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LAQUAIS, subst. masc.
A. − Valet en livrée, chargé d'escorter son maître ou sa maîtresse. Galcazzo Sforza (...) vient visiter Florence en 1471; il est accompagné (...) de cinquante laquais à pied vêtus de soie et de velours, de deux mille gentilshommes et domestiques de suite (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 154).Le Parlement avait décrété « que les soldats, pages, laquais et autres gens de livrée, même les manœuvres et gens de bras, ne pourroient entrer esdits carrosses » (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 189):
1. Ceux qui voyageoient pour leur plaisir, logeoient dans les mêmes quartiers, avoient les mêmes ciceroni et les mêmes laquais de louage. Bonstetten, Homme Midi,1824, p. 145.
SYNT. Grand, petit laquais; laquais de bonne maison, de comédie, du xviiies., de grande maison; air, mine de laquais; coquin de laquais; laquais à galons, à perruque; appeler son laquais; être déguisé en laquais; être flanqué de son laquais.
En partic. Quatre laquais. Symbole de richesse et de puissance. L'auteur des Pensées se soumettant aux Quatre laquais, est bien autrement philosophe que tous ces penseurs que les quatre laquais ont révoltés (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 70).
P. ext. Domestique à son service. Chatov : Même quand ton frère est là? Maria : Tu veux dire mon laquais? Il est mon frère, certainement, mais surtout, il est mon laquais (Camus, Possédés,1959, 1repart., 3etabl., p. 965).
Expr. Mentir comme un laquais. Mentir de façon habituelle et avec impudence. Il avait vices sur vices. − Il mentait comme un laquais (Hugo, Rhin,1842, p. 392).
B. − P. anal. Personnage servile, au caractère bas. Admirez maintenant cette tranquillité si frappante des familiers, des flatteurs, des laquais (Alain, Propos,1929, p. 887):
2. Accoutumé aux pires calomnies, et dédaigneux de leur sottise, il avait pris son parti d'avance des interprétations mesquines ou sordides, habituelles aux libéraux et conservateurs, qui sont les laquais des démocrates. L. Daudet, Sylla,1922, p. 181.
Expr. Avoir une âme de laquais. Avoir une âme basse. Clemenceau : Quand on pense qu'il y a des Français qui croient à la sympathie pour nous du jeune empereur Guillaume II et à la possibilité d'un rapprochement avec ces gens! Quelles âmes de laquais (L. Daudet, Clemenceau,1942, p. 134).
En partic., LITT. Nègre*. Laquais littéraire. J'ai fait venir de Berlin un manuscrit qui se compose d'une vingtaine d'anecdotes sur Napoléon (...) non écrites par des laquais, comme tout ce que l'on publie (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t. 1, 1817, p. 191).
Prononc. et Orth. : [lakε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1470 plur. laquaiz « sorte de soldats » [à propos de la Catalogne] (doc. ds Du Cange, s.v. lacinones : gens arbalestriers appellez laquaiz); 1477 id. halagues, alagues, alacays, lacays (id., ibid.); dernier quart xves. laquais « valet d'armée » (H. Baude, Vers, 81 ds IGLF); 1527 lacatz « courrier (dans l'armée) » (Le Loyal Serviteur [J. de Mailles], Hist. de Bayart, ch. 56 ds Hug.); 2. 1547 « valet » (N. du Fail, Propos rustiques, éd. J. Assézat, p. 73 : et les amours des grosses Bourgeoises ne se demeinent que par cinq ou six vieilles et laquaiz de nostre college); 1736 emploi péj. (Destouches, Le Dissipateur, II, 1 ds Littré : menteur comme un laquais). Mot d'abord attesté dans le Sud-Ouest (cf., outre l'attest. supra 1470, J. de Roye, Chron. scandaleuse, t. 2, p. 93 : vingt laquetz arbalestriers aussy gascons; gasc. laquay, xves. d'apr. Lespy-Raym.; lacays [« hommes de main, mercenaires »] de Perpinhan dans un texte a. prov. de 1475, lettre de Pascal du Four, évêque de Pamiers, publ. ds B. Soc. ariégeoise des Sciences, lettres et arts, t. 3, p. 107; v. aussi W. Kurrelmeyer ds Mod. Lang. Notes t. 34, pp. 411-413), d'orig. obsc. : − C. N. Caix (ds Rassegna settimanale t. 9, 1882, pp. 75-76), s'appuyant sur la forme laquet « valet à pied » qu'il croit, à la suite de Ménage 1694, attestée chez Froissart, et sur la forme halague (supra 1477 ds Du Cange), propose un empr. au turc ulaq « courrier », peut-être par l'intermédiaire du gr. byz. ο υ ̓ λ α ́ κ η ς,; cette hyp. est reprise par FEW t. 19, p. 196 et Bl.-W.5, qui y ajoutent une infl. de l'a. prov. lecai « gourmand » pour expliquer le i de laquais; elle se heurte au fait que laquet est prob. faussement attribué à Froissart (Gdf., s.v. naquet, attribue en effet le même cont. à Fauchet, Orig. des cheval., éd. 1611), et que halague ds Du Cange n'est pas la forme la plus anc.; − L. Spitzer (ds R. Filol. esp. t. 12, pp. 239-245) suivi par Bl.-W.2-3et REW3no4657, a proposé d'y voir un empr. au cat. alacay qui serait issu de l'ar. al qā'id « le chef »; le mot est en effet ancien en cat. (1470, lacayo ds Alc.-Moll.; alacayo en 1490 d'apr. Cor.-Pasc., s.v. lacayo; le mot est également ancien en esp. : début xves. lacayo, Villasandino ds Cor.-Pasc.) mais la forme cat. alacay n'est attestée qu'en 1558 au sens de « domestique » (ds Alc.-Moll.; les formes cat. sont prob. empr. à l'esp.) et l'étymon ar. fait difficulté du point de vue phonét. (v. Cor.-Pasc.). − Diez puis EWFS2et Cor.-Pasc. croient ce mot empr. à l'a. prov. lecai « glouton, avide » (dér. de lec(h)ar, lécher*; Cor.-Pasc. ajoute à l'appui de cette hyp. une intéressante docum. dial., essentiellement basque) mais cette étymol. fait aussi difficulté du point de vue phonét., le a initial des formes anc. ne pouvant s'expliquer que par des contaminations. Fréq. abs. littér. : 759. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 499, b) 2 468; xxes. : a) 551, b) 293. Bbg. Kidman (J.). Les Empr. lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du 15 es. [S.l.n.d.], pp. 157-163. - Quem. DDL t. 10.