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* Dans l'article "FONCTIONNAIRE,, subst."
FONCTIONNAIRE, subst.
A.− DR. ADMIN. Agent de l'État ou d'une autre personne morale de droit public, nommé dans un emploi permanent et titularisé dans un grade de la hiérarchie des cadres d'une administration (d'apr. Réau-Rond. 1951); p. ext. agent non titulaire (contractuel, auxiliaire) d'une administration. Synon. péj. budgétivore, rond-de-cuir.La maison de Molière. Fille de Bohême partout ailleurs, là seulement l'actrice devient une fonctionnaire, une personne imposée au respect de ce peuple par le sceau administratif (Vogüé, Morts,1899, p. 171).À quoi bon, fonctionnaire intègre, avoir ainsi tant d'années rusé avec soi-même, pour souffrir comme un enfant à cause d'une femme (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 462):
1. À son insu, il avait fait irruption chez un de ces fonctionnaires qualifiés de « modestes » mais qui sont, en réalité, fous d'orgueil, qui « sauvent la face » et n'autorisent aucun étranger à entrer dans les coulisses de leur vie besogneuse. Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 82.
P. métaph. Les cloches ne sonnent jamais aux vraies joies et aux vraies douleurs. Ce sont d'honnêtes fonctionnaires qui ne connaissent que les sentiments officiels (France, Lys rouge,1894, p. 249).
[Type caricatural dans la litt. du xixeet du xxes.] Au physique, c'était [Érik Satie] un fonctionnaire à barbiche, à binocle, à parapluie, à chapeau melon (Cocteau, Diff. d'être,1947, p. 19).Un petit homme insignifiant d'apparence, quelque chose comme un fonctionnaire (Green, Chaque homme,1960, p. 403):
2. Jean prononça le mot fonctionnaire sur un ton qui était particulier aux Barnery et aux Pommerel, réflexe de caste devant une catégorie d'êtres qu'ils jugeaient d'une autre race... Chardonne, Dest. sent. II,1934, p. 107.
SYNT. Bas, haut, humble, petit fonctionnaire; fonctionnaire subalterne, supérieur; fonctionnaire civil, militaire, public; fonctionnaire de l'état-civil, de l'impôt, du gouvernement, de la police, du régime; cadre, carrière, corps, statut, syndicat de fonctionnaire (s); rythme, vie de fonctionnaire.
B.− P. ext.
1. Individu investi d'une fonction. Nul travail à faire n'est supérieur à l'ouvrier. En un mot, si la fonction appelle le fonctionnaire, c'est que dans la réalité le fonctionnaire existe avant la fonction (Proudhon, Propriété,1840, p. 226):
3. ... tout droit est public, en ce sens qu'il est une fonction sociale et que tous les individus sont, quoique à des titres divers, des fonctionnaires de la société. Les fonctions maritales, paternelles, etc., ne sont ni délimitées, ni organisées d'une autre manière que les fonctions ministérielles et législatives... Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 33.
2. Individu qui dans un corps, une société, assume officiellement une fonction déterminée. Le clergé n'avait alors d'autre but essentiel que de garantir de toute usurpation temporelle le libre choix normal de ses propres fonctionnaires (Comte, Philos. posit.,t. 2, 1839-42, p. 265).La fameuse compagnie des vingt-quatre violons du roi formait en réalité un corps de fonctionnaires musicaux (La Laurencie, Éc. fr. violon,1924, p. 209).
IMPR. Ouvrier typographe qui s'occupe de travaux accessoires à la composition proprement dite (d'apr. Comte-Pern. 1963). Fam. ,,Linotypiste`` (Chautard 1937).
3. Au fig.
a) Individu qui est responsable des formalités de quelque chose. Toujours pareil à lui-même pourtant, lui aussi, tâtillon et scrupuleux, excellent fonctionnaire de la mort (Vialar, Morts viv.,1947, p. 413).
b) Péj. Individu qui a la prétention d'administrer et de régir des activités libres. Fonctionnaires littéraires qui se sont fait un monopole de penser et d'écrire (Martin du G., J. Barois,1913, p. 321).
