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HABILE, adj.
A. − Vieilli. Qui a la maîtrise d'un ou plusieurs art(s), qui a une connaissance approfondie, théorique et pratique, d'une ou plusieurs discipline(s). Habile médecin. La classe la plus habile du Tiers État a été forcée, pour obtenir son nécessaire, de se dévouer à la volonté des hommes puissants (Sieyès, Tiers état,1789, p. 38).[Le phénomène de l'attraction] a reçu d'un habile chimiste, le nom d'attraction élective (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 259).
[Constr. avec un compl. prép. dans/en spécifiant un domaine du savoir] Synon. versé dans (qqc.).Être habile en mathématiques. Il faut, pour les connaître [les hommes], triompher du mécontentement qu'ils donnent, comme l'anatomiste triomphe de la nature, de ses organes et de son dégoût, pour devenir habile dans son art (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 25).Comment Dioclétien, si habile dans la connoissance des hommes, a-t-il choisi un pareil césar? (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 227).
Emploi subst. masc. ou fém. Synon. expert.Son érudition n'était pas profonde (...) et très-probablement il déchiffrait cette langue surannée avec moins de sagacité et de certitude que ne le font aujourd'hui nos habiles, M. Méon ou M. Robert par exemple (Sainte-Beuve, Portr. littér., t. 1, 1862, p. 495).Ce projet nous sera soumis et (...) les dessins de grandeur d'exécution seront revus par nos habiles (Mérimée, Lettres L. Vitet,1846, p. 204).
B. −
1. Absolument
a) [En parlant d'une pers.] Qui a une disposition d'esprit et de caractère la rendant particulièrement apte à agir de façon appropriée à ses fins ou à se tirer d'affaire dans les situations qui se présentent. Synon. adroit, capable, fin, débrouillard (fam.), malin (fam.); anton. maladroit, malhabile.Habile et prudent. Gobseck se trouvait avoir besoin d'un homme jeune et habile pour surveiller une petite opération à l'étranger (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 83).Rocambole s'inclina. Un écolier, à sa place, n'eût pas manqué de tomber aux genoux de la jeune fille. Mais le faux marquis de Chamery était trop habile pour commettre une pareille faute, et il conserva un maintien froid et réservé (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 136) :
1. ... tels sont les obstacles ordinaires qui jalonnent la route que M. Edgar Faure (...) doit parcourir (...). L'homme est habile et saura s'en tirer, même si son jeune âge lui suscite quelques « haies » supplémentaires. Figaro,19-20 janv. 1952, p. 1, col. 1.
Habile homme. Il succède (...) à M. de Rantzau, qui, en habile homme, nous quitte et s'en va quand la fortune arrive (Scribe, Bertrand,1833, 5,1, p. 215).Jeannin (...) avait fort adroitement fait ses affaires, comme banquier : habile homme, rusé et tenace comme un paysan, au demeurant honnête, mais sans scrupule exagéré (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 830).
[Avec, ds le cont., une idée dépréc. de ruse. V. rem. in fine B 1] Habile et perfide. Monsieur Hugo [dit Louis-Philippe], on me juge mal. On dit que je suis fier, on dit que je suis habile. Cela veut dire que je suis traître (Hugo, Choses vues,1885, p. 65).V. aussi calculateur A 2 ex. de Bernanos, Imposture, 1927, p. 323 :
2. Il n'était pas seulement ce paysan du Danube qui heurtait de front les puissances établies. Il y avait encore en lui un autre homme, cauteleux et habile, plié par la longue misère, rempli d'onction et volontiers flatteur (...). Alors, il reprit son texte, (...) ajouta quelques compliments à cette célèbre académie dont il sollicitait les suffrages. Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 290.
Emploi subst. masc., au plur. et péj. Synon. les malins.M. Bonaparte a eu pour lui la tourbe des fonctionnaires (...) et leurs tenants et aboutissants, les corrompus, les compromis, les habiles; et à leur suite, les crétins, masse notable (Hugo, Nap. le Pt,1852, p. 163).Les habiles et les ignobles, ceux qui allaient quelques semaines plus tard constituer dans les Stalags les états-majors prisonniers au service de l'Allemagne, se manifestaient déjà, prompts à saisir l'occasion, toujours les premiers au moindre signe (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 38).
Faire l'habile. Allons, croyez-vous qu'il se prive, une fois qu'il nous a quittées, de faire le monsieur, le renseigné, l'habile? (Butor, Passage Milan,1954, p. 26).
b) [En parlant d'une pers. désignée par un subst. spécifiant une activité] Qui exécute ce qu'il entreprend dans le cadre de son activité, habilement, avec adresse, intelligence et compétence. Anton. maladroit, malhabile.Adroit, expérimenté, ingénieux et habile; un ouvrier, un artisan habile. Les matelots de Tahoser étaient si habiles que la cange qu'ils dirigeaient semblait douée d'intelligence, tant elle obéissait avec promptitude au gouvernail et se détournait à propos des obstacles sérieux (Gautier, Rom. momie,1858, p. 209).Il était moderne l'oncle Édouard, il réussissait très bien dans la mécanique. D'abord, il était habile et faisait ce qu'il voulait de ses dix doigts (Céline, Mort à crédit,1936, p. 79) :
3. Pierre Saveron a le sens de la lumière. Il en use non seulement en technicien fort habile, mais en artiste conscient à la fois de l'authenticité de son art et de sa nécessaire soumission à une unité supérieure. Serrière, T.N.P.,1959, p. 100.
