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MARTEAU, subst. masc.
I. − [Objet servant à la percussion]
A. − [Outil propre à certains métiers]
1. [Outil à main]
a) [Destiné à des activités artis. ou industr.] Masse métallique de volume et de forme variables, comportant une partie rectangulaire ou arrondie (la tête) et une partie amincie, parfois pointue (la panne), montée sur un manche fixé en son milieu (l'œil) et destinée à fournir l'énergie nécessaire à une percussion. Gros, lourd, petit marteau; battage au marteau; manier, soulever un marteau; aplanir, galber, repousser au marteau. J'entendais en passant les coups sourds du marteau Qui clouait dans la nuit le bois de l'échafaud (Lamart., Jocelyn, 1836, p.671).V. marteler ex.
Ouvriers à marteau. Ouvriers qui se servent d'un marteau. Comme (...) il n'y a point de cloches, ni presque point de métiers à marteau, le silence est continuel (Chateaubr.,Mém., t. 2, 1848, p.218).
[Avec déterm.]
[Le déterm. évoque une caractéristique du maniement] Marteau à main. Marteau servant à forger les pièces de moyenne grosseur et que l'on peut manier d'une seule main. Le planage effectué au marteau à main (...) nécessite une grande puissance pour le forgeage (M.-A. Muller, Roger, Évol. fond. cuivre, 1903, p.221).
[Le déterm. désigne un ouvrier ou un métier] Marteau de calfat, de forge, de géologue. La pose [des pavés] se fait au moyen du marteau de paveur qui a, d'un côté, la forme d'une spatule ogivale et de l'autre, celle d'une masse prismatique (Bourde,Trav. publ., 1929, p.76).
SYNT. Marteau de cantonnier, de carrier, de charpentier, de charron, de ciseleur, de cordonnier, de couvreur, de forgeron, de fossoyeur, de galochier, d'horloger, de maréchal-ferrant, de menuisier, d'orfèvre, de parqueteur, de paveur, de polisseur, de savetier, de serrurier, de tailleur de pierre, de tanneur, de tapissier, de tonnelier, de vitrier; à coup de marteau; forger au marteau; enfoncer avec un marteau.
[Le déterm. évoque l'emploi ou le résultat envisagé] Marteau rayant; marteau rivoir; marteau d'épinçage; marteau à emboutir, à sertir. À partir du strass découpé en morceaux avec le marteau tranchant, on réalise des pierres précieuses artificielles en teignant le produit incolore (C. Duval, Verre, 1966, p.87):
1. ... nous avons des objets de menuiserie convenablement évidés: présentons-y ces pièces à incruster, pour juger si elles entreront facilement, ajustons-les, s'il est nécessaire, enduisons de colle et cette pièce et la partie évidée, sans en trop mettre, puis laissons un peu de jour pour évacuer le surplus de la colle. Terminons par frapper doucement dessus la pièce avec la tête du marteau à plaquer. Nosban,Manuel menuisier, t.2, 1857, p.152.
SYNT. Marteau à dresser, à ébarber, à épinceter, à frapper devant, à palisser, à piquer, à river; marteau à brettelure; marteau d'assiette (pour paver).
[Le déterm. désigne la matière traitée] Marteau à ardoise, à charbon (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). Marteau à briques (Lar. encyclop.).
[Le déterm. évoque une caractéristique formelle] Marteau à dents, à gorge, à panne tranchante; marteau pioche (Nouv. Lar. ill., Lar. 20e).
Marteau têtu*.
Marteau bretté. V. bretter2rem. 2.
[Employé pour détruire, tuer] J'ai revu avec douleur la pierre de la tour où étaient nos armes et d'où elles ont été effacées par le marteau révolutionnaire (Chênedollé,Journal, 1803, p.i).Peytel (...) prend son marteau de mine, s'élance à la poursuite de Louis Rey, qui se retourne et lui porte un coup de fouet par la figure, et le tue d'un coup de marteau (Goncourt,Journal, 1852, p.67).Statues que l'on casse à coups de marteau (Claudel,Guerre de 30 ans, 1945, p.561).
