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FRONTIÈRE, subst. fém.
A.− Limite qui, naturellement, détermine l'étendue d'un territoire ou qui, par convention, sépare deux États :
1. Le patriotisme, au sens que confèrent à ce mot les peuples qui ont toujours été menacés sur leurs frontières, est un sentiment que l'Angleterre ne connaît pas et que l'orgueil national remplace mal. Tharaud, Dingley,1906, p. 62.
Rem. L'examen des syntagmes les plus fréquents fait apparaître un souci de précision a) géogr. : frontière du Nord, du Sud, septentrionale; b) hist. : frontière antérieure, postérieure; c) mais surtout d'ordre milit. et pol. : reconduire à la frontière; violer, défendre, franchir une frontière; tracé, défense de la frontière, incident de frontière; l'autre côté de la frontière; au-delà, par-dessus la frontière.
En appos. avec valeur d'adj. Zone, poste, ville frontière. La faiblesse de nos effectifs en face de la couverture allemande et la trop grande largeur de nos secteurs de nos 3 corps d'armée frontière (Joffre, Mém.,t. 1, 1931, p. 175):
2. ... Bonaparte, cédant à l'inspiration du génie, inspiration qui lui fut néanmoins funeste, se retire afin de se porter sur le derrière des troupes confédérées, les séparer de leurs magasins et grossir son armée des garnisons des places frontières. Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 487.
P. ext.
Frontière d'une région géographique, linguistique. Dans cet automne je suivais, instruit par le savant M. Pfister, la frontière linguistique (Barrès, Serv. All.,1905, p. 6):
3. Bond Street est la frontière de Mayfair. On y trouve les mêmes bijoutiers, les mêmes bottiers et les mêmes antiquaires que rue de la Paix, mais aussi quelques boutiques essentiellement londoniennes... Morand, Londres,1933, p. 179.
Toute espèce de barrage, défense, obstacle que l'on peut ou doit franchir :
4. De la chambre, je retrouvais toutes les frontières de ma jeunesse, la route que je ne pus franchir qu'à huit ans, le ruisseau qu'on me défendit de passer jusqu'à douze, la lisière de la forêt où je ne pus me perdre qu'à partir de quinze ans, et l'on devinait plus loin, comme les cercles d'un tronc d'arbre, toutes les autres frontières rondes, qui chaque année s'ajoutent... Giraudoux, Simon,1926, p. 210.
B.− Au fig. Limite, point de séparation entre deux choses différentes ou opposées. Aujourd'hui, et pour tout le temps qui va venir, ma liberté n'a plus de frontières (Camus, Caligula,1944, I, 9, p. 24).Les plus infortunés établissent leur bilan aux environs de zéro : ce sont les déments des asiles. Asthéniques et déprimés (...) forment une classe nombreuse aux frontières incertaines (Mounier, Traité caract.,1946, p. 274):
5. Chez les romantiques les plus spontanés, un Tieck ou un Brentano, la frontière entre le « dehors » et le « dedans » s'efface si bien que l'on ne sait plus si leurs personnages se cherchent eux-mêmes à travers les spectacles et les aventures, ou si, à travers leurs états d'âme, au hasard des jeux de la pensée et du langage, ils sont en quête de quelque trésor entrevu. Béguin, Âme romant.,1939, p. 397.
Génie sans frontières : Victor Hugo (...) c'est un génie sans frontières (Baudel., Art romant.,1867, p. 523).
Loc. prépos. À la frontière de, aux frontières de : à la limite de. Ces propos que je prête à un cadet imaginaire nous aident à délimiter la place de Henry James aux frontières de deux époques (Mauriac, Mém. intér.,1959, p. 239).
Prononc. et Orth. : [fʀ ɔ ̃tjε:ʀ]. Enq. : /fʀõtjeʀ/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1213 « front d'une armée » (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre, 120, 19); 2. 1292, oct. « place fortifiée faisant face à l'ennemi » (Arch. B. du Rhône, 56 H 4055 Statuts S. Jean Jérusalem); 3. fin xives. « limite bordant un territoire » (E. Deschamps, III, 81, 6 ds T.-L.); id. (B. Latin, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 626, interpolation ms D2). Dér. de front*; suff. -ière*; 3 paraît être plutôt issu de pays de frontiere « partie d'un pays limitrophe d'un autre » (1405 ds Gdf. Compl.) que né de la substantivation de [place, ville] frontière, fém. du m. fr. frontier « limitrophe » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, I, IX, t. 1, p. 68 : plusieurs autres pays frontiers) qui serait lui-même issu de pays de frontiere. Fréq. abs. littér. : 2 091. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 352, b) 1 778; xxes. : a) 2 000, b) 4 730. Bbg. Persson (B.). Ét. sur la concurrence entre les groupes du type les côtes de France-les côtes de la France... Uppsala, 1974, 292 p.