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HAUT1, HAUTE, adj. et adv.
Anton. bas pour la plupart des sens.
I. − Emploi adj.
A. − [Dans l'espace]
1. [Postposé] Qui a une dimension déterminée dans le sens vertical, de telle taille, de telle hauteur.
a) Haut de + compl. de mesure.Mur haut de deux mètres. Placquevent, le garde champêtre, haut de cinq pieds huit pouces (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 24).La case, souvent haute de sept à huit mètres (Gide, Retour Tchad,1928, p. 880) :
1. Entre les avancements massifs des bastions carrés qui le flanquent, et derrière la tranchée profonde et définitive du troisième ru, un mur ne laisse point douter que ce soit ici le terme de la route. Un mur et rien qu'un mur, haut de cent pieds et large de deux cents. Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 73.
b) Haut + comparaison (en partic. pour suggérer une très petite taille).Haut comme trois pommes, haut comme une botte, haut comme ça (cf. cela, ça C 5 a). Tout petit ou tout jeune. Sœur Ernestine a une poupée aussi haute qu'elle, plus haute (Renard, Poil Carotte,1894, p. 116).J'y pense depuis onze ans (...). Tu n'étais pas plus haute qu'un pot de fleurs! (Pagnol, Marius,1931, IV, 12, p. 258) :
2. − Oh! les amours! regardez donc! Un, pas plus haut qu'une botte, trois ans à peine, chancelant et fier sur ses petits pieds... Zola, Rêve,1888, p. 117.
2. [Antéposé ou parfois postposé] Qui a une grande hauteur, qui est d'une taille supérieure à la moyenne. Synon. élevé.Haute chaîne de montagnes, homme de haute taille; haute tour, haute cheminée, hautes herbes; front haut, talons hauts; pièce haute de plafond; haut sur pattes, haut de jambes (en parlant d'un cheval), haut sur jambes (rare), haut sur roues, haute sur tige. Au fond du cimetière (...) dans ce coin abandonné où l'herbe est si haute qu'on ne distingue plus les tombes (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1138).Le professeur Rohner était de taille médiocre. Il s'efforçait de remédier à cette disposition naturelle en portant des talons très hauts et en se tenant parfaitement droit (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 204) :
3. Il ne lui vient pas à l'esprit d'examiner s'il reste dans nos campagnes beaucoup d'exemplaires du puissant type lorrain, large d'épaules, haut de stature, épanoui de visage et de propos, bizarre, audacieux, qui fournit à toutes les armées de l'Europe de si beaux hommes d'armes. Barrès, Colline insp.,1913, p. 95.
4. La prison était close d'un haut mur. Entre cette muraille et un second mur plus élevé encore était le chemin de ronde. Le mur intérieur était percé d'une porte qui donnait sur la buanderie. Il fallait se procurer la clef de cette porte. Le mur extérieur était très haut. Il faudrait un crochet et une échelle de cordes. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 292.
SYNT. Haut building, clocher, col, rempart; haute armoire, bâtisse, cime, muraille; hauts arbres, peupliers; hautes cathédrales, forêts, roues; chaise, écriture, flamme haute.
3. Qui est d'une grande profondeur. La haute mer. La partie la plus éloignée des côtes où la mer est profonde. Synon. le large.En haute mer. Synon. en pleine mer.Naviguer en haute mer. Une petite bise au goût de sel, venue de la haute mer (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 80).Les navires des Drake (...) s'élançaient de l'estuaire, voiles ouvertes comme des éventails, fraises au vent, vers la haute mer (Morand, Londres,1933, p. 323).
Vaisseau de haute mer. Vaisseau qui peut naviguer hors de vue des côtes. Anton. caboteur, navire côtier.À la pointe extrême de l'eau saumâtre où les vaisseaux de haute mer ne sont plus portés par le flux, naquit le Londres historique (Morand, Londres,1933p. 2).D'autres types de remorqueurs, les remorqueurs « côtiers », « d'assistance », et « de haute mer ». Parmi ces derniers, on citera « l'Abeille 26 », du port du Havre (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p. 195).
Rem. La mer est haute (infra 4 b β).
4. Qui est situé à la partie la plus élevée ou au-dessus des choses de même espèce. En haute montagne, en haute altitude; les hautes régions de l'air. Devant les deux tableaux indicateurs, très hauts sur leur colonne de fonte, la foule se pressait (Zola, Nana,1880, p. 1396).
En partic.
a) Domaine géographique,dans des syntagmes
[Suivi d'un nom de chaînes de montagnes] La partie la plus élevée de ces montagnes. Anton. bas (cf. bas11 2b).Pareille à toutes les hôtelleries de bois plantées dans les hautes Alpes, au pied des glaciers (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Aub., 1886, p. 1073).Les Hauts-Plateaux, qu'avec raison et par des raisons climatologiques les Arabes regardent comme appartenant au Sahara, sont le domaine de l'Arabe pasteur (L. Piesse, Algérie et Tunisie, Paris, Hachette, 1896, p. xxxv).Dans l'odeur des vaches et des foires, sur une route du Haut-Cantal (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 249).
[Suivi d'un nom de fleuve ou de rivière] La partie la plus proche de la source, la plus éloignée de l'embouchure. La haute Loire; en haute Seine. Cropette (...) calligraphie laborieusement, du côté de la haute Volga, le nom de Nijni-Novgorod, alias Gorki (H. Bazin, Vipère,1948, p. 165).
Rem. Les noms de départements, provinces, etc. comportent des majuscules et un trait d'union. Le département de la Haute-Saône. À la limite aujourd'hui du Gers, des Landes, des Hautes et Basses-Pyrénées (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 64). Comités de libération des départements du Rhône, de l'Isère, de la Haute-Savoie, de la Savoie, de la Drôme et de l'Ain (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 319).
P. anal. [Suivi d'un nom de pays ou d'une région bordant la mer] La partie la plus éloignée de la mer, ou la plus reculée (et parfois montagneuse). La haute Normandie, le haut pays breton. Tous ceux qui avaient pris à cœur le plébiscite de Haute-Silésie s'étaient cru, par leur passion même, naturalisés Hauts Silésiens et étaient partis là-bas (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 199).Il sortit nuitamment de la ville et alla avec le reste de ses troupes fourrager en Haute Égypte (Grousset, Croisades,1939, p. 200).
[P. rapport au pôle Nord]
Hautes latitudes. Latitudes Nord, boréales, septentrionales (le Nord étant jadis considéré comme plus élevé que le Sud). Même dans les humidités pénétrantes, continues des hautes latitudes, jamais on ne se chauffe, jamais on ne se sèche (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 23).
Région. ,,Vent haut``. ,,Vent qui souffle du nord`` (Réz.-Tuaillon 1969). Écoute (...) le doux vent haut placé entre l'est et le nord (Colette, Naiss. jour,1928, p. 47).On entendait un vent haut qui voyageait de nuit dans la direction de l'Afrique (Giono, Baumugnes,1929, p. 164).Proverbe. Vent solaire rend tous les œufs clairs, vent haut produit des côs [coqs], vent bas produit des poules (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 132).
b) Domaine physiqueQui est à son état le plus élevé.
α) Proche de ou à son zénith, avant son déclin. Le soleil est déjà/encore haut dans le ciel; la lune est haute. Jupiter, déjà déclinant (...) et Véga l'étoile bleue, l'étoile des beaux jours, haute maintenant dans le ciel (Alain, Propos,1910,p. 75).Le soleil était maintenant assez haut dans le ciel et commençait de lui dévorer le front (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1621).
P. anal., au fig. :
5. Le naturalisme et le Parnasse étant au plus haut période, ils devenaient la proie passive de l'inertie; ils se trouvaient sans le savoir dans toute la faiblesse des apogées. Valéry, Variété IV,1938, p. 13.
β) Au maximum du flux (de la marée, ou d'un cours d'eau en crue). Anton. bas (v. ce mot ex. 6).Les hautes eaux d'un fleuve. Ces flots où le flux et le reflux se font sentir deux fois par jour, et qui tour à tour recouvrent à marée haute et découvrent à marée basse les magnifiques escaliers extérieurs des palais (Proust, Fugit.,1922, p. 629).Les eaux (...) sont destinées à assurer entre elles l'équilibre de production d'énergie, la période d'étiage des unes correspondant à l'époque des hautes crues des autres (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 196).La Lys (...) était haute, gonflée de pluie, grasse et rapide, et tournant avec des tourbillons et des remous (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 66) :
6. Quand la mer était basse, il avait toute la grève sur plusieurs kilomètres. Quand la mer était haute, le même espace était à lui : accroupi sur un rocher, il se perdait dans la contemplation. Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 190.
γ) AGRIC. Synon. de levé.Le blé, le seigle etc. est déjà haut. Nos vieux champs légèrement en pente, avec leurs grands carrés de cultures où l'avoine surtout était déjà haute (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 86) :
7. Il regardait éperdument l'ondulation des seigles mûrs, si hauts maintenant qu'ils lui cachaient le miroir clair du Chanteloup, semblaient frôler de leurs premiers épis les pins bleus debout sur l'horizon. Genevoix, Raboliot,1925, p. 306.
5. Qui est situé ou porté à un niveau supérieur à la hauteur normale ou moyenne. Haut plafond, plafond haut; robe à taille haute; oiseaux de haut vol; escroc de haut vol, de haute volée (au fig.). Tenez! rentrez donc ça derrière l'oreille... Le chignon est trop haut (Zola, Bonh. dames,1883, p. 503).Les danseuses étaient vêtues de l'ordinaire tutu, et je voyais sa taille très haute, et ses longues jambes (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 606) :
8. Les pommettes hautes et plates si caractéristiques des peuples de l'Extrême-Orient se rencontrent chez les anciens Hongrois et parfois parmi les Hongrois modernes. Haddon, Races hum.,1930, p. 133.
