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IMPARFAIT1, -AITE, adj.
A. − Vx. Qui n'est pas achevé, pas complet. M. de Monneron fut obligé de laisser imparfait un travail qu'il regardait comme fini (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 19).Nous laissâmes donc la cérémonie imparfaite, mais la regardant comme terminée (Delécluze, Journal,1824, p. 61).
B. −
1. Qui manque de fini; qui manque de certains éléments ou de certaines qualités pour fonctionner correctement ou pour correspondre à un idéal esthétique, intellectuel ou moral.
a) [En parlant d'un inanimé concr.] Synon. de ébauché, élémentaire, esquissé, fragmentaire, manqué, sommaire.Forme imparfaite. Deux moignons, deux mains mal venues et imparfaites d'où seulement le pouce était sorti (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 10).Il les achetait [les automobiles] encore imparfaites, et avant qu'elles fussent mises au point (Radiguet, Bal,1923, p. 43) :
1. ... sans doute nos instruments de mesure sont imparfaits, mais il suffit que nous puissions concevoir un instrument parfait. Cet idéal ne pourra être atteint, mais ce sera assez de l'avoir conçu... H. Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 40.
b) [En parlant d'un inanimé abstr.] Synon. de approximatif, imprécis, incorrect, inexact.Connaissance, contrition, idée, image, langue imparfaite. Votre sérénité est pâle, votre contentement mal assuré, et votre confiance imparfaite (M. De Guérin, Corresp.,1837, p. 294).Des à-peu-près, des expressions imparfaites, posant plus ou moins, mais jamais à plein sur la vérité (Renan, Avenir sc.,1890, p. 152).Un mauvais style, c'est une pensée imparfaite (Renard, Journal,1898, p. 502).
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Dans toute œuvre d'art, le défaut, la faiblesse passe à la faveur du parfait; c'est l'imparfait que reprend le disciple parce que c'est cela seul qu'il peut espérer de pousser plus loin (Gide, Feuillets,1921, p. 714).
c) Spécialement
BOT. Qui présente une conformation lacunaire, rudimentaire ou mal déterminée. Les plantes les plus simples en organisation, les plus imparfaites (...) celles qui n'ont point de cotylédons, point de sexe déterminable (Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 272).Les « champignons imparfaits » sont des organismes dont on ignore la sexualité et dont, en conséquence, la classification ne peut être que très artificielle (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 788).
Bois imparfait. V. bois ex. 10.
ZOOL. Qui présente une organisation peu différenciée; qui n'est pas parvenu au terme de ses métamorphoses. Insectes imparfaits, nymphe imparfaite. Les recherches (...) n'ont pu faire découvrir de nerfs ni d'appareil cérébral dans quelques animaux imparfaits, tels que les polypes et les insectes infusoires (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 271).Buffon a vu dans ces animalcules de simples amas de molécules organiques, (...) nouvelle catégorie d'êtres imparfaits ou rudimentaires (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 53) :
2. ... la grenouille, dans l'état imparfait de têtard, respire par des branchies, tandis que dans son état plus parfait de grenouille elle respire par des poumons. Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 110.
d) MUSIQUE
[En parlant d'un accord] Qui comporte une flexion. Jusqu'à notre époque même on les a qualifiées [les tierces et les sixtes] de consonances imparfaites parce qu'elles supportent une flexion sans devenir dissonantes (Gevaert, Harm.,1885, p. 14).Il [l'accord de tierce mineure et quinte diminuée, soit l'accord de troisième espèce] est plutôt un accord imparfait qu'un accord dissonant (Reber, Harm.,1949, p. 9).
[En parlant d'une cadence] La cadence interrompue, que certains auteurs appellent demi-cadence ou cadence imparfaite, est (...) une sorte de cadence parfaite inachevée, tronquée (Lavignac, Mus. et musiciens,1895, p. 315).
2. [En parlant d'une pers.] Qui présente des défauts. Le monde n'est qu'un égout (...); mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux (Musset, On ne badine pas,1834, II, 5, p. 50).Comment aurais-je été sûre de moi quand, pendant toute mon enfance, on m'a dit que j'étais imparfaite, médiocre (Maurois, Climats,1928, p. 180).Pourquoi vas-tu chez ces amis si imparfaits? Comment supportes-tu celui-là qui a tel défaut (...)? (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 979).
Emploi subst. L'état religieux (...) est alors regardé comme l'état des parfaits, et l'état séculier comme celui des imparfaits, (...) la fonction métaphysique des imparfaits est d'être imparfaits et de le rester; de mener une bonne vie mondaine pas trop pieuse (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 134).
C. − [Souvent p. réf. à un absolu d'ordre divin] Qui, par essence, ne saurait être parfait. Synon. fini, limité.Recevez le tribut de mes louanges : il est foible et imparfait; tout est défectueux dans l'homme de misere et d'iniquité (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 323).Ce n'est pas seulement parce que tous les objets du monde sont changeants et périssables que nous souffrons; c'est encore parce qu'ils sont si misérablement imparfaits, qu'ils ne sauraient remplir notre soif de bonheur (P. Leroux, De l'Humanité, t. 1, 1840, p. 15).[L'homme] se sent frôlé par un mystère impénétrable pour ses sens grossiers et imparfaits, et il tâche de suppléer, par l'effort de son intelligence, à l'impuissance de ses organes (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1107) :
3. ... toute créature étant nécessairement bornée et imparfaite, Dieu, par sa puissance infinie, peut sans cesse ajouter à ses perfections : à cet égard, il y a toujours, à un degré quelconque, privation de bien dans la créature. Réciproquement, si imparfaite et bornée qu'on la suppose, du moment que la créature existe, elle jouit d'un certain degré de bien, meilleur pour elle que le néant. Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 355.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Je ne tirerai jamais du fini l'idée de l'infini, de l'imparfait l'idée de parfait, de l'humanité l'idée de Dieu; mais si Dieu, si le parfait, si l'infini existe, alors ma raison pourra les concevoir (Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 2, 1829, p. 533).Les rares minutes où, échappant à l'exil « dans l'imparfait » et dans le temps, il [Baudelaire] atteignait à la contemplation de l'éternité (Béguin, Âme romant.,1939, p. 378).
Prononc. et Orth. : [ε ̃paʀfε], fém. [-εt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1370-72 « qui n'est pas parfait » (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 402 : l'abit est imparfait et n'a pas sa perfeccion naturele); 1550 subst. « ce qui est imparfait » (Ronsard, Odes, IV, 10 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 2, p. 118 : Tout l'imparfait de ma jeunesse folle); 2. 1372 « inachevé, incomplet » (J. Corbichon, Propr. des choses, XVIII, 1, ms. BN fr. 217 ds DG); 3. fin xives. « qui présente des défauts, des lacunes » (E. Deschamps, Œuvres complètes, éd. de Queux de Saint-Hilaire, t. 3, p. 337 : Sanz Amour est imparfait Tout homme). Adaptation d'apr. parfait* du lat. imperfectus « inachevé, incomplet; imparfait ».