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LORSQUE, conj.
A. − Emplois temp.
1. [Marque la simultanéité temp. entre le procès de la prop. sub. et celui de la prop. princ. (l'espace de lorsque coïncide avec celui du procès sub.; c'est dans cet espace que vient s'inscrire le procès princ.)] À l'époque où, au moment où. Synon. usuel quand.
a) [L'espace de lorsque est celui du passé simple, du fut., du passé composé ou du plus-que-parfait de l'antériorité, du prés. hist., du prés. scénique, du cond.] Mais lorsqu'elle a vu l'empire se consolider, lorsqu'est né le prince impérial, elle s'est rapprochée, s'est faufilée auprès de l'empereur (Goncourt, Journal,1892, p. 196).Lorsque viendra pour toi la grande crise qui vient pour tout homme, la tête te tournera (Vogüé, Morts,1899, p. 320).Elle l'avait accueillie au moulin de Martial, lorsque Jeuselou l'avait trouvée, en forêt, blessée par Robert (Pourrat, Gaspard,1931, p. 36). Œdipe resté regarde la ceinture. Lorsque Jocaste entre, en robe de nuit, il cache vite la ceinture sous la peau de bête (Cocteau, Machine infern.,1934, III, p. 107).Lorsque Heinrich raconte ce premier rêve à son père, celui-ci se souvient que jadis il a vu des images toutes pareilles (Béguin, Âme romant.,1939, p. 193).Le soleil brillait sur la lagune lorsque nous quittâmes le palais : c'était une journée de beau temps promise (Gracq, Syrtes,1951, p. 154):
1. ... et Jeanne disait en effet que lorsque sa mère ne serait plus là elle entrerait au couvent... Nizan, Conspir.,1938, p. 222.
b) [L'alliance avec l'imp. ou le prés. (ou avec le passé composé ou le plus-que-parfait de l'accompli) produit un effet d'itér.] Dans les Exercices de saint Ignace, lorsqu'est venu le moment de l'élection, le retraitant se demande : quelle décision vais-je prendre? (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 74).Lorsqu'un des vôtres arrive au pouvoir, c'est signe de richesse, c'est signe que la France a son plein d'huile, d'amitié et de raison (Giraudoux, Bella,1926, p. 48):
2. ... nous avions une conversation muette, en frappant au plancher; c'était le moyen qu'elle employait pour m'avertir, quand elle rentrait, ou quand elle sortait pour aller chez sa mère, ou lorsqu'elle souhaitait que je descendisse pour causer... Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 81.
c) [L'espace de lorsque peut cependant être suffisant pour inscrire en lui un imp. duratif] Je me souviens que lorsqu'elle était enfant, on lui interdisait le moindre amusement (Chardonne, Épithal.,1921, p. 9).C'est d'elle seule que vous auriez raison d'être jalouse, m'a-t-il dit lorsque nous ne nous tutoyions pas encore (Gide, École femmes,1929, p. 1255).
d) [Avec le passé ant., le fut. ant., le cond. passé, lorsque signifie que le procès sub. est accompli au moment où survient le procès de la princ.] Un embarras se produisit lorsqu'on eut débouché la première bouteille de Bordeaux (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 126).Je ne serai tranquille, disait-il à sa mère, que lorsqu'elle aura débarrassé le plancher (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p. 275).
Rem. 1. Le verbe princ. peut ne pas être exprimé (la sub. introduite par lorsque ne se rapporte pas au verbe princ.) : Je ne suis pas contente du tout de ta tenue et de tes manières, lorsque ton prétendu est là (Becque, Corbeaux, 1882, I, 3, p. 70). L'ell. est surtout fréq. après un terme de compar. : Imaginez une magistrature sans fonctionnaires de carrière, où les juges sont choisis parmi les avocats en renom, comme jadis en France, lorsque les avocats devenaient magistrats et prenaient la particule (Morand, Londres, 1933, p. 254). Except., le verbe être et son sujet (ici on) peuvent être omis : Jouissant d'ailleurs d'une langueur que la dictée balancera (au sens de ce jeu de la balançoire que l'on goûte tant lorsqu'enfant) je cède à la tentation du journal (Du Bos, Journal, 1928, p. 90). 2. Lorsque peut être repris par que si la seconde prop. est coordonnée à la première : Lorsque la nuit tomba et que la lumière parcimonieuse n'empêcha plus l'ombre d'envahir le fond de la chambre, il se leva, la main appuyée au mur, comme un malade (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 547). En revanche, dans les cas de juxtaposition, lorsque est gén. répété : Mais, lorsque tout va mal, lorsque les autres souffrent autour de moi et que je devrais, moi aussi, souffrir, je sens alors en moi quelque chose qui ressemble à de la joie (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 52). Mais il peut également être repris par que : Lorsqu'il était près d'elle, la nuit, qu'il lui prenait la main en marchant, (...) il sentait bien qu'elle ne se livrait pas (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 212).