MAR. Bâtiment de haut bord*. Au fig. De haut bord*.
6. Qui est relevé, dressé. Synon. levé; anton. penché, baissé.Pavillon haut (mar.); garde haute (escr.); croix haute, épée haute (blas.); marcher le front haut, la tête haute. Tu vois, Folcoche, que j'ai mille raisons de tenir le coup, la paupière haute et ne daignant même pas ciller (H. Bazin, Vipère,1948, p. 81).La prisonnière reste debout, très droite, les yeux baissés, mais le front haut (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 5etabl., 2, p. 1695) :
9. ... puis elle a posé sa faux, manche à terre, lame haute et elle s'est mise à passer la pierre : une vieille pierre à aiguiser bleue et où ses doigts ont retrouvé l'empreinte des doigts du Joseph. Giono, Gd troupeau,1931, p. 146.
Vieilli. La main haute. La main levée en un geste de menace. Son frère Sauvagnat, ayant un soir entendu une voix d'homme, était entré la main haute, pour la corriger (Zola, Bête hum.,1890, p. 196).Ils s'espacèrent et au pas, courbés, mais l'arme haute, prêts à épauler, ils défilèrent (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 240) :
10. Alors un concert de hurlements s'élevait, et une nuée d'Ukrainiens, bâtons haut [sic], se précipitait pour rétablir l'ordre. Ils cognaient dur et longtemps, sans choisir, au hasard du tas. Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 167.
Loc. fig.
Pouvoir aller la tête haute, le front haut. Avoir la conscience tranquille, agir sans craindre de reproches. Quand on est honnête, la récompense est de marcher le front haut (Zola, Terre,1887, p. 509).Méfiez-vous de l'homme mûr qui répète sans cesse : « Je puis marcher la tête haute... Je n'ai rien à me reprocher » (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 154).
Tenir la bride haute, les guides hautes à qqn (cf. bride A 2 b). Encore un « bon tyran » qui prétendait mener tout le monde comme elle tenait son mari, la main ferme et les guides hautes (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 112).Tenir la dragée haute à qqn (cf. dragée1A 2). Tenir la main* haute à qqn.
Avoir la haute main dans une affaire. La diriger, y avoir l'autorité prépondérante. D'ici à très peu de temps, l'armée doit devenir le corps influent de l'État et avoir la haute main dans le gouvernement et les modifications du gouvernement (Goncourt, Journal,1887, p. 629).En fait d'instruction, de religion, de sports variés, Monsieur Merrywin avait la haute main, il se chargeait de tout, il était seul (Céline, Mort à crédit,1936, p. 276).
Avoir la haute main sur. Avoir tout le contrôle sur, commander. Le secrétaire général, M. Camy-Lamotte, personnage considérable, ayant la haute main sur le personnel, chargé des nominations, en continuel rapport avec les Tuileries (Zola, Bête hum.,1890, p. 73).Il a eu la haute main sur l'Étudiant d'avant-garde, il a été directeur de Clarté (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 124).
7. Qui est situé à la partie supérieure d'une chose. Les hautes branches d'un arbre; le plus haut étage d'un immeuble; les hautes marches d'un escalier, d'un perron; les hauts rayons d'une bibliothèque; le plus haut point, degré, période; au plus haut point. Quarante-neuf accusés remplissaient les gradins. Maurice Brotteaux occupait la droite du plus haut degré, la place d'honneur (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 265).Dans le placard, sur la planche la plus haute, il trouve un plateau, le couvert tout mis, sous une serviette, avec de la viande froide, des œufs durs (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 253) :
11. ... à mesure que l'on s'élève, et que la pierre porte un moindre poids, mais ajoute à la charge des autres, il y a avantage à la creuser et travailler. Aussi voyons-nous que l'ornement des cathédrales se montre surtout dans les parties hautes... Alain, Beaux-arts,1920, p. 196.
Emploi subst., au superl. neutre. Le plus haut de, au plus haut de
a) Le sommet de; la cime de. Le merle retrouve son joyeux chant de flûte (...). Et le loriot déjà, sur le plus haut de l'arbre, crie une sorte de joyeuse nouvelle (Alain, Propos,1933, p. 1139).Et lui, déjà dans les étages supérieurs, devinait les remous fluant, au plus haut de l'éther, comme des courants marins (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 19).Chante au plus haut du ciel, alouette de France! (Claudel, Annonce,1948, prol., p. 142).
Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Car la prière a le pouvoir spécial et le privilège divin de monter au plus haut des cieux (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 94).Gloria in excelsis mihi : au plus haut des cieux, les anges, j'entends leur voix, me glorifient (G. Bataille, Exp. int.,1943, p. 245).
b) L'état le plus élevé (d'un mouvement), l'apogée, le zénith, le summum. La fête du blé. C'est dans le temps que l'on voit jaunir les moissons, quand le soleil est au plus haut de sa course (Alain, Propos, 1922, p. 417).
MARINE
Les hautes voiles (d'un navire). Les voiles supérieures. Une grande barque à pierres (...) avec (...) ses deux hautes voiles pointues montant jusqu'au milieu du ciel (Ramuz, A. Pache,1911, p. 170).
Le haut pont. Le pont supérieur. Nos manteaux sur nos genoux ramenés comme des couvertures aux souffles libres de la nuit fraîche, comme sur le haut pont d'un transatlantique (Gracq, Beau tén.,1945, p. 98).
La ville haute. La partie de certaines villes (fortifiées) qui est bâtie sur une hauteur. Synon. rare citadelle, cité; anton. ville basse.Il avait loué un appartement très modeste, dans le haut Montrouge (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1257).La haute ville, qui avait été le noyau primitif d'Orsenna, serrée sur une colline abrupte au milieu des marécages (Gracq, Syrtes,1951, p. 320).V. cité ex. 14.
Les hautes terres, le haut pays, le pays haut. Que les ports s'ouvrent pour recevoir les cargaisons de bois et de grains qui s'en viennent du pays haut (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 60).Les plateaux et hautes terres, entre 700 et 1 000 mètres d'altitude (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 290).Et des filles étaient descendues du haut pays pour ramasser (Ramuz, A. Pache,1911p. 29).
Le haut bout de la table. Anton. bas (v. ce mot ex. 33 et 34).Cf. bout 1 A 1 b.
B. − [Dans le temps; l'adj. est antéposé] Qui est le plus éloigné de nous, le plus ancien, le plus reculé. De, dès, depuis la plus haute antiquité; le Haut-Empire romain; le haut moyen âge, la haute féodalité. Un lettré du xviiesiècle connaissait beaucoup mieux qu'un lettré du nôtre les événements du Bas-Empire et les narrateurs du haut moyen-âge (Brasillach, Corneille,1938, p. 300).La haute antiquité grecque ignorait la représentation de l'immortalité (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 256) :
12. ... il est possible de trouver dès la plus haute époque de la préhistoire, des « œuvres d'art », où le souci de la représentation du réel et celui de la construction plastique se marient étroitement. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 113.
De haute époque. Datant des époques anciennes. La maison de M. Georges Eumorfopoulos, qui renferme une incomparable collection d'objets chinois de haute époque (Morand, Londres,1933, p. 161).
Spécialement
a) Le carême est haut (Ac. 1835-1935). Cf. carême A synt. a.
b) LING. Le haut allemand* (v. ce mot II B), le moyen haut allemand, le vieux haut allemand; le haut saxon. La « patte de grenouille » figure (...) dans le moyen haut allemand, froscfusz (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 195).On trouve, en vieux haut allemand, des noms comme Hadumar, Hadurik, Haduwahl qui sont des noms gaulois (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 719).
C. − [Dans l'ordre de la perception]
1. Domaine de l'ouïe.[Sur l'échelle des sons, dans le registre musical] Placé dans la région élevée de l'échelle musicale, de fréquence élevée. Synon. aigu, élevé; anton. bas, grave.Son haut, ton haut; notes hautes de la gamme. Le chœur répète son appel, que le soprano domine de sa belle phrase déchirante, prolongée sur un haut la bémol, pendant quatre mesures (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 410).Suivent diverses interjections, toutes proférées par Folcoche, dont la voix se promène maintenant dans les plus hautes notes de la gamme et va, si ça continue, dépasser l'audible (H. Bazin, Vipère,1948, p. 196) :
13. ... sa voix (...) était monotone et, bien que forte, indistincte. Bouvard, plein d'expérience, lui conseilla, pour l'assouplir, de la déployer depuis le ton le plus bas jusqu'au plus haut, et de la replier, − en émettant deux gammes, l'un montante, l'autre descendante... Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 5.
P. méton. Les touches hautes (d'un clavier). La mélodie choisit l'extrémité du clavier, les touches hautes (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 193).
Emploi subst. fém. La haute. La partie haute, les notes hautes. Le piano (...) avait des notes étonnamment fausses dans le registre supérieur, ce qui modérait mon désir de prendre la haute de préférence, lorsque nous jouions à quatre mains (Gide, Si le grain, 1924, p. 358).
P. anal. [En parlant d'un instrument de mus.] Dont le ton est plus haut que le diapason normal. Violon haut, flûte haute.
P. ext. [Sur l'échelle des degrés d'intensité, de puissance de la voix] Synon. fort, éclatant.Voix haute; à voix haute. On l'entendait de deux pièces maintenant; ce parler haut ne baissait pas de ton, même pour les choses les plus intimes (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 113).Nous secouons le prunier, quand, à un brouhaha plus haut dans la cour d'entrée, nous devinons l'arrivée de nos tourmenteurs (Colette, Cl. école,1900, p. 192) :
14. Les enfants de chœur parcourent la nef au grand galop, s'interpellent à haute voix, et Dieu sait ce que c'est que la « haute voix » d'un moutard espagnol. Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 622.
