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IDÉAL2, -ALS ou -AUX, subst. masc.
A. − [Avec une valeur relative : un idéal particulier]
1. Ce que l'on conçoit comme conforme à la perfection et que l'on donne comme but ou comme norme à sa pensée ou son action dans quelque domaine que ce soit. Oui, mon cher Marsal, je me marie, et j'ai trouvé l'idéal. Vous m'entendez, l'idéal (Bourget, Sens mort,1915, p. 21).Le Cervin qui fut, dans une heure brève, le but de désirs ardents, et dont les échos retentissent de cris de douleur et de cris de victoire, le Cervin passera comme ont passé d'autres idéals (Peyré, Matterhorn,1939, pp. 18-19).Je ne connais pas d'idéal politique (...) qui vaille la mort d'un homme (Abellio, Pacifiques,1946, p. 389) :
1. Il me fallait trouver, non pas en dehors, mais au-dessus des conceptions passagères de l'humanité, au-dessus de moi-même, un idéal de force, de vérité, un type de perfection immuable à embrasser, à contempler, à consulter et à implorer sans cesse. Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 54.
SYNT. Avoir, (s'efforcer d') atteindre, poursuivre, servir, (faire) triompher un idéal; se dévouer, être fidèle, (se) sacrifier à un idéal; combattre, mourir pour un idéal; trahir son idéal; idéal bourgeois, démocratique, économique, moral, olympique, religieux, républicain, révolutionnaire, romantique, social, socialiste; idéal grec, médiéval; idéal impossible, irréalisable; grand, haut idéal; idéal de l'anarchiste, de l'artiste, de la chevalerie, du poète; idéal d'une société, d'une vie; idéal d'ascétisme, de beauté, de bonheur, de fraternité, d'humanité, de justice, de liberté, de vertu.
En partic. Ce, celui, celle qui représente ou incarne cette perfection. Synon. modèle (du genre).L'idéal de la beauté; un idéal de vertu. L'idéal du calme est dans un chat assis (Renard, Journal,1889, p. 21).Les prières de saint Thomas d'Aquin, c'est pour moi l'idéal même de la prière (Du Bos, Journal,1927, p. 381) :
2. Sa physionomie, noble et vide, annonçait des idées convenables et rares : l'idéal de l'homme aimable, l'horreur de l'imprévu et de la plaisanterie, beaucoup de gravité. Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 266.
Spécialement
BEAUX-ARTS. Modèle parfait conçu par l'artiste :
3. Cette double et inconciliable définition du mot « idéal » qui pour Ingres désigne un principe parfait, unique et commun à tous, et pour Delacroix la manifestation la plus privée des émotions de l'individu, repose sur le conflit entre les recherches plastiques, d'une part, et les recherches expressives d'autre part, que trop d'esthétiques, au gré des tempéraments, prônent contradictoirement. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 267.
MATH. Idéal à gauche (ou à droite) de l'anneau A. Tout sous-groupe additif J de A tel que, pour tout élément x de A et pour tout élément y de J l'élément xy (ou yx) appartient à J (d'apr. Chamb. 1972). V. idéal1ex. 7.On dit qu'une partie I d'un anneau commutatif A constitue un idéal de A si : 1) I est un sous-groupe du groupe additif constitué par A; 2) les relations x ∈ I et y ∈ I entraînent xy ∈ I (J. Lelong-Ferrand, Ensembles algèbre et analyse, Paris, A. Colin,1964, p. 212).
PHILOS. [Chez Kant] Être individuel dont les caractères sont déterminés par l'idée, modèle suprême dont la perfection ne peut être égalée :
4. Un idéal est un individu, non plus une généralité comme une idée ou une loi. Le sage, l'homme vertueux est un idéal, tandis que la sagesse, la vertu sont des idées. L'idéal qui contient en lui toutes les perfections et les ramène à l'unité, c'est l'idée de Dieu. E. Boutroux, La Philos. de Kant, Paris, Vrin, 1926, p. 232.
PSYCHANAL. Substitut de la perfection narcissique marquant le début de l'autonomie de l'enfant, résultat d'identification aux parents, à leurs substituts ou à des idéaux collectifs. [J. Sandler, A. Holder et D. Meers] soulignent que, dans l'évolution du concept, Freud est passé d'un Idéal du Moi que le sujet constitue pour lui-même (afin de reconquérir sa perfection perdue) à celle d'un Idéal se référant aux modèles parentaux (J. Chasseguet-Smirgel, L'Idéal du Moi, Paris, Tchou, 1975, p. 265) :
5. Les divers âges de la vie produisent en fait plusieurs « idéals du moi »; le refoulement doit choisir entre leurs sollicitations divergentes : n'y aurait-il pas là l'image d'un sujet qui se cherche? Mounier, Traité caract.,1946, p. 581.
2. [Avec indication du domaine envisagé] Ce qui représente la perfection pour quelqu'un dans ce domaine. L'idéal pour Javert, ce n'était pas d'être humain, d'être grand, d'être sublime; c'était d'être irréprochable (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 582).Mon idéal personnel c'est de faire de la France un paradis terrestre où l'homme n'ait plus rien d'autre à faire que de bien manger, bien boire et s'amuser (Aymé, Travelingue,1941, p. 261) :
6. Maintenant, mon idéal serait un vieux château patriarcal, rempli d'enfants qui chantent, de filles et de garçons qui folâtrent, où tout le monde mangerait, boirait, danserait, vivrait de moi. Renan, Drames philos., Eau Jouvence, 1881, III, 2, p. 482.
