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FROTTER, verbe.
A.− Emploi trans.
1. Passer un corps sur un autre en appuyant. Frotter qqc. à, contre, sur qqc. Elle frotte ses mains contre ses jambes (Claudel, Violaine,1892, IV, p. 541):
1. − Eh bien! dit Rocambole, rallume ta bougie. Zampa tira des allumettes de sa poche, en frotta une sur le mur et l'approcha du flambeau éteint. Ponson du Terr., Rocambole,t. 5, 1859, p. 310.
En partic. Mettre deux corps en contact par un mouvement différent, souvent inverse. Il frotta deux cailloux, en arracha des étincelles, qu'il approcha du gril placé à gauche de la proue (Maurras, Chemin paradis,1894, p. 127).
2. Soumettre un corps au contact d'un autre qui est en mouvement. Aladin frotte sa lampe, et se procure ainsi toutes sortes de biens (Alain, Propos,1931, p. 999).Je polirai patiemment cette chair fine, je la frotterai, je la raclerai, je l'userai jusqu'à l'os (Sartre, Mouches,1943, III, 1, p. 86):
2. le président. − Florence est née le 8 janvier. À minuit. On a dû la frotter toute la nuit pour qu'elle vive. Elle était toute noire. jérôme. − On l'a bien frottée. Il n'en reste vraiment rien. Giraudoux, Cantique des Cantiques,1938, 2, p. 32.
Gén. en emploi abs., arg. Fréquenter l'autre sexe, avoir des rapports intimes avec quelqu'un. À quinze piges la môme Nénette frottait déjà depuis longtemps (Simonin, Simonin ill.,1957, p. 141).,,Transformer en jeu lascif les contacts que ménage la danse, de cavalier à cavalière`` (Simonin, Pt Simonin ill. par l'ex., Paris, Gallimard, 1968).
Loc. fig.
Se frotter les mains. Jubiler, se réjouir. Hé! Hé! dit le roi. Il se frottait les mains, il riait de ce rire intérieur qui fait rayonner le visage (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 500).
Se frotter le museau*.
Se frotter les yeux. Être ébahi, marquer un vif étonnement. Frotte-toi les yeux, comme je me les frotte, et demande-toi où nous serions si chaque royaliste intelligent, dans chaque localité, eût tenu ma conduite rationnelle, réservée, sans adulation comme sans faiblesse (Lamart., Corresp.,1832, p. 252).
Frotter les oreilles, les côtes à qqn. L'admonester sévèrement, le châtier. Je vais lui frotter les oreilles, à ton mari, dit M. Blampignon; c'est un galopin qui, si l'on n'y prend garde, te mettra sur la paille (France, Île ping.,1908, p. 375).
3. P. ext.
a) Nettoyer, rendre plus propre en frottant.
[Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Frotter du linge, frotter le parquet. Les servantes en sabots blancs, en bonnets volants, en caracos d'indienne, qui fourbissaient les escaliers et frottaient les carreaux (Du Camp, Hollande,1859, p. 15).Ils astiquent déjà leur mousqueton, et je te crache, et je te frotte (Audiberti, Quoat,1946, 1ertabl., p. 21):
3. Elle [Gervaise] venait d'étaler une chemise sur la planche étroite de la batterie, mangée et blanchie par l'usure de l'eau; elle la frottait de savon, la retournait, la frottait de l'autre côté. Zola, Assommoir,1877, p. 388.
P. ell. Frotter un appartement. ,,Frotter le parquet d'un appartement`` (DG).
[Le compl. d'obj. dir. désigne une (partie d'une) pers.] Puis elle frotta ses flancs et elle tendait la peau pour aller au fond des plis de graisse. Elle y passait le torchon, au bout de son doigt, comme dans des rainures. Elle frotta ses cuisses rousses (Giono, Gd troupeau,1931, p. 49).
b) Enduire par frottement.
[Le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Kolb assis sur un ais frottait son pain avec une gousse d'ail (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 568).Ils [les Carthaginois] frottèrent le bord des boucliers avec de l'huile pour faciliter le glissement des flèches (Flaub., Salammbô,t. 2, 1863, p. 148).
