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GRELOTTER, verbe intrans.
A. −
1. Qqn grelotte.[Le suj. désigne un animé, parfois une partie du corps] Être agité de tremblements plus ou moins violents. Grelotter de la tête aux pieds; grelotter sous les couvertures. Sa lèvre inférieure grelottait, ses dents cliquetaient doucement par intervalles irréguliers (Genevoix, Raboliot,1925, p. 348) :
1. Le temps était loin, où, jouissant d'une bonne santé, des Esseintes montait, chez lui, en pleine canicule, dans un traîneau, et, là, enveloppé de fourrures, les ramenant sur sa poitrine, s'efforçait de grelotter, se disait, en s'étudiant à claquer des dents : − Ah! ce vent est glacial, mais on gèle ici, on gèle! parvenait presque à se convaincre qu'il faisait froid! Huysmans, À rebours,1884, p. 227.
Grelotter de + compl. indiquant la cause du tremblement.Grelotter de froid, de fièvre, de peur, d'angoisse, de colère. Ses mains grelottent de fureur, et elle a trouvé le moyen de blêmir davantage (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 242) :
2. Il y avait un homme en haillons; le souffle du matin refroidissait sa peau, et quand le soleil vint à paraître il grelotta de plaisir, remua les épaules et sourit bêtement, on eût dit qu'il eût voulu faire entrer en lui la chaleur du soleil. Flaub., Smarh,1839, p. 75.
Emploi trans. Grelotter la fièvre (vieilli). Théophile Vabre, qui, toussant et crachant, grelottant la fièvre, rêvait le bonheur universel par l'organisation d'une république humanitaire, fut le seul à maintenir que, peut-être, elle [l'Église] se transformerait (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 86).
2. Qqc. grelotte.Être agité de petits tremblements. Deux feuilles couleur d'amadou grelottaient seules aux ramilles (Pourrat, Gaspard,1931, p. 76).
B. − Émettre un bruit de grelot. Les cinémas dont la sonnette grelottait dans l'air froid (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 66).Le téléphone grelotta (Le Breton, Rififi,1953, p. 216).
REM. 1.
Grelottard, -arde, adj.[En parlant d'une voix, d'un rire, etc.] Qui tremblotte. Tant de bassesse m'estomaquait, mais Hanotaux conclut en sortant [de chez Lockroy], − il me prenait pour un bon jeune homme, − avec son petit rire grelottard : « Mon cher Léon, hé! hé! il faut avoir le maniement des hommes » (L. Daudet, Entre-deux-guerres,1915, p. 78).
2.
Grelotte, subst. fém.,arg. et pop. a) Tremblement dû au froid ou à la fièvre. Je tremblais encore comme une feuille... Il m'a redonné des couvertures... Je continuais la grelotte... Il m'a complètement recouvert, enseveli sous un tas de manteaux... Toutes ses peaux d'ours je les avais dessus... Y avait un choix dans l'armoire!... Je frissonnais quand même (Céline, Mort à crédit,1936, p. 696).Avoir la grelotte. Avoir peur. − Ben, tu vois, lui dit Cuvelier, comme cela, tu n'auras plus à avoir la grelotte pour la finale [maintenant que la demi-finale est perdue pour ton protégé] (Pédale,29 mars 1927, p. 18, col. 2).C'était mon retour au passage qui me foutait le bourdon. J'en avais déjà la grelotte trois mois à l'avance (Céline, Mort à crédit,1936p. 284).b) Voix. En ce moment, l'on entendit un bruit horrible (...). Le galop de deux pieds enragés (...). Deux voix aussi différentes que les deux galops lançaient des interjections braillardes (...). − C'est la mère, dit Tonsard en se dressant, je reconnais sa grelotte! (Balzac, Paysans,1844, p. 72).V. grelot A 2.
Prononc. et Orth. : [gʀ əlɔte], (il) grelotte [gʀ əlɔt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1562 franc-comtois grilloter « faire un bruit de grelots » (Du Pinet, Pline, IX, 35 ds Gdf. Compl.); b) 1562 « faire un petit bruit comme un corps sec agité dans une cavité (en parlant des œufs qu'on secoue pour voir s'ils sont encore bons) » (Id., ibid., X, 54, ibid.); 2. a) av. 1630 grelotter « trembler de froid » (A. d'Aubigné, Vie ds Littré); b) 1853 « faire entendre un bruit de grelots » (Sand, Maîtres sonneurs, p. 50). 1 est dér. de grillot (v. grelot); dés. -er. Cette forme avec -i-, particulièrement vivante dans les dial. de l'Est de la France (v. FEW t. 16, p. 59a), doit probablement son -l- mouillé à des interférences avec grillon*, insecte rendant un son assez semblable à celui du grelot, cf. Yonne, Chablis, franc-comtois grillot qui désigne à la fois le grelot et le grillon (v. FEW t. 16, p. 58b et t. 4, p. 268b). 2 est dér. de grelot* au sens 2. Fréq. abs. littér. : 391. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 204, b) 848; xxes. : a) 862, b) 514.
DÉR.
Grelotteux, -euse, subst.a) Celui, celle qui erre dans les rues, qui est sans abri et qui grelotte de froid. Désormais, il n'y aura plus de prières marmonnées au coin des rues, par des grelotteux affamés (Bloy, Désesp.,1886, p. 340).En grelotteux. [Fauvel au narrateur] : − ... Soucaille allait gratter la mandoline, soupirer en grelotteux, en mendigot? Comme ces petits crevards dont les filles s'offrent le portrait (Genevoix, Assassin,1948, p. 119).b) Arg. α) Godelureau qui suit les modes. On rencontre des grelotteux (c'est, je crois, le dernier terme en usage) avec l'habit noir et la cravate blanche chez Bidel (Moniteur universel,juill. 1884ds Fustier, Suppl. dict. Delvau, 1889, p. 542). β) Subst. fém., vieilli. Prostituée. La baraque à Marseille (...) continue à être chaque soir le rendez-vous du gratin de nos horizontales et de nos grelotteuses (Écho de Paris,juill. 1884ds Fustier, Suppl. dict. Delvau, 1889, p. 542).[gʀ əlɔtø], fém. [-ø:z]. 1res attest. a) 1884 « héros du chic » (Moniteur universel, loc. cit.), b) 1886 « miséreux qui grelotte » (Bloy, loc. cit.); var. pop. de *grelotteur, dér. de grelotter, suff. -eur2* auquel s'est substitué -eux* sous l'infl. de miséreux*. La mode de la fin du xixes. prescrivait le port d'habits particulièrement ajustés et courts dans lesquels les élégants de l'époque semblaient trembler de froid, d'où le sens a (v. F. Usinger, Die französischen Bezeichnungen des Modehelden, Giessen, 1921, 42).
BBG.Quem. DDL t. 9, 17 (s.v. grelotteux).