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MANIAQUE, adj. et subst.
A. − PSYCH. [Correspond à manie A]
1. [En parlant d'une pers.] Qui est atteint de manie. Elle perd la raison; elle ne sait ce qu'elle dit, elle délire, devient maniaque, et à la fin tombe dans un sommeil profond (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 506).
Emploi subst. Le pouvoir d'orientation mentale est totalement oblitéré chez le maniaque. L'attention est à la fois, chez lui, maxima et minima (Mounier, Traité caract., 1946, p. 434):
1. ... il se sentit aux limites de la folie. Tantôt une lutte absurde et démente contre son cerveau, des obsessions de maniaque, une hantise de nombres: il comptait les planches du parquet, les arbres dans la forêt; des chiffres et des accords, dont le choix lui échappait, se livraient dans sa tête des batailles rangées. Tantôt un état de prostration, comme un mort. Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1410.
2. Qui se rapporte à la manie. Folie, rage maniaque. Dans les fièvres aiguës très-graves, dans quelques délires maniaques, dans l'extrême vieillesse, à l'approche de la mort, on voit quelquefois également les objets doubles, triples, etc. (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 436).On peut (...) observer des accès maniaques constitués par l'apparition d'une manie aiguë avec agitation, parole intarissable (Quillet Méd.1965, p. 361).
B. − P. ext. [Correspond à manie B]
1. [Correspond à manie B 1]
a) [En parlant d'une pers.] Qui manifeste un intérêt passionné, exclusif pour certains objets:
2. ... les collectionneurs qui collectionnent pour collectionner, ces maniaques, et il n'en manque pas, qui dépensent une fortune pour ranger sous vitrines aussi bien des boutons de culotte que des livres rares... Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 342.
Maniaque de.Qui a une passion concentrée sur quelque chose. Maniaque, en somme, d'associations et de possibilités, il m'arrivait de voir avec trouble, en plein soleil, un mur lisse de marbre (Cocteau, Potomak, 1919, p. 15).
Emploi subst. Maniaque du déplacement, de musique, de politique, de psychologie. Une maniaque d'ordre comme vous êtes des maniaques de désordre. Tu sais fort bien pourquoi notre oncle m'a légué sa très petite fortune. Il sous-entendait que je vous ferais vivre (Cocteau, Parents, 1938, i, 2, p. 190).
b) Qui se rapporte à une manie, à une passion exagérée. Solitude maniaque. Nos lèvres et nos doigts, tout notre être s'agitaient dans un désir maniaque de fumer, alors que notre estomac en avait horreur (Barrès, Homme libre, 1889, p. 136):
3. Les employés et les ouvriers, sauf ceux que possédait le rêve un peu maniaque et douloureux de la petite maison champêtre hors les murs, mettaient encore beaucoup de patience à découvrir un logement à proximité de leur travail... Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 204.
2. [Correspond à manie B 2]
a) [En parlant d'une pers.] Qui a des goûts, des habitudes bizarres, parfois ridicules. Vieux garçon maniaque. C'est un vieil homme indépendant, maniaque, et qui s'accoutumerait mal aux moeurs d'une maison étrangère (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 32).Le notariat l'avait rendu maniaque et tatillon (Martin du G., Devenir, 1909, p. 7).
Emploi subst. Très souvent elle touchait les effets de son Yann, ses beaux habits de noces, les dépliant, les repliant comme une maniaque (Loti, Pêch. Isl., 1886, p. 317).
b) Qui se rapporte à des goûts, à des habitudes bizarres, souvent ridicules. Son menton à barbiche, tout écourté et ravalé par l'édentement, a un mouvement perpétuel de mâchonnement maniaque (Goncourt, Journal, 1860, p. 798).Il s'imaginait voir le docteur, (...) arrêté dans le vestibule, et accrochant son chapeau et son manteau, toujours de la même manière méticuleuse et maniaque (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1342):
4. De petits jeux maniaques, comme de faire un pas sur chaque raie de trottoir, toucher chaque poteau que l'on croise, arriver du pied droit à tel point, sont aussi une manière pour l'infériorisé de se donner de l'importance... Mounier, Traité caract., 1946, p. 594.
REM. 1.
Maniaco-, maniaque-, élém. de compos.
Maniaco-dépressif, -ive, maniaque-dépressif, -ive, adj. et subst.a) Adj. Psychose maniaco-dépressive, psychose maniaque-dépressive. Psychose périodique caractérisée par l'alternance d'états de surexcitation (manie) et d'états d'abattement (mélancolie). Synon. folie circulaire.Être atteint de psychose maniaco-/maniaque-dépressive. La psychose maniaque-dépressive est caractérisée par des accès soit d'excitation maniaque, soit de dépression mélancolique (Codet, Psych., 1926, p. 98).Emploi subst. La répartition générale des psychoses est tellement uniforme dans les familles comprenant des cas de schizophrénie ou de maniaco-dépressive qu'elle permet de confirmer la théorie de deux maladies spécifiques et génétiquement distinctes comme entités (Delay, Psychol. méd., 1953, p. 151).b) Subst. Personne atteinte de psychose maniaco-/maniaque-dépressive. Ceux dont les forces sont atteintes (...) doivent non sans peine inventer des équilibres instables, saccadés, parfois oscillants, comme ces maniaques-dépressifs que nous évoquerons bientôt (Mounier, Traité caract., 1946, p. 274).La fréquence de la schizophrénie chez les parents de schizophrènes est de 9,3 % et celle de la maniaco-dépressive chez les parents de maniaco-dépressifs est de 23,4 % (Delay, Psychol. méd., 1953, p. 152).
2.
Maniaquement, adv.D'une façon maniaque. Dans la nuit précédant sa mort tragique, Lepailleur avait encore compté maniaquement l'argent de sa femme (L. Daudet, Am. songe, 1920, p. 182).
Prononc. et Orth.: [manjak]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin du xiiies. adj. «qui a l'esprit égaré, fou» (Cart. de Dijon, Richel. 1. 4654, fo32 vods Gdf.); 1546 subst. (Rabelais, Tiers Livre, chapitre 46, éd. M. A. Screech, p. 310); 2. av. 1772 «qui témoigne d'un goût plus ou moins déraisonnable» (Duclos, Mém. rég. Œuv., t. 5, p. 344 ds Littré: un mépris maniaque pour la robe); 3. 1839 «qui est passionné par quelque objet particulier» (Stendhal, Chartreuse, p. 457: qui [...] est devenu maniaque de noblesse). Empr. au lat. médiév. maniacus (ca 1250 ds Latham), dér. de mania, v. manie. Fréq. abs. littér.: 417. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 169, b) 412; xxe: a) 770, b) 944.
DÉR.
Maniaquerie, subst. fém.Caractère d'une personne maniaque. Nous n'avions alors aucune bibliothèque, et quant aux rares bouquins qui se trouvaient en circulation, c'était miracle de parvenir à s'introduire dans le circuit. Les plus entreprenants n'y arrivaient qu'en s'inscrivant des jours à l'avance et en dépensant des trésors de diplomatie, à moins de posséder eux-mêmes des livres à verser au fonds commun. Ce n'était pas maniaquerie de la part des propriétaires, c'était méfiance légitime (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 51). [manjakʀi]. 1reattest. 1864 (Goncourt, Journal, p. 93); de maniaque, suff. -erie*.