Loc. (Ne pas) être l'idéal (souvent fam.). (Ne pas) être ce qu'il y a de mieux, la meilleure solution. L'idéal pour toi est évidemment la bourse de licence à Paris. Là tu pourras bûcher à l'aise les math. (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1905, p. 44).Jonas regardait la chambre conjugale. Bien sûr, ce n'était pas l'idéal, le lit était très large. Mais la pièce était vide toute la journée (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1643) :
7. [La] liberté de l'avortement entre les mains des médecins et des commissions que nous préconisons est loin d'être l'idéal. Il vaut mieux, toujours, prévenir que guérir. Il serait donc préférable d'éviter les grossesses « insupportables » et, pour cela, éduquer les femmes et leur donner les possibilités de n'être mères qu'à bon escient. Biot, Pol. santé publ.,1933, p. 46.
L'idéal est, serait de + inf., que + subj.Le mieux est, serait de, que. L'idéal, vois-tu, ce serait de ne prêcher l'Évangile qu'aux enfants (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1073).L'idéal, dans un ménage, c'est que la femme comprenne la division du travail (Abellio, Pacifiques,1946, p. 335) :
8. ... la critique externe est toute préparatoire; elle est un moyen, non un but; l'idéal serait qu'elle eût été suffisamment pratiquée pour qu'il fût désormais possible de s'en dispenser; ce n'est qu'une nécessité provisoire. Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist.,1898, p. 92.
B. − [Avec une valeur absolue : l'idéal]
1. Ce qui satisferait toutes les exigences du cœur et de l'intelligence, par opposition à la réalité limitée et décevante. L'idéal purifie en nous l'amour charnel, Et le terrestre amour nous fait voir l'éternel (Brizeux, Marie,1840, p. 35).Chimère pour chimère, je crois qu'il vaut mieux que l'idéal soit terrestre, parce que cela donne aux hommes un principe inépuisable d'activité (Barrès, Cahiers, t. 6, 1908, p. 69) :
9. Comment te consolerai-je du tourment qui accable ton âme? Quel remède à ces cris de découragement? Non, mon ami, l'idéal n'est pas incompatible avec la nature humaine. Non, ce n'est pas seulement une chimère enfantée à travers quelque rêve de poète! L'idéal pour moi, (c'est difficile à expliquer) mais, pour moi, c'est mêler du grand aux plus humbles choses terrestres... Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 621.
2. Ensemble des valeurs intellectuelles, morales, esthétiques par opposition aux intérêts matériels particuliers. Aspirer à l'idéal; s'élever, tendre vers l'idéal; goût, recherche de l'idéal. La classe sérieuse et lettrée, qui pratique le devoir, le travail, la pensée et conserve le culte de l'idéal (Amiel, Journal,1866, p. 541) :
10. La politique de Carthage. C'est le « enrichissez-vous » (...). On voit son plan : une société sans idéal, purement matérialiste; il n'aspire qu'à dire au peuple : tu auras du cinéma, des bons dîners, des filles... Barrès, Cahiers, t. 11, 1917, p. 307.
Prononc. et Orth. : [ideal], plur. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1835. Le plur. idéals est, d'après Ac. 1935, littér.; v. Peyré, loc. cit. et ex. 5. L'usage sc. a toujours idéaux, v. Bourbaki, Hist. math., 1960, p. 123. ,,En fait l'usage n'a pas tranché et l'on évite le pluriel`` (Lar. Lang. fr.). À rapprocher de l'observation ds Ac. 1762, 1798 sous idéal1. Étymol. et Hist. 1. 1746 « ensemble des représentations abstraites les plus adéquates se rapportant à un être ou à un objet particulier » (Batteux, Les Beaux-Arts, p. 109); 2. a) 1765 « modèle intérieur guidant un artiste dans l'exécution de son œuvre » (Diderot, Salon, éd. J. Seznec et J. Adhémar, t. 2, p. 149); b) 1799 « assemblage abstrait de perfections spirituelles et esthétiques dont l'âme se forme la notion sans pouvoir y atteindre complètement » (Senancour, Rêveries, p. 12); 3. 1831 « l'ensemble des valeurs esthétiques, morales ou intellectuelles, par opposition aux intérêts matériels » (Hugo, Feuilles automne, p. 768); 4. 1836 « ce qui réalise la perfection dans le domaine envisagé et donne pleine satisfaction » (Stendhal, H. Brulard, t. 2, p. 335). Empr. à l'all. philos.Ideal, lui-même empr. au lat. médiév. idealis (v. idéal1). Ce mot, véhiculé par les ouvrages de Kant [1724-1804] (cf. 1781, Critique de la Raison pure, livre II, ch. III, § 2 : Von dem transcendentalem Ideal, prototypon transcendentale cité par Lal., p. 435) et de Lessing [1729-1781], semble avoir été employé pour la première fois par Francesco De Lana [1631-1687] (1670, Prodromo, chap. 2 cité ds Historisches Wörterbuch der Philosophie, éd. J. Ritter et K. Gründer, IV, col. 25); pour l'hist. de ce mot v. FEW t. 4, pp. 536-537. Fréq. abs. littér. : 4 261. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 443, b) 8 327; xxes. : a) 8 220, b) 5 777.