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GALOCHE, subst. fém.
A. − HABILL. Chaussure à dessus de cuir et semelle de bois qui se porte par dessus des chaussons ou des souliers pour les protéger; p. ext., chaussure grossière de cuir, à semelle de bois épaisse, qui protège du froid et de l'humidité. Girard passa sa blouse neuve (...) marchant à grands pas lourds dans ses grosses galoches ferrées (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 45).Quand la bise soufflait et que les longues nuits d'automne ruisselaient d'eau, j'enfouissais avec délices mes pieds dans mes galoches (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 211) :
1. ... le petit vagabond met ses galoches et en tire le quartier derrière le talon de ses chaussons de lisière, − des galoches immenses, comme ces souliers abandonnés au coin d'un chemin de ferme, et où cependant son pied a peine à entrer, tant il est mouillé, tant il a trempé tout le jour dans les mares des rues et les flaques des ornières. Goncourt, Journal,1862, p. 1099.
P. métaph. Le capitaine s'énervait à libérer sans cesse les semelles de ses bottes de leurs lourdes galoches de glaise (Abellio, Pacifiques,1946, p. 23).
Péj. Vieille chaussure. Ell' va prend' ses frusque' et ses galoches, la carogne, et filer hors d'ici! (Martin du G., Gonfle,1928, I, 6, p. 1195) :
2. ... ses gros souliers ne tenaient plus. Le dernier mois, elle évitait même de sortir, pour ne pas les crever d'un coup (...). Le jour où Denise descendit chaussée de bottines d'étoffe, qu'elle avait payées cinq francs, Marguerite et Clara s'étonnèrent à demi-voix, de façon à être entendues. − Tiens! La mal peignée qui a lâché ses galoches... Zola, Bonh. dames,1883, p. 519.
Vieilli. Sorte de bottine à semelle de bois. Les fines petites galoches vernies qui remplaçaient les sabots (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 214).
Loc., fam. Menton de galoche, en galoche. Menton long, pointu et relevé vers l'avant. Une femme aux traits aigus, émaciés, spiritualisés, au menton de galoche annonçant une résolution entêtée (Goncourt, Journal,1885, p. 442).Tout cet ensemble exprimait un extraordinaire mélange d'autorité, de tristesse, d'extrême ruse et de rêverie auquel le menton en galoche ajoutait du gauche et du paysan (Malègue, Augustin, t. 1, 1933p. 269).
B. − MAR. Poulie à caisse longue et plate ouverte transversalement sur l'une de ses faces pour y introduire le double d'un cordage (cf. Soé-Dup. 1906). Pièces de bois ou de métal, avec encoche, fixées sur la lisse d'un bateau et qui servent au passage de divers cordages (cf. Soé-Dup. 1906)).
C. − Région. Jeu de bouchon. Le plus amusant de tout, c'était encore les parties de bouchon, ce fameux jeu de galoche que les mobiles bretons avaient mis à la mode pendant le siège (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 27).
REM. 1.
Galochage, subst. masc.Action de galocher (infra). Beaucoup arrivaient par paires : de taille inégale, ils se tenaient par la main et traînaient les pieds, puis se séparaient avec un « galochage » rapide (Frapié, Maternelle,1904, p. 15).
2.
Galochard, adj.,fam. Qui a la forme d'une galoche, en galoche. Le profil sec, la peau rose vif, et le menton galochard, il dégoûtait son frère (Aymé, Jument,1933, p. 28).
3.
Galochier, subst. masc.Ouvrier qui fabrique des galoches. L'artisanat du bâtiment gardait beaucoup d'importance. Dans les campagnes, c'étaient les indispensables maréchaux-ferrants, bourreliers-selliers, sabotiers-galochiers (Robert, Artis.,1966, p. 65).
4.
Galocher, verbe intrans.Faire du bruit en marchant avec des galoches. Pendant toute la durée de la classe, je n'ai cessé de les entendre taper des pieds. Les petits, excités par le vacarme au-dessus de leur tête, galochaient aussi, tant qu'ils pouvaient (Frapié, Maternelle,1904p. 76).
5.
Galocherie, subst. fém.Fabrication ou fabrique de galoches. Son bois blanc utilisé autrefois en galocherie est assez recherché comme bois de pâte (Cochet, Bois,1963, p. 35).
Prononc. et Orth. : [galɔ ʃ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1263 forme latinisée plur. caloges, Troyes (ds Mél. Wartburg (W. von), 1968, t. 2, p. 213); cf. le dér. galochier « fabricant de galoches » 1292 ds DG; 1351 galoches (Ordonnance ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 4, p. 604). Orig. très discutée; les corresp. rom. (domaines hisp., ital.), all., angl. semblent empr. au fr. Plusieurs étymons ont été proposés − gr. κ α λ ο ́ π ο υ ς, -π ο δ ο ς « forme de cordonnier » à travers une forme *calopia, *galopia pour le b. lat. calopodia « id. » (G. Paris ds Romania t. 3, p. 113; Cor. t. 2, p. 634; v. aussi REW31525); − b. lat. gallicula « galoche », proprement « petite chaussure gauloise », dimin. du class. gallica « galoche » (EWFS2); − dér. pic. ou norm. du gaul. *gallos, v. galet, la semelle épaisse et rigide de la galoche étant comparée à une pierre plate (FEW t. 4, p. 45 b; Bl.-W.5); − H. et R. Kahane ds Rom. Philol. t. 21, pp. 503-504 font appel à 2 var. gr. : l'une, *kalórtion (composée de kãlon « bois » et de -artion, de -artēr « sorte de chaussure de feutre »; cf. gr. byz. cheiórtion « gant »), latinisée en *calortium : d'où le calabrais calorči « sandale de montagnard »; l'autre *kalóchtion (-óchtion étant un développement second. de -órtion; cf. le gr. byz. cheiróchti « gant »), latinisée en *caloctium; cette seconde var., d'orig. massaliote, aurait été diffusée à partir de la Provence (a. prov. galochas xiiies., Leudaire de Narbonne ds Levy Prov.), parvenant en fr. ds la seconde moitié de xiiies.; cf. DEAF col. 96-97. Fréq. abs. littér. : 131. Bbg. Bambeck (M.). Mittellateinische Lexikalia zum FEW. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 213. - Kahane (H.), Kahane (R.). Graeco-romance etymologies. 2. Rom. Philol. 1968, t. 21, pp. 503-504. - La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 296. - Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 127, 138, 201, 377; t. 2 1972 [1925], p. 281, 314; t. 3 1972 [1930], p. 109, 115, 135.