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FLATTER, verbe trans.
I.
A.− Caresser d'un mouvement léger de la main (une partie du corps d'une personne (emploi vieilli), d'un animal, d'une chose). Souvarine flattait maintenant les oreilles de Pologne [une grosse lapine], dont le nez se frisait de plaisir (Zola, Germinal,1885, p. 1256).Il ouvrit la porte, sauta sur la route et se planta devant sa voiture (...). Il flattait de la main le capot brûlant (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 16):
1. Ce faux sourire qu'il a eu, en se penchant vers l'enfant de l'autre! La petite tendait sa joue : elle avait des yeux tristes, cette enfant, je n'oublierai jamais ça. Enfin, il l'a embrassée. Et, comme elle ne s'en allait pas, il lui flattait le menton, bêtement, comme ça, avec un doigt, vous comprenez? Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 930.
Rare, emploi pronom. réciproque. Les chevaux, alignés de front, se flattaient des naseaux (Hamp, Marée,1908, p. 38).
P. métaph. Coralie faisait la joie de la salle où tous les yeux serraient sa taille bien prise dans sa basquine, et flattaient sa croupe andalouse qui imprimait des torsions lascives à la jupe (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 334).
[Le suj. désigne ce qui flatte]
1. Affecter agréablement (un (organe des) sens). Flatter le palais. Au premier coup de la cuiller, la panse laissa échapper un jus lié qui flattait à la fois la vue et l'odorat (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 314).Un parfum délié qui semble, plutôt qu'émaner, survivre, flatte la narine en récréant l'esprit (Claudel, Connaiss. Est,1907, p. 97):
2. Les formes imprévues de l'art japonais flattent ses yeux, qu'une éducation trop complexe a rendus pareils, dans un ordre différent, à un palais de gourmand dégoûté. Le bibelot, − de proche en proche, ce goût singulier gagne même ceux que l'œuvre d'art laisse indifférents et qui ne possèdent pas la fortune nécessaire à une acquisition de quelque valeur. Bourget, Essais psychol.,1883, p. 149.
2. Charmer, exciter, encourager (un penchant intellectuel ou affectif). Malheureusement l'habitude s'est contractée de prendre le principe de causalité dans les deux sens à la fois, parce que l'un flatte davantage notre imagination, et que l'autre favorise le raisonnement mathématique (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 166).Il pensait avoir excité sa jalousie en se montrant trop empressé à l'égard de Sarah; se complaisait dans cette idée qui flattait sa fatuité naturelle (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1192):
3. On avait d'abord proposé la présidence à Berthelot qui non seulement était un grand savant, mais qui était aussi ancien ministre, ce qui toujours flatte chez les Français je ne sais quel goût pervers du décorum politique. Malheureusement, Berthelot est mort. Duhamel, Maîtres,1937, p. 131.
Entretenir (une illusion). Mais prenez garde de ne pas trop flatter un espoir qui ne semble, de longtemps du moins, pouvoir se réaliser (J.-J. Ampère, Corresp.,1826, p. 395).
Emploi abs. Avant de vous connaître, je n'étais pas malheureux. J'aimais la vie. J'y étais retenu par des curiosités, des rêves. Je goûtais les formes et l'esprit des formes, les apparences qui caressent et qui flattent (France, Lys rouge,1894, p. 195).
B.−
1. [Le compl. désigne une pers.] Louer excessivement et/ou faussement (une personne) pour s'attirer ses faveurs. (Quasi-)synon. courtiser, encenser, enjôler, flagorner.Les plus malins flattaient Gilbert, sachant qu'il n'était pas « regardant » et faisait volontiers goûter ses conserves aux camarades gavés de macaroni (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 261).Braunens prit son maître à part, lui parla longuement à l'oreille, le flatta, le circonvint (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 74):
4. Médiocres qui, me sachant riche et connu dans le monde industriel, me supposaient ignorant et stupide, se regardaient quand je parlais, et relevaient en aparté ce qu'ils prenaient pour mes erreurs et mes bévues. Gros malins qui me conseillaient de fonder des théâtres, des revues, et d'acheter les tableaux et les livres de leurs amis, et qui me flattaient si sottement ou tellement à faux que j'en avais honte pour eux. Larbaud, Barnabooth,1913, p. 351.
