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FLOTTER1, verbe intrans.
A.− [En parlant d'un solide, d'un être vivant ou mort] Être porté par un liquide, s'y maintenir en surface ou en suspension sans s'y enfoncer.
1. [Sur l'eau courante ou non] Port où flottent les barques; épave qui flotte au gré des courants; ligne dont le bouchon flotte. On voyait flotter les débris du naufrage (Ac.1798-1932).Faire flotter des bois [pour les transporter] (cf. Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 220).Ce qui est mou, léger, rond, n'enfonce pas, et les nids d'alcyon flottent gracieusement sur la mer qui ne s'en soucie (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1836, p. 14).Lorsqu'un cadavre flotte à peu de distance d'un rivage plat, il est bien rare que le flot ne l'y rejette pas tôt ou tard (Verne, Île myst.,1874, p. 63):
1. ... je n'ai eu que le temps de sauter à l'eau − il n'y avait que moi qui savais nager! − avec la marmite et ces autres objets utiles. Mon pauvre sergent a flotté un petit peu, pas longtemps, de quoi me dire adieu avec la main. Claudel, Soulier,1929, 2ejournée, 10, p. 747.
Arg., vx. Faire flotter qqn. Le noyer (cf. Sue, Myst. Paris, Paris, Gosselin, t. 3, 1842, p. 26).
SYNT. Flotter comme une algue, comme un bouchon, à la dérive, au gré des flots, entre deux eaux.
2. [Sur un autre liquide] Particules de graisse flottant sur du bouillon. Sauce gluante où flottent les aliments solides (Martin du G., Devenir,1909, p. 25).P. anal. :
2. Les yeux bleus d'Eugénie, les yeux bruns d'Angélique avaient une expression de naïve insouciance (...) bien rendue par la manière vague dont flottaient leurs prunelles sur le blanc fluide de l'œil ... Balzac, Fille Ève,1839, p. 80.
B.− P. anal.
1. [Le suj. désigne un corps léger, nuage, vapeur en suspension dans l'air] Être porté çà et là, aller au gré des vents dans un mouvement ondoyant. Un nuage, une odeur, une ombre flotte; flotter dans l'air, dans le ciel, au gré des vents. Une brume légère et plus ou moins dorée flotte à l'extrémité des flots, et sépare le ciel et l'eau (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 283).Cet air frais et vif qui flotte sur les fontaines (M. de Guérin, Corresp.,1834, p. 141).Le moucheron qui danse et flotte en l'air (Michelet, Oiseau,1856, p. 151).V. aussi asphodèle ex. 2.
P. métaph. et au fig. [Le suj. désigne une pers.] Éprouver un sentiment de légèreté comme si on flottait dans l'air; avoir une présence diffuse. Flotter entre deux vins (cf. Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 293).Il n'est rien de Juliette à Vérone et de Myrrha dans Chypre, mais Ophélie flotte sur Elseneur (Barrès, Cahiers,t. 2, 1901-02, p. 269).V. aussi Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 155.
2. [Le suj. désigne un objet de matière souple fixé à une de ses extrémités] Se déployer avec un mouvement d'ondulation, généralement par le fait du vent; retomber librement, avec souplesse ou en ondulant au gré des mouvements. Un drapeau, une lessive flotte au vent; faire flotter son écharpe. Par-dessus ses cheveux noirs tombe et flotte (...) un voile de dentelles moins noires que ses cheveux (Lamart., Confid.,1849, p. 29).Sa barbe, longue et blanche, flotte jusque sur son ventre (Du Camp, Nil,1854, p. 57).Une dentelle épaisse de toiles d'araignées qui pendaient et flottaient, remuées par l'air (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Père Amable, 1886, p. 226).V. abreuvoir ex. 5, bain ex. 6 :
3. La plupart [des dactylos, des cousettes] portaient les cheveux longs flottant sur les épaules, comme le voulait la mode, mais faute d'aller assez souvent chez le coiffeur, paraissaient coiffées à la hâte, sans soin. Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 198.
MAR. Un pavillon flotte quand il est hissé et déployé (Soé-Dup.1906).
