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MÉCHANCETÉ, subst. fém.
[Correspond à méchant B]
A. − Caractère, comportement d'une personne méchante, encline à faire du mal à autrui. Synon. cruauté, malveillance, mauvaiseté (rare); anton. bonté, débonnaireté (rare), gentillesse.Dans les hommes du midi, la méchanceté s'évapore en paroles et en pensées. Moins subtile et plus grave chez ceux du nord, elle ne peut se contenter que par des actes (Joubert,Pensées, t.1, 1824, p.386).C'était une grosse femme, d'un âge assez mûr, sans méchanceté et sans bonté, grandement insignifiante (Duranty,Malh. H. Gérard, 1860, p.39):
1. Pour se venger, car elle avait la méchanceté chevillée dans le corps, tout ce que Dorothée put imaginer, ce fut de faire choix et élection à certaines fins du devant de porte de Barthélémy. Pourrat,Gaspard, 1922, p.184.
SYNT. Agir avec, par, sans méchanceté; méchanceté cachée, diabolique, froide, habituelle, profonde, raffinée; la méchanceté des hommes, du monde.
Par personnification. Je découvris dans l'humanité, en nageant vers les bas-fonds, en face de l'écueil de la haine, la méchanceté noire et hideuse, qui croupissait au milieu de miasmes délétères, en s'admirant le nombril (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p.194).
P. méton. [en parlant de l'attitude physique, intellectuelle ou morale d'une pers.] Caractère de ce qui manifeste une attitude méchante. Synon. dureté, malignité.La méchanceté d'un regard, d'un visage; la méchanceté d'un écrit, d'une parole, d'une réponse. Les critiques étrangers ont remarqué qu'il y a toujours un fond de méchanceté dans les plaisanteries les plus gaies de Candide et de Zadig (Stendhal,Racine et Shakspeare, t.1, 1823, p.32).Un sourire d'une méchanceté diabolique crispait les coins de sa bouche, il rayonnait de férocité satisfaite (Gautier,Fracasse, 1863, p.419):
2. Ses yeux gris indiquaient la méchanceté, une méchanceté froide, réfléchie et vicieuse. À la façon tranquille et cruelle dont elle vous regardait, vous fouillait l'âme et la chair, elle vous faisait presque rougir. Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.17.
B. − P. méton., au sing. ou au plur. Paroles ou actions méchantes. Synon. crasse(s) (pop.), entourloupette(s) (fam.), rosserie(s), vacherie(s) (pop.); anton. gentillesse(s).Méchanceté(s) fine(s), gratuite(s), plate(s), personnelle(s); dire, commettre, faire des (petites) méchancetés. Je n'avais vu dans sa basse envie, dans ses lâches méchancetés que la singularité incommode d'un naturel atrabilaire (Hugo,Lettres fiancée, 1821, 72).Oh! fit Musette, pourquoi me dites-vous cela? Ce n'est pas aimable; au lieu de me dire des méchancetés, offrez-moi donc ce joli pot de fleurs (Murger,Scènes vie boh., 1851, p.82):
3. Elle avait inscrit en épigraphe deux phrases de Nietzsche (...): Homme sublime, je te sais capable de toutes les méchancetés, c'est pourquoi j'exige de toi le bien, puis encore: Maintenant que m'importent les dieux? Abellio,Pacifiques, 1946, p.326.
REM.
Méchance, subst. fém.,synon.,hapax. Ici je suis, un pauvre coeur Sans importance En un monde de méchance; Objet de la grosse moquerie, Gibier de quelque prison, Et jusqu'en lui-même rongé Par une triste manie (Jouve,Trag., 1922, p.27).
Prononc. et Orth.: [meʃ ɑ ̃ste]. Ac. 1694 et 1718: meschan-; dep. 1740: méchan-. Étymol. et Hist. 1. a) Début du xves. [date du ms.] meschanceté «action, parole méchante» (Cuvelier, Du Guesclin, éd. E. Charrière, 20783 var.); b) fin xves. «malheur» (Internele Consolacion, éd. L. Moland et Ch. D'Hericault, II, XX, p.105); 2. 1596 «penchant à faire du mal» (Hulsius); 3. 1621 «caractère de ce qui est médiocre» (R. François, Merveilles de nature, p.206). Dér., à l'aide du suff. -(i)té*, de l'a. fr. mescheance «fâcheux accident, mésaventure, malheur» (ca 1165, Benoît de Ste-Maure, Troie, 8470 ds T.-L. − xvies.), puis «faute, chute» (ca 1200, Poème moral, éd. A. Bayot, 895), lui-même dér., à l'aide du suff. -ance, de mescheant (méchant*). La formation de meschanceté a été favorisée par l'existence de mots tels que boneürté, maleürté, fausseté, mauvaiseté et par le besoin de distinguer le subst. abstr. mescheance tiré de mescheant «malchanceux» du subst. correspondant à mescheant «malfaisant», v. aussi mauvaiseté. Fréq. abs. littér.: 974. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 896, b) 1436; xxes.: a) 1794, b) 1526. Bbg. Thomas (A.). Nouv. variétés étymol. Romania. 1915/17, t.44, pp. 349-350.