2. Même lorsque. Même quand. L'habitude du plaisir, même lorsqu'il ne va point jusqu'à dégrader directement les forces, nous rend incapables de supporter les changemens brusques que les hasards de la vie peuvent amener (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 196).Et même lorsque avec des mains presque dévotes Tu vins frôler le vieux clavecin endormi, Ce fut un chant si pâle et si dolent (Rodenbach, Règne silence,1891, p. 195):
3. Même lorsque ces espaces sont à jamais rayés du présent, (...) même lorsqu'on n'a plus de grenier, même lorsqu'on a perdu la mansarde, il restera toujours qu'on a aimé un grenier, qu'on a vécu dans une mansarde. Bachelard, Poét. espace,1957, p. 28.
3. Littér. Lorsqu'une fois. Une fois que, dès que, à partir du moment où. Synon. quand une fois.À quel rôle indigne les femmes veulent nous réduire, lorsqu'une fois nous leur avons laissé voir l'empire qu'elles ont sur nous! (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 164).Oh! les applaudissements, ce bruit de grêle... lorsqu'une fois on l'a connu, il est impossible de s'en passer (A. Daudet, Femmes d'artistes,1874, p. 21).
B. − Emplois log.
1. Vx ou littér. [Marque la simultanéité temp. et l'oppos. (suivi de l'ind. ou du cond.)] Tandis que. Synon. alors que (v. alors II B).Elle trouve dans ses enfants, devenus des hommes, des protecteurs, lorsque son époux n'y voit souvent que des rivaux (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 321).Ils s'abordent tous, me disais-je, avec un langage rudimentaire et qui croit transporter lorsqu'à peine il signifie (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 617):
4. ... comme sa femme venait d'une voix timide lui demander un renseignement, il tomba sur elle, l'injuria, cria qu'il ferait se repentir un jour le sale monde qui manquait de reconnaissance, lorsque tous auraient dû être par terre, à lui lécher les pieds. Zola, Germinal,1885, p. 1244.
2. Rare. Puisque, étant donné que. Allons, allons! Maître, cher ami... lorsque tant de malheureux vous bénissent! (Bernanos, Joie,1929, p. 636).
Rem. gén. 1. Les deux élém. de la conj., autrefois séparés (jusqu'au xviies.) dans la graphie en lors que, peuvent l'être encore en fr. mod. par l'insertion de dis-je, donc, même, surtout (cf. lors). 2. Le e final s'élide toujours devant elle, il, on, un(e); parfois aussi devant après, aucun, aussi, avec, en, etc., encore que l'on observe des variations dans l'usage entre les aut. et souvent chez un même aut. : Lorsque Hamlet arrive seul au troisième acte sur la scène, et qu'il dit en beaux vers français le fameux monologue to be or not to be : la mort, c'est le sommeil (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 236). Lorsqu'Hamlet veut faire jurer à sa mère (...) qu'elle n'a point eu de part au crime (...), elle hésite (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 237). 3. Les dict. de synon. ont voulu voir une différence de sens entre quand qui marquerait la circonstance du temps, et lorsque qui marquerait l'occasion; mais la différence entre ces 2 mots est davantage d'ordre stylistique, lorsque étant d'un emploi plus littér. (du fait même qu'il apparaît plus fréq. que quand avec le passé simple et le passé ant.). Ces deux mots peuvent d'ailleurs figurer dans des phrases coordonnées, où l'un reprend l'autre (supra ex. 2).
Prononc. et Orth. : [lɔ ʀsk]. Ac. 1694-1762 lors que, dep. 1835 lorsque. Étymol. et Hist. Ca 1200 lors que (Le Chastelain de Coucy, Chansons, éd. A. Lerond, III, 30); xiiies. [ms.] (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. A. Hilka, 2714, var. ms. F); [cf. la transcription lorsque 1454 par L. H. Labande, Hist. de Beauvaisis, 1892, p. 336 d'apr. K. Baldinger ds R. Ling. rom. t. 20, p. 82]; 1530 lorsque (Palsgr., p. 814 b). Composé de lors* et de que*. La prononc. du s, tardive (cf. 1632 D. Martin, Grammatica gallica, p. 42, qui, d'apr. Thurot Prononc. t. 2, p. 20 écrit encore lorke; ainsi que 1670 Molière, Amants magnifiques, V, 1 : lors, dis-je, qu'un...), à laquelle s'ajoute dans la prononc. pop. un e de renforcement [lorseke] (cf. 1733 L. Dumas, Bibl. des enfants, t. 3, p. 190 d'apr. Thurot, op. et loc. cit. : Les Parisiens disent lorseque... d'une manière trop forte), peut-être sous l'influence de parce que* (v. Lerch t. 2, p. 41, note), est à mettre en relation avec celle de puisque* et de jusque* (cf. 1777, Roche, Entretiens sur l'orth., p. 22 d'apr. Thurot, op. et loc. cit.). Fréq. abs. littér. : 31 476. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 58 733, b) 43 931; xxes. : a) 42 386, b) 34 711. Bbg. Antoine (G.). À propos de quand. Fr. Mod. 1948, t. 16, pp. 269-274. - Chetrit (J.). Syntaxe de la phrase complexe à sub. temp. Paris, 1976, pp. 71-95. - Cohen 1946, p. 57. - Galet (Y.). Les Corrélations verbo-adverbiales au niveau de la phrase complexe et fr. class. Fr. mod. 1975, t. 43, pp. 344-346. - Olsson (L.). Ét. sur l'emploi des temps ds les prop. introd. par quand et lorsque... Uppsala, 1971, 148 p., passim.