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INSOLENCE, subst. fém.
A. − Vx, littér. Audace excessive, insupportable ou insultante. Les droits de chasse ruinaient les agriculteurs, et l'insolence de ces droits était au moins aussi révoltante que le mal positif qu'on en souffrait (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 225).Quelques appels de brides, invisibles pour les profanes, donnèrent au cheval du préfet, étonné de l'insolence de son cavalier, de petits mouvements d'impatience charmants pour les connaisseurs (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 83).
B. −
1. Manque de respect, oubli ou mépris des égards, ressenti comme une impertinence, une insulte ou une injure. Insolence rare; extrême insolence; propos pleins d'insolence; être de la dernière insolence (avec qqn); redoubler d'insolence. Il dit avec une insolence cachée sous la politesse la plus exquise : « Moi, j'aime tout ce qui est beau » (Goncourt, Journal,1860, p. 721):
1. Comme les jeunes filles passaient le long de la grande cour ovale, où les élèves de toutes les classes étaient réunis, chacun de nous les dévisagea à son aise. Nous étions une bande d'effrontés, de jeunes roués (entre seize et dix-neuf ans) qui mettions notre honneur à tout oser en fait d'indiscipline et d'insolence. Larbaud, F. Marquez,1911, p. 10.
P. métaph. Je me plairai à revisiter, des années après, le beau domaine abandonné, le parc où les allées seront obscurcies par l'insolence des herbes (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 296):
2. Je trouve (...) insupportable l'impertinence des choses et la puissance des bagatelles sur notre tranquillité. (...) un flot de mauvaise humeur a grondé et même écumé dans mon âme, par rébellion contre l'insolence du rien, qui se permet d'usurper sur ma liberté. Amiel, Journal,1866, p. 510.
En partic.
Manque de respect de la part d'une personne inférieure ou considérée comme telle. Toutes, languissantes sous l'éclat des bougies et le parfum des fleurs, s'enfonçaient dans ces histoires d'antichambre, (...) se passionnaient pour l'insolence d'un cocher ou d'une laveuse de vaisselle (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 88).Je vous préviens que je ferai mon rapport, et que c'est un coup à vous faire casser. Le sergent hoche la tête et sourit avec une insolence à lui rentrer dedans (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 55):
3. Ignorez-vous cette maxime (qui est de moi) : « Les honneurs déshonorent, le titre dégrade, la fonction abrutit ». Et d'ailleurs, est-ce que je suis capable de remplir une place, quelle qu'elle soit? Dès le lendemain je me ferais flanquer à la porte pour insolence et insubordination. Flaub., Corresp.,1879, p. 185.
[Désigne une manière d'être vis-à-vis des femmes] Manque de respect. Maugis, − un gros critique musical − ses yeux saillants avivés d'une lueur courte, considère le couple des Américains de tout près, avec une insolence à gifler (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 22-23).Elle était d'ordinaire seule dans le compartiment de seconde classe (...). Parfois, un voyageur de commerce montait dans le même compartiment et la regardait avec une insolence faraude : elle détournait les yeux (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 147).Il aimait la société des jeunes femmes qu'il traitait avec une insolence caressante et qu'il enveloppait (...) de gestes délicatement peloteurs (Duhamel, Cécile,1938, p. 59).
[En fonction de déterminant] Subst. + d'insolence. Synon. de insolent.Air d'insolence. − Monsieur Philippe, (...) ça fait plaisir de vous voir manger. − Vous trouvez? répond Steeny la bouche pleine. Hors de la présence de M. Ouine, il retrouve aussitôt le ton d'insolence qui exaspère (...) les deux amies (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1531).
Avec insolence. De façon insolente. Synon. insolemment.Répondre, sourire avec insolence; traiter qqn avec insolence. Je le vois encore (...) toisant tout le monde avec insolence (Léautaud, Amours,1906, p. 224).Ils allèrent à Rouen en auto. Lucien voulait voir la cathédrale et l'hôtel de ville, mais Bergère refusa tout net : Ces ordures? demanda-t-il avec insolence (Sartre, Mur,1939, p. 177).
