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FONDEMENT, subst. masc.
I.
A. − Le plus souvent au plur.
1. Maçonnerie jusqu'à ras de terre servant de base à une construction. Asseoir, bâtir, poser, jeter les fondements d'un édifice. On pratiquait ce souterrain à trente pieds de profondeur à peu près. Le point important était de le diriger dans le sens convenable; à chaque instant, des puits et des fondements d'anciens édifices obligeaient les ouvriers à se détourner (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 230):
1. Nous sommes revenus au château. − C'est encore un bâtiment de l'époque de Henri IV, refait vers Louis XV, et construit probablement sur des ruines antérieures, − car on a conservé une tour crénelée qui jure avec le reste, et les fondements massifs sont entourés d'eau, avec des poternes et des restes de ponts-levis. Nerval, Filles feu,Angélique, 1854, p. 576.
Au fig. Jeter (poser, établir) les fondements de qqc. Donner à quelque chose son existence; être à l'origine de, être le premier à organiser. Poser les fondements d'une société nouvelle. Jeter, poser, établir les fondements d'un empire, d'un royaume; jeter les fondements d'une religion, d'une doctrine (Ac.). La paix de Tilsit laissa au csar le loisir de jeter les fondements des institutions militaires de son empire (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 150):
2. − (...) je regrette que Maria-Thérésa n'ait pas été une île vaste et fertile, avec une rivière au lieu d'un ruisseau et un port au lieu d'une anse battue par les flots du large. − Et pourquoi, capitaine? demanda Glenarvan. − Parce que j'y aurais jeté les fondements de la colonie dont je veux doter l'Écosse dans le Pacifique. Verne, Enf. cap. Grant.t. 3, 1868, p. 238.
2. Tranchée, fossé que l'on fait pour commencer à bâtir (d'apr. Ac.). Fouiller les fondements d'un édifice :
3. Il y a longtemps, bien longtemps, ceux d'Aix-la-Chapelle voulurent bâtir une église. Ils se cotisèrent, et l'on commença. On creusa les fondements, on éleva les murailles, on ébaucha la charpente... Hugo, Rhin,1842, p. 67.
B.− Au fig.
1.
a) Ce qui sert de base, d'appui à quelque chose. Saper, secouer, renverser, ruiner les fondements de l'État. La résignation du pauvre, qui est le fondement de l'ordre (France, Île ping.,1908, p. 6).Dans ces crises graves où vacillent ainsi les fondements mêmes de la société (Brasillach, Corneille,1938, p. 431):
4. Ce songe n'est pas un ornement placé là par la fantaisie du poëte. Il est au contraire le fondement sur lequel repose le poëme tout entier... Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 180.
Fondement + adj.Ces idées de révolutions périodiques, comme nous avons déjà essayé de le montrer, avaient un fondement astronomique (P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 685):
5. Quand nous disons que l'expérience-limite a un fondement spatial, nous voulons dire seulement qu'à toute position d'un donné comme existant par une conscience quelconque doit pouvoir correspondre pour une autre conscience la détermination de relations spatiales ou physiques entre le corps organisé auquel est liée la première conscience et le monde extérieur. G. Marcel, Journal,1914, p. 27.
[Dans le cadre d'une métaph.] Ayant solidement bâti les fondements de sa réputation, Madame Chappe songea à doubler au moins le nombre de ses élèves (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 145).Pour consolider la France, il [Drieu La Rochelle] rêve de l'insérer dans une Europe unie. L'Allemagne sera le fondement de cette construction (Chardonne, Ciel,1959, p. 95).
b) En partic. ,,Principe ou ensemble de principes que suppose un édifice conceptuel, parce qu'il repose sur lui`` (Foulq.-St-Jean 1962). Le fondement des mathématiques, de la morale, du droit. Réfléchi de nouveau aux fondements de la psychométrie et à l'interprétation matérialiste qu'on en peut donner (Marcel, Journal,1919, p. 188).Dans cette conception de la nature assimilée à un discours symbolique, le romantisme cherchera les fondements de son esthétique (Béguin, Âme romant.,1939, p. 55):
6. Ce n'est pas seulement pour donner un fondement à la métaphysique que nous avons besoin de Dieu; c'est pour donner une espérance et une consolation à la vie. J. Simon, Relig. nat.,1856, p. 129.
2. Ce qui légitime ou justifie quelque chose. Les dangers qu'elle prévoyait vaguement n'avaient aucun fondement réel (Mérimée, A. Guillot,1847, p. 142):
7. Le fondement de tout anthropomorphisme légitime, c'est que l'homme est le seul être en qui la nature prenne conscience d'elle-même, et c'est aussi dans ce principe que la notion médiévale de la causalité trouve son ultime justification. Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 91.
Raison, motif légitime. Accusation dénuée de tout fondement; bruits sans fondement :
8. ... j'ai déjà demandé qu'on élucidât la question de la tentative de corruption alléguée contre M. Mathieu Dreyfus à l'égard du colonel Sandherr. S'il y a quelque fondement dans l'accusation, il faut poursuivre. Clemenceau, Iniquité,1899, p. 68.
Loc. adv. Avec fondement. Légitimement. Il se plaint avec fondement (Ac.).
II.− Synon. de anus, derrière.Avoir mal au fondement. C'est elle qui m'a chassé, ou plutôt son frère le marsouin, à coup de bottes dans le fondement (Arnoux, Écoute,1923, p. 134).Le brillant soustrait aux mines du Grand Mogol, fut amené en Europe dans le fondement de son inventeur (La Varende, Saint-Simon,1955, p. 477):
9. Édouard II, renfermé au château de Barclai, fut assassiné au moyen d'un fer rouge qu'on lui enfonça dans le fondement à travers un tuyau de corne. Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t. 3, 1831, p. 361.
Prononc. et Orth. : [fɔ ̃dmɑ ̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1119 fundement « anus » (Ph. de Thaon, Comput, 1740 ds T.-L.); 2. a) ca 1120 archit. (Psautier d'Oxford, 86, 1 ds T.-L.); b) ca 1174-76 p. ext. « base, ce sur quoi repose quelque chose » (G. de Pont-Sainte-Maxence, Vie de Saint-Thomas, éd. E. Walberg, Paris, 1936, 3575). Du lat. class. fundamentum « fondement, fondation, base, support »; lat. médiév. « anus » (1266 ds Latham, mais prob. antérieur). Fréq. abs. littér. : 1 305. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 209, b) 1 540; xxes. : a) 742, b) 1 540. Bbg. Henry (A.). Un Passage difficile de Rutebeuf. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, p. 382, 384. − Tilander (G.). Notes lexicogr. et étymol. Romania. 1937, t. 63, pp. 297-299.