Vieilli. Habile scélérat, coquin. Le plus habile hypocrite ressemble à un saint (J. de Maistre, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 272).Ce Stavisky était un habile escroc, lequel, protégé de haut (...), avait opéré une razzia de 700 millions environ (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 121).
En partic., dans le langage de la crit. artistique. Un peintre, un décorateur, un instrumentiste habile. Chez ces dessinateurs sages et habiles [les disciples d'Ingres], on voit poindre l'affectation de simplicité qui conduira peu à peu à l'imitation des primitifs (Hourticq, Hist. Art, Fr., 1914, p.350).
[Avec une valeur dépréciative (v. rem. in fine B 1)] Déjà les gens de talent remplacent les gens de génie et les maîtres habiles succèdent aux grands maîtres (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 102).
Emploi subst. masc. En raison même de la rareté plus grande des hommes de valeur, apparaissent les faux artistes, les imitateurs de génie, les habiles (D'Indy, Compos. mus., t. 1, 1912, p. 216) :
4. Entre ce je-ne-sais-quoi et la virtuosité des rhéteurs la distance est infinie, comme elle est infinie entre le coup d'aile du génie et l'ingenium. Rien ne remplace cette chose divine sans laquelle la beauté n'est qu'une farce et un bibelot réussi, sans laquelle tout est muet, inerte et sec; par contre la chose divine elle-même supplée à tout, au talent, au métier, au bien-dire des habiles et aux trucs des virtuoses. Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 99.
P. ext. [En parlant d'une partie du corps] Doigts habiles. La médecine, dit-on, est une science, mais sa pratique est un art. De ses mains habiles, le chirurgien s'ingénie à redresser les erreurs de la nature (R. Biot, Pol. santé,1933, p. 18).
Rem. L'emploi de habile ds le domaine des relations soc., les domaines intellectuel et artistique, implique un jugement dépréciatif, lorsque sont privilégiées les qualités d'originalité, de génie ou de sincérité.
2. [Constr. avec un compl. prép. désignant une activité ou un domaine d'activité] Qui fait preuve d'une aptitude ou d'une adresse particulière pour (telle activité).
a) [Constr. avec un compl. subst. prép.]
Habile à (qqc.).Il savait qu'elle n'avait jamais été très habile au commerce (Benjamin, Gaspard,1915, p. 123).Les deux jardiniers se trouvaient être plus habiles à la bêche qu'à l'écriture (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 990).
Habile dans (qqc.).Un bouquiniste très-habile dans l'art de nettoyer les livres (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 212).Le patron, qui était un limonadier habile dans son commerce, normand roublard, aux petits yeux bridés, accourait en riant, empressé et flatteur (Benjamin, Gaspard,1915p. 146).
Habile en (qqc.) (vieilli).Quand on n'a pas d'autre distraction, on prend la quenouille, et le petit tournement du fuseau vous amuse; à la campagne, ma chère, on devient habile en passe-temps (E. de Guérin, Lettres,1835, p. 75).Le coup d'œil d'une femme habile en intrigues (Thierry, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 64)
Habile pour (qqc.) (rare).Chez les « grands », des commères se chargeaient du travail. Telle était plus habile pour la laine, telle pour le fil (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 20).
Emploi subst. masc., rare. Les habiles de (qqc.).Cette lenteur prudente qu'apportent aux luttes qui doivent être mortelles les habiles de l'escrime (Gautier, Fracasse,1863, p. 419).
b) Habile à + inf.Ce fut à l'école de la bouquetière d'Athènes que le peintre Pausias, son amant, se rendit si habile à faire des tableaux de fleurs (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 102).L'homme est extraordinairement habile à s'empêcher d'être heureux; il me semble que, moins il est capable de supporter le malheur, plus il est apte à se l'apprivoiser (Gide, Journal,1895, p. 56) :
5. La prodigieuse popularité de Necker tint à ce qu'il eut recours non à l'impôt, mais à l'emprunt. Habile à dorer la pilule, à présenter le budget (...) sous le jour le plus favorable mais aussi le plus faux, il n'eut pas de peine, en fardant la vérité, à attirer des capitaux considérables. Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 17.
Au fig. [En parlant d'une faculté, d'une technique] La malignité est si habile à pénétrer, si prompte à publier ses découvertes, si disposée à les exagérer! (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1797).Que serait-ce si le peuple savait parler? J'entends si la rhétorique, habile à plaider, ne se trouvait pas toujours au service des pouvoirs (Alain, Propos,1927, p. 752).