Vieilli. Messe haute. Messe chantée. Synon. grand'messe; anton. messe basse.Je ferais dire une messe haute devant les enfants de Marie (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 118).
Loc. verb.
Parler, lire... à haute et claire voix, à haute et intelligible voix. Parler de manière à être clairement compris, d'une voix nette, bien perceptible. Anton. à voix basse, à demi-voix, bas.Je la condamne à réciter, à haute et intelligible voix, le récit de Théramène (Colette, Cl. école,1900p. 63).Il avait ramassé sur le bureau un journal du jour qu'il parcourait d'un air détaché, et, comiquement, à haute et intelligible voix, il lut... (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 536).Cf. clair I A 2 a.
Avoir le verbe* haut (au fig.).
N'avoir, ne dire jamais un mot, une parole plus haute que l'autre (au fig., fam.). Ne jamais hausser le ton, garder son calme ou son sang-froid, ne jamais s'emporter, se quereller. Un petit ménage si gentil, et propre, et qui s'adorait, et où l'on n'entendait jamais un mot plus haut l'un que l'autre! (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 62).Toujours poli, jamais un mot plus haut que l'autre, ne salissant jamais rien (Proust, Guermantes 1,1920, p. 310).
Jeter, pousser les hauts cris (au fig., fam.). Cf. cri B 3.
Prendre le haut ton; le prendre d'un ton haut, sur un ton haut, sur le haut ton (au fig., fam., vx). Prendre un ton arrogant, menaçant. Synon. le prendre de haut.Le duc avait affaire à des gens qui montraient beaucoup de fierté et le prenaient sur un ton bien haut. Ils voulaient absolument qu'on leur rendît Audenarde pour en démolir les murailles (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 163).Une autre fois, il [le comte de Clermont] voulut le prendre sur un haut ton avec le procureur général Joly de Fleury pour une odieuse affaire (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 11, 1867, p. 120).
Faire haute profession* de.
2. Domaine de la vue.Haut en couleur (au propre et au fig.). Cf. couleur B 1 a.
3. Domaine du goût
a) De haut goût. Très relevé. Et bien poivrées [les écrevisses], j'espère! dit le capitaine. Mon épouse aime les mets du haut goût (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 126).Il s'accommode de régimes copieux et cherche spontanément à corriger l'inertie de ses réactions organiques par des aliments de haut goût ou riches en calories (Mounier, Traité caract.,1946, p. 186).V. goût ex. 4.
Au fig. Servigny interrompait son clairon pour hurler des commandements. Le prince et le chevalier s'amusaient beaucoup, trouvaient ça très drôle et de haut goût (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 544).
b) De haute graisse. Cf. graisse A 1 a.
c) Rare. [En parlant de vins] De première qualité, de choix. Les hauts vins, les hauts(-)crus. Les grands crus. Tout gourmet se délecte aujourd'hui, dans les restaurants renommés par l'excellence de leurs caves, en buvant les hauts crus fabriqués avec de basses vinasses (Huysmans, À rebours,1884, p. 29).Quatre plats (...) flanqués d'autant de hauts crus savamment choisis suivant les viandes (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 177).
P. iron. Il faut rester au seuil un moment pour s'habituer à l'ombre, au froid, à ce haut vinaigre de pissat et de paille pourrie (Giono, Gd troupeau,1931, p. 149).
4. [Sur l'échelle des degrés d'intensité, en partic. en parlant d'une chose susceptible de variations rythmiques, thermiques, etc., et mesurable] Synon. grand, fort, intense; anton. bas (cf. bas11 C 1 b), faible.Haute pression, haute fréquence, haute tension; à haute dose. De l'air qui a préalablement subi l'action d'une très haute température (350 degrés) (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 77).La construction et la mise en marche, en 1957, de la nouvelle pile de recherche à haut flux EL3 (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 119) :
15. ... cette sous-préfecture arbitrairement rejetée en Maine-et-Loire par les Conventionnels et dont les mines de fer à haute teneur ne seront jamais exploitées à fond, tant que les mineurs seront perméables aux idées subversives d'un sous-chef de gare. H. Bazin, Vipère,1948, p. 225.
Loc. verb. (L'emporter, acquérir qqc.) de haute lutte. Cf. emporter 11 B 2.
D. − [Dans une échelle qualitative ou quantitative de valeurs] Le plus grand, le plus abondant; particulièrement important. Anton. bas.Haute conjoncture. La plus haute distinction, c'était la « nomination d'honneur », accordée dans chaque classe à une poignée d'élues qui excellaient en tout (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 125).
Haute paie, haute rémunération, haut salaire. Paie plus importante que la paie ordinaire. Hautes payes de rengagement et (...) soldes supplémentaires afférentes aux diverses colonies (J.O., Loi organ. troupes coloniales, 1900, p. 4374).Au xxe, l'industrie, les hauts salaires, une plus grande tolérance sociale, attirèrent de nouveau les gens de couleur vers le nord (Morand, New-York,1930, p. 232).
En partic. [Sur l'échelle des prix, des valeurs cotées] . Haut prix, à très haut prix; le change est haut, les cours sont hauts; les cotons sont hauts. Ils [les paysans] ne songent pas au lendemain, ils payent l'intérêt aussi haut qu'on veut le leur faire payer (Sand, Mauprat,1837, p.229) :
16. Depuis quand est-il défendu à un marchand de faire provision d'une denrée quelconque et de ne la revendre que lorsqu'elle atteint son plus haut cours? Que reprochez-vous, en définitive, à ces millionnaires? D'avoir joué? Ce n'est pas un crime. D'avoir gagné? C'est une chance. Avec vous, que deviendrait la liberté du commerce?... Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 46.
JEUX. Les hautes cartes. Celles qui ont le plus de valeur. Au piquet, l'as est la plus haute carte. Il a toutes les hautes cartes (Ac. 1835-1935).
E. − Domaine abstrait.[L'adj. est antéposé; dans l'ordre de la puissance, dans la hiérarchie soc. et pol.] Qui occupe une position supérieure, un rang éminent et qui est investi de responsabilités, d'honneurs. Synon. grand, puissant, important, éminent.Haut personnage, haut fonctionnaire, haut magistrat; haute administration, haute banque, haute noblesse, haute bourgeoisie; hautes sphères. La Cour de Cassation, interprète le plus haut de la loi (Thibaudet, Réflex, litt.,1936, p. 48).Toutes les épouses de la puissance, de la finance, du monde, du haut journalisme, de l'oisiveté luxueuse étaient rassemblées (Druon, Gdes-fam., t. 1, 1948, p. 101) :
17. La citoyenne veuve Gamelin donna, en réponse, un bon témoignage de son fils, sans toutefois s'enorgueillir de lui devant une dame de haut parage, car elle avait appris dans son enfance que le premier devoir des petits est l'humilité envers (...) les grands. A. France, Dieux ont soif,1912, p. 94.
18. Leurs petits-fils formaient une classe sociale, une caste solidaire, un front continu. Ce front allait des hautes charges de l'État aux hautes charges de la finance, des hauts commandements militaires aux hauts commandements industriels, des salons aux Conseils d'Administration, de la Présidence de Suez à la Présidence de la République. J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 63.
SYNT. Haut baron, clergé, dignitaire; haut personnel administratif, judiciaire, haute personnalité; haut commerce, emploi, grade, négoce, haute police; (de) haut rang, (de) haut lignage; haut patronage; haute autorité, condition, diplomatie, direction, distinction, finance; haute charge, fonction, industrie, influence, lignée, magistrature, mission, naissance, place, position, protection, situation, sommité; sous le haut patronage, la haute présidence de.
1. Expressions
Les hautes classes de la société, la haute société et p. ell., emploi subst., pop., la haute. Le grand monde. Les gens de la haute, ceux de la haute. Les gens de la haute, comme disent aujourd'hui les bonnes gens, trouvèrent le milieu trop roturier, et la vogue des beaux noms se porta sur le Sacré-Cœur et sur l'Abbaye-aux-Bois (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 250).La haute société de New-York parle français couramment, surtout les femmes, comme l'aristocratie russe d'avant-guerre; parler français est élégant (Morand, New-York,1930, p. 221).
P. anal. La haute pègre. Fil-de-Soie (il avait trente noms et autant de passeports), ne sera plus désigné que par ce sobriquet, le seul qu'on lui donnât dans la haute pègre (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 536).
En haut lieu*.
La Chambre haute. Cf. chambre II B 2 b et bas11 C 2 a.
La Haute Église anglicane*.
Haute Assemblée*.
Haute et basse justice*, haut justicier*.
L'exécuteur des hautes œuvres (cf. exécuteur I B 2), l'exécuteur de la haute justice (cf. exécuteur I B 3).
Haut comité de la langue française. Organisme, créé en 1966, qui a pour tâche de protéger et de promouvoir le patrimoine linguistique français. Les membres du haut comité de la langue française, dont le président est statutairement le premier ministre (Le Monde,16 janv. 1981, p. 14, col. 1).
(Très) haut et (très) puissant seigneur, (très) haute et (très) puissante dame. Titre honorifique dans des actes officiels (vx). P. iron. Pourvu que très haute et très puissante dame Anastasie ne nous caviarde pas! (Proust, Temps retr.,1922, p. 767).
Le Dieu très (-) haut. [Terme biblique, cf. Genèse 14, 18, 19, 20; Daniel III 93; V 18, 21] Que le Dieu très haut et très bon, Père, Fils et Saint-Esprit, vous accorde sa bénédiction (Barrès, Colline insp.,1913, p. 332).L'évêque (...) entonna le Veni Creator (...). On vous nomme le Consolateur, le Don du Dieu très-haut (Billy, Introïbo,1939, p. 148).
