Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
JOUEUR, -EUSE, subst.
I.
A. − Celui, celle qui joue pour se divertir, seul(e) ou avec d'autres personnes. Cet enfant est un bon joueur (Ac.1935).
Emploi adj.
1. Qui aime à s'amuser, à rire.
a) [En parlant d'un être hum. ou d'un animal] Ma fenêtre ouverte Apportait du jardin à mon esprit heureux Un bruit d'enfants joueurs et d'oiseaux amoureux (Hugo, Feuilles automne,1831, p. 771).C'était lui qui avait raison d'être un grand garçon bien portant et joueur, fait pour les camaraderies garçonnières ou les aventures faciles (Montherl., J. filles,1936, p. 976):
1. C'était un très bon petit chat Joueur à la prunelle bleue Il n'en voulait pas, qu'on marchât Un peu brusquement sur sa queue. Mallarmé, Vers circonst.,1898, p. 162.
b) P. anal. [En parlant d'un phénomène météor.] Vent joueur qui abrase tout ce qui est pour construire ailleurs des dunes avec ce qui n'est plus (Morand, Route Indes,1936, p. 279).
2. Qui dénote ce penchant. Humeur joueuse. Elle est régulièrement belle avec un visage très expressif et tout animé d'une gaîté enfantine et joueuse où la lumière s'étend comme la douceur d'une eau dormante (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 14):
2. L'eau dormante, ces glaces blanches où ils contemplaient leur image, donnaient à leurs entrevues un charme infini qui suffit longtemps à leur imagination joueuse d'enfants. Zola, Fortune Rougon,1871, p. 181.
B. − En partic.
1. Celui, celle qui pratique avec d'autres personnes, un jeu où l'on peut perdre ou gagner. Joueur de belote, de bridge, de cartes, de dominos; bon, fameux joueur, joueur médiocre. Des joueurs d'échecs qui ne voient que le premier coup, et qui n'ont pas assez de force de tête pour calculer la série des coups renfermés dans le mouvement qu'ils font (Chateaubr., Polém.,1818-27, pp. 46-47).Que diriez-vous d'un joueur assez généreux pour prévenir les autres qu'il a brelan carré (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 717).J'avais en face de moi, fermé, désinvolte et tendu, le joueur de poker décidé à mener jusqu'au bout ses chances (Gracq, Beau tén.,1945, p. 136).
Joueur acharné, enragé, passionné. Je les revois, ces doigts qu'on eût dit crispés, fiévreux dans leur immobilité (...) d'effréné joueur (Verlaine, Œuvres posth., t. 1, Hist. comme ça, 1896, p. 336).
2. Celui, celle qui pratique un sport, de façon professionnelle ou non. Joueur de billard, de foot-ball, de golf; joueuse de basket-ball. Jeu de croquet (...) pour 8 joueurs (Catal. jouets [Trois-Quartiers], Suppl. Madelios, 1936).MmeZaraguirre, tout en gardant son âme provinciale, son air de jeune fille et de joueuse de tennis (...) devint bientôt un objet de snobisme (L. de Vilmorin, Belles am.,1954, p. 76):
3. Une autre fois, on le vit [Turenne] sur le boulevard (...) servant d'arbitre à des joueurs de boule, à qui il prêtait sa canne pour mesurer les distances... Delacroix, Journal,1849, p. 268.
3. Expressions
a) Être, se montrer beau, bon joueur. Jouer loyalement et s'incliner devant un adversaire supérieur ou chanceux. On trouve peu de bons joueurs, j'entends qui sachent perdre sans prendre de l'humeur (Alain, Propos,1931, p. 992):
4. Il fallait que ma mère prît des cartes et fît la partie des grands-parents, ce qui ne l'amusait pas non plus, mon oncle étant beau joueur et ne se fâchant pas comme Deschartres, et la mère La Marlière gagnant toujours parce qu'elle trichait. Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 317.
Au fig. N'aie pas l'air neurasthénique. Il faut être beau joueur et sourire, même dans les pires moments (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 258).
b) Être, se montrer mauvais joueur. Ne pas reconnaître la supériorité de l'adversaire, ne pas accepter sa victoire. Il était joueur et mauvais joueur, se mettant en colère quand il perdait, à en devenir « hors de sens » (Grousset, Croisades,1939, p. 150).
c) Vieilli, au fig. C'est un rude joueur. C'est quelqu'un avec qui il est difficile de lutter, à qui il est redoutable de s'attaquer. (Dict. xixes.).
C. − Celui, celle qui se livre, de façon occasionnelle ou habituelle, à des jeux d'argent, des paris, des spéculations financières. Joueur à la baisse, à la hausse; joueur de baccara. Un moyen, qui chez nous ne tromperait pas un joueur à la rente pour une affaire de deux cents louis, abuse sans difficulté des hommes tels qu'Orosmane, Tancrède, Othello (Stendhal, Rossini,1823, p. 282).Un joueur qui se ruine et saisit un pistolet pour finir sa peine (Mussetds Le Temps,1831, p. 139).Le calme d'un joueur de profession qui sait quel est l'enjeu de la partie qu'il entame (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 108):
5. Le regard d'un homme accoutumé à tirer de ses capitaux un intérêt énorme contracte nécessairement, comme celui du voluptueux, du joueur ou du courtisan, certaines habitudes indéfinissables, des mouvements furtifs, avides, mystérieux, qui n'échappent point à ses coreligionnaires. Balzac, E. Grandet,1834, p. 14.
Au fig. Celui, celle qui aime prendre des risques. Ce fut un joueur et, comme tous les joueurs, il [Napoléon] finit misérablement (France, Vie fleur,1922, p. 343).
Emploi adj. Qui a la passion de jeux d'argent. En voilà une famille! un père joueur qui nous fiche tous dedans, et un beau-frère voleur qui colle la succession dans sa poche! (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 329).
II.
A. − Vx., subst. masc. Joueur de gobelets, de marionnettes. Celui qui se produit en public en faisant des tours, en montrant des marionnettes. Dans le même moment, un joueur de marionnettes partageait la curiosité publique avec un corbillard qui attendait un pauvre libraire (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 136).Les jongleurs qui jouoient aussi d'un instrument, étoient une sorte de baladins ou joueurs de gobelets, qui, habiles dans l'escamotage, conduisoient les animaux dressés (Grillet, Ancêtres violon,1901, p. 73).
B. − Celui, celle qui joue d'un instrument de musique. La joueuse de harpe chantait une mélopée plaintive (Gautier, Roman momie,1858, p. 199).Il se mit à jouer de la flûte et tous les rats vinrent se presser autour de lui (...). Et puis tout d'un coup ils se précipitèrent sur ses traces. Et le joueur de flûte avec ses rats disparut pour toujours (Sartre, Mouches,1943, III, 6, p. 109).
Prononc. et Orth. : [ʒwœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. [1155 joeresse « danseuse, musicienne ambulante » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 10554)]; ca 1170 « danseur (en parlant d'un cheval) » le bel Joëor (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 3997); ca 1210 joëor « jongleur, ménétrier » (Dolopathos, 36 ds T.-L.); xiiies. [ms.] joeresses et joeors (Wace, op. et loc. cit., var. ms. K); 2. a) ca 1165 subst. jüere as dés (G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 990); b) 1690 adj. (Fur. [qui ne cite dans l'article que des emplois subst.]); 1792 (Beaumarchais, Mère coupable, II, 22). Dér. du rad. de jouer*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 1 170. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 425, b) 1 897; xxes. : a) 1 547, b) 1 812. Bbg. Bäcker 1975, p. 132, 144.