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JAIS, subst. masc.
A. − MINÉR. Variété de lignite fossile, combustible, dur et d'aspect compact, d'un beau noir brillant. Bloc de jais; noir comme (du) jais; briller comme du jais. La côte devient noire et s'enlève en relief comme un long cordon de jais (Taine, Voy. Ital., t. 1, 1866, p. 54).Au sein de couches jurassiques formées au bord de la mer, le long des anciens rivages, quelques dépôts minces de lignite, avec parties compactes constituant du jais ou jayet (Boule, Conf. géol.,1907, p. 142):
1. Le jais est dû à une lente métamorphose d'un conifère préhistorique. Léger, mais d'une dureté de 3-4, très compact, il se laisse bien tailler et prend au polissage un éclat velouté; il se consume facilement. Metta, Pierres préc.,1960, p. 124.
B. − BIJOUT., PASSEM.
1. Cette matière, considérée comme pierre fine, taillée à facettes et polie, servant notamment à la confection de bijoux, de parures de deuil, de garnitures de passementerie, d'ouvrages de tabletterie. Bouton, collier, grains, perles, paillettes de jais; (costume) brodé, passementé, perlé de jais. Ta grand'mère (...) cachait un crâne chauve sous des dentelles noires où tremblait du jais (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 42).Madame Polliat se lève, redresse son chapeau noir devant la glace, renfonce dans ses cheveux une épingle à tête de jais (Butor, Modif.,1957, p. 114):
2. Là, sur le grand tapis, resplendit quelque chose... Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs, De la nacre et du jais aux reflets scintillants; Des petits cadres noirs, des couronnes de verre, Ayant trois mots gravés en or : « À notre mère! » Rimbaud, Poésies,1871, p. 38.
2. P. anal. Jais (artificiel), faux(-)jais. Métal émaillé ou verre poli teint en noir, imitant le jais et utilisé de la même façon. On fabrique du jais artificiel à l'aide de verre coloré en noir (Adeline, Lex. termes art,1884).Sa petite pélerine tricotée (...) dont chaque maille retient une perle de faux jais (Colette, Music-hall,1913, p. 155).
Jais + adj. désignant une couleur.Verre coloré imitant le jais. Jais bleu. Le jais blanc vient de Norvège, le jais noir vient d'Angleterre, la verroterie noire vient d'Allemagne (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 704).Le bas de la jupe se garnit d'un haut volant de blonde de Bayeux perlée de jais blanc mat (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 779).Sa ceinture est de platine et de jais vert (Giraudoux, Amphitr. 38,1929, II, 4, p. 113).
C. − Jais, en emploi apposé à valeur d'adj., et de jais, loc. adj. Dont la couleur, l'éclat rappelle le jais. D'un noir de jais; barbe, chevelure, cheveux, yeux de jais; un brillant, un luisant, un miroitement de jais. L'eau était noire comme l'eau d'une lagune, et sur sa surface de jais tremblait la lueur d'un réverbère agité par le vent (Barb. d'Aurev., Memor. 3,1856, p. 83).Son visage rasé, au front blanc serti de cheveux noirs, était assez agréable au premier coup d'œil; cependant, ses prunelles de jais manquaient de douceur (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 57).
D. − P. méton.
1. Littér. Couleur du jais, noir intense et brillant. Quelquefois seulement leurs touffes vagabondes [des cheveux] De jais le plus luisant se teignoient dans les ondes (Delille, Imag.,1806, t. 1, p. 64).La gamme infinie des noirs, du jais à l'ébène et à l'ivoire calciné (Arnoux, Roi,1956, p. 177):
3. Je m'efforçais vainement à deviner ce passé commun à elle et à moi auquel elle se reportait en pensée. Mais je ne l'apercevais pas mieux à travers le jais translucide des larges et douces prunelles qui ne laissaient passer que le sourire, qu'on ne distingue un paysage situé derrière une vitre noire même enflammée de soleil. Proust, Guermantes 2,1921, p. 425.
2. Bijou, parure, ornement en jais, naturel ou non. Fabrication des jais. Sa robe de brocart d'or, entourée à partir du genou d'un triple falbalas de perles, de jais et de saphirs (Flaub., Tentation,1849, p. 387).Le tintement de ses bracelets, des jais frémissants de sa mante (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 425).
Rem. On relève des emplois poét. dans lesquels le terme est rapproché du mot geai. ,,Par attraction de noir comme un corbeau, certains disent à tort noir comme un geai (...) (oiseau qui n'est pas du tout noir, mais gris-bleu)`` (Thomas 1956). L'eau du bain perle encore en ses cheveux de jais. Elle a mis pour sourcils le plumage des geais (Moréas, Cantil., 1886, p. 183). Je te salue geai d'eau d'un noir de jais que je connus jadis (Prévert, Paroles, 1946, p. 262).
Prononc. et Orth. : [ʒ ε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Var. jai ds Volney, Ruines, 1791, p. 139. Homon. geai, jet. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1remoitié du xiies. jaiet minér. (Lapidaires agn., éd. P. Studer et J. Evans, I, 421, p. 44); 1260 gest (Etienne Boileau, Métiers, 71 ds T.-L.); 1611 geais (Cotgr.); 1669 jais ([Widerhold], Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr.); b) ca 1510 noir comme jayet (J. Lemaire de Belges, Les Illustrations de Gaule, I, 40 ds Hug.); 1690 noir comme jais (Fur.); c) 1808 noir de jais (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, p. 40); d) 1833 de jais (Gautier, Albertus, p. 133); 2. 1690 « verre teint en noir ou métal émaillé de noir » (Fur.). B. 1. 1832 emploi adj. noir jayet (Raymond); 1867 noir jais (Littré); 2. 1889 adj. (France, Balthazar, Ab., p. 164 : cheval jayet). Du lat. gagātem, acc. de gagātes « jais », gr. γ α γ α ́ τ η ς proprement « pierre de Gagas » (Γ α ́ γ α ς, ville et fleuve de Lycie); cf. l'empr. a. fr. gagatès (1remoitié du xiies., Lapidaires agn., V, 1107, p. 240). Jaiet, jayet, issu par substitution de suff. de la forme rég. *jaié, s'est contracté en jai, écrit jais. Fréq. abs. littér. : 161.