bonne mère devint une marâtre, elle morigéna ce pauvre enfant, elle le tracassa (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 65).
P. anal. [Désigne une pers., une collectivité ou une force naturelle, qui ne remplit pas la mission de protection qu'on lui prête et qui se montre cruelle et injuste] Ô terre! criait-il, Ô marâtre de l'homme! Sois maudite à jamais dans le nom qui te nomme! (Lamart.,Chute, 1838, p. 1078).Notre république (...) traite en marâtre le professorat et lui pleure les vivres (Amiel,Journal, 1866, p. 77).
II. − Adj. fém. [Correspond à B supra] Qui agit en marâtre, qui est cruelle et injuste. Partout [chez les femmes] sous un émail de candeur, un argile vil et grossier; jeune, des maîtresses décevantes, infidèles, sordides; vieux, des épouses adultères et marâtres (Borel,Champavert, 1833, p. 185).
P. anal. ou au fig. Fortune, société marâtre. Moi, jeté au dernier rang par une providence marâtre, moi à qui elle a donné un coeur noble et pas mille francs de rente, c'est-à-dire pas de pain (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p. 322).La sainte Vierge intervenait en faveur des désespérés, forçait la nature marâtre à être juste et charitable (Zola,Lourdes, 1894, p. 112).V. blasphémer ex. 2.
Prononc. et Orth.: [maʀ ɑ:tʀ]. Ac. 1694, 1718 marastre; dep. 1740 -râtre. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 «seconde femme du père par rapport aux enfants du premier lit» (G. Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 3975); b) 1180-90 adj. «peu accueillant» (Alex. de Paris, Alexandre, 12 in Elliott Monographs, t. 5, p. 139); c) 1626 «mère dénaturée» (A. Hardy, Le ravissement de Proserpine par Pluton, 1098, éd. E. Stengel, t. 3, p. 38); 2. 1757 métall. marastres plur. (Encyclop. t. 7, p. 149b). Du lat. pop. matrastra «femme du père» (att. dans des inscriptions lat., v. TLL) qui a supplanté le lat. class. noverca qui ne subsiste que dans le macédo-roumain nuearca (cf. esp. port. madrasta, a. prov. mairastra). Le mot a un sens péj. dès le xiiies.: on trouve, vers 1220, marastre opposé à mere «femme loyale» (G. de Cambrai, Barlaam et Josaphat, éd. C. Appel, 8785-8788; v. aussi G. de Coinci, Miracles N.D., éd. V. F. Koenig, I Pr 1, 138-139). Au cours du xvies., il a été remplacé par l'expr. belle-mère* dans la désignation du lien de parenté. Fréq. abs. littér.: 88.