Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
FIXE, adj., subst. masc. et interj.
I.− Adjectif
A.−
1. Qui ne se déplace pas, qui demeure immobile. Synon. stable; anton. mobile.
a) [En parlant d'un inanimé] Barre*, cadre, châssis, point*, poulie, roue fixe. Sur la pédale fixe de la bicyclette, sa jambe infirme reposait (Camus, Exil et roy.,1957, p. 1595).
Domicile fixe. Lieu d'habitation permanente. Sans domicile fixe (souvent abrégé s.d.f.) :
1. À dix-sept ans, je regardais avec envie ceux qui n'avaient pas de domicile fixe; et c'est à eux que je souhaite encore de ressembler quand je veux que mon esprit soit une source d'inattendu, qu'il se fasse net de toute idée préconçue concernant ma personnalité. Je poursuis un rêve d'adolescence. Rendre sensible en moi toute la mobilité de l'élément. J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 15.
b) Moins usuel. [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] Population fixe. Mon oncle demeura fixe; puis il dévisagea les oisillons qui contournaient le ruisseau (Fabre, Xavière,1890, p. 87).Je jouis comme personne de cette magnifique liberté [d'une danseuse]. Les autres, maintenant, sont fixes, et comme enchantées (Valéry, Eupalinos,1923, p. 20).
2. P. ext.
a) [En parlant d'un astre] Qui offre des mouvements imperceptibles à l'œil, à première approximation. Astres, étoiles fixes. Anton. errant.
P. métaph. Revu une dernière fois la vierge d'Hemling, − étoile fixe dans mes admirations, toujours à la même place de mon âme! (Barb. d'Aurev., Memor. 3,1856, p. 80).
Emploi subst. fém. plur. Le tableau de ces belles nuits d'hiver ou d'été, sans lune, où, sur un fond d'azur bien sombre, presque noir, les fixes (...) ressortent nettement (Pommier, Athéisme,1857, p. 123).
b) [En parlant de la vue] Qui donne l'apparence de l'immobilité. Regard fixe. Synon. figé.Elle le regardait ardemment, d'un œil fixe et ne semblait plus rien voir autour d'elle (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Passion, 1882, p. 825).
P. ext. Sur ses lèvres un sourire fixe comme celui d'un ivrogne (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 16).
B.−
1. Qui demeure dans un état donné; qui ne change pas, reste stable. Éclat, état fixe. Anton. changeant, variable.Les boutiques sont achalandées par leur clientèle, fixe comme celle d'un faubourg (Bourget, Disciple,1889, p. 12).L'âme est prise pour un être fixe, permanent, que l'on analyse comme un corps de la nature (Renan, Avenir sc.,1890, p. 181):
2. ... un rouge se transformant en un jaune près d'un bleu, par exemple, tout un paysage changeant de ton, et par les reflets, et par la décomposition même de la lumière, selon les nuages qui passent. Il en tirait cette conclusion vraie, que les objets n'ont pas de couleur fixe, qu'ils se colorent suivant les circonstances ambiantes... Zola, Œuvre,1886, p. 270.
2. Spécialement
a) CHIM. [En parlant d'un corps] Qui ne se volatilise qu'à des températures exceptionnelles ou qu'on ne volatilise point, comme l'or. L'alcali fixe était resté sec, excepté vers les bords de la capsule (Voy. La Pérouse,t. 4, 1797, p. 3).Titre sans alliage d'or fixe (Proust, Fugit.,1922, p. 487).V. aboi ex. 7.
Rem. Ne s'emploie guère auj. que dans le syntagme or fixe.
b) MAR. Feu fixe. ,,Phare qui présente un feu brillant toujours de la même intensité et dans la même direction`` (Soé-Dup. 1906). Le soleil semble un phare à feux fixes et blancs (Heredia, Trophées,1893, p. 147).
c) MÉD. Douleur fixe. Douleur incessante et localisée en un endroit précis. Elle sentait une douleur fixe dans l'épaule, vers le haut de l'omoplate gauche (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 231).
d) MÉTÉOR. Beau fixe. Beau temps, sans variation notable de température ou de pression atmosphérique. Une sangsue dans un bocal devait monter en cas de pluie, se tenir au fond par beau fixe, s'agiter aux menaces de la tempête (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 34).
