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GROSSIÈRETÉ, subst. fém.
A. − Vieilli. Caractère de ce qui manque de finesse, de ce qui est de médiocre qualité. Grossièreté d'un mets, d'un tissu, d'une matière. Elle était grande, et la grossièreté de ses vêtements ne pouvait dissimuler l'extrême élégance de sa taille (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 92).
Caractère de ce qui est mal fini, imparfaitement façonné. Grossièreté d'un travail, d'une architecture, d'une sculpture. Les fenêtres en ogive avaient été murées avec des briques. La grossièreté de cette maçonnerie (...) faisait un triste contraste avec l'antique magnificence de la boiserie (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 103).
P. ext.
1. [En parlant d'une chose abstr.] Caractère de ce qui est élaboré de façon imparfaite, approximative. La grossièreté des idées religieuses de tous les peuples sauvages et de beaucoup de peuples civilisés (Constant, Journaux,1804, p. 88).La faiblesse et la grossièreté des jugements humains (Sand, Lélia,1839, p. 468).
2. [En parlant d'une pers., de ses attributs physiques] Caractère de ce qui manque de finesse ou de grâce. La grossièreté de ses sens (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 172).Les yeux humbles et chastes, prompts aux larmes de l'adoration sous les longs cils, changeaient en une pieuse simplesse la grossièreté des traits (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 97) :
1. La crasse grossièreté de nos organes, aggravée par la pesanteur et l'hébétude d'un incurable esprit de géométrie, prépare mal l'entendement obtus à saisir les impondérables. Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 39.
B. − Défaut de civilisation, d'éducation, de culture. Grossièreté d'un peuple barbare (Ac. 1835-1932). − Votre Hermann, dira-t-on, est un campagnard, qu'il aille au village. − Nullement. Au village, il trouvera la grossièreté, l'ignorance, l'inintelligence des choses fines et belles (Renan, Avenir sc.,1890, p. 468) :
2. ... à l'époque de la retraite de Moscou, parmi la panique et la sauvagerie d'une armée vaincue, il s'administre des réactifs d'un ordre très spécial : « Je lus quelques lignes d'une traduction anglaise de Virginie, qui, au milieu de la grossièreté générale, me rendit un peu de vie morale... » Bourget, Essais psychol.,1883, p. 228.
Ce qui suppose beaucoup de sottise, d'ignorance ou de maladresse. Grossièreté d'un mensonge; grossièreté d'une erreur, d'une faute, d'une illusion. La grossièreté de cette ruse montrait bien en quelle piètre estime il tenait ses semblables (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 386) :
3. Les égalitaristes modernes, en cessant de comprendre qu'il ne peut y avoir d'égalité que dans l'abstrait et que l'essence du concret est l'inégalité, ont montré, outre leur insigne maladresse politique, l'extraordinaire grossièreté de leur esprit. Benda, Trahis. clercs,1927, p. 100.
C. − Caractère de ce qui est contraire à la bienséance ou à la décence. La grossièreté d'un geste, d'un mot; la grossièreté d'une plaisanterie. Un secrétaire qui m'accueillit avec une grossièreté prodigieuse redevint très poli dès qu'il sut que je n'étais pas français (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 184).La saleté physique (...) la grossièreté de tenue et de propos, souveraines sur les cours du lycée (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 69) :
4. marthe : Je ne veux pas manger avec eux. louis laine : Pourquoi? Qu'est-ce que tu as contre eux? Voyons, parle! Ils ne nous ont jamais fait que du bien. Ils t'invitent gentiment, et tu refuses avec grossièreté. Tu es restée de ton pays. Claudel, Échange,1954, II, p. 757.
P. ext.
1. Caractère d'une personne dont le comportement, le langage sont inconvenants. Cet homme est de la dernière grossièreté (Ac.1932).On n'imagine pas la grossièreté de ce mousquetaire. Il fait d'ignobles bruits devant les dames, qui applaudissent (Green, Journal,1929, p. 16).
2. Attitude, comportement, propos inconvenant ou manquant de délicatesse. Débiter des grossièretés; se laisser aller à des grossièretés. M. de Freycinet avait commis la grossièreté de laisser sans réponse la lettre [de Me Labori] (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 498).Cet homme semblait voir en elle la petite serveuse en butte aux grossièretés, née pour cet emploi et destinée à y rester toute sa vie (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 165) :
5. Christophe voyait bien que sa mère avait l'air triste (...) elle évitait de regarder l'ivrogne; et elle tâchait doucement de le faire taire, quand il disait des grossièretés qui la faisaient rougir. Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 43.
Prononc. et Orth. : [gʀosjε ʀte]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1640-42 (Oudin, Recherches it. et fr., s.v. grossezza : grosseur et grossesse. Simplicité, lourdauderie. Grossièreté : espaisseur. − s.v. grossièreté : grossezza); 2. 1690 « qualité de ce qui est travaillé de façon sommaire et peu fine » (Fur.); 3. av. 1696 « caractère de ce qui est choquant pour la bienséance » (La Bruyère, III ds Littré); 4. 1732 (Trév. : Grossièreté signifie aussi Saleté, ordure. Nous avons entendu bien des grossièretez). Dér. de grossier*; suff. -eté (cf. -ité). Fréq. abs. littér. : 458. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 558, b) 666; xxes. : a) 805, b) 629.