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JONGLER, verbe intrans.
A. − [En emploi abs. ou suivi de la prép. avec]
1. Lancer en l'air divers objets que l'on reçoit dans les mains et que l'on relance aussitôt en variant leurs trajectoires. Le Japonais qui occupait la scène, les pieds en l'air sur une échelle qu'il équilibrait d'une main, jonglant de l'autre avec trois boules (Mille, Barnavaux,1908, p. 240):
1. D'autres jonglèrent avec une boule, deux boules, trois boules, en avant, en arrière, les bras croisés, à cheval ou debout sur les reins d'une femme de la troupe... Gautier, Rom. momie,1858, p. 237.
P. anal.
[Le jongleur étant étendu sur le dos] Procéder de même avec les pieds. Les soirs qu'il se trouvait seul avec ma mère et moi, il inventait toujours quelque jeu nouveau (...) marchait sur les mains, bondissait par-dessus tables ou chaises, et, déchaussé, jonglait avec les pieds, à la manière japonaise, faisant pirouetter le paravent ou le guéridon du salon sur la pointe de son orteil (Gide, Caves,1914, p. 740).
En partic., FOOTBALL. ,,Faire preuve de virtuosité dans le contrôle du ballon``(Lar. Lang. fr.).
2. Au fig. Se faire un jeu de. Jongler avec les difficultés, les idées, les mots. Il usa du procédé des hommes vieillissants, partit dans une suite d'anecdotes rapides, jonglant avec ses souvenirs (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 63):
2. Amour de rêve, rêve d'amour, émotion imprécise et délices du songe finissent par composer, sous la plume d'un personnage en proie à la fièvre, un hymne singulier, où la virtuosité se divertit à jongler avec les mots en liberté. Béguin, Âme romant.,1939, p. 274.
B. − [Autres constr. prép.]
Jongler de.S'amuser, jouer de. Le talent y est constamment un jouet. Une balle, un jouet dont le génie jongle (Péguy, V.-M. comte Hugo,1910, p. 750):
3. ... cette beauté du verbe, plastique et idéale et dont il est délicieux de se tourmenter, − on l'explique, on la démonte; elle se fait d'épithètes, de cadences que les sots apprennent presque, dont ils jonglent et qu'ils avilissent... Barrès, Barbares,1888, p. 82.
Arg. Faire jongler qqn de. Le priver de. Marthe était une sous-maq impitoyable. Quand une nana descendait à la bourre au casse-graine, elle la faisait jongler des hors-d'œuvres (Le BretonArgot1975).
Région. (Canada), fam. Jongler à (région., fam.).Penser, réfléchir sérieusement à. − Tu jonglais à que'que chose, je gage ben. À quoi c'est que tu jonglais? − À toi, dit-il, sans espièglerie, sans maniérisme, tout simplement (Roy, Bonh. occas.,1945, p. 399):
4. − À quoi c'est que tu jongles? Il hésita puis dit, rêveusement : − Je pensais à ben des choses. − À quoi encore? − Je pense que nulle part j'ai resté aussi longtemps que par icitte. Guèvremont, Survenant,1945, p. 210.
Rem. En arg., on rencontre l'emploi pronom. du verbe dans l'expr. se jongler qqn. Se battre avec quelqu'un. À coups de genou, à coups de poing nous avons sorti, que même je m'ai jonglé un homme [et il a un œil poché] (Musette, Cagayous partout, 1905, p. 111).
Prononc. et Orth. : [ʒ ɔ ̃gle], (il) jongle [ʒ ɔ ̃:gl̥]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. 1. xves. [ms.] jongler à qqn « s'amuser avec quelqu'un » (Froissart, Chroniques, éd. S. Luce, t. 12, p. 21), attest. isolée; 2. 1546 « faire des plaisanteries » (Est., s.v. Iocari : Railler..., farcer, rigoler, jongler), donné comme vieux par Rich. 1680; 3. 1690 « faire des tours de passe-passe » (Fur.). B. 1. 1863 fig. « manier de façon adroite et désinvolte » (Goncourt, Journal, p. 377 : [il] fait des cabrioles de phrases, jongle avec ses plus beaux paradoxes); 2. 1893 jongler avec les difficultés (DG). Altération sous l'infl. de jangler « bavarder, plaisanter, hâbler, médire » (xiies.-1660 d'apr. FEW t. 16, p. 280b; cf. aussi pour le sens de « bavarder » jongler 1801, Crèvecœur, Voyage, t. 2, p. 122) d'un a. b. frq. *jangalon « bavarder » (cf. m. néerl. janken « gémir »; jangelen « murmurer, grommeler, miauler»; m. b. all. janken « gémir, se lamenter, piauler »); de l'a. fr. jogler « se jouer de » (xiie-xiiies., cf. FEW t. 5, p. 41 a-b) et « plaisanter; faire le métier de jongleur » (xiiies., ibid.), lui-même issu du lat. joculari « dire des plaisanteries ». Fréq. abs. littér. : 98.