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IL2, pron. pers., 3epers., neutre sing., forme atone
Pronom personnel de la troisième personne du singulier, neutre, de forme atone, toujours sujet, introducteur d'un verbe ou d'une locution verbale à la forme impersonnelle.
A. − [En tournure impers., sans qu'il y ait de « séquence » de « sujet réel »]
1. [Avec des verbes exprimant un phénomène naturel] Il pleut; il fait beau, chaud, froid, sec, sombre. Alors il était nuit et Jésus marchait seul (Vigny, Destinées,1863, p. 164).Il neigea ce jour-là. Dans les îles de la Manche, un hiver où il gèle à glace est mémorable, et la neige fait événement (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 55).
Rem. 1. Pop. Ça remplaçant il (ça pleut). Cf. cela I B 3. 2. Les verbes météor. peuvent, p. anal. (infra B), être suivis d'une séquence suj. réel, notamment dans des loc. verbales au fig. Il pleut des balles, des cordes, des hallebardes.
2. Littér. ou figé. [En concurrence avec ce, c', cela, ça, dans des loc. figées] S'il en est ainsi; il en est de même de; ainsi soit-il. Il n'empêche, il n'importe (cf. Grev. 1975, § 472). Eh! qu'importe, Seigneur, la parole à ma lyre? Je l'entends, il suffit; tu réponds c'est assez! (Lamart., Harm.,1830, p. 292).Vous avez été (...) laissé pour mort sur la route? − Il est vrai. − Vous avez été relevé par une patrouille (...)? − C'est encore vrai (Vidocq, Vrais myst. Paris, t. 7, 1844, p. 96).Que M. Émile Zola ait eu jadis, je ne dis pas un grand talent, mais un gros talent, il se peut (A. France, Vie littér.,1888, p. 23).S'il vous plaît... dessine-moi un mouton! (Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 413) :
1. ... ceux-ci (...) y époussetaient alors, en se jouant, du bout de leurs sorties-de-bal, les têtes espiègles et mutines. C'était une attention qui, pour être délicate, n'en n'était pas moins sensible. Le lendemain, il n'y paraissait plus. Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 9.
En partic. [Dans des loc. impers. avec être ou un verbe d'état suivi d'un adj. ou d'un subst.; dans ces emplois, il correspond au ce, c', cela, ça de la lang. fam.] Il est l'heure/c'est l'heure; il est midi/c'est midi. Cf. aussi être13esection II C.Ah! dans trois mois j'aurai cinquante ans, est-il bien possible! (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 12).
3. [Après ainsi que ou comme qui tiennent lieu de séquence (de suj. réel) ou après une compar.] Ainsi qu'il ressort de; ainsi qu'il était convenu; ainsi qu'il a été mentionné précédemment; comme il se doit. Comme il arrivait quelquefois, elle avait les traits d'une femme que j'avais connue dans la vie (Proust, Swann,1913, p. 5).Le peuple applaudira (...) avec moins de haine que de contentement poli, ainsi qu'il convient aux époques intelligentes et douces (Abellio, Pacifiques,1946, p. 11) :
2. Qui tiendra l'emploi de la scrofulaire?... Parfois c'est une plante de la même famille, une proche parente, comme il advient pour la balsamine. Gide, Retour Tchad,1928, p. 868.
B. − [En tournure impers. comportant une séquence (un suj. réel); selon les verbes, la séquence est un groupe nominal, un inf., une prop. conjonctionnelle]
1. [Avec des verbes essentiellement impers., avec des verbes intrans. ou trans. indir.]
a) [Avec séquence nom.] Il fait du vent, de l'orage, un temps merveilleux; il me vient une idée. On ne voit que des morts et des mourans (...); il meurt les deux tiers des malades (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 142).L'époque la plus éloignée dont il me souvienne, c'est celle où je quittai la jaquette (Michelet, Mémorial,1822, p. 182).Il soufflait un vent chaud chargé de pluie (Alain, Propos,1926, p. 670) :
3. Il tombait une de ces pluies fines qu'on avale à pleins poumons, qui vous descendent jusqu'au ventre. Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1031.
b) [Avec séquence inf.] Il s'agit de, il convient de, il vous appartient de, il lui répugne de, il me tarde de, il m'en coûte de + inf.; il vaut mieux + inf. Il vaut mieux obéir à un de nos compatriotes riche et éclairé, qu'à une multitude ignorante, qui nous accablera de tous les maux (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 79).Il vous sied bien de sourire quand je parle; si je n'avais pas vendu du guingan à Anvers, vous seriez maintenant à l'hôpital (Musset, Il ne faut jurer,1840, p. 97).Il me faut déclarer tout net que je ne me suis jamais senti plus jeune et même jamais si jeune (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 12) :
4. le père jésuite : Seigneur, je vous remercie de m'avoir ainsi attaché! Et parfois il m'est arrivé de trouver vos commandements pénibles et ma volonté en présence de votre règle perplexe, rétive. Claudel, Soulier,1929, 1rejournée, 1, p. 652.
c) [Avec une séquence propositionnelle] Il va de soi que, il va sans dire que, il arrive que, il est apparu que, il en découle que, il demeure que; il lui passe par l'esprit que, il me revient à l'esprit que. Les préfaces doctrinales de Leconte de Lisle, d'où il appert que l'esthétique parnassienne repose sur l'hellénisme de Ménard (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 3).J'éclate tellement dans ma création. Que pour ne pas me voir vraiment il faudrait que ces pauvres gens fussent aveugles (Péguy, Porche Myst.,1911, p. 172) :
5. Il résulte de notre entretien que le gouvernement des États-Unis envisage maintenant de prendre une position nouvelle à l'égard du Comité national français. De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 332.
2. [Avec des verbes pronom.]
a) [Avec séquence nom.] Il se passe quelque chose d'extraordinaire chez Clodius (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 194) :
6. C'était l'heure (...) où il se fait dans les églises un léger bruit de prières à la seule lueur des cierges... Romains, Hommes bonne vol.,1932, p. 187.
b) [Avec séquence inf. ou propositionnelle] Il s'ajoute que, il s'avère que, il se conçoit que, il se confirma que, il s'ensuit que, il se révèle que, il se trouve que, il se vérifie que. Il s'en faut de beaucoup que la totalité de notre vie intérieure se laisse exprimer par le langage (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 235) :
7. C'est ainsi qu'un passant s'arrête sur un pont de Paris, et contemple; ce n'est point une promesse du beau temps qu'il contemple; il se peut qu'un beau ciel annonce la pluie ou l'orage. Alain, Propos,1929, p. 835.
3. [Avec des verbes trans. au passif, en partic. dans la lang. jur. et admin.]
a) [Avec séquence nom.] :
8. La résolution doit être demandée en justice, et il peut être accordé au défendeur un délai selon les circonstances. Code civil,1804, art. 1184, p. 213.
b) [Avec séquence inf.] Tu sais bien qu'il est défendu d'entrer dans le cabinet de ton père (Mauriac, Mal Aimés,1945, I, 1, p. 155).Comme dans un miroir, il nous est commandé d'apprendre à regarder (Claudel, Jet de pierre,1949, p. 1305) :
9. Il doit être permis, en effet, aux philosophes comme aux physiciens, de faire des théories générales... Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. I.
c) [Avec séquence propositionnelle] J'insistai auprès de lui pour qu'il fût stipulé que notre distingué confrère ne continuerait pas parmi nous sa vaillante campagne pour la réhabilitation de Dreyfus (Clemenceau, Iniquité,1899, p. iv) :
10. Il s'agit du général Giraud, dont il est désormais reconnu par tous, lui compris, que ses fonctions militaires sont incompatibles avec l'exercice du pouvoir... De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 150.
4. Rare. [Avec des verbes trans.]
a) [L'obj. dir. est un pron. pers.] Il ne la gênait pas du tout de me laisser entendre qu'elle ne pouvait pas voir le Docteur à Paris (Boylesve, Souvenir du jardin détruit,p. 89 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 633) :
11. Là-bas, au-delà de la mer, au-delà de ce désert qui en sont le vestibule, il t'attend un pays ruisselant de lait et de miel. Claudel, t. 23, Emmaüs,p. 173 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 626).
b) [L'obj. dir. est un pron. indéf.] Il ne signifie rien de dire que la sexualité a envahi le roman (Mauriac, Mém. intérieurs,1959, p. 351 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 638) :
12. Il n'arrange rien que l'Italie ait des difficultés économiques. J. Grandmougin,Ex. oral, France-Inter, 15 déc. 1971ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 638).
c) [L'obj. dir. forme avec le verbe une loc. verb.] Voyons, ne crève-t-il pas les yeux que c'est le grand duc qui est à plaindre et à aimer! (Benoit, Koenigsmark,p. 116 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 641) :
13. Il lui effleura l'esprit que le serment d'absolue discrétion qu'il avait échangé avec le petit monsieur ne comportait pas d'exception en faveur du professeur. Romains, Une Femme singulière,p. 160 ds M. Hériau, Le Verbe impers. en fr. mod., Lille, 1980, p. 641).