P. métaph. Depuis notre amitié subit des fortunes diverses; telle toute chose humaine, mais le beau fixe a fini par triompher (Verlaine, Œuvres posth.,t. 1, Souv. et fantais., 1896, p. 204).
e) PSYCHOL. et PSYCHANAL. Idée (moins souvent, pensée) fixe.
Idée dominante dont le sujet ne parvient pas à se libérer. Synon. obsession.On eût dit qu'une pensée fixe l'obsédait (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Héritage, 1884, p. 466).Cette demoiselle qui ne rêve que de têtes coupées et dont l'idée fixe est d'avoir pour amant un condamné à mort (Green, Journal,1932, p. 88).
P. ext. Thème, sujet sur lequel on revient sans cesse, par une sorte de manie :
3. Puis la voix s'assourdit : « Mon Dieu, je ne suis pas sûr de votre pardon... Qu'as-tu fait de ton fils? » − « Père », risqua Antoine. − « Je n'ai pas su le protéger... Les influences! Les machinations des Huguenots! » − « Ah, les Huguenots », pensa Antoine. (C'était une idée fixe du vieux, et personne n'en avait jamais bien compris l'origine...). Martin du G., Thib.,Sorell., 1928, p. 1153.
C.−
1. Rare. [En parlant d'un animé] Qui a des contours, des traits définis. Elle [l'apparition] devenait plus précise et plus fixe à mesure que la voix lugubre débitait sa lugubre prière (Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t. 2, 1858, p. 49).Elle [l'imagination des tyrans] n'a point de dieux fixes; les siens sont fluides comme les choses (Taine, Nouv. Essais crit. et hist.,1865, p. 261).
2. [En parlant d'un inanimé] Qui est défini, déterminé; qui est réglé, régulier. Anton. indéfini, indéterminé, variable.Des règles fixes pour traduire le langage euclidien dans le langage non-euclidien (Poincaré, Valeur sc.,1905, p. 245).Je n'avais pas d'opinion fixe sur les étoiles, ni sur la lune (Céline, Mort à crédit,1936, p. 438):
4. Une orthographe fixe est nécessaire. La permanence des signes imprimés a certainement été un grand progrès. Il est évident que cette permanence n'est pas grandement troublée quand on supprime un des p d'appréhension ou quand on transforme en è le second é d'événement... Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 71.
− Domaine du commerce.Prix fixe, vendre à prix fixe.
Prix fixé d'avance. Nous ne servons pas à la carte, mais à prix fixe (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 744).Le cabaretier n'avait pas de prix fixe (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 89).
P. méton., emploi subst. masc., vieilli. Un prix fixe. Restaurant à prix fixe. Il avait lié connaissance avec une petite gosse qu'il avait invitée dans un prix fixe à cent sous (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 278).
SYNT. Adresse fixe; capital, coût, intérêt, revenu, salaire, somme, traitement fixe; à date, heure, jour fixe; fixe et déterminé, et durable, et immuable, et stable.
II.− Subst. masc.
A.− Au sing., à valeur de neutre. Ce qui est fixe, invariable. Le fixe engendre le faux (Valéry, Variété II,1929, p. 160):
5. L'anti-intellectualisme qu'est la proscription de toute fixité constitue chez certains poètes modernes un article organique de leur esthétique. Immobiliser une forme d'art, même parfaite, était pour Mallarmé, assure Thibaudet, « un péché originel de l'art ». Toutefois un tel trait étonne moins ici que chez des écrivains qui prétendent manier des idées. Cette haine du fixe conduit à une conception spéciale de la beauté... Benda, Fr. byz.,1945, p. 38.
B.− Au sing. et au plur. Part garantie du salaire (annuel ou mensuel) à laquelle s'ajoutent des rémunérations variables. Favier estimait son fixe et son tant pour cent à cinq mille cinq cents (Zola, Bonh. dames,1883, p. 661).Morel, fils supposé d'un « intendant » qui gagnait trente mille francs par an de fixe (Proust, Sodome,1922, p. 1031).
III.− Interