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MÈCHE1, subst. fém.
A. −
1. Cordon, assemblage de fils de coton ou de chanvre, entouré de suif ou de cire, ou imprégné de combustible, que l'on fait brûler par son extrémité libre pour obtenir une flamme de longue durée. Mèche d'une bougie, d'une lampe Pigeon, d'un réchaud, d'une veilleuse; baisser, régler la mèche. M. Bonneau reparut tenant en main une vieille lampe à mèche qui n'était pas inutile dans cette salle obscure (Champfl.,Bourgeois Molinch., 1855, p.138):
1. Quand je revins, il faisait noir et je dus à tâtons chercher les allumettes. La lampe ne donnait qu'une petite flamme jaune, et je voulus monter la mèche; mais elle fuma. Bosco,Mas Théot., 1945, p.95.
ŒNOLOGIE Mèche (soufrée, de soufre). Petite bande de toile imprégnée de soufre, que l'on fait brûler dans les tonneaux lors de l'opération du méchage (dér. s.v. mécher). Je puis vous enseigner un moyen de le rendre [le vin] clair comme de l'eau de roche. Servez-vous des mèches que vend à Tours, Petit, le tonnelier, sur la place d'Aumont; elles ne coûtent pas plus cher que les vôtres, et vous bonifierez votre vin (Balzac, Œuvres div., t.2, 1830, p.246).Aussitôt qu'un tonneau vient d'être vidé, il faut, après l'avoir fait égoutter, y brûler une mèche soufrée (Audot,Cuisin. campagne et ville, 1896, p.545).
2. En partic.
a) Cordon fait d'une matière inflammable et qui communique le feu plus ou moins rapidement. Mèche fusante; mèche d'amadou; mèche d'une bombe. Tu battras le briquet, la poudre prendra feu, l'amadou s'allumera, il communiquera lentement le feu à la mèche (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p.544).La mèche de mine la plus usitée pour l'allumage des amorces d'explosifs et des cartouches de poudre noire est la mèche ou cordon Bickford (Vennin, Chesneau,Poudres et explosifs, 1914, p.380):
2. Le tout c'est d'allumer la mèche. Ça n'a l'air de rien mais je vous souhaite pas d'en être chargés. La mèche, tout est là. Allumer la mèche, après tout le monde saute et moi avec: plus besoin d'alibi, le silence, la nuit. Sartre,Mains sales, 1948, 4etabl., 6, p.170.
Mèche lente; mèche de mineur, de sûreté. Cordon de pulvérin, gainé de coton utilisé pour allumer le détonateur d'une charge d'explosif.
Mèche à étoupille. Synon. de étoupille.Le feu est communiqué [dans la fusée fusante en bois] au départ à la mèche à étoupille, préalablement mise à nu, par les gaz enflammés qui enveloppent le projectile par suite du vent (Capitaine Alvin, Artill., Matér., 1908, p.232).
HIST. DE L'ARM.
Arme à mèche. ,,Arme balistique dont la mise à feu se fait par une mèche à feu continu`` (Leloir 1961).
Mèche à canon (vx). Corde en chanvre imprégnée d'acétate de plomb, utilisée pour la mise à feu des canons. L'antique mèche à canon ou à briquet (Vennin, Chesneau,Poudres et explosifs, 1914, p.380).
Dans un cont. métaph. Les Communistes, les Humanitaires, les philanthropes vous comprenez, tous ces gens-là sont notre avant-garde. Pendant que nous amassons de la poudre, ils tressent la mèche à laquelle l'étincelle d'une circonstance mettra le feu (Balzac,Comédiens, 1846, p.361).
b) Loc. verb.
Éventer, découvrir la mèche. ,,Découvrir, au moyen d'une contre-mine, l'endroit où une mine a été pratiquée, et enlever la mèche qui devait mettre le feu`` (Littré).
