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INSOUCIANT, -ANTE, adj.
A. − Insouciant de qqc.[En parlant d'une pers.] Qui ne se soucie pas (de quelque chose). Insouciant du danger, du lendemain. Moi, insouciant de l'avenir, (...) presque sans inquiétude (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 256).Sophie, (...) insouciante de son propre avenir, lui offrit de renoncer à cette consécration du mariage qui ne devait rien ajouter, rien changer, disait-elle, à leur amour (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 71):
1. Tout en regardant les pompes de ce spectacle unique, il se livrait à son rêve sur Madame d'Espard. Il fut au désespoir de cette subite froideur qui contrariait étrangement l'ardeur intellectuelle avec laquelle il attaquait ce nouvel amour, insouciant des difficultés immenses qu'il apercevait, et qu'il se promettait de vaincre. Balzac, Illus. perdues,1839, p. 192.
Rem. On rencontre a) Les constr. α) Insouciant sur + subst. Je répugnerai toujours à croire une nation insouciante sur le premier de ses intérêts, sur l'administration de la justice et sur la garantie à donner à l'innocence accusée (Constant, Princ. pol., 1815, p. 156). Alfred de Musset autrefois semblait assez insouciant sur ses succès; du moins je l'ai connu tel (Sainte-Beuve, Poisons, 1869, p. 104). β) Insouciant de + inf. À peine si la foule insouciante d'être écrasée s'ouvrait pour leur faire place [aux chars] (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 206). b) Un emploi anal., en parlant d'un animal. Il approchait (...), insouciant du danger, affolé par son amour de bête pour l'autre bête que j'avais tuée. Karl tira; ce fut comme si on avait coupé la corde qui tenait suspendu l'oiseau (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Amour, 1886, p. 741).
Absol. Qui ne se fait pas de souci, qui ne se soucie de rien. D'Aubigné n'était pas un jeune seigneur insouciant et gai, mais il était, d'après un grand seigneur aimable, un jeune homme insouciant et gai (Stendhal, Lamiel,1842, p. 179).La foule insouciante d'un dimanche des temps ordinaires, qui marche à petits pas, musant et s'arrêtant à chaque étalage (Goncourt, Journal,1870, p. 656).Des cyclistes poussèrent des cris joyeux et s'en allèrent, insouciants, vers leur destin (Queneau, Zazie,1959, p. 143).
Emploi subst. Vous vous raillez, avec votre air mignon, Monsieur l'insouciant de belle humeur! (Hugo, Roi s'amuse,1832, p. 451).
B. − [P. méton. du déterminé]
1. [En parlant de l'esprit, du tempérament d'une pers.] Elle croyait sortir à peine du pensionnat, tant elle se sentait le rire facile et l'esprit insouciant (Zola, M. Férat,1868, p. 95).Germaine n'a rien d'une nature insouciante. Elle ne prend pas à la légère les ennuis quotidiens. Et les préoccupations d'intérêt lui sont spécialement sensibles (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 124).
2. [En parlant des apparences, des comportements]
a) Qui témoigne, manifeste de l'insouciance. Air, allure, geste insouciant; faire un insouciant mouvement d'épaules. Tout en mâchant sa douleur il affectait de garder une attitude insouciante et amusée (Barrès, Jard. Oronte,1922, p. 214):
2. Elle [la jeunesse d'Oran] s'applique en toutes choses à imiter l'allure, la rondeur et la supériorité de M. Clark Gable. À ce titre, les esprits critiques de la ville surnomment communément ces jeunes gens, par la grâce d'une insouciante prononciation, les « Clarque ». Camus, Été,1954, p. 25.
b) Exempt de souci. Je refuserais peut-être la vie insouciante et folle de ma sœur; car la pensée a aussi ses ivresses, ses extases, ses voluptés célestes, dont une heure vaut toute une jeunesse, toute une vie (Sand, Lélia,1833, p. 232).Je plongeai dans une insouciante et poétique torpeur (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1201).
REM.
Insouciamment, adv.Avec insouciance. Vivre insouciamment. Le général Bourgain-Desfeuilles parut à son tour. Ce dernier, tout soldat de cour qu'il était, trottait insouciamment au milieu des projectiles (Zola, Débâcle,1892, p. 245).Le corps de la femme réapparaissait, vivait, livrait insouciamment quelque chose de ses mystères sous les plis changeants du vêtement (Vogüé, Morts,1899, p. 166).
Prononc. et Orth. : [ε ̃susjɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) 1773 adj. « qui ne se soucie de rien » (Beaumarchais ds Proschwitz Beaumarchais, p. 300); b) 1779 subst. (Bachaumont, Mém. secrets pour servir à l'hist. de la république des Lettres en France, XIV, p. 220, ibid., p. 132); 2. 1787 insouciant de « qui ne se soucie pas de (quelque chose) » (Volney, Voyage Syr. Eg., t. 2, p. 56); 3. a) 1810 « qui est caractérisé par l'absence de souci » (Staël, Allemagne, t. 3, p. 192); b) 1817 « qui témoigne de cette disposition d'esprit » (Id., Consid. Révol. fr., t. 2, p. 26). Dér. du part. prés. de soucier*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 413. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 812, b) 611; xxes. : a) 508, b) 429. Bbg. Gohin 1903, p. 285.