[Avec l'idée de relâchement] Laisser flotter les rênes de son coursier (Ac.1932).
[Le suj. désigne des vêtements amples] Les pans de sa chemise flottaient sur ses cuisses, qui étaient grasses, blanches et duvetées de blond (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 470).
P. méton. [Le suj. désigne la pers. qui les porte] Porter des vêtements trop larges. Flotter dans son costume, sa robe :
4. Il a vu à peine le flot des draps et des linges soulevés, tirés au pied du lit, d'un seul coup, et elle est déjà devant lui, à sa hauteur, effroyable. Son corps maigre flotte dans la chemise et à travers la batiste apparaît sur sa poitrine et jusqu'à ses flancs la répugnante morsure des ventouses. Bernanos, MmeDargent,1922, p. 13.
3. [Le suj. désigne une ligne, les contours d'un objet] Subir un léger mouvement d'ondulation qui déforme l'image. Les cimes flottaient encore dans la lumière rosée; elles ondulaient gravement, avec un bruit de houle (Rolland, J.-Chr.,Matin, 1904, p. 153).
ART MILIT. [Le suj. désigne la ligne de bataille, la colonne en marche] La ligne de bataille flotte et serpente comme un fil, (...) les fronts des armées ondoient (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 382).
C.− P. ext. et au fig. Ne pas être fixe, permanent dans un état, changer tour à tour d'idée ou d'opinion; hésiter entre plusieurs partis.
1. [Le suj. désigne les expressions du visage] Avoir une manifestation fugitive. Un sourire flotte aux lèvres, sur les lèvres. Sur ses traits reposés, flottait toujours la même expression de recueillement et de mystère, comme si elle voulait garder pour elle le grand secret de la tombe (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 281):
5. Alexis ne bougeait pas; son regard, après avoir flotté sans but, s'était arrêté, comme attaché de force, sur une pente du pré où reposaient deux traînées de neige en forme de fuseau ... Lacretelle, Hts ponts,t. 3, 1935, p. 160.
2. Flotter entre l'état de sommeil et l'état de veille, entre l'espérance et la crainte, au gré des opinions humaines :
6. Je flotte entre plusieurs idées, dont aucune ne prédomine et n'absorbe mon attention. Je ne me sens plus de penchant déterminé, ni de disposition marquée pour quelque sujet d'étude fixe. Ma volonté est errante et incertaine. Maine de Biran, Journal,1816, p. 210.
3. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Un esprit qui flotte au hasard; mes idées flottaient dans une incertitude pénible (Ac.1835-1932).La morale flotte incertaine entre mille systèmes (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 9).La science humaine marche donc sans guide, sans système et flotte au hasard, sans s'être tracé de route (Balzac, L. Lambert,1832, p. 128).
[Avec l'idée de liberté, de fantaisie] Laisser flotter son imagination, son attention, ses pensées (Pt Rob.).
FIN. [Le suj. désigne une monnaie] Varier librement sur le marché des changes sans référence à des parités fixes. Après la déclaration d'inconvertibilité du dollar (août 1971) plusieurs gouvernements décidèrent de laisser provisoirement flotter leurs monnaies (Fin.1976, s.v. flottement des monnaies).
REM.
Flotiller, verbe fréquentatif de flotter.Une vapeur insaisissable et rose dans laquelle flotille l'âme toute oppressée et toute confuse (Flaub., Smarh,1839, p. 96).
Prononc. et Orth. : [flɔte], (il) flotte [flɔt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 floter « être porté sur un liquide » (Roland, éd. J. Bédier, 2472); 2. ca 1200 « bouger, remuer au gré du vent » (Bueve de Hanstone, éd. A. Stimming, I, 3908). D'un rad. frq. *flot-, cf. le m. néerl. vloten « couler à flots, naviguer » (Verdam). Bbg. Brüch (J.). Arch. St. n. Spr. 1915, t. 133, p. 354. − Robinson (A.H.). Les Désignations de la « marche dans l'espace » dans trois quotidiens parisiens. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 157.