[Avec valeur symbolique] :
2. Sans ordre autour de lui mille objets sont épars; Ce sont des attributs de sciences et d'arts: La règle et le marteau, le cercle emblématique, Le sablier... Gautier,Poés., 1872, p.212.
[Symbole du travail industr.] La faucille* et le marteau.
P. métaph. [En parlant de qqc. de pénible] Marteau de la fatalité, du malheur. V. céphalalgie ex.
Loc. fig., pop.
Mettre le doigt/se trouver/être entre le marteau et l'enclume*.
Avoir, recevoir un coup de marteau (sur la tête). Avoir l'esprit dérangé, être fou. Non, vraiment M. Rade va beaucoup trop loin. Il a un coup de marteau certainement (Maupass., Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.332).Coup de marteau. Accès de folie. Elle finit par oser lui parler de son coup de marteau, surprise de l'entendre raisonner comme au bon temps (Zola, Assommoir, 1877, p.698).
P. ell. Être marteau. Coucher ici? C'est-i qu'vous seriez marteaux? (Barbusse, Feu, 1916, p.116).«Quelle drôle de boîte!», se dit le valet de pied, qui demanda à ses camarades si le baron était farce ou marteau (Proust, Prisonn., 1922, p.227).Personne à l'esprit dérangé. Ce garçon ne te fera pas un très bon mari, parce qu'il tire du côté de sa mère: une famille de marteaux (Pagnol, Marius, 1931, iv, 10, p.245).
Proverbes, vx. Il faut être enclume* ou marteau; il vaut mieux être marteau qu'enclume*.
b) [Employé dans d'autres domaines d'activité]
α) Petit maillet dont le choc sur une surface a une signification convenue. Il donna le signal de l'office, en frappant avec son petit marteau (Huysmans, Oblat, t.2, 1903, p.245).Le juge frappe du marteau (Camus, Requiem, 1956, 1repart., 1ertabl., p.826).
En partic. Marteau de commissaire-priseur ou marteau d'ivoire. Petit maillet d'os ou d'ivoire dont le commissaire priseur frappe la table pour signifier que les enchères sont closes. V. adjuger ex. 3 et adjugé ex. 1.
Passer sous le marteau. Être vendu aux enchères. (Ds Littré, DG, Rob., Lar. Lang. fr.).
β) ALPIN. Marteau à panne de forme variable suivant le terrain (glace ou rocher), à manche de 20 à 35 centimètres, et qui sert à enfoncer (et secondairement à enlever) broches à glace et pitons. L'emploi du marteau-piolet est préférable au marteau à glace (La Montagne et Alpinisme, 1979, no2, p.63):
3. Toujours à Fontainebleau, le pitonnage aussi a fleuri dans certaines fissures de libre, allant jusqu'à modifier leur aspect. La menace semble moins vive aujourd'hui, mais il faut redire que Fontainebleau est le domaine par excellence de l'escalade libre et le marteau doit y être absolument banni. La Montagne et Alpinisme, 1975, no4, p.174.
γ) SYLVIC. Marteau (forestier). Marteau à manche de longueur moyenne dont la panne à la forme d'une hachette pour dénuder le bois et dont la tête porte une marque que l'on imprime, par percussion, sur l'arbre destiné à l'abattage ou à la réserve. Synon. marteau étampe (Canada), hachette à marteau.V. flachis ex. (rem. s.v. flache).
Garde-marteau. V. garde-.
δ) MÉD. Marteau à réflexes. Petit disque à bords caoutchoutés monté sur un manche, utilisé pour provoquer des réflexes par percussion. Rechercher les réflexes ostéo-tendineux. Ces réflexes s'obtiennent à l'aide d'un petit marteau caoutchouté qui permet de percuter les tendons en des zones bien déterminées (Quillet, Méd.1965, p.326).
2. Machine-outil ayant la même fonction. Marteau mécanique; marteau à bascule, à soulèvement. Le battage parachève le resserrement des fibres du cuir par un martelage à l'aide d'une sorte de pilon mécanique appelé marteau à battre les cuirs (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux, 1947, p.102).