Spéc., PEINT. Enduire la toile d'une légère couche de peinture presque transparente. Pour retoucher la Vénus qui était trop jaune, frotté les ombres surtout et presque toutes les parties avec laque jaune et laque rouge (Delacroix, Journal,1851, p. 431).
[Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou une partie d'une pers.] Le divin vieillard trempe un peu de coton dans une huile consacrée; il en frotte les tempes d'Atala (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 256):
4. Fils de Werther et arrière-neveux de Faublas (...), nous nous rendons amoureux du premier joli petit nez qui passe, surtout s'il est frotté de poudre de riz. Arène, J. des Figues,1870, p. 104.
c) Vx, pop. Donner des coups à quelqu'un, lui administrer une sévère correction. Depuis le dernier match de « la crosse » où son équipe [de Sam], − la rouge − avait frotté les gars de Salmon Arm (Genevoix, Match à Vancouver,1942, p. 193):
5. Si vous aviez franchement secondé la France, très probablement l'Autriche n'eût pas tiré l'épée; si elle eût voulu la guerre, unis à vous, nous l'aurions frottée d'importance. Mérimée, Lettres E. Ellice,1870, p. 451.
B.− Emploi pronom.
1. [Le suj. désigne un animé hum.] Se frotter avec, de qqc.
a) Se laver, s'essuyer. Avant de changer le petit, Mouchette se frotte les joues avec le chiffon de grosse toile (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1300).
b) Se frictionner, oindre son corps. Quelques milliers d'hommes braves et fiers, (...) qui causent d'affaires publiques, passent leur journée aux gymnases, (...) se lavent, se frottent d'huile (Taine, Voy. Ital.,t. 1, 1866, p. 60).Ayrton se déshabilla et se frotta de graisse, de manière à moins souffrir de la température de l'eau, qui était encore froide (Verne, Île myst.,1874, p. 429).
Au fig.
Se frotter à qqc.Avoir des relations, des contacts avec quelque chose. Il avait reçu quelque instruction, s'était frotté aux idées nouvelles (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 9).
Se frotter de qqc.Se teinter superficiellement de quelque chose. Ceux qui sont devenus savants en se frottant de sociologie belge (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 66).
Se frotter à, avec qqn.Fréquenter assidûment quelqu'un (pour s'imprégner de sa pensée, de sa culture, pour bénéficier de son expérience ou de ses faveurs) :
6. Il [M. Toutin-Laroche] s'était fait l'inséparable du baron Gouraud; il se frottait à lui, avec l'idée vague que cela lui porterait bonheur. Zola, Curée,1872, p. 395.
2. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé] Se frotter à, contre qqn ou qqc.
a) [Le suj. désigne une chose] Passer contre quelque chose ou quelqu'un dans un contact plus ou moins appuyé. À l'endroit où le fleuve avait pu se frotter contre les arbres durs (Giono, Chant monde,1934, p. 235).
b) [Le suj. désigne un animé] Passer son corps ou une partie de son corps contre quelque chose ou quelqu'un. Elle caressa la chatte, qui vint aussitôt se frotter contre sa jupe, la queue en l'air (Zola, Joie de vivre,1884, p. 814).
P. ext.
Se frotter à qqn, à qqc.S'attaquer à quelqu'un de dangereux, se mêler d'une affaire qui comporte des risques. Il vaut mieux ne pas s'y frotter. Elle lui avait répondu d'un œil si colère et avec un sourire tellement froid, que la bonne femme ne s'y frotta plus (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 75).
Proverbe (et devise de la Lorraine dont le chardon est l'emblême). Devise de René II : Non inultus premor. « Qui s'y frotte s'y pique ou Je me revanche. » (Barrès, Cahiers,t. 8, 1910, p. 220).
Arg. Se caresser, avoir des rapports intimes. Et maintenant, si vous voulez vous frotter, vous deux, frottez, moi je m'en fous, je suis en bois d'arbre (Giono, Baumugnes,1929, p. 121).