Rem. On rencontre qq. attest. d'une pronominalisation en y de ce compl. Il avait toujours aimé à travailler le bois. Il y était habile (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 107).
c) Habile de ses mains, de ses dix doigts.
C. − [En parlant d'une action, du moyen ou du résultat d'une action humaine]
1. [Qualifie un subst.] Qui dénote l'habileté de son auteur et qui est approprié au but fixé. Manœuvre, parole, politique, procédé, tactique habile. Une terre où d'habiles irrigations ont répandu une eau fécondante (Say, Écon. pol.,1832, p. 71).Un autre achevait une habile reprise à son pantalon (Zola, Débâcle,1892, p. 427).Rance, qui ne l'avait pas revu depuis si longtemps, eut le toupet de lui dire qu'il avait rajeuni, ce qui est le plus habile des compliments (G. Leroux, Parfum,1908, p. 44) :
6. D'habiles publicités engagent l'amateur à n'acheter que des appareils ou des produits de marques étrangères; mais les professionnels les plus impartiaux et les plus compétents insistent avec énergie sur les qualités des appareils français... Prinet, Phot.,1945, p. 113.
[Avec, ds le cont., une idée dépréciative de ruse] Son langage était précis et froid, singulièrement habile et donnait l'idée d'un homme avec lequel il n'est pas désirable de traiter une affaire (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 151).
En partic., dans le langage de la crit. artistique. Qui dénote l'habileté de l'artiste, sa connaissance et sa maîtrise des techniques. Une aquarelle de la plus habile facture (Goncourt, Journal,1894, p. 694) :
7. ... vous n'[avez] pas eu le temps de consacrer à l'art de Dostoïevsky − d'une composition si habile, si curieuse par ses vastes crescendos à la Beethoven, par sa glorification des procédés inventés par Eugène Sue (...) − l'étude qu'il mériterait. Claudel, Corresp. [avec Gide], 1923, p. 238.
[Avec, ds le cont., une nuance dépréc. V. rem. supra B 1 b] Le dessin habile est chose impersonnelle (Hourticq, Hist. Art, Fr., 1914, p. 338).Si le diable faisait de la musique, ce serait celle de Tchaïkovsky, séduisante, habile et vulgaire (Green, Journal,1955, p. 3).
P. anal. [En parlant d'une action effectuée par un animal] Il [un corbeau] sautillait par derrière [un chien], et par une manœuvre habile, inaperçue, tombait sur lui, donnait (sec et dru) deux piqûres de son fort bec noir (Michelet, Oiseau,1856, p. 114).
2. [Qualifie une prop.] Approprié au but recherché par quelqu'un. Vous vous êtes servie de votre enfant à venir, pour remuer mon enfant passé. Vous avez cru habile de me faire connaître votre maternité en ce moment, et vous avez été malhabile (Montherl., Reine morte,1942, III, 6, p. 227) :
8. Il était fort habile de supprimer un journal politique pour attaque aux bonnes mœurs et à la religion; on a pris le premier prétexte venu... Flaub., Corresp.,1857, p. 142.
D. − DROIT, vieilli. Habile à + inf.Qui a la capacité légale de (faire quelque chose). Le mineur habile à contracter le mariage est habile à consentir toutes les conventions dont ce contrat est susceptible (Code civil,1804, art. 1398, p. 254).
Prononc. et Orth. : [abil]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Fin xiiies. « apte » (Trad. du De Arte venandi cum avibus, éd. G. Holmér, 3, 3); 1403 « compétent (en parlant d'une personne) » (Chr. de Pisan, Chemin de Long estude, 659 ds Gdf. Compl.); 2. 1390 terme de dr. (Choix de pièces inédites relatives au Règne de Charles VI, éd. L. Douët d'Arcq, I, 106 : Philippe qui est religieux, n'est pas habile à proposer ces choses sens licence de l'abbéesse); spéc. 1417-35 (Journal de Cl. de Fauquembergue, Greffier du Parlement de Paris, éd. A. Tuetey, t. II, p. 298 : declairee habile et legitime heritiere); 3. xves. « agile, souple » (Juvenal des Ursins, Charles VI, 1419 ds Littré); 1493 « rapide » (Le Mistere du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, X, 411, 42144, V, 243 : gens habilles comme levriers). II. 1. 1478-80 « qui montre de l'adresse » (G. Coquillart, Les nouveaulx Droitz, éd. M. J. Freeman, p. 128, vers 16 : Expers, habiles decliqueurs); 2. 1555 « qui a du jugement, de l'intelligence » (Ronsard, Les Hymnes, éd. P. Laumonier, VIII, p. 89, vers 57). Empr. au lat.habilis « convenable, propre à », qui a pris au Bas Empire le sens jur. de « quelqu'un qui est légitimé à quelque chose »; cf. la forme pop. able, aule (essentiellement pic., lorr. dep. le xiies. ds T.-L., Gdf. et FEW t. 4, p. 365b). Fréq. abs. littér. : 2 571. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 058, b) 4 016; xxes. : a) 2 806, b) 2 778.