Marteau-pilon. V. ce mot.
Marteau pneumatique. Outil dans lequel un piston, entraîné par de l'air comprimé, frappe un instrument spécifique. Le charbon est là, friable ou dur, et les mineurs, avec leur marteau pneumatique, l'abattent (E. Schneider, Charbon, 1945, p.233).
Marteau(-)piqueur. Outil pneumatique servant à abattre du minerai. Marteau(-)perforateur. Outil pneumatique servant, par percussion et rotation, à percer des trous dans les rochers. Les coupes verticales [dans le marbre] se font au marteau perforateur par trous espacés de 10 cm avec des fleurets de 28 mm de diamètre en moyenne (Lambertie, Industr. pierre et marbre, 1962, p.57).
B. − P. anal. [Forme de percussion]
1. [Objet indépendant]
a) ART MILIT. Marteau d'armes. Arme ayant la forme d'un marteau à bec pointu, avec un manche plus ou moins long, utilisée du xveau xviiesiècle pour défoncer les armures (d'apr. Leloir 1961).
b) PHYS. Marteau d'eau. Tube de verre vide d'air et partiellement rempli d'eau dans lequel, lorsqu'on le retourne, l'eau frappe le bout opposé avec un bruit sec. (Ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr., DG, Quillet 1965).
2. [Pièce d'un ensemble]
a) Heurtoir de porte. Marteau de bronze, de cuivre; porte à marteau; heurter le marteau. La porte n'ayant ni sonnette ni marteau (Flaub., Éduc. sent., t.1, 1869, p.132).La petite servante vint ouvrir au coup de marteau (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Regret, 1883, p.907).
Graisser le marteau (au fig., vx). V. graisser I A 1 a rem.1.
b) Tige à bout épais ou portant une masse qui frappe une cloche ou le timbre d'une horloge. J'attendais de voir, au travers des vieux arceaux du clocher, le marteau s'ébranler, noir sur l'azur du ciel, et retomber sur l'airain (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p.11).Une horloge en cuivre, dont les rouages, le marteau et le timbre sont apparents (Banville, Gringoire, 1866, 1, p.7).
c) Pièce en bois recouverte de feutre qui frappe une corde de piano lorsque l'on enfonce la touche correspondante du clavier. César frappé par ce nom dans le seul endroit vivant de son souvenir, comme une touche de piano dont le marteau va frapper sa corde (Balzac, C. Birotteau, 1837, p.328).Les cordes, frappées du marteau ou grattées par la plume, se prennent toujours à vibrer (Duhamel, Cécile, 1938, p.222).
d) Pièce du mécanisme de culasse d'armes à feu qui frappe le percuteur. Quand on le laisse retomber, le bec du verrou [d'un canon] vient s'appuyer sur la face inférieure de l'évidement. Le percuteur est alors dans l'axe de la lumière et peut recevoir le choc du marteau (Ledieu, Cadiat, Nouv. Matér. nav., 1890, p.113).
e) Pièce percutante d'une machine. Les débris de cuir sont déchiquetés dans un broyeur à marteaux qui produit une poudre ou une pâte suivant qu'il travaille à sec ou à l'eau (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux, 1947, p.125).
II. − P. anal.
A. − [Forme spécifique ou structure gén. (masse attachée à un support)]
1. ANAT. ,,Osselet le plus externe de l'oreille moyenne, formé d'une tête arrondie, d'un col et d'un manche, inclus dans la membrane du tympan dont il transmet les vibrations à l'enclume`` (Méd. Flamm. 1975). Il [un rameau du nerf facial] passe sous l'enclume sur le tendon du muscle interne du marteau (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p.223).
2. [Jusqu'au xviiies.] ,,Boucle de cheveux roulés en forme de tubes plus ou moins longs, maintenus par des épingles et se coiffant au-dessus des oreilles`` (Leloir 1961). Sa perruque à marteau, sautillant sur son collet (Flaub., Éduc. sent., t.1, 1869, p.153).La livrée aux couleurs d'Illyrie, coiffée en marteaux et poudrée (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p.79).