Emploi pronom. réfl. − Mon cher Gacougnol, répliqua Marchenoir, ne me flattez pas, s'il vous plaît, et ne vous flattez pas vous-même. C'est surtout pour mademoiselle que je vais parler (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 74).
2. [Le compl. désigne un attribut moral de la pers.] Encourager, favoriser, traiter avec une complaisance excessive (les goûts, les inclinations, les manies d'une personne) pour se l'attacher et lui plaire. Les jeunes gens et les courtisans présentaient le succès comme facile, et flattaient la légèreté naturelle du prince (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1821-24, p. 408).J'aurais pu aussi écrire un drame d'idées et flatter le goût du public actuel qui aime à se donner l'illusion de penser (Apoll., Tirésias,1918, p. 866):
5. ... Charles remplissait comme il pouvait son existence de retraité : il avait la manie des horloges et des petites mécaniques de précision, avec un atelier pour se livrer à sa passion du bricolage en compagnie d'un Crémonais, El Juanelo, aussi habile à manier la lime qu'à flatter la marotte de son maître. T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 242.
Littér., vieilli. Flatter qqn de qqc.Le bercer d'illusions. Il y a longtemps qu'on le flatte de cette espérance (Ac.).Flatter quelqu'un de vaines promesses (Logos).
C.− Satisfaire une personne dans son amour-propre, sa fierté. (Quasi-)synon. honorer.« ... que rien ne peut effacer de mon cœur des engagements que j'ai pris envers vous et que j'ai préféré le bonheur de vous appartenir sans espérance aux avantages les plus doux et les plus séduisants qui puissent flatter un homme de ma condition! » (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 113).Dites à votre père qu'il compte sur moi contre Rebendart. Car Rebendart s'entêtera dans son idée de lutte. Le pouvoir le flatte moins que le commandement et sa publicité (Giraudoux, Bella,1926, p. 48):
6. C'était par devoir, pourrait-on dire, si ce mot n'était pas trop vif, qu'Anne avait trompé Mahaut. Pour lui, cela faisait partie de son métier élégant. Il n'en avait obtenu d'autres plaisirs que de vanité. Une Viennoise d'une beauté célèbre se trouvait dans le château des cousins d'Anne d'Orgel. Anne fut loin de lui déplaire. Elle le lui marqua. Cet hommage le flatta. Radiguet, Bal,1923, p. 144.
Fréq. au passif. Au fond, l'Allemagne est flattée que son héros ne soit pas dû aux épanchements peu sacrés d'un couple bourgeois (Giraudoux, Siegfried,1928, I, 2, p. 20).Elle n'admettait pas qu'on lui pût mentir. Pourtant elle fut flattée d'avoir pour amant un homme qui écrivait dans des journaux (Arland, Ordre,1929, p. 177).
D.− [En parlant de l'apparence d'une pers., d'une représentation picturale, photographique, etc.] Rendre plus attrayant (par des artifices). (Quasi-)synon. avantager, embellir.Le portrait du peintre par lui-même est toujours flatté (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 182).Je puis t'assurer que cette esquisse représente très fidèlement le modèle sans le flatter (France, Vie fleur,1922, p. 460):
7. − Je dois dire que la photographie ne la flatte pas. Son teint est admirable. C'est un ange, un ange que m'envoie Dieu. Nous nous marierons quand je serai pasteur. Il eut un grand sourire et dit d'un ton léger, presque badin : − Je parie que tu es envieux! Green, Moïra,1950, p. 168.
Emploi abs. Oui, l'habit ça flatte toujours; et ce n'est pas moi qui suis élégant, c'est mon costume (Pagnol, Fanny,1932, I, 2etabl., 4, p. 76).
