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JOUISSEUR, -EUSE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers., d'un groupe social] Qui recherche les jouissances matérielles de la vie et plus spécialement le plaisir des sens; qui, de par sa position sociale, bénéficie des avantages matériels de la vie et sait les apprécier. Il détestait la femme oisive et jouisseuse : elle lui faisait l'effet d'un animal repu, qui digère et s'ennuie (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 1013).Une minorité ascétique et mystique acquerrait rapidement un pouvoir irrésistible sur la majorité jouisseuse et aveulie (Carrel, L'Homme,1935, p. 358).Ce petit ventre rond de père Ubu de la Révolution, et sa face de bonbon rose et sa barbe de petit bourgeois jouisseur (Aymé, Uranus,1948, p. 174):
1. Quel sale petit monde jouisseur et heureux [les petits bourgeois]! (...) Ce besoin qu'ils avaient de se satisfaire; cette indulgence sans limite pour eux-mêmes; et comme ils infectaient toutes choses de leur diarrhée morale et intellectuelle! Larbaud, Barnabooth,1913, p. 307.
[P. méton.] Des paroles émues sur « notre chère cité », non plus la cité dolente et âpre du travail se heurtant (...) à la cité jouisseuse et superbe du capital, mais la cité totale (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 31).
B. − [En parlant de la physionomie, d'un sentiment, d'une expression, d'un trait du caractère d'une pers.] Qui traduit le plaisir, la disposition au plaisir. Convoitise jouisseuse; égoïsme, raffinement jouisseur; lèvres jouisseuses. Son besoin maladif de dire des méchancetés, dont l'émission était toujours précédée d'un fermement jouisseur des yeux, où il semblait d'avance goûter (...) la cruauté de son mot (Goncourt, Journal,1885, p. 411).Une tête adolescente couronnée de laurier (...) mais d'une expression exténuée et jouisseuse à la fois déchirante et si lasse que je vais en rêver bien des nuits (Lorrain, Phocas,1901, p. 21):
2. ... elle m'aimait avec un formidable entraînement au mal, un désir jouisseur, égal au mien, et (...) si (...) elle venait à se défaire de la chaîne de sa vertu, elle entrerait en contact avec mon enfer pour l'éternité. Jouve, Scène capit.,1935, p. 93.
II. − Subst. Personne dont la préoccupation essentielle est de jouir des plaisirs matériels de la vie et en particulier du plaisir des sens. Jouisseur cynique, désabusé, effréné, frivole, raffiné; âme, instinct de jouisseur; tares du jouisseur. Je ne tolérerai pas que mon Annie serve de jouet à un bourgeois pourri, bien sûr il est vérolé, ces jouisseurs qui passent leur vie au bordel ont tous la vérole (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 250).Ce sont les douces, souples et grasses jouisseuses, ardentes et paisibles à la fois, qui offrent leurs sexes en fleur entre des cuisses candidement ouvertes (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 226).
Prononc. et Orth. : [ʒwisœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1509 faire jouisseur de « faire jouir de » (Lemaire de Belges, Illustr., I, 31 ds Hug.); 1529 (Charte de Ponthieu, Grenier 300, no324, Richel. ds Gdf. : joysseur proprietaire); 2. 1846 « celui qui est avide de jouissances matérielles » (Besch. Suppl.); 1885 adj. (Goncourt, loc. cit.). Dér. du rad. du part. prés. de jouir*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 80.