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HORDE, subst. fém.
A. −
1. Tribu nomade de l'Asie centrale. Horde tartare. Hordes mongoles éparses entre l'Altaï et le Caucase (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 210) :
1. Il est un des premiers à (...) donner un récit détaillé du genre de vie et du caractère de ces hordes mongoliques qui constituèrent le puissant empire des Tartares. Hist. de la sc.,1957, p. 1447.
La horde d'or. Nom de la plus puissante tribu mongole :
2. Cette salle n'offrait aucun meuble, mais çà et là des fourrures épaisses, des coussins de soieries asiatiques d'une extravagante richesse s'entassaient contre les murs et les piliers nus avec un air de profusion et de négligence : on eût dit le campement de nuit de la Horde d'or dans une blanche cathédrale byzantine. Gracq, Argol,1938, p. 26.
P. ext. Peuplade, troupe nomade vivant en société. Horde migratrice; horde d'Arabes, de Magyars, de Scythes. Une horde de Bédouins homicides, sans doute, qui, ayant aperçu au loin dans le désert ta petite caravane, sera venue la surprendre pendant son sommeil (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 337).J'ai visité, il y a quelques mois, une horde de bohémiens établis dans les Vosges (Mérimée, Carmen,1847, p. 76).Normalement la terre appartient à une horde locale, composée d'un noyau permanent d'individus mâles et d'un ensemble variable de femmes venues du dehors (Lowie, Anthropol. cult.,1936, p. 291) :
3. Un jour, toute la tribu part, emportant les enfants, les caisses remplies de hardes, les marmites, les ustensiles de cuisine, les fétiches, et se dirige vers le nouvel établissement. C'est quelque fois à 25 à 30 kilomètres en droite ligne, et il faut plusieurs jours à cette horde nomade embarrassée de bagages et d'enfants pour gagner sa nouvelle installation. Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 203.
En partic. (chez Freud). La horde primitive. En 1917, j'ai adopté l'hypothèse de Ch. Darwin, d'après laquelle la forme primitive de la société humaine aurait été représentée par une horde soumise à la domination absolue d'un mâle puissant. J'ai essayé alors de montrer que les destinées de cette horde ont laissé des traces ineffaçables dans l'histoire héréditaire de l'humanité (Freud, Psychol. collective, trad. par S. Jankélévitch, chap. 10, La Foule et la horde primitive, Paris, Payot, 1924, p. 83).
2. Groupe de personnes plus ou moins disciplinées provoquant du désordre, commettant des pillages, des actes de violence. Au milieu d'une horde de tout âge et de tout sexe, marchaient à pied les gardes-du-corps, ayant changé de chapeaux, d'épées et de baudriers avec les gardes nationaux (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 222).Toute la horde des portefaix et des fellahs se précipita vers le quai dans un tumulte un peu inquiétant pour les membres et les vêtements des passagers (Verne, Tour monde,1873, p. 27).Il est accaparé par une horde de ses camarades qui l'interpellent et le houspillent. Il se débat, répond à leurs sarcasmes, et tous se bousculent en riant (Barbusse, Feu,1916, p. 57) :
4. Des hordes de soldats ivres pénétrèrent dans les maisons, chassèrent à coups de crosse les femmes et les enfants, firent prisonniers les hommes, pillèrent, saccagèrent, arrosèrent de pétrole les meubles et les planchers, lâchèrent par le quartier des chats trempés d'essence et enflammés. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 43.
SYNT. Horde assiégeante, barbare, conquérante, ennemie, enragée, farouche, féroce, hurlante, indisciplinée, meurtrière, sauvage; discipliner des hordes; horde d'aventuriers, de brigands, de chasseurs, de mendiants, de sauvages, de vagabonds, de voleurs.
3. Groupe d'animaux vivant naturellement ensemble. Immédiatement après le coucher du soleil, le ciel s'obscurcit : c'est la horde des sauterelles qui repart vers l'est (Gide, Retour Tchad,1928, p. 871) :
5. C'était l'essaim de goëlands et de mouettes qui venait de se ruer sur une des roches basses, battant de l'aile, s'entre-culbutant, criant, appelant. Tous fourmillaient bruyamment sur le même point. Cette horde à bec et ongles pillait quelque chose. Hugo, Travaill. mer,1866, p. 268.
SYNT. Horde de cancrelats, de charognards, de chats, de chiens sauvages, de cigales, de fourmis, de grenouilles, de guêpes, de hannetons, de loups, de poules, de renards, de tortues; vivre en horde.
B. − Au fig. Multitude de choses. J'appellerai beaucoup de songes à mon secours, pour me défendre contre cette horde de vérités qui s'engendrent dans les vieux jours, comme des dragons se cachent dans des ruines (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 12).Tout cela était comme rapetissé, écrasé sous la horde des nuages. On eût dit une innombrable armée tumultueuse, se bousculant à l'assaut du moulin (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 18).
Prononc. et Orth. : [ɔ ʀd] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1559 « tribu errante, chez les Tartares » (G. Postel, République des Turcs, 2epart., p. 27 ds Gdf. Compl.); b) 1690 p. ext. « tribu errante, peuplade de nomades » (Fur.); c) 1767 « troupe d'hommes qui se livrent à des désordres » (Lemierre, Guillaume Tell, p. 12); d) 1769 « foule quelconque » (Coyer, Bagatelles, p. 66 ds Brunot t. 6, p. 1360 : cette horde d'honnêtes gens [les quakers]); 2. a) 1669 « troupe d'animaux » (La Fontaine, Psyché, l. II ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. 8, p. 205 : des hordes et des caravanes [de fourmis]); b) 1848 « grand nombre de choses » (Chateaubr., supra). Empr. au tartareorda « camp militaire », cf. coman orda « id. » (ca 1300 ds FEW t. 20, p. 106b), turc ordu « armée, camp militaire », mongol ordu, orda « camp, horde » (Lok, no1594, Vasmer t. 2, p. 275, Cor., s.v. horda). Mot connu en Europe dès le xiiies. : lat. médiév. orda « camp militaire » (ca 1240, Vincent de Beauvais, l. 32, chap. 21, sqq. ds Du Cange; milieu xiiies., Giovanni de Piano Carpini [voyageur en Mongolie] ds FEW, loc. cit.). L'orig. du h- initial est inconnue. Il apparaît pour la 1refois dans l'all. horda en 1429 d'apr. Kluge. Fréq. abs. littér. : 357. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 677, b) 381; xxes. : a) 572, b) 391. Bbg. Walt. 1885, p. 78.