II.− Emploi pronom.
A.− Se flatter de + subst.S'entretenir dans (une illusion). Il n'était pas ingrat et ne se flattait pas du fol espoir de rencontrer jamais un gendre plus exquis (Sandeau, Sacs,1851, p. 18).
B.− Littér. Se flatter que + ind.Aimer à croire que, espérer que. Il se flatte que, deux jours de suite, Madame Lepic ne fera pas attention à lui, et il essaie de s'endormir avec ce rêve (Renard, Poil Carotte,1894, p. 21).
C.− Se vanter, se prévaloir à tort ou à raison (de quelque chose). Voici bien une heure que vous me faites la cour, je suis normande et je m'en flatte, et d'où vient cependant que vous me semblez ridicule et ennuyeux? (Stendhal, Lamiel,1842, p. 155).
Se flatter de + inf.Dani s'est vanté de le connaître, Chloé s'est flattée d'avoir sa confiance, elle a deviné son importance, elle connaît vaguement son titre, ses fonctions (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 217):
8. L'illustre vieillard exerce, depuis un demi-siècle, la magistrature de l'ironie. Son génie, qui se flatte de ne respecter rien, est de tous le plus docile et le plus familier. S'il feint la pudeur ou la colère, raille ou menace, c'est pour mieux plaire à ses maîtres, et, comme une esclave obéissante, tour à tour mordre ou caresser. Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 280.
Se flatter de + subst.Je priai mon oncle de me chercher d'urgence un emploi dans l'enseignement. Mon oncle se flattait justement de quelques accointances au ministère (Frapié, Maternelle,1904, p. 2).
Se flatter que + subj.,littér. La maison se flattait qu'aucun hôtel en Europe ne fût mieux réglé ni mieux organisé pour offrir le plus grand confort aux Anglais (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 203).
D.− Sans me flatter; je ne voudrais pas me flatter, mais... Je ne prétends pas à des mérites ou des qualités que je n'ai pas. Mais toi, vraiment, comment fais-tu pour endurer ses mauvaises manières; car, sans me flatter, je t'ai toujours appris à te tenir, et tu as reçu chez toi les meilleurs conseils (Zola, Nana,1880, p. 1308).Voyez-vous ce cornichon? Bouffi de suffisance! Et avec ça, luxurieux comme pas un! Je ne voudrais pas me flatter, Léonie, mais je crois que cet animal-là est encore plus répugnant que son père (Aymé, Cléramb.,1950, III, 7, p. 167).
Prononc. et Orth. : [flate], (il) flatte [flat]. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694 et 1718 : flater; cf. aussi Fér. Crit. t. 2 1787. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 flater « chercher à tromper (quelqu'un) en déguisant la vérité » (Chrétien de Troyes, Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 652); b) 1669 flatter (qqn) de (qqc.) « laisser faussement espérer quelque chose à quelqu'un » (Racine, Britannicus, III, 6); 2. ca 1200 « louer excessivement pour plaire ou séduire » (Ch. de Couci, Chanson XI, éd. A. Lerond, p. 108, 25); 3. xves. [ms.] « caresser (un animal) avec la main » (Modus et Ratio, 30, 2 ds T.-L.); 4. 1532 « traiter avec douceur et ménagement » (Rabelais, Pantagrueline Prognostication pour l'an 1533, éd. M. A. Screech, p. 10 : flater le dez); 5. a) 1631 flatter « affecter agréablement (les sens) » (Rotrou, L'Hypocondriaque, V, 6, p. 115); b) 1643 « causer une vive satisfaction; faire concevoir de la fierté ou de l'orgueil » (Corneille, Cinna, III, 3, 879); 6. 1667 « faire paraître plus beau que la réalité » (Molière, Le Sicilien, scène 11). Dér. du frq. *flat « plat », v. flétrir2; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2 981. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 223, b) 3 325; xxes. : a) 3 738, b) 3 334. Bbg. Duch. Beauté 1960, pp. 85-86.