5. [Avec des verbes attributifs]
a) [Avec séquence inf.] Il paraît aventuré, indiqué, justifié, permis de; il semble risqué de; il est bon, mauvais, utile de. Il est de bon goût chez les Pallicares de se serrer la taille outre mesure (About, Grèce,1854, p. 43).
b) [Avec séquence propositionnelle] Il demeure acquis, démontré, entendu que; il reste établi que; il semble prouvé, reconnu que; il est remarquable à quel point, combien, comme. Il est probable que je ne retrouverai ce repos avant-naître, que dans les entrailles de notre mère commune après-mourir (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 5) :
14. On me remit vivement une chemise, parce qu'il n'est pas décent qu'un Rezeau, même si jeune, reste nu devant des domestiques. H. Bazin, Vipère,1948, p. 11.
c) Il est, il y a
Il est signifiant « il y a » dans le style recherché, littéraire (cf. aussi être13esection II B). Il n'est donc point de mère à ces petits enfants, De mère au frais sourire, aux regards triomphants? (Rimbaud, Poésies,1871, p. 35).Il est des lieux où souffle l'Esprit. Il est des lieux qui tirent l'âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère (Barrès, Colline insp.,1913, p. 71) :
15. Il est certaines rencontres qui ne m'apportent pas seulement des raisons de vivre que je puis évaluer, approuver, mais qui vraiment opèrent comme au cœur du vouloir une conversion qui a la portée d'un véritable engendrement spirituel. Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 123.
Il y a, gallicisme servant à exprimer l'existence, la présence de quelqu'un ou de quelque chose, ou à exprimer une durée passée, un laps de temps écoulé (cf. avoir1IV). Il y a huit jours de cela; c'était il y a huit jours. Où allez-vous donc de si bonne heure? − Il y a fête de congrégation, ce matin, à Saint-Louis de Gonzague (Estaunié, Empreinte,1896, p. 2).Je m'enfonce dans mon opinion qu'il n'y a rien à faire, et me méfie de plus en plus des deux petites rides sur les coins de sa bouche (Gide, Journal,1905, p. 164).V. cela ex. 12.
Rem. 1. Omission de il. a) Littér. (dans certains tours recherchés de la lang. écrite). Peu me chaut; peu s'en faut que; point n'est besoin de; n'importe. M'est avis qu'il est l'heure De renaître moqueur (Laforgue, Imit. Lune, 1886, p. 239). Qu'importe? Je n'avais pas besoin de femme. Je n'ai point possédé de femme corruptible (Claudel, Annonce, 1912, p. 16). b) Fam. Faut pas t'en faire; n'empêche; y a. Faut le coucher, Monsieur, rien autre chose, il dormira, et d'main n'y paraîtra plus (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Masque, 1889, p. 1162). Ils ne purent se revoir sans rire : − Nous sommes donc « morts » tous les deux? − Paraît (D'Esparbès, Demi-soldes, 1899, p. 72). 2. Pour les mécanismes syntaxiques, cf. il1C. 3. Pléonasme de il dans l'interr., renforçant un suj. neutre, et ajout d'un t épenthétique, euphonique entre deux voyelles. Eh bien! ça va-t-il ce matin? (Erckm.-Chatr., Conscrit 1813, 1864, p. 133). 4. La forme pop. est y ou i. Ça va-t-y? V'là Andoche... C'est-i' jà l'angélu? (Martin du G., Gonfle, 1928, I, 1, p. 1171).
Prononc. et Orth. : [il]. V. il1. Étymol. et Hist. et Stat. V. il1. Bbg. Baarslag (A.F.). Le Suj. neutre il, ce, cela. R. des lang. vivantes. 1964, t. 30, pp. 3-14. - Cressot (M.). Répét. nécessaire du pron. on suj. et du pron. il suj. impers. Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 249-251. - Henry (A.). À propos du il y a temp. du fr. R. Ling. rom. 1967, t. 31, pp. 105-123; C'était il y a des lunes. Paris, 1968, passim; Il y a prép.? In : [Mél. Grevisse (M.)]. Gembloux, 1966, pp. 207-213. - Hériau (M.). Le Verbe impers. en fr. mod. Lille-Paris, 1980, pp. 10-14, 37-115, 1055-1122. - Jeanjean (C.). Ét. de la constr. il y a ds la synt. du fr. Rech. sur le fr. parlé. 2. Aix-en-Provence, 1979, pp. 121-160. - Pieltain (P.). La Constr. impers. en fr. mod. Mél. Delbouille (M.) t. 1, 1964, pp. 469-487.