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* Dans l'article "GILET,, subst. masc."
GILET, subst. masc.
A. −
1. Vêtement court, sans manches, boutonné devant et ne couvrant que le torse, porté par les hommes sur la chemise et sous la veste (et quelquefois par les femmes). Gilet brodé, fantaisie, rayé, de livrée; gilet de piqué, de velours; poche de gilet; boutonner son gilet; mettre les pouces dans les entournures de son gilet. Je mis le pantalon, l'habit et le gilet noirs et la cravate blanche, comme il convient à un jeune homme qui va déjeuner en ville (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 77).On la vit un jour, descendre de l'Hirondelle, la taille serrée dans un gilet, à la façon d'un homme (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 31).Il y a des prêtres sans col, en gilets de garçons de café parisiens (Malraux, Espoir,1937, p. 696) :
... il portait, au lieu du petit gilet à boutons de cuivre, qui était d'uniforme sous le paletot, un étrange gilet de soie, très ouvert, que fermait dans le bas un rang serré de petits boutons de nacre. C'était un vêtement d'une fantaisie charmante, comme devaient en porter les jeunes gens qui dansaient avec nos grand'mères, dans les bals de mil huit cent trente. Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 47.
Vx. Gilet à/en cœur. Gilet s'ouvrant largement en forme de cœur et fermé par un seul bouton, porté par les élégants au xixesiècle. Un beau jeune homme, au gilet en cœur, à la chemise en échelle, au revers d'habit noir en velours (Goncourt, Journal,1868, p. 406).
P. méton. Élégant habillé à la dernière mode. Et les gilets en cœur, clair-semés dans la salle (Lorrain, Modern.,1885, p. 19).
HIST. [P. réf. au gilet écarlate porté par T. Gautier lors de la première représentation d'Hernani] Partisan du jeune Romantisme. Gautier, qui se démenait dans sa stalle comme aux beaux jours des gilets rouges (Verlaine, Œuvres posth., t. 2, Crit. et conf., 1896, p. 304).
Expr. fig. Pleurer dans le gilet de qqn. Se plaindre à lui. Le titulaire de ladite place a beau aller pleurer dans le gilet de toutes les commissions du monde, rien ne le fera réintégrer ni là ni ailleurs (Gyp, C'est nous,1890, p. 70).Il pleura ce qui lui restait de larmes dans le gilet du reporter (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 121).Parler dans son gilet (vieilli). Parler d'une manière inaudible.
2. Vêtement en laine tricotée, généralement à manches et boutonné sur le devant, couvrant le torse, porté par les hommes et les femmes. Un gilet rayé, mille fois lavé, et forcément un peu feutré (100 idées,août 1978, no58, p. 45).
3. Domaines spéciaux.
a) ARM., vx. Gilet d'armes, de fer. Veste de mailles protégeant des coups d'une arme blanche. Gérard de Roussillon regarda d'un air sombre son vieux gilet de fer rouillé (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 195).Gilet pare-balles*.
b) MAR. Gilet de sauvetage. Accessoire gonflable ou en matière insubmersible, en forme de gilet, destiné à maintenir à la surface de l'eau celui qui le porte. Synon. brassière.Passez vos gilets de sauvetage et allez sur le pont (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 236).
B. − Sous-vêtement de laine ou de coton couvrant le torse, parfois à manches, qui se porte à même la peau. Synon. maillot, tricot (de peau).Gilet de corps, de peau. Le gilet de molleton est un peu trop mince pour une gelée qui ne trouve qu'un toit entre elle et ma peau fraternelle (Balzac, Corresp.,1819, p. 52).Il se rase toujours lui-même, ôtant d'abord sa chemise, et demeurant en simple gilet de flanelle (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 457).
REM.
Gileté,-ée, part. passé rare et vx de gileter,verbe trans. inus. Vêtu d'un gilet. Il monta dans un fiacre et se fit conduire à l'Opéra, frisé comme un saint Jean de procession, bien gileté, bien cravaté (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 180).
Prononc. et Orth. : [ʒilε]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. [1664 gillet « sorte de camisole sans manches », cité comme mot maghrebin (J. de Thévenot, Relation d'un voyage fait au Levant, p. 553)]; 1736 (Mercure de France, mars ds Trév. : Quand la femme accosta Dom Baillimaître, [...] il n'avoit point de chemise, mais seulement un gillet). Empr., (avec substitution de suff. due à l'infl. de mots tels que corset*, mantelet*, etc. : cf. sicilien gileccu, cileccu, esp. chaleco, gileco, port. jaleco, etc.) à l'ar. maghrebinǧalīka « camisole portée par les esclaves chrétiens sur les galères », lui-même empr. au turc yelek « camisole sans manches » (v. FEW t. 19, pp. 199-201). Fréq. abs. littér. : 1 085. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 290, b) 2 381; xxes. : a) 1 823, b) 1 140.