P. ell. Le Très-Haut, subst. masc. [Dans la Bible Nombres XXIV, 16. Deutéronome XXXII, 8; Psaume 96, verset 9; Daniel IV, 14, 21, 22, 31, etc.] Jésus, qui nous a dévoilé avec amour tous les secrets de son cœur (...) qui est la preuve unique du Très-Haut (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 230).La vertu du Très-Haut vous couvre de son ombre, disait l'ange à Marie (Mounier, Traité caract.,1946, p. 689).
2. Loc. verb., [où haut exprime l'idée de puissance, d'influence].
[Formule consacrée, dans une lettre adressée à une personne éminente, puissante] Je sollicite, j'ai l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance (v. ce mot ex. 10).
Prendre qqn sous sa haute protection*.
Exercer le haut commandement*.
F. − Dans le domaine de la hiérarchie des valeurs esthétiques ou intellectuelles.Qui est nettement au-dessus de la moyenne. Synon. supérieur, grand.Haute intelligence, hautes capacités, haute compétence, haut talent; au plus haut point; haute difficulté. On veut à toute force que je sois un très-grand et très-haut artiste, dont la principale affaire est d'agiter l'âme de ses contemporains, alors que je suis bonnement un pauvre homme qui cherche son Dieu (Bloy, Journal,1898, p. 283).Les élèves (...) se servent des commentateurs hérétiques et arabes (...) des alexandrins, avec une virtuosité et un libéralisme qu'on ne peut concevoir qu'en ces temps de foi solide et de haut savoir (Brasillach, Corneille,1938, p. 29) :
19. ... car la bienveillance des hauts esprits a pour corollaire l'incompréhension et l'hostilité des médiocres; or, on est beaucoup moins heureux de l'amabilité d'un grand écrivain, qu'on trouve à la rigueur dans ses livres, qu'on ne souffre de l'hostilité d'une femme qu'on n'a pas choisie pour son intelligence, mais qu'on ne peut s'empêcher d'aimer. Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 568.
Très noble ou supérieur en son genre. Haute poésie, haute tragédie, haut lyrisme, haute critique, haute sagesse, haute perfection, haute spiritualité. Un mélange savoureux de haut mysticisme et de rouerie de vieux notaire (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1533).L'évasion par la lecture... Mais il y a là quelque chose de plus qu'une évasion : un retour à ce qui constitue notre plus haut titre de gloire, notre éminente dignité (Mauriac, Journal occup.,1944, p. 320) :
20. ... un émoi d'enfant toujours émerveillé de sa découverte du monde, et une simplicité constante à en dire les circonstances (...). C'est la situation de La Fontaine, qui appartient comme Shakespeare à la haute littérature, mais préfère causer avec son jardinier de la poussée de ses laitues et des mœurs de l'escargot. Faure, Espr. formes,1927, p. 134.
Le haut style. Le style noble, soutenu, oratoire. Voltaire (...) a été plus près du haut style poétique dans Mérope, la Mort de César, Sémiramis et surtout dans Rome sauvée que dans la Henriade (Chênedollé, Journal,1820, p. 103).Dans l'impossibilité (...) de contraindre les compositeurs à abandonner le haut style (...) on recourrait au moins à des librettistes gais (Berlioz, Grotesques mus.,1869, p. 88).
Haut comique. Cf. comique II B 1 a.Du plus haut comique (p. iron.). Cf. comique II B 2.
Supérieur par la difficulté, très difficile. Haute philosophie, hautes questions, hauts problèmes; hautes classes d'un lycée. Les spéculations des hautes mathématiques sont utiles à l'industrie, au commerce, même à notre bien-être matériel (Barrès, Cahiers, t. 9, 1911, p. 118).La formation des cadres supérieurs (...) une formation générale approfondie, puis une formation spécialisée de haut niveau (Capelle, Éc. demain,1966, p. 99).
Le haut enseignement. L'enseignement supérieur des facultés, universités et grandes écoles. Son goût réel de la linguistique le poussait vers les carrières studieuses et sédentaires, telles que le haut enseignement (A. France, Vie fleur,1922, p. 396).Son enseignement ne se séparerait pas de la recherche même, comme il doit se faire dans tout haut enseignement (Valéry, Variété V,1944, p. 292).
Les hautes études. Les études les plus difficiles terminant l'enseignement supérieur ou servant à la formation des cadres supérieurs, des plus grands spécialistes d'un domaine. École des hautes études industrielles des facultés catholiques de Lille (Encyclop. éduc.,1960, p. 86).
École des Hautes Études Commerciales (H.E.C.). Il suivait à Paris les cours de l'École des Hautes Études Commerciales (Hamp, Marée,1908, p. 70).
École (pratique) des Hautes Études. Établissement d'enseignement supérieur complétant l'enseignement des universités. Il est en même temps professeur, à l'École des Hautes Études, d'histoire des religions grecques et romaines (Barrès, Cahiers, t. 1, 1898, p. 271).M. Maurice Vernes, directeur à l'École pratique des Hautes Études (section des sciences religieuses) (Barrès, Cahiers, t. 5, 1907, p. 259).
Exercices de haute école*, de haute voltige*.
Haute couture*, haute coiffure* (domaine du commerce).Cf. couture II A.J'ai jeté les yeux sur toi pour fonder une maison de commerce de haute droguerie (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 92).
G. − Dans le domaine de la hiérarchie des valeurs morales.
1. Élevé, noble, beau. Âme haute, esprit haut (vx); haute vertu, entreprise, figure; hauts sentiments, hautes passions; haut devoir, haute leçon, haut idéal, haute valeur, conscience, moralité, piété, réputation; raisons de haute convenance. Vous qui semblable à la Vierge Marie M'êtes apparue, ô Dame au cœur haut (Moréas, Pèlerin pass.,1891, p. 49).Il avait du devoir un sentiment qui n'était pas moins haut que celui de sa femme (Rolland, J.-Chr., Maison, 1909, p. 975).C'est un homme d'une haute élévation d'esprit, et avec cela un lettré. Les dominicains sont l'élite de l'Église (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 146) :
21. ... l'ouvrier parisien paraît s'être désintéressé de la question. Sans comprendre le haut devoir de solidarité humaine, sans découvrir dans la violation du droit d'un seul la violation de tous, il a laissé la rue libre aux gourdins de l'antisémitisme. Clemenceau, Iniquité,1899, p. 217.
En partic. Héroïque. Haute action, haut(s) fait(s). Cf. fait2A 1 b.La gloire militaire (...) seule est impérissable qui s'inscrit avec le sang des batailles (...) elle récompense le plus haut sacrifice que l'homme puisse faire, celui de la vie, pour une idée (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 512).
2. Vieilli, péj. Fier, orgueilleux. Synon. hautain.Prendre des airs trop hauts (Ac.). Excepté madame, qui est un peu haute, c'est une famille de braves gens (Sand, Valentine, 1832, p. 25).Des académiciens, de grands seigneurs (...) naturellement hauts et distants (A. France, Vie fleur,1922, p. 511).
H. − [Dans un sens affaibli, plus gén., souvent dans des expr.]
1. Très grand; extrême. Haute sécurité; instrument de haute précision; communication, événement de la plus haute importance, de la plus haute gravité. Les fromages ont une haute valeur nutritive, principalement à cause de leur richesse en protéines, en matières grasses, en chaux et en vitamines (R. Lalanne, Alim. hum.,1942, p. 78).Si la grève générale syndicaliste évoque l'idée d'une ère de haut progrès économique, la grève générale politique évoque plutôt celle d'une dégénérescence (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 235) :
22. ... Zidore, familiarisé depuis longtemps avec toute cette crapule, servi d'autre part par une force musculaire appréciable et la connaissance approfondie de la boxe, jouissait parmi les détenus d'un haut prestige, et ses avis faisaient autorité. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 162.
C'est de la plus haute fantaisie. C'est inventé de toutes pièces, c'est sans fondement. Synon. c'est de la pure imagination.MmeDandillot (...) lui dit incidemment qu'il avait « un peu l'air d'un Italien », ce qui était de la haute fantaisie (Montherl., Démon bien,1937, p. 1263).
2. Loc. verb.
Avoir une haute idée, une haute opinion de qqn, une haute considération, une haute estime pour qqn. L'estimer beaucoup. Il était tenu en très haute estime par ses maîtres, de grands noms scientifiques de la Sorbonne et de l'Institut (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 245).Si l'on se mêle de tenir un journal, il faut avoir le courage de s'avouer les vérités, même celles qui ne vous donnent pas spécialement une haute idée de vous-même (Romains, Homme bonne vol.,1939, p. 191).
Avoir une haute idée de qqc. L'estimer grandement, la respecter. La concierge (...) ne se résout pas à s'asseoir en ma présence et me parle très soigneusement à la troisième personne. Fichtre! ces Pluvignec ont une haute idée de l'étiquette (H. Bazin, Vipère,1948, p. 209).
Avoir une trop haute opinion de soi (même). S'estimer de façon exagérée. Il eut une trop haute opinion de sa qualité d'homme pour accepter leur infériorité et consentir à leur bassesse (Faure, Hist. art,1914, p. 409).Il faut avoir, avec beaucoup de vanité et une trop haute opinion de soi, le sentiment confus d'une infériorité sociale (Larbaud, Journal,1934, p. 335).
[Formule consacrée, dans une lettre adressée à un supérieur ou une pers. distinguée que l'on veut honorer] Veuillez agréer (...) l'assurance de ma haute considération (v. ce mot B spéc.).
3. En partic. Très grave ou très sévère (dans des expressions). Or un mariage où l'Église n'interviendrait pas serait de ma part un acte de haute inconvenance (Renan, Drames philos., Abbesse Jouarre, 1886, p. 674).Il est du plus haut danger à cette heure de laisser croire à nos maîtres qu'il leur est loisible de violer les lois au nom de la raison d'État (Clemenceau, Iniquité,1899,p. 40).