Au fig. Dévoiler le secret d'un complot, d'une machination; découvrir les dessous d'une affaire. Il fallait tenir l'œil ouvert sur ce croisé naïf qui, par ses maladresses, pourrait bien éventer la mèche (Gide,Caves, 1914, p.786).
Vendre la mèche (au fig. et fam.). Dénoncer un complot, dévoiler une combinaison. J'ai besoin de cent francs... si l'oncle ne me donne pas cent francs, je vends la mèche (Zola,Pot-Bouille, 1882, p.135).
B. − P. anal.
1. Spécialement
a) CHIR. Petite bande de gaze stérile utilisée pour le drainage d'une plaie, d'un abcès. «Une mèche, à tout hasard», marmonna Antoine, penché sur l'abcès. «Bon. Et la bande un peu serrée, il faut ça...» (Martin du G.,Thib., Consult., 1928, p.1054).
b) CH. DE FER. Mèche de graissage. Mèche servant à transmettre l'huile de graissage du réservoir à la partie frottante. [Dans les boîtes à huile] le graissage se fait au moyen d'une mèche qui trempe dans l'huile ou d'un tampon qui humecte la fusée (Bricka,Cours ch. de fer, t.2, 1894, p.10).
2. Petite touffe de cheveux se distinguant de l'ensemble de la chevelure par sa position, sa forme ou sa couleur. Mèche argentée, blanche, blonde, brune, décolorée; mèche docile, rebelle; grande, petite mèche; rejeter une mèche. Il portait deux longues mèches frisées, qu'il tortillait et passait des heures à appuyer contre un mur: un procédé original pour remplacer les bigoudis! (Goncourt,Journal, 1894, p.615).Je regardais aller et venir les doigts de Marguerite et aussi l'ombre que projetait, sur sa joue, une mèche folle qui boucle devant son oreille (Duhamel,Confess. min., 1920, p.154):
3. Dans la fièvre du jeu, les longs cheveux d'Albertine s'étaient à demi défaits et, en mèches bouclées, tombaient sur ses joues dont ils faisaient encore mieux ressortir, par leur brune sécheresse, la rose carnation. Proust,J. filles en fleurs, 1918, p.920.
Casque* à mèche.
3. P. ext. Touffe de filaments quelconques. Les diverses représentations de l'archet (sculptures, dessins, etc.) sont trop sommaires pour qu'on puisse préciser la matière dont était composé ce qu'on dénomme aujourd'hui la «mèche de crins» de l'archet (Grillet,Ancêtres violon, t.2, 1901, p.394).Les filaments mycéliens, surtout ceux qui forment des mèches au-dessus du milieu, sont accolés (Brumpt,Parasitol., 1910, p.841).
4.
a) Mèche d'une corde. Brin de filasse situé dans la partie centrale de la corde. (Dict. xixeet xxes.).
b) Mèche d'un cordage. ,,Toron intérieur d'un cordage commis en quatre`` (Le Clère 1960). Dans les cordages en quatre on interpose un petit toron central dit mèche qui empêche l'aplatissement et évite la déformation sous l'effet de la tension supportée (Galopin,Lang. mar., 1925, p.26).
c) Mèche de filasse. État dans lequel est la filasse avant de passer dans les machines à filer. (Dict. xixeet xxes.).
5. Bout de ficelle effiloché et formant touffe à l'extrémité d'un fouet. La mèche du long fouet claquait dans l'air humide (Flaub.,Éduc. sent., t.1, 1869, p.131).
C. − P. ext.
1. TECHNOL. Tige d'acier de forme et de dimension variables, servant à percer par rotation le bois, le métal ou divers autres matériaux. Synon. foret.Mèche d'une vrille, d'un tire-bouchon; mèche à cuillère, à mortaiser. Donghe, aux moeurs douteuses, allongé dans sa couche, une fine mèche de chignole entre les doigts, perforait des dés à jouer, qu'il voulait plomber (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.364).Pour percer des trous dans les glaces, on utilise un vilebrequin à mèche d'acier trempé (Duval,Verre, 1966, p.73).