Prononc. : [fɔ ̃ksjɔnε:ʀ]. Étymol. et Hist. 1770 (Turgot, éd. Schelle, III, p. 252 ds Brunot t. 6, p. 445). Dér. de fonction*; suff. -aire*. Fréq. abs. littér. : 1 155. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 832, b) 1 675; xxes. : a) 1 957, b) 2 127.
DÉR. 1.
Fonctionnariat, subst. masc.État, profession de fonctionnaire. Le type du bourgeois français, de famille honorable, que ses parents ont poussé jeune aux grandes écoles et au fonctionnariat, par cette crainte du risque, la caractéristique de notre classe moyenne (Bourget, Actes suivent,1926, p. 72).L'officier se plaît à être officier; le fonctionnaire s'applique à son fonctionnariat (Jeux et sp.,1967, p. 1177). [fɔ ̃ksjɔnaʀja]. Aucune transcr. ds les dict. 1reattest. 1914 (Maurras, Kiel et Tanger, p. 84); dér. sav. de fonctionnaire, suff. -at*. Fréq. abs. littér. : 2.
2.
Fonctionnariser, verbe trans.Donner le statut de fonctionnaire au personnel d'un organisme; introduire dans un organisme des méthodes de travail des administrations publiques. Les nominations n'étaient prononcées qu'à titre temporaire, pour des durées de deux à cinq ans, renouvelables. Ce régime avait été adopté pour éviter de « fonctionnariser » la recherche (Encyclop. éduc.,1960, p. 252).Au part. passé en emploi adj. Une seule voix discordante, celle de Pouquet (Aix), aux yeux de qui les « géographes appliqués », entièrement fonctionnarisés, doivent être nommés par la voie administrative (Colloque géogr. appl.,1962, p. 149).Rem. On relève ds la docum.
fonctionnarisation. subst. fém.Action de fonctionnariser, mesure consistant à fonctionnariser une profession. Je suis pour la fonctionnarisation complète du savant (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 104).Le projet en discussion est susceptible de mettre en cause le libre choix du médecin par le malade : il est une étape sur la voie de la « fonctionnarisation » de la médecine (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 241).
[fɔ ̃ksjɔnaʀize], (il) fonctionnarise : [fɔ ̃ksjɔnaʀi:z]. 1resattest. 1941 adj. (M. Déat ds L'Œuvre, 16 mai : sottise fonctionnarisée), 1944 (Morand, Excurs. immob., p. 24); dér. sav. de fonctionnaire, suff. -iser*.
3.
Fonctionnarisme, subst. masc.a) État, profession de fonctionnaire. Synon. fonctionnariat.L'armée se fait (...) conservatrice par le recrutement d'une jeunesse écartée du fonctionnarisme et de la magistrature (Goncourt, Journal,1887, p. 629).Les Anglais ont en effet, par-dessus tout, le respect de la hiérarchie, du fonctionnarisme (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 232).L'épiscopat se voyait presque assimilé au fonctionnarisme et sujet à mille contraintes mesquines (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Voy. Fr. 1896, p. 68).b) Péj. Abus à la fois dans le nombre des fonctionnaires de l'État, et dans leurs méthodes paralysantes d'administration et de gestion. Un fonctionnarisme sans cesse accru, immense, avide, malfaisant, en qui la République croit s'assurer une clientèle et qu'elle nourrit pour sa ruine (France, Orme,1897, p. 151). [fɔ ̃ksjɔnaʀism]. 1resattest. av. 1850 (Fr. Bastiat ds Lar. 19e); 1867 (Goncourt, Man. Salomon, p. 140); dér. sav. de fonctionnaire, suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 4.
BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 34 (s.v. fonctionnarisation). Greimas (A.-J.). Nouv. dat. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 303. − Quem. DDL t. 13 (s.v. fonctionnarisation). 15. − Schmidt (H.). Fr. vivant. Praxis. 1969, t. 16, p. 97 (s.v. fonctionnarisation).