3. SPORTS. ,,Engin de lancer normalisé se composant d'un câble fixé par une extrémité à une sphère métallique, par l'autre à une poignée`` (Amsler 1971). Les lancers du poids (7 kgs 257), du disque, du javelot et du marteau (R. Vuillemin, Éduc. phys., 1941, p.124).
Rem. ,,L'engin actuel (...) ne ressemble plus à un marteau de forgeron que par son poids; il se situe à la fin d'une évolution technologique procédant du vrai marteau que les forgerons irlandais ou écossais lançaient à l'envi aux jours de fête`` (Amsler 1971).
4. ZOOLOGIE
a) Mollusque bivalve en forme de T propre à l'océan Indien. Parmi ces produits [ces échantillons de l'embranchement des mollusques], je citerai, pour mémoire seulement, l'élégant manteau royal de l'océan Indien, (...) un spondyle impérial, (...) un marteau commun des mers de la Nouvelle-Hollande (Verne, Vingt mille lieues, t. 1, 1870, p.110).
b) (Requin-)marteau. Squale dont la tête plate est pourvue de deux expansions latérales qui portent les yeux. Synon. maillet.Dans la mer, la baleine, le requin, le marteau, l'informe raie, la dent du phoque polaire, se demanderont quelle est cette dérogation à la loi de la nature (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p.143).Malheur au pêcheur qui fait l'amour avec une sirène, il engendre le requin-marteau, le poisson-scie ou à vilebrequin (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.27).
B. − DANSE, au plur. [Mouvement] ,,Mouvements alternatifs des jambes exécutés par un danseur accroupi et au cours desquels seuls les talons frappent le sol`` (Lar. Lang. fr.).
REM.
Martel, subst. masc.Forme anc. de marteau, reprise par Cladel: Il présentait aux glaives son bouclier humain, dont il usait aussi parfois, à l'instar d'un martel, pour assommer les troupiers soûls de fureur (Cladel, Ompdrailles,1879, p.42).
Prononc. et Orth.: [maʀto]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 «outil de fer propre à battre, à forger» marteals (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 328); d'où 1389 marteau a maçon (Registre criminel du Châtelet, t. I, p.37 ds IGLF); 1453 marteau de tapicerie (Arnaud d'Agnel, les Comptes du roi René, I, 12, ibid.); 1676 marteau d'assiette (Félibien); d'où a) 1206 entre le marteil et l'anclume (Guiot de Provins, La Bible, éd. J. Orr, 2366); b) 1587 avoir un coup de marteau «être fou» (Ronsard, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 18, p.293, vers 11); 1889 être marteau (d'apr. Esn.); 2. p. anal. a) 1302 eaux et forêts (Arch. du Pas-de-Calais, A 1803ds Gay); b) xives. «battant fixé à la partie extérieure d'une porte» (Poèmes français sur les biens du ménage, Dit du ménage, 189, éd. U. Nyström, p.101); c) 1391 marteau d'arme (Archives Hist. Saintonge, XXVI, 248 ds IGLF); d) 1453 marteau d'orloige (Recherches sur Orléans, I, 308, ibid.); e) 1751 mus. (Diderot, Lettre sur les sourds et muets ds Littré); f) 1848 marteau des commissaires priseurs (Balzac, Cous. Pons, p.10); g) 1912 sports lancement du marteau (Almanach Hachette 1914, Les épreuves sportives de l'année 1912, p.119); 3. p. anal. de forme a) 1611 anat. (Cotgr.); b) id. zool. marteau de mer (ibid.); c) 1757 perruque à trois marteaux (ds J. Quicherat, Hist. du cost. en France). Du lat. tardif martellus (att. chez Isidore de Séville, et dans les glossaires lat., v. TLL s.v.), issu du lat. impérial martulus, forme altérée de marculus «marteau», en réaction hypercorrecte au passage en lat. vulg. à -cl- (cf. veclus pour vetulus, v. vieux). Fréq. abs. littér.: 1 094. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 161, b) 2 603; xxes.: a) 1 823, b) 1 169. Bbg. Bäcker 1975, pp.271-272.