ART DENT. ,,Instrument fin, manuel ou rotatif, destiné à l'alésage des canaux de la dent`` (Dict. odonto-stomatologique, sup. no23, janv. 1968 ds Rob. Suppl. 1970).
2. MAR. Axe du gouvernail ou du cabestan. Le gouvernail consiste en un plan mince, appelé safran, ordinairement placé à l'arrière [du navire], mobile autour d'un axe appelé mèche (Croneau,Constr. nav. guerre, t.2, 1892, p.361).
Prononc. et Orth.: [mε ʃ]. Ac. 1694, 1718: meche; dep. 1740: mèche. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 mece «assemblage de fils de chanvre, etc., entouré de suif, de cire pour faire des chandelles, ou imbibé d'huile, etc., pour brûler dans une lampe» (Enéas, éd. J.-J. Salverda De Grave, 6514); 2. a) xiiies. [date du ms] «matière préparée pour prendre feu aisément» (Chanson anonyme ds Bartsch-Hornin, 520, 7); b) ca 1393 mesches ensouffrées (Ménagier, éd. Sté Bibliophile fr., t.2, p.264); 3. loc. a) ca 1580 esvanter la mesche «découvrir, au moyen d'une contremine, l'endroit où une mine a été pratiquée et enlever la mèche qui devait la faire jouer» (Tabourot, Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords avec les apophtegmes du sieur Gaulard et les Escraignes dijonnoises, éd. 1603, fo12 vo), 1690 «découvrir, déceler un projet un complot» (Fur.); b) 1611 descouvrir la meiche (Cotgr.).; c) 1859 vendre la mèche (Ponson du Terr., Rocambole, t.2, p.39). B. p. anal. 1. 1266 mece «bande de toile servant à un traitement médical» (Vers de la mort, 118, 5 ds T.-L.); 1478 moyche «petite bande de toile ou de coton employée pour drainer les foyers purulents et les fistules» (Le Livre appelé Guidon de la practique en cyrurgie, fo85 ds Sigurs, p.315); 2. ca 1300 mece «réunion d'une certaine quantité de cheveux» (Eine altfranzösische moralisierende Bearbeitung des Liber de Monstruosis Hominibus Orientis aus Thomas von Cantimpré, De naturis rerum, éd. A. Hilka, 710); 3. 1676 «spirale de fer ou d'acier de certains outils servant à percer (p. ex. du vilebrequin)» (Félibien); 4. 1691 mar. «faisceau de fils peu entortillés qu'on place dans l'axe des cordes qui ont plus de trois torons» (Ozanam); 5. 1835 «ficelle de fouet» (Ac.). FEW t.6, 3, p.325 y voit le lat. pop. *micca «mèche», altération gallo-romane, sous l'infl. du lat. class. muccus «morve, mucus nasal», du lat. class. myxa «lumignon» (du gr. μ υ ́ ξ α «toute mucosité, champignon de la mèche d'une lampe»). Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982 considère que le mot est issu du croisement de avec un dér. de mixa «mêlée», c'est-à-dire *mixtia, déverbal d'un roman *mixtiare (FEW t.6, 2, p.194) qui aurait abouti en a. fr. à mece, tandis que *mixticare, doublet de *mixtiare (FEW t.6, 2, p.194) aurait eu pour déverbal mèche.
DÉR.
Mécheux, -euse, adj.[En parlant d'une laine brute] Qui forme des mèches. (Dict. xixeet xxes.). Les laines bayonnaises sont mécheuses (Encyclop. des gens du monde ds Lar. 19e). [meʃø], fém. [-ø:z]. 1reattest. 1845-46 (Besch.); de mèche1, suff. -eux*.
BBG. Lebel (P.). Notes étymol. Fr. mod. 1946, t.14, pp.118-120.