Le haut (-) mal (vieilli). L'épilepsie. Synon. vx le mal caduc.Tomber du haut mal. La pivoine dont la racine broyée guérit à jamais du haut mal (Huysmans, À rebours,1884, p. 53).Puis, brusquement, [elles] s'écroulent en arrière comme si elles tombaient de haut-mal, l'écume aux lèvres et les mains tordues (Gide, Journal,1895-96, p. 85) :
23. Quand ça me démange entre les épaules, je sais qu'il faut que je fonce, ou mon cœur risquerait d'éclater, je tomberais faible. Remarque bien que la chose m'est arrivée plus d'une fois. Les bonnes gens appellent ça le haut-mal, l'épilepsie. Bernanos, Mouchette,1937, p. 1285.
P. exagér. À la fin d'un repas de fête, bon-papa voulut me faire trinquer : je tombai du haut mal (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 17).
(Crime, accusé, coupable) de haute trahison. Qui intéresse la sûreté de l'État. Vous venez de toucher la garde de votre épée en présence du roi, et c'est crime de haute trahison (Dumas père, C. Howard,1834, II, 2, p. 261).Fusille-t-on ce mystérieux officier des Seaforth Highlanders inculpé de haute trahison (Morand, Londres,1933, p. 313).
Quartier de haute surveillance. Locaux pénitentiaires à surveillance très étroite.
II. − Emploi adv.
A. − [Dans l'espace]
1. À un point élevé sur la verticale; à une grande hauteur.
a) [Sans mouvement] Haut perché, haut placé, haut situé; c'est (trop) haut. Et le midi, assis haut sur un madrier, les jambes pendantes, il ouvrait la boîte (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 193).À la clarté d'une ridicule petite lampe, coiffée d'un abat-jour rose et placée très haut sur une étagère (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 1016).
Être pendu haut et court (fam.). Être exécuté à la potence de façon expéditive (autrefois en un lieu élevé pour servir d'exemple à tous). J'opine pour qu'il soit pendu haut et court le plus incessamment possible (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 129).Le capitaine Macabre fut condamné à être pendu haut et court, comme bandit, rebelle et traître (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 207).
Péter plus haut que son derrière, que son cul (au fig., vulg.); v. cul II B ex. 7.
Tendre ses filets trop haut (au fig.). Cf. filet3A.
b) [Avec mouvement] Sauter, monter haut, assez, bien, très, plus haut. Mais pourquoi avez-vous élevé si haut votre tour de Babel (Quinet, Ahasvérus,1833, 4ejournée, p. 357).Une nourrice, au plus épais, levait très haut son poupon, qui riait d'aise (Zola, Bonh. dames,1883, p. 618) :
24. ... les hommes, de place en place, prenaient et jetaient en l'air le grain, dans le vent, à grands coups de pelle de bois. Ils le jetaient haut, le plus haut possible, pour montrer leur force et aussi parce que le souffle emportait plus loin la balle. Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 52.
SYNT. Grimper, jaillir, lancer, placer, porter, pousser, remonter, soulever, transporter, viser haut, très haut, plus haut; mettre haut qqc.; chercher plus haut; haut troussé, haut relevé; lever très haut les sourcils.
c) En partic. À haute altitude (avec et sans mouvement). Planer, voler, s'élancer, s'élever, monter haut; le soleil brille haut; gagner plus haut dans l'azur; soleil monté haut sur l'horizon; haut dans le ciel, dans l'éther, dans le firmament. Toujours plus haut, enflant son vol tranquille et fier, Il [un aigle] monte vers l'orage où l'attire l'éclair (Heredia, Trophées,1893, p. 151).De leur milieu, monte une fumée subtile qui s'en va composer très haut dans l'air, plus haut que la région des cloches, une image d'or et de bleu (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 14) :
25. Une explosion atomique aérienne donne lieu à trois sortes de retombées radioactives (...) celle de matériaux relativement lourds dans un voisinage de quelques dizaines de kilomètres du point d'impact, puis celle des poussières qui sont projetées à dix ou douze mille mètres d'altitude dans la troposphère et enfin celle des poussières les plus fines qui sont projetées encore plus haut dans la stratosphère. Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 192.
2. À la partie supérieure d'une chose; à un niveau (plus) élevé. Louise bavardait dans le hall de l'immeuble avec la fille de la concierge; deux étages plus haut, maman, assise à son piano, chantait (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 22).
En partic.
a) Au sommet (infra en haut, tout en haut). Alors, ô saints élans, ô prière, arrivez; Vite, emportez-moi haut sous la céleste voûte, À la troisième enceinte, aux parvis réservés! (Sainte-Beuve, Poés.,1829, p. 127).
b) Vers la source, en amont (d'un cours d'eau). Remonter plus haut un fleuve. Et je pars demain pour Cologne. De là, je compte remonter le Rhin le plus haut possible (Hugo, Corresp.,1840, p. 573).
3. En position haute, ou relevé, dressé à la verticale. Lever haut le(s) bras, le menton, un verre; brandir haut une épée; tenir, porter haut la tête; trousser haut sa jupe, sa chemise, croiser haut les jambes. Elle leva ses bras le plus haut possible, en se cambrant la taille (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 51).Les clergeons en robe rouge balançaient haut l'encensoir dans un cliquetis, pour « faire la couronne » (Pourrat, Gaspard,1930, p. 262).
a) Loc. verb.
Porter haut son cheval (vieilli). Le faire aller la tête haute.
Cheval qui porte haut, qui trotte haut. Cheval qui va la tête haute, d'une fière allure, ou d'un trot enlevé. Une paire de cobs irlandais, qui trottaient haut et vite, secouant leurs frontaux fleuris d'œillets saumon (Gyp, Leurs âmes,1895, p. 78).
Lever, tenir, porter haut la tête, le menton (au fig.). Avoir une attitude fière, altière; être fier. Et ces hommes se prétendaient honnêtes, levaient haut la tête, prêchaient la vertu, étaient honorés! (Arland, Ordre,1929, p. 100).C'est grand-pitié de voir M. le comte (...) avec des chausses toutes rapiécées. − Sœur Alice : Parions qu'il n'en lève pas moins haut le menton (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 6, p. 1623).Jeunes gens, portez haut la tête parce que vous êtes Français. En considérant le passé, soyez impatients de ce que sera demain, car devant la France luit l'aurore de nouvelles et glorieuses destinées (Ce que la Fr. a apporté à la méd.,1946, p. 216).
Le porter haut (au fig., vieilli). Se montrer hautain, dédaigneux. Quelqu'un qui voyait chez elle des chenets de fer ou de cuivre lui dit un jour que c'était le porter bien haut (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 522).
Tenir haut le drapeau de (au fig., rare). Synon. défendre les couleurs de.Pour tenir haut le drapeau de l'administration en face de la magistrature, son irréconciliable ennemie (...) Lorie-Dufresne n'avait de pareil que Chemineau (A. Daudet, Évangéliste,1883, p. 26-27).
b) Expr. exclam., interjectives de commandement ou d'injonction (à l'action ou à l'attaque; pour former des loc. verb. ell. avec l'adj. haut).
Vieilli
Haut le bras! (commandement d'artillerie). (Ds Littré, Rob.).
Haut la barre! (commandement de marine).
Haut les dagues! Sus! À l'attaque! − Holà! − Jésus! − Tombons sur l'homme! Alerte! Tue! − Haut les dagues! − Par Dieu! toque et crâne, du coup, Sont fendus jusqu'aux dents. − En avant! sus au loup! (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1878, p. 290).
Haut la patte! Haut! Debout! Au travail! (cf. haut-le-pied). − Allons, haut la patte! À l'ouvrage, cria-t-il en la chargeant de sacs (Balzac, E. Grandet,1834, p. 192).Allons, haut! à la paille, et plus vite que ça (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 266).
Haut(-)le(-)pied! (v. ce mot).
Usuel
Haut les cœurs! Cf. cœur II C 1.
Haut les mains! Ordre de menace donné à quelqu'un pour l'obliger à lever les mains ouvertes, le désarmer, l'empêcher de résister. Synon. les mains en l'air!Il fouilla dans la poche intérieure de son veston, calmement, en tira d'un coup son revolver (...). Au même instant, il entendit derrière lui : « Haut les mains! » Katow, par la fenêtre ouverte sur la coursive, le tenait en joue (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 233).Nous sommes entrés au secrétariat : «Haut les mains ». Tout le monde a rigolé, surtout les étudiants qui étaient en train de faire la queue devant le guichet. Le secrétaire s'est dépêché de nous passer les paquets de fiches (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 46).
c) Loc. adv. (emploi de l'adj. haut à valeur adv.)
MAN. Haut(-)la(-)main. En tenant la bride haute, courte, la main levée. Mener un cheval haut la main (Ac., Rob.).
Au fig., fam. D'une manière aisée, en surmontant tous les obstacles et sans discussion possible. Synon. aisément, avec brio.Gagner, voter, réussir, l'emporter haut la main. L'enfant, durant ce temps, pensait à l'examen, En affrontait l'épreuve et passait haut-la-main (Pommier, Qq. vers pour elle,1877, p. 21).Il en est qui seront reçus haut la main... Comprends-tu ce que c'est maintenant de se sentir toujours « sur la limite »? Il me manquera toujours un point (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1163).
Vieilli ou rare. [En parlant d'une évaluation] En comptant largement, facilement. Elle n'est rien moins que jolie (...) et je lui vois, haut la main, trente-sept ans (Gobineau, Pléiades,1874, p. 83).
Haut(-)le(-)pied (v. ce mot).