C.− Emploi intrans. Produire un frottement. Une des cages d'extraction frottait au passage, sur une longueur de plus de cinq mètres (Zola, Germinal,1885, p. 1526).Ses épaules, en glissant, frottent contre le mur (Pourrat, Gaspard,1931, p. 297).
REM. 1.
Frottable, adj.Que l'on peut frotter. Le parquet, le pas de porte et toute matière frottable (Arnoux, Écoute,1923, p. 55).
2.
Frotterie, subst. fém.,impr. Opération consistant à ébarber les caractères typographiques après leur fonte. Un coup de pointe donné maladroitement à la lettre sur le côté de la frotterie (Maire, Manuel biblioth.,1896, p. 277).Voici le sens de la frotterie, la force de corps, le cran de fonderie (Civilis. écr.,1939, p. 6-16).
3.
Frotte-allumettes, subst. masc.Instrument sur lequel on frotte une allumette pour l'enflammer (v. allume-feu).
4.
Frotte-nombril, subst. masc.,fam. et trivial. Action de se frotter à une autre personne « nombril contre nombril ». Connaissez-vous le jeu de frotte-nombril? (Goncourt, Journal,1884, p. 365).
5.
Frotte-parquet, subst. masc.,p. plais. Danseur. Les danseurs de bals blancs « godelureaux » et « frotte-parquets » s'essaient au large salut horizontal, dit « salut en bataille » imité de Boni (Morand, 1900,1931, p. 21).
Prononc. et Orth. : [fʀ ɔte], (il) frotte [fʀ ɔt]. Enq. : /fʀot/ (il) frotte. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1121-34 « passer à plusieurs reprises et en appuyant un corps sur un autre » (Ph. de Thaon, Bestiaire, 778 ds T.-L. : E ses cornes froter); b) ca 1175 « exercer un frottement pour nettoyer quelqu'un, frictionner » ici pronom. (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 3556 : [s'i ert...] Lavez e frotez e baigniez); 1604 « id. (en parlant d'une chose) » (Montchretien, R. d'Ecosse, p. 102 ds IGLF); c) 1205-50 « enduire, imprégner par frottement » (Renart, éd. Martin, br. XIII, 1019); d) ca 1275 « heurter, rencontrer quelque chose » (Adenet Le Roi, Beuve de Commercy, éd. A. Henry, 3038); [1213 s'entrefroter en parlant d'écus (Faits des Romains, éd. Flûtre et de Vogel, p. 531, ligne 21)]; d'où 2. xiiies. « battre quelqu'un » (d'apr. FEW t. 3, p. 787 a); cf. 1456-67 (Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F. P. Sweetser, XXXVIII, 68). Orig. incertaine; on admet gén. une orig. commune pour les types en -oi- (froitier), -e- (frétiller*) et -o- (qui existent aussi en Italie), qu'on ramène à un lat. frĭctare (fréq. de fricare « frotter, polir, étriller ») attesté tardivement (viies. Hisperica famina ds FEW t. 3, p. 787 a). Fréq. abs. littér. : 1 194. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 837, b) 2 214; xxes. : a) 2 346, b) 1 765.
DÉR.
Frot(t)ailler,(Frotailler, Frottailler) verbe trans.Synon. péj. de frotter.Assez farfouillé, frottaillé (Arnoux, Zulma,1960, p. 165).Arg. (Se) frot(t)ailler. Du monde mal approprié et qui se liche et se pelote et se frottaille l'épiderme des uns contre les autres (Goncourt, Journal,1893, p. 399).À frotailler des caraques, des putes de bonne aventure (Arnoux, Rhône,1944, p. 360).Rem. On relève ds la docum.
frot(t)aillement,(frotaillement, frottaillement) subst. masc.Action de (se) frottailler. Et vos roucoulements, vos frottaillements, vos blancs de l'œil renversés (Arnoux, Solde,1958, p. 55).
[fʀ ɔtaje]. Aucune transcr. ds les dict. Cf. -aille. 1reattest. 1893 fam. ici pronom. (Goncourt, loc. cit.); du rad. de frotter, suff. -ailler*. Fréq. abs. littér. : 1.
BBG. − Chautard (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 376.