Avoir l'insolence de + inf. Avoir l'audace insultante de. Trouver une occupation, c'est-à-dire un plaisir, et un but dans la vie, à rendre malheureuse une vraie passion, passion qu'on a l'insolence de sentir pour une autre qu'elle (Stendhal, Amour,1822, p. 103).Ce qui surtout excitait l'indignation, c'était la lettre que le général Bouillé avait eu l'insolence d'écrire à l'Assemblée Nationale (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 400).De ses flottes sombrées il ne reste plus sous ses pieds que ce bateau fendu, sur lequel il a l'insolence de défier encore notre vaisseau royal (Claudel, Soulier,1929, 4ejournée, 4, p. 878).
2. P. méton. Résultat de ce manque de respect; action, parole qui témoigne ou manifeste de l'insolence. Dire des insolences; répondre par des insolences; faire une insolence à qqn. Gautier ne t'a pas vue dans la rue lorsqu'il ne t'a pas saluée. Il est fort myope, comme moi, à qui pareilles choses sont coutumières. C'eût été une insolence gratuite, qui n'est pas du reste dans ses allures (Flaub., Corresp.,1853, p. 365).− C'est bien, monsieur, s'il faut que je souffre chez moi les insolences de vos maîtresses!... Une fille ramassée dans quelque ruisseau (Zola, Bonh. dames,1883, p. 695).
Rem. Rob. note que insolence peut, dans cet emploi, être pris en bonne part.
C. − Orgueil offensant, attitude hautaine et arrogante (envers des inférieurs ou des personnes traitées comme telles). Insolence d'un parvenu, des riches envers les pauvres. Le chasseur paradait dans la cour de la Conciergerie avec l'insolence d'un laquais qui se sait indispensable à une princesse exigeante (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 571).Yolande, rendant la main à son cheval (...) passa rapidement devant Sigognac, sur qui elle laissa tomber un regard tout chargé de dédain et d'aristocratique insolence (Gautier, Fracasse,1863, p. 52):
4. ... Gillon qui trône à la table du milieu (...) étale l'insolence, la santé, la superbe, la suprématie de la sottise. Quand il s'approche trop bouffi, trop engoncé de vêtements chauds et que rien ne se sauve autour de lui, je sens la bêtise reine du monde. Frapié, Maternelle,1904, p. 80.
Rem. On relève un emploi en bonne part. L'insolence de Bach est celle d'un démiurge. Il impose son ciel et ses algèbres (Cocteau, Foyer artistes, 1947, p. 141).
[Avec un compl. déterminatif introd. par de désignant ce qui est jugé insolent] Caractère insolent, de souveraine autorité, d'orgueilleuse assurance, de hautaine indifférence. Insolence du génie. L'effroyable insolence de cette illumination du château de Sacca (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 381).Partout cependant des ornements de faux or, des torchères électriques, lourdes et tortillées, d'une insolence de luxe atroce (Huysmans, Foules Lourdes,1906, p. 90).Puis, tout à coup, naquit l'Uni-Park, avec la violence de ses bruits, l'insolence de ses clameurs (Queneau, Pierrot,1942, p. 73).
Prononc. et Orth. : [ε ̃sɔlɑ ̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1450 « arrogance, violence » (Mystère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 5689 : En ce monde plain de insolence); 2. 1643 « manque de respect » (Corneille, Polyeucte, III, 2); 3. 1672 « acte, parole insolente » (Racine, Bajazet, IV, 6). Empr. au lat.insolentia « inexpérience; étrangeté, caractère insolite » (cf. le m. fr. insolence « id. »1616-20 ds Hug.), « manque de modération : faste, orgueil, arrogance ». Fréq. abs. littér. : 789. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 186, b) 1 103; xxes. : a) 1 145, b) 1 063.