Haut le coude. Le coude levé pour boire cul-sec. Féodor et Matrena burent leur eau-de-vie à la russe, d'un seul coup, haut le coude, la vidant à fond et en envoyant carrément le contenu au fond de la gorge (Leroux, Roul. tsar,1912, p. 119).
Haut de ça, haut comme cela, comme ça. V. cela, ça ex. 14.
B. − [Dans le temps]
1. Dans un temps reculé, à un point éloigné dans l'ordre chronologique des faits. Synon. loin.Remonter haut pour trouver un exemple semblable; origine qui remonte haut; si haut qu'on remonte dans l'histoire, dans le passé, dans une généalogie. Et quoi si, remontant plus haut, vous découvrez que vos frères sont vos pères! (Michelet, Journal,1849, p. 38).Les couvents, conventi, étaient les maisons des ordres mendiants. Leur origine ne remonte pas plus haut que le xiiiesiècle (Lenoir, Archit. monast.,1852, p. 15).
Au fig. À l'origine des faits, à la cause des événements. Synon. à la source.Remonter plus haut dans un récit (infra reprendre les choses de plus haut). Henry, dans les mêmes études, n'était en quête que des causes et des effets, mais il ne remontait pas assez haut dans les causes, il ne voyait pas assez loin dans les effets (Flaub., 1reéduc. sent.,1845, p. 269).
2. P. ext. [Dans un discours, un texte] Plus haut. Précédemment dans le texte, dans les lignes qui précèdent. Synon. supra, ci-dessus (cf. ci1B 1); anton. infra, ci-après, ci-dessous, plus loin, plus bas (v. bas1III A 2 a ex. 67).Voir plus haut; (comme) nous l'avons vu plus haut, dont on a parlé plus haut, auquel (à laquelle...) je faisais allusion plus haut; analysé, cité, énuméré, décrit, défini, indiqué, évoqué, mentionné, signalé, expliqué plus haut. Le même bon sens dont il a été question plus haut avait détourné ses parents de l'habitude parisienne de laisser traîner livres et journaux sous les yeux des enfants (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 100).L'organisation des corps de métiers a, pendant longtemps, gêné le développement des variations individuelles; nous en avons cité plus haut des exemples (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 289).
C. − [Dans l'ordre de la perception]
1. [Sur l'échelle musicale]
a) Dans le registre aigu; dans les notes élevées. Chanter haut, monter haut; instrument qui joue haut, accordé trop haut; un ton plus haut. Dans le recueil de 1725, cet air (...) est noté une tierce mineure plus haut (Pirro, J.-S. Bach,1919, p. 151).Deux sirènes reprirent ensemble, une octave plus haut, le cri de celle qui venait de s'éteindre (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 243).
P. métaph. Mais les notes aiguës, ce qui chantait plus haut, c'étaient toujours les taches vives des carottes, les taches pures des navets (Zola, Ventre Paris,1873, p. 627).
b) Avec bruit, de façon sonore. Sonner haut (littér.); le cœur bat haut (avec force, violemment) (vx). Le cœur du jeune homme battit bien haut, lorsqu'il vit une femme descendre le perron du moderne château (Sand, Péché de M. Antoine, t. 1, 1845, p. 52).Tout dormait dans la ville. Les pas sonnaient haut sur le pavé désert (A. France, Révolte anges,1914, p. 369).
Faire sonner (bien) haut (un titre, un nom, des mérites, etc.) (au fig.). Faire valoir, mettre en relief, vanter avec excès. Enfin les agents de l'Autriche, ceux de Venise et du pape, faisaient sonner très haut les avantages obtenus par Alvinzi, et sa supériorité sur nous (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 546).Madame des Grassins faisait sonner haut la pairie, le titre de marquise (Balzac, E. Grandet,1834, p. 231).
Le prendre (bien) haut (au fig., vieilli). Se montrer arrogant ou prétentieux. Synon. usuel le prendre de haut (cf. haut2).
Dire à qqn plus haut que son nom (au fig., vieilli). Lui parler rudement, l'offenser, le froisser. Personne ne lui dit plus haut que son nom, il va tous les dimanches et les jours de fêtes aux offices, à la messe (Balzac, Curé vill.,1839, p. 156).Qu'il aille passer un an ou deux à Majorque, par exemple, personne ne lui dira plus haut que son nom (Stendhal, Nouv. inéd., t. 1, 1842, p. 227).
2. [En parlant de la voix, sur l'échelle de l'intensité sonore]
a) Avec force, d'une voix forte, à haute voix. Synon. fort.Parler, rire, crier, ricaner haut, très haut, plus haut, moins haut, assez haut pour être entendu. Négrel, énervé, dit très haut aux surveillants : − Mais faites-les donc taire! (Zola, Germinal,1885, p. 1543).Ils flânaient, s'interpellaient l'un l'autre, et s'excitaient à quitter le travail, parlant assez haut pour être entendus du contremaître (R. Bazin, Blé,1907, p.303).
Emploi ell. (de parler). Plus haut, je vous prie; pas si haut, s'il vous plaît. − Chut, chut, mon cousin, pas si haut, n'éveillons personne (Balzac, E. Grandet,1834, p. 159).− Eh! la toile... la pièce... la musique!... Plus haut... on n'entend pas (Sue, Myst. Paris, t. 7, 1843, p. 112).
[Fréq. dans les indications scéniques] Cf. infra G 1 ex. de Balzac sous la loc. verb. le prendre de haut.
Entre haut et bas. D'une voix mesurée ou à mi-voix. Bonne personne! s'exclama la lectrice entre haut et bas (Toulet, Mar. Don Quichotte,1902, p. 113).Et elle n'osait pas crier. Elle lançait ses insultes entre haut et bas (Queffélec, Recteur,1944, p. 146).
À demi(-)haut (vx). D'une voix chuchotée, murmurée. Synon. à mi-voix, entre haut et bas.« Aurais-je la sottise d'être amoureux? » se dit-il enfin à demi haut (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 274).Écoute, Mario, s'écria Pilar parlant à demi-haut, d'une voix étranglée. Ce n'est pas ainsi qu'il me faut traiter! (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1857, p. 276).
Tout haut. À haute voix. Parler, lire, réciter, rêver, compter, prononcer, répéter, sangloter tout haut. Aux hymnes par moments chantées tout haut, qui succédaient à la récitation murmurée du prêtre (Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 22).Autrefois elle parlait tout haut en rêvassant, à présent elle ne dit plus rien, mais (...) elle n'en pense pas moins (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 235).
Penser, réfléchir tout haut. Ne pas garder ses pensées pour soi, s'exprimer à voix haute. Et pensant tout haut en sa présence, elle ne lui parlait jamais de Fabrice qu'après avoir songé à la tournure de sa phrase (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 112).Quand on ne se sent pas observé (...) on pense volontiers tout haut, sinon en paroles, au moins du visage et du geste (Richepin, Cadet, 1890, p. 53).
b) Franchement, ouvertement, sans ambages. Synon. hautement.Parler bien haut, tout haut, très haut; haut et clair, haut et net, haut et ferme (= avec autorité); disons-le bien haut, ne le disons pas trop haut; proclamer bien haut son innocence, ses opinions; dire tout haut sa pensée, ce qu'on (en) pense, ce que chacun pense tout bas; annoncer, déclarer, citer, professer bien haut devant tous, à la face du monde. Devant tous, je le déclare bien haut, c'est vous seul Catulle (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 123).Et il faut le dire bien haut, et il faut le clamer à la face du monde − pas un Français ne refuserait de défendre son territoire contre une nouvelle invasion de l'étranger! (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 491).
Parler haut (au fig., avec un suj. inanimé abstr.). Avoir une grande résonance, produire un grand effet dans l'esprit, le cœur de quelqu'un. L'œuvre entière de Renoir parle plus haut que toutes [les autres, de cette influence picturale du xviiiesiècle] (Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 43).Il y a une loi supérieure à la vôtre : celle de la conscience. Ma conscience parle plus haut que tous vos codes (Martin du G., Thib., Été 14, 1936p. 721).
c) Au fig. D'une manière arrogante ou provocante. Vous parlez bien haut; parler plus haut que qqn. Allez, je ne me cacherai pas, je laisserai l'armoire vide et toute grande ouverte, je dirai bien haut que c'est moi qui ai purifié la maison (Zola, Dr Pascal,1893, p. 320).Et toujours recrépi à neuf de cette logique féminine du persécuté-persécuteur, qui fait crier très haut les morveux à la morve (Abellio, Pacifiques,1946, p. 156).
D. − [Sur une échelle qualitative ou quantitative de valeurs (prix, valeurs cotées)] À un niveau, à un prix considérable. Monter haut. L'évaluation peut être portée plus ou moins haut. Quand on évalue une maison vingt mille francs, on porte à vingt mille la quantité des francs qu'on suppose qu'elle vaut (Say, Écon. pol.,1832, p. 314).Vous me ferez bien une petite réduction. Vous tenez vos prix trop haut. Les temps sont durs (A. France, P. Nozière,1899, p. 136).
Haut coté, coter haut Les fonds se trouvaient déjà cotés très haut; je redevenais riche (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 593).
Au fig. Nous cotons aujourd'hui beaucoup trop haut l'humanité (Gide, Journal,1929, p. 953).Aux grandes fêtes sportives (...) les cercles haut cotés ont des tentes, où ils invitent les dames au lunch (Morand, Londres,1933, p. 203).
E. − [Dans la hiérarchie pol. et soc.] À un haut degré de puissance, à un rang élevé. Aller, pousser, s'élever haut. De là, montant plus haut et arrivant à la grande diplomatie, je prends sur moi de donner l'exclusion à un cardinal (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 538).Très ambitieux, il n'avait pas découvert dans sa province la femme qu'il voulait, bien apparentée, capable de le pousser loin et haut (Zola, Lourdes,1894, p. 122).
