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FORMALISME, subst. masc.
A.− Dans les domaines admin., jur., milit. et relig.Respect des formes, de la règle, dans les idées et dans les actes; caractère de l'idée ou de l'acte ainsi considéré ou accompli. Le formalisme parlementaire si lent, parce qu'il est timoré, inintelligent et paresseux (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. lxxv).Il [Jésus] a dégagé de l'ancienne Bible le meilleur de ses consignes, faisant prévaloir la pureté du cœur sur le formalisme et les observances matérielles (Philos., Relig.,1957, p. 48-15):
1. La légalité pour ceux qui se souciaient des devoirs se confondait avec la morale. Pour ceux qui se souciaient des droits, elle se confondait avec le formalisme. On avait pu pousser l'amour de la légalité jusqu'au mépris de la morale et la morale jusqu'au mépris de la légalité, grâce au formalisme. Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 124.
P. ext. Attachement excessif aux règles, aux rites, aux coutumes. Formalisme intransigeant, rigide; formalisme de la bourgeoisie, du grand monde. Une vie droite, le renoncement aux joies permises, le formalisme d'un pharisien (Estaunié, Empreinte,1896, p. 249).L'air rusé, familier et sordide dont elle [Madame Boudet] parlait à la mère Rambaud s'accordait mal à ce formalisme pincé qu'elle n'employait que pour eux (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 333):
2. L'ennui de certaines prédications du dimanche; le vide de ces prières, préparées à l'avance, dites avec l'onction convenue et les gestes qu'il faut; et l'indifférence de ces gens endimanchés, qui venaient écouter, − comme j'ai senti de bonne heure, − et avec un chagrin profond, une déception cruelle − l'écœurant formalisme de tout cela! Loti, Rom. enf.,1890, p. 123.
B.− Toute tendance à considérer en priorité le point de vue de la forme :
3. ... la réaction que les premières années du xxesiècle ont opposée au rationalisme et au formalisme des années antérieures; appel à l'intuition inconsistante, à la fantaisie folle de l'imagination spontanée, à la liberté intégrale de l'esprit... Mounier, Traité caract.,1946, p. 334.
1. B.-A., LITT. Conception de l'art, de la littérature, qui conduit à privilégier la forme au détriment de l'élément matériel. V. formel B 2.Formalisme esthétique. Les sentimentalistes présentent (...) deux sortes d'objections au formalisme musical (C. Lalo, Esth. mus. sc.,1908, p. 10).Tout se tient, qu'on le veuille ou non; tous les intellectualismes, tous les pharisaïsmes sont frères. Mais, pour ne parler ici que de poésie, ne retrouvez-vous pas chez nos symbolistes une heureuse tendance à fuir les formalismes desséchants du second état − le picturisme parnassien; la rhétorique classiciste dont les romantiques n'avaient pas su se défaire − et à renouer le contact avec la poésie des simples? (Brémond, Poés. pure,1926, p. 144):
4. C'est le manque d'art, disent-ils [ceux qui montrent une certaine réticence lorsque les critiques portent aux nues un ouvrage dénué de toute valeur littéraire], de façon aussi vague que prétentieuse, qui les gêne. Ou peut-être la faiblesse du style. On les rabroue aussitôt; ils s'attirent la désapprobation générale, ils suscitent autour d'eux la méfiance et l'hostilité. Ils se font traiter de partisans de l'art pour l'art. Accuser de formalisme. Sarraute, Ère soupçon,1956, p. 131.
[P. oppos. à naturalisme, réalisme] Aucun art ne peut refuser absolument le réel (...) le formalisme peut parvenir à se vider de plus en plus de contenu réel, mais une limite l'attend toujours (...). Le vrai formalisme est silence. De même le réalisme ne peut se passer d'un minimum d'interprétation et d'arbitraire (Camus, Homme rév.,1951, p. 332).
Rem. La docum. enregistre un sens partic. dans l'hist. de la litt.; « école littéraire qui fait de l'œuvre pure le centre de la critique, indépendamment de toute considération d'ordre biographique, philosophique, psychologique ». Formalisme fut le mot qui désigna, en l'acception péjorative où le tenaient ses adversaires, le courant de critique littéraire qui s'affirma en Russie, entre les années 1915 et 1930. La doctrine formaliste est à l'origine de la linguistique structurale, tout au moins du courant représenté par le Cercle linguistique de Prague (T. Todorov, Théorie de la litt., Paris, éd. du Seuil, 1965, p. 15).
2. PHILOSOPHIE
a) HIST. DE LA PHILOS. Formalisme de la morale kantienne. C'est (...) la simple conformité à la loi en général qui constitue le principe d'une volonté bonne, et tel est le formalisme kantien (G. Pascal, Pour connaître la pensée de Kant,Paris, Bordas, 1966, p. 118).
b) LOG. et MATH. Expression formalisée d'un ensemble d'éléments; caractère de l'ensemble ainsi traité :
5. ... E. Schrodinger [a] pu dès 1926 démontrer que le formalisme de la mécanique quantique pouvait être considéré comme une simple transposition algébrique de celui auquel aboutissait la mécanique ondulatoire... Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 142.
[P. oppos. à intuitionnisme] Théorie selon laquelle le raisonnement mathématique a pour objet des symboles considérés en eux-mêmes et se déroule de manière automatique suivant des règles constantes préétablies. La présentation logique des théories déductives a (...) pris, aux environs de 1920, un nouveau tournant, en s'engageant dans la voie de la formalisation (...). Ceux-là mêmes qui ne croient pas à la toute-puissance de la logique et qui défendent les droits de l'intuition, ont dû, eux-aussi, céder au mouvement pour pouvoir se justifier aux yeux de leurs adversaires, et l'on a vu ainsi (...) énoncer les « règles formelles de la logique intuitionniste » et se constituer un « formalisme intuitionniste » (R. Blanché, L'Axiomatique,Paris, P.U.F., 1959, p. 52).
Prononc. et Orth. : [fɔ ʀmalism̥]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1823 philos. le formalisme de Kant (Maine de Biran, Journal, p. 397); 2. 1831 « respect scrupuleux des règles » (Michelet, Introd. Hist. univ., p. 432 : Elle se serra dans les entraves d'un effrayant formalisme). Dér. sav. au moyen du suff. -isme*, du lat. formalis v. formel. Fréq. abs. littér. : 121.