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MAGIE, subst. fém.
A. − Synon. de magisme. (Dict. xixeet xxes.).
B. −
1.
a) Art fondé sur une doctrine qui postule la présence dans la nature de forces immanentes et surnaturelles, qui peuvent être utilisées par souci d'efficacité, pour produire, au moyen de formules rituelles et parfois d'actions symboliques méthodiquement réglées, des effets qui semblent irrationnels. Synon. goétie, nécromancie, occultisme, théurgie.Toute religion qui, par le moyen des prêtres, fait descendre du ciel des secours sur la terre, n'est-elle pas une branche de magie? (Dupuis,Orig. cultes,1796, p.432).Les matérialistes se sont donné la peine de réviser les procès de la magie d'antan. Ils ont retrouvé dans la possession des Ursulines de Loudun, des religieuses de Poitiers (...) les symptômes de la grande hystérie (Huysmans,Là-bas,t.1, 1891, p.233):
1. ... si une volonté de Dieu n'atteint le monde sensible qu'après avoir été transmise (...) par les Esprits intermédiaires (...) La magie, dans ces conditions, sera l'art de trouver le mot qui permettrait à l'homme de se subordonner un des Esprits (...). À ce niveau de pensée (...) la magie (...) peut signifier pour l'homme pur, la recherche d'une perfection, pour d'autres celle d'un pouvoir. WagnerMagie1939, p. 108.
Magie cérémonielle. ,,Magie qui agit sur les esprits (autres que les esprits des hommes vivants) par le moyen d'un rituel`` (Lal. 1968).
Magie blanche. Magie qui opère de façon occulte sur les forces et les esprits du bien et qui permet à l'homme d'utiliser leurs pouvoirs. Synon. théurgie.Ils résultent [les charmes] d'une science approfondie de la blanche magie, et ne peuvent, en aucune façon, compromettre le salut de l'âme (Nerval,Nouv. et fantais.,1855, p. 216).Tu ne crois pas (...) à la théurgie, à la magie blanche? − Non (...). Personne n'ose avouer qu'il satanise (Huysmans,Là-bas,t. 2, 1891, p. 220).Ceux-ci [les démons] obéissant aux ordres du sorcier, on en vint vite à supposer qu'un pacte les liait à lui. Mais ainsi toute magie «blanche» (...) était niée (Wagner,Magie1939, p. 130).
Magie noire, démoniaque, diabolique, ou p. ell. du déterm., magie. Magie qui opère sur les forces et les esprits du mal. Synon. goétie.Le mot de magie désignoit l'empire du mal sans bornes (Staël,Allemagne,t. 2, 1810, p. 366).Emploie (...) la magie blanche et noire, les neuvaines à l'Église et les rendez-vous au sabbat, pourvu que j'aie une lignée mâle (Balzac,Enf. maudit,1831-36, p. 405).La structure même du dogme catholique (...) devait (...) immobiliser quelque temps la magie sur le plan démoniaque (WagnerMagie1939, p. 129).
Magie théurgique*.
SYNT. Formule, livre, opération, phénomène, pratique, scène de magie; employer, pratiquer la magie; esprits évoqués par la magie.
b) SC. HUM.
α) ETHNOL. Ensemble des procédés d'actions sur la nature qui sont fondés sur les rapports de sympathie existant dans la nature et sur une causalité directe de la pensée (d'apr. Mucch. Sc. soc. 1969). MM. Hubert et Mauss (...) ont montré (...) que la croyance à la magie est inséparable de la conception du mana (Bergson,Deux sources,1932, p. 173):
2. La magie procède d'un rituel d'inversion des normes ambiantes. Là où le fer est prohibé, on doit systématiquement y avoir recours. Parce que l'inceste est interdit, on le transgresse (...), non pour se singulariser, mais pour acquérir par le renversement du champ structurel qui fonde la religion, la proximité maxima avec le sacré, qui est le principe de toute efficacité. Laplantine1974, p. 118.
β) HIST. DE LA PHILOS. Magie naturelle. Ensemble des expériences de physique, de chimie, etc., produisant des effets que la science ne pouvait pas expliquer. À la magie naturelle (...) qui fait, par exemple, pousser des roses en décembre, se superpose une magie divine double quant à son origine, double quant à son but (WagnerMagie1939, p. 184).La magie naturelle a été entendue en plusieurs sens. (...) sous ce nom [sont décrites] beaucoup de simples expériences de physique (Lal.1968).[Selon Bacon] ,,[Ensemble] des opérations qui dépendent de la connaissance de la cause formelle par opposition à celles qui n'exigent que la connaissance d'une cause efficiente`` (Lal. 1968). Bacon distingue deux degrés de la science théorique de la nature, la physique et la métaphysique, auxquels correspondent deux sciences pratiques ou arts: la mécanique et la magie naturelle (Goblot1920).
2. Gén. au plur. Procédés magiques. Lazare nous a parlé du ternaire, des hérésiarques gnostiques, Paul Adam des envoûtements et de je ne sais quelles magies (Gide,Corresp.[avec Valéry], 1891, p. 109).
3. [Pour marquer l'étonnement; en parlant d'un événement, de qqc. de surprenant, d'inexplicable] C'est de la magie. Il n'y a que l'enfance, la tendre enfance qui brille et que l'on voudrait revivre pour voir, pour mieux voir. C'est de la magie. L'innocence (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 328).(Comme) par magie. Synon. (comme) par enchantement.J'ai repris ici, comme par magie, mon grand travail, mes 16 heures par jour (Balzac,Corresp.,1833, p. 312).Sous les noms de prévision et de tradition, l'avenir et le passé (...) dominent et restreignent le présent. Le monde social nous semble alors aussi naturel que la nature, lui qui ne tient que par magie (Valéry,Variété II,1929, p.57).
4. Art de l'illusionniste, du prestidigitateur. Un tour* de magie; Le Festival de la Magie.
C. − Au fig.
1. Effet qui semble surnaturel, irrationnel, par la force, l'intensité du sentiment, du plaisir, de la satisfaction qu'il procure. Synon. charme, enchantement.Je n'ose désirer particulièrement l'une des deux alternatives. Vous voir dans huit jours est une magie; vous attendre un mois a un charme (Mallarmé,Corresp.,1870, p. 328).Quand quelqu'un tombe amoureux de vous, vraiment amoureux, c'est une magie, tout se transforme (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 395).
2. Magie + adj. ou de + subst.Influence, charme provoqué par quelque chose qui est profondément ressenti sans toujours être raisonné. Synon. envoûtement, fascination.Magie de l'avenir, du passé; magie de l'absence, de la présence (de qqn). La jeune femme sentit son coeur se serrer; plus qu'une autre sans doute, elle était accessible à la magie du soir, à ce quelque chose de trouble et de délicieux qu'elle respirait malgré elle, dans la douceur étouffante de l'air tiède (Green,Journal,1934, p. 249).
[En parlant d'un affect, d'une qualité physique ou morale d'une pers.] Magie de l'amitié, de la beauté, du regard, du visage. Je ne sais quel nuage de tristesse couvrait son front. Quand elle m'aperçut, il se dissipa tout à coup. Magie de l'amour ! (Duras,Édouard,1825, p. 186).Endormez sa fièvre pas la magie de vos sourires et de vos caresses. Qu'il soit calme entre vos paroles (Valéry,Corresp. [avec Gide], 1891, p. 102):
3. Ce qui achevait le charme, c'était la magie de la voix, pure, chaude et veloutée: chaque mot sonnait comme un bel accord; autour des syllabes dansait, comme une odeur de thym ou de menthe sauvage, l'accent riant du midi, aux rythmes rebondissants. Rolland,J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 462.
[En parlant de la création littér., picturale, musicale ou des réalisations en ces domaines et de leurs qualités] Traduites, dépouillées de la magie du style poétique, les productions de Byron me firent l'effet de sujets de mélodrames (Delécluze,Journal,1827, p. 378).L'artiste (...) a réservé la magie d'un pinceau calme et fier pour la figure (Balzac,Goriot,1835, p.207).Ce qu'on appelle la magie du dessin, des couleurs, recommence à nourrir tout ce qui nous entoure (Éluard,Donner,1939, p.94).
SYNT. Magie de l'art, des écrits, de la littérature, de la poésie, du verbe; magie verbale.
Rem. L'effet produit peut être négatif: Je ne découvris la noire magie des mots que lorsqu'ils me mordirent au coeur (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p.22).
Prononc. et Orth.: [maʒi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1535 «science, religion des mages» (De Selve, Vies de Plutarque, 22vo, édit. 1547 ds Delb. Notes mss: La théologie secrette des Perses, qu'ilz appelloient magie); 2. 1555 «art de produire, par des procédés occultes, des phénomènes sortant du cours ordinaire de la nature» ici fig. (Ronsard, Les Meslanges, éd. P. Laumonier, VI, 249: Il n'est point de plus grand magie Que la docte voix d'une amie Quand elle est jointe a la beauté); 1579 (R. Benoist ds Wagner Magie, p. 174: La cognoissance dicte magie a esté distribuee par les anciens [...] en deux especes. La premiere est une parfaite congnoissance de la philosophie naturelle [...]. La seconde est celle qui luë par l'invocation et enchantemens des demons ou diables); 1612 magie naturelle (Jean Baptiste Porta Neapolitani, La Magie naturelle qui est, les secrets et miracles de nature, trad. du latin en françois chez Thomas Daré); 1692 magie démoniaque (P. de Lancre, Incredulité et Mescreance, p. 32 ds Wagner, Magie p. 218); 1630 magie noire, magie blanche (Agrippa d'Aubigné, Lettres de poincts de science, éd. E. Réaume et F. de Caussade, I, 452); 1671 magie divine (J. A. Belin, Traité des Talismans, p. 8 ds Wagner Magie, p. 210); 3. 1757 magie de l'art «effet extraordinaire de surprise et de plaisir que produisent les arts» (Caylus, Tabl. XIII, p. 20 ds Brunot t.6, p.745, no2). Empr. au latmagia (empr. au gr. μ α γ ε ι ́ α) «religion des mages perses», «sorcellerie». Fréq. abs. littér.: 903. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)981, b)730; xxes.: a)1243, b)1863. Bbg. Duch. Beauté. 1960, p.106. _ Lerch (E.). Ét. lexicol.: Les Trois Mages: magie, magique, magicien. Fr. mod. 1934 t.2, pp.19-23. _ Mack. t.2 1939, p.191. _ Pichois (Cl.). De la magie des magiciens à la magie des artistes. In: [Mél. Gossen (C. Th.)]. Bern, 1976, t.2, pp.737-749. _ Wagner Magie 1939, 292 p.