(Personnage) haut placé. (Personne) importante, influente de par sa haute situation. Il y a tout à attendre de la fréquentation des personnes haut placées (Courteline, Client sér., Balances, [1890], p. 140).C'est un magistrat tout ce qu'il y a de plus haut placé (Proust, Guermantes 1,1920, p. 310).
Viser (plus) haut (au fig.). Avoir une grande ambition, des prétentions. Peu de professeurs de langues étrangères étant en état de se faire recevoir docteur et tous ne visant guère plus haut, arrivés à une chaire de lycée (Mallarmé, Corresp.,1862, p. 17).J'ai pour Octave de grandes ambitions et j'ai visé pour lui plus haut que votre fille (Aymé, Cléramb.,1950, p. 128).
F. − [Sur l'échelle des valeurs esthétiques, intellectuelles] À un haut degré. S'élever haut, s'élancer trop haut; estimer très haut qqn, une qualité, une réalité; porter haut la gloire de qqn. Je l'estime plus haut que tous les autres. D'avoir réussi, par sa prudence et par sa valeur, À faire que les forts soient là obéissants (Nerval, Sec. Faust,1840, p. 254).Nous plaçons la poésie trop haut pour que toute rémunération ne nous paraisse indigne d'elle (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 95).
[Valeurs morales, spirituelles] Le désintéressement des objets sensibles, l'abnégation du corps conduit l'âme à chercher plus haut ce qui peut remplir et fixer la capacité d'aimer (Maine de Biran, Journal,1821, p. 309).Et cependant, plus haut que la ténèbre humaine, Leur âme lasse aspire à l'aurore suprême Qui bientôt les fondra dans le soleil de Dieu (Ch. Guérin, Cœur solit.,1904, p. 52).
Mettre, placer qqn haut (dans son estime). L'estimer beaucoup. Loc. synon. le porter aux nues. Je la plaçai [cette nature d'homme] dès lors très haut dans mon estime. J'ai souvent cherché depuis autour de moi quelque homme semblable à celui-là et capable de cette abnégation de soi-même entière et insouciante (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 61).Je vous envoie mes pensées, ma vie en sûreté : confiance la plus grande qu'une femme puisse donner, qui met bien haut dans son estime celui en qui elle croit (M. de Guérin, Journal,1840, p. 330).
G. − Loc. adv. et prép.
1. De haut, loc. adv. D'un endroit élevé, d'un point haut sur la verticale; d'une grande hauteur (avec ou sans mouvement). Voir, dominer qqc. de haut; (faire) tomber de haut; vu de haut. Sur le dos des montagnes, partout les eaux ruisselaient. (...) et là où elles se dégorgeaient de haut vers quelque enfonçure, elles sonnaient comme dans une cruche (Pourrat, Gaspard,1931, p. 291).Le milan qui guette de haut sa proie tapie parmi les rocs (Ramuz, Derborence,1934, p. 156).
Au fig. De si haut, de très haut, de plus haut. D'un niveau supérieur. Tombé de si haut dans la déchéance où l'on me voit aujourd'hui, je demeure stupéfait que cette chute soit comme un songe pour mon esprit (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 74).
SYNT. Lâcher, lancer, observer, retomber, venir, verser de haut, de bien haut, de plus haut.
Loc. verb., au fig.
Tomber de haut (fam.). Être stupéfait; perdre brutalement ses illusions. Synon. tomber de son haut (au fig.; cf. haut2).« La journée de demain sera la vôtre; j'ai donné mes ordres à tous les hommes pour faire crier : vive Marchand. » Cette parole me fit tomber de haut (Barrès, Cahiers, t. 2, 1900, p. 174).
Voir, considérer, envisager les choses de haut
Avec sérénité et détachement ou avec indifférence. Je sais qu'on peut dans son orgueil de patricien considérer de haut la mêlée et vivre à l'écart, sur sa tour, mais on n'apprend pas (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1837, p. 123).Se tenir au-dessus de la mêlée? Regarder de haut les multitudes torturées? (Mauriac, Cah. noir,1943, p. 366).
D'un point de vue synthétique, global, sans s'attarder aux détails. À envisager les choses de haut, il est aisé de discerner dans l'histoire d'Europe, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, deux grands ordres sociaux, savoir, l'antiquité grecque et romaine, d'une part, et le moyen-âge, de l'autre (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 282).Oui, monseigneur [le prince Jérôme Napoléon], vous avez raison, et, comme toujours, vous voyez les choses de haut (Sand, Corresp., t. 4, 1857, p. 121).
Péj. Rapidement, de manière superficielle. Son rêve avait toujours été de bâtir des écoles, d'en diriger aussi, quoique de haut, en grande dame, sans y mettre la main (Toulet, Mar. Don Quichotte,1902, p. 227).
Regarder, traiter, juger qqn de haut. Le considérer avec mépris, insolence, vanité. Montaigne (...) jugeait de haut tous les maux de la vie humaine et les siens propres avec une sorte de gaillardise et de bonne humeur (Maine de Biran, Journal,1820, p. 289).Vis comme tu as toujours vécu (...) fièrement, dignement, regardant de haut les gouvernements, les hommes, les choses, n'ayant souci ni besoin d'aucune protection (Hugo, Corresp.,1852, p. 69).Le critique, fatigué de juger les autres, se débarrasse en vrac, fait table nette, liquide les livres de la saison qu'il traite de haut (...) enfin : de son haut (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 120).
Le prendre de (très) haut (avec qqn). Réagir en répondant avec arrogance ou avec dédain. Il y a de la légèreté dans son fait. Prenons-le de haut. (Haut) Monsieur Michonnin, votre conduite est plus que blâmable! (Balzac, Faiseur,1850, III, 14, p. 288).Pierre se leva, froissé à son tour, et le prenant d'un peu haut : − Vous êtes injuste, père Marowsko (Maupass., Pierre et Jean,1888, p. 434).
Rem. « Le » signifiait à l'orig. le ton de voix, p. allus. aux chantres qui, ayant entonné haut un verset, ne pouvaient plus redescendre, baisser le ton.
(Re)prendre les choses de plus haut. Remonter à une date plus ancienne, à l'origine des faits. Les nouvelles de ce pays font peu de bruit en France, et à Paris surtout. Ainsi je dois, pour la clarté du récit que j'ai à faire, prendre les choses d'un peu haut (Courier, Pamphlets pol., Pétition aux deux Chambres, 1816, p. 3).Je fais à ma femme le récit de ma liaison avec Ernest et Marguerite. Je suis obligé de prendre mon récit d'un peu haut pour faire connaître comment je suis monté à la mansarde (Kock, Cocu,1831, p. 131).
Au fig. Remonter aux causes, aux principes généraux. Et il est si singulier que ce soit là un préliminaire nécessaire pour apprendre à porter des jugemens vrais, que pour le prouver il faut reprendre les choses de plus haut (Destutt de Tr., Idéol. 1,1801, p. 224).
2. De haut en bas, loc. adv.
a) En allant du haut vers le bas. Synon. vieilli du haut en bas; anton. de bas en haut.Regarder de haut en bas (mouvement, position, orientation). Ensuite il m'a remis une grosse enveloppe jaune, dûment scellée, de haut en bas et de long en large, ce qui la rend parfaitement inviolable (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 119).On y place les morts qui se présentent, en allant de gauche à droite et de haut en bas, comme on lit un livre (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 127).
SYNT. Coup d'œil, geste, mouvement de haut en bas; hocher, secouer la tête de haut en bas; (se) fendre, (se) déchirer de haut en bas; couler, glisser, se mouvoir, aller de haut en bas; traversé, strié, zébré de haut en bas.
En partic. Complètement, à fond, dans le détail. Synon. de la tête aux pieds.Examiner qqn de haut en bas. Il s'écarta légèrement, sans retirer ses mains, et la contempla, de haut en bas, en possesseur (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 215).Ce coup d'œil de haut en bas, déjà distrait, même pour les plus chers, et puis brusquement braqué en avant (Gracq, Beau tén.,1945, p. 129).Visiter une maison de haut en bas. Synon. de fond en comble, de la cave au grenier.La marchande de beurre et la marchande de fruits continuaient à examiner la maison de haut en bas, épiant chaque ouverture, s'attendant à voir des chapeaux de sergents de ville à toutes les fentes (Zola, Ventre Paris,1873, p. 882).Autrefois, elle avait peur de rester seule le soir, et ça en plein Paris, dans une grande maison habitée de haut en bas (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 22).V. de1, ex. 10.
Loc. fig. Regarder, toiser, traiter qqn de haut en bas. Le considérer avec mépris, arrogance, insolence. Cf. du haut en bas (s.v. haut2). Il eût l'air de le renier, de se moquer de lui, de la même façon que, dès que j'eus promis le secret sur les fonctions de son père (...) il me traita de haut en bas (Proust, Sodome, 1922, p. 1011).Elle (...) toisa son interlocuteur de haut en bas, avec une grimace de dégoût (Bernanos, Imposture,1927, p. 483).V. bas1III B 2 c, ex. 84.
[Sur l'échelle des sons] De l'ut mineur au mi bémol majeur, au la bémol majeur, et qui aboutit à un énorme bond avec un cri, de haut en bas, plus de trois octaves (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 474).
b) Au fig. [Sur une échelle de valeurs] La prétention de transmettre les croyances de haut en bas dans toute la société religieuse, sans que personne eût le droit de les débattre pour son propre compte (Guizot, Hist. civilisation, 5, 1828, p. 22).De haut en bas, du plus grand au plus petit, une même structure visible, dont le dessin, renforcé par la distribution même des ombres et des vides, s'accentue et se prolonge (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 151).
3. En haut, loc. adv.
a) Dans la partie haute, la plus haute (avec et sans mouvement). Aller, pousser, tirer en haut; depuis le bas jusqu'en haut; boutonné jusqu'en haut. Ma fenêtre, percée en haut, était munie de bons barreaux de fer qui me laissaient voir quelques toits gothiques (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 720).Une fois arrivés en haut, nous descendions en voiture, revenions par le même chemin (Proust, Sodome,1922, p. 1004).
En partic.
À l'étage (ou à un étage) supérieur (d'un immeuble, d'une maison). Synon. au-dessus; anton. en bas, au rez-de- chaussée, à l'entresol, au sous-sol, etc.Puis, madame partie, elle continua à coucher en haut à cause des enfants, tandis que son mari se morfondait tout seul à la loge (A. Daudet, Évangéliste,1883, p. 32).Une grande salle au rez-de-chaussée, deux chambres en haut, une cave et un jardin (Zola, Germinal,1885, p. 1223).
Dans le ciel, en altitude. Il faut dire avec Socrate que le ciel n'est ni en haut ni en bas, ni dans les objets que nous offre la terre ni dans les astres du firmament (P. Leroux, Humanité, t. 1, 1840, p. 231).
Au fig. Au ciel, au paradis. Synon. Dans les cieux.T'es-tu fait des images taillées ou des représentations des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont ici-bas sur la terre ou dans les eaux plus bas que la terre? (Gide, Saül,1903, p. 325).
Dans les sphères supérieures (de la hiérarchie politique, sociale), sur une échelle de valeurs (morales, etc.). Cet amas des iniquités et des douleurs, tout ce qui se passait en bas dans la misère et dans le crime, tout ce qui se passait en haut dans la richesse et dans le vice (Zola, Paris, t. 1, 1897, p. 113).
Tout en haut. Au point le plus haut. Synon. au sommet.Et je me mis à gravir le Pausilippe au-dessus de la grotte. Arrivé tout en haut, je me promenais en regardant la mer déjà bleue (Nerval, Filles feu, Octavie, 1854, p. 644).Elle était tout en haut, à l'Odéon, à côté d'un petit ménage passant tout son temps à dire que la pièce était une horreur (Goncourt, Journal,1888, p. 882).
b) P. ext. [Dans un sens vague] En direction du haut, dans le sens de la hauteur, en un mouvement ascendant. Synon. en l'air, vers le haut.Mouvement de bas en haut; regarder en haut, lever la tête en haut; dirigé en haut; la pointe en haut. Il y avait tant de prière dans son regard levé en haut vers le ciel ou vers moi, que je me mis à pleurer aussi sans savoir de quoi (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 479).Dans le sud se formait peu à peu une énorme trombe, un cône de brouillards, la pointe en bas, la base en haut (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 245).
Par en haut. Par le haut, par la partie supérieure. Synon. en-dessus; anton. par le bas, en-dessous.Passer par en haut; évasé, éclairé par en haut. Pour réaliser votre plan, il faut éclairer par en haut le nouvel escalier, et ménager une loge de portier sous le socle (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 98).Ça m'emporte, je suis aspiré par en haut, je file en droite ligne sans m'arrêter (...) je vois maintenant les étoiles tout au-dessous de moi (Flaub., Tentation,1849, p. 419).
Au fig. La puissance appréhensive était l'intellect qu'on voyait (...) s'éclairer par en haut des rayons de la raison divine, et, par en bas, de la lumière des sensations (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 250).L'oisiveté endort par en haut autant d'énergies mentales que l'excès de travail manuel en éteint par en bas (Maeterl., Intellig. fleurs,1907, p. 262).
De bas en haut.
De la partie basse vers la partie haute. Parcourir, frapper de bas en haut. Les vapeurs sont montées, partant de bas en haut devant eux comme des ballons (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 123).Le ciel (...) s'élevait, glissant de bas en haut contre la pente des montagnes (Ramuz, Derborence,1934, p. 168).
En direction du haut. Mouvement de bas en haut; se diriger de bas en haut. Le néoplasme doit s'être, depuis peu, propagé de bas en haut... poumons, estomac... (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1151).La tête renversée, de bas en haut, je regarde mon Seigneur, le grand crucifix qui est suspendu à la voûte (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 246).
Entièrement, en détail. Toiser qqn de bas en haut. Synon. des pieds à la tête.Elle examinait de bas en haut, avec une attention extraordinaire, le pâle petit visage ridé (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 1018).Visiter une maison de bas en haut. Synon. de la cave au grenier, de fond en comble, de haut en bas, v. supra.
Au fig. [Pour exprimer la totalité d'une hiérarchie, l'étendue complète d'une échelle de valeurs] Des connaissances doivent se plaindre, pensaient-elles. Et c'est, hélas! ce que de bas en haut pense tout le monde (Radiguet, Bal,1923, p. 77).L'organisation corporative doit être conçue comme s'établissant de bas en haut, selon les principes de la démocratie personnaliste (Maritain, Human. intégr.,1936, p. 203).
Du bas en haut (vieilli). Il faut avoir eu, comme moi, le courage de visiter, du bas en haut, quelques maisons de la rue de la Bûcherie (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 13).Elle le regardait du bas en haut suppliante et avec un beau sourire tout en pleurs (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 346).
4. En haut de, loc. prép.
a) Dans la partie haute, la plus haute de; au sommet de. En haut de la côte, de la ville, de la montagne; d'un mât, de l'escalier. Il venait d'arriver en haut d'un raidillon particulièrement penché qui rejoignait du bas le chemin de Sasseneire (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 75).Sur le plateau que dévaste la bise, tout en haut du remonte-pente, les crochets de fer tournent autour de la roue (Schaeffer, Rech. mus. concr.,1952, p. 11).
Au fig. En haut de l'échelle* (sociale).
b) Dans la partie supérieure de. En haut de/d'une page (synon. en tête de page). En haut des Champs-Élysées. Des chevaux dont on voyait les têtes haletantes en haut des claires-voies des wagons (Barrès, Colline insp.,1913, p. 293).Le moustique était là, posé, tout en haut de la moustiquaire (Gide, Caves,1914, p. 779).
5. D'en haut, loc. adv. à valeur adj.
a) D'un lieu, d'un point élevé, plus élevé. Avoir d'en haut un beau point de vue; pièce éclairée par la lumière venant d'en haut; voir, souffler d'en haut. Au fond du chœur pendait un tableau du Guerchin comme un rayon de soleil venant d'en haut et qui aurait frappé le mur à travers quelque fente de l'édifice (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 412).Comme une pierre se détachant de la falaise, tout à coup il tomba d'en haut un baudrier (Flaub., Salammbô, t. 2, 1863, p. 128).
b) De la partie, de la région supérieure. Les dents, les canines d'en haut; boutonnières d'en haut. Dans les (...) babouins (...). La première [molaire] d'en bas est tranchante et coupée très-obliquement, parce qu'elle s'use contre la canine d'en haut (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 158).Déjà, il avait ce long visage étiré d'en haut et d'en bas, si caractéristique (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 138).
En partic.
De l'étage supérieur. Synon. du haut (cf. haut2).Chambres d'en haut.
Du registre aigu (des sons, de la voix). Son piano dont elle attaqua vivement toutes les touches en les remuant depuis l'ut d'en bas jusqu'au fa d'en haut (Balzac, Goriot,1835, p. 75).
c) Au fig.
Du ciel, de Dieu. La lumière, la force, l'Esprit, la grâce d'en haut (ou d'En(-)Haut); rayon, lumière, voix, parole, intervention d'en haut; les choses d'en haut; venir, descendre d'en haut. L'esprit d'en haut lui avait inspiré dans toute son énergie cette sainte violence à qui le ciel a été promis (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 212).Est-il louable d'attendre, les bras croisés, que vienne le secours d'en haut, et de tout demander à Celui qui peut tout (...)? (A. France, Île ping.,1908, p. 29).
D'une autorité supérieure; des hautes sphères du pouvoir. Ordre, instructions (qui viennent) d'en haut; les autorités d'en haut. Quand on a eu la main sur les vrais coupables, il est venu des ordres d'en haut pour les relâcher (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 236).D'où part l'exemple? D'en haut ou d'en bas? Du professeur ou de ses élèves? (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 141).
6. Contre-haut* (en).
7. *-haut.
8. Par haut, loc. adv., vx
a) MAN. Cheval qui va par haut. ,,Cheval qui fait un manège enlevé`` (Ac., Rob.).
b) CHORÉGR. Danse par haut. Danse sautée. Elle [la gaillarde] se dansait « par haut », c'est-à-dire en quittant terre (Écorcheville, Suites orch.,1906, p. 48).[La] gaillarde [est une] ancienne danse française, dite danse « par haut », ou sautée, composée de « mouvements gaillards » desquels elle tirait son nom (Brenet, Dict. prat. et hist. mus.,1926, p. 168).
c) Loc. fig., pop. Aller par haut et par bas. Évacuer par la bouche et par l'anus. Cette matière noire et putride, que rendent les malades, tant par haut que par bas, n'est autre chose qu'un sang corrompu (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 357).Loc. synon. évacuer par le haut et par le bas (cf. bas1II A 2).
Rem. Haut entre comme élément initial dans la constr. de mots composés a) avec une valeur adj. V. haut-commissaire (cf. commissaire), haut-de-forme, haut-fourneau (cf. fourneau), haut-relief, etc. b) avec une valeur subst. V. haut-de-chausses.
Prononc. et Orth. : [o], fém. [o:t] avec init. asp. Homon., à l'aspiration près, au, aulx, eau, ô, oh, os (plur.) et, par rapport au fém., hôte, ôte. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. haut2. Bbg. Gall. 1955, p. 41, 51, 417. - Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 61, passim. - Quem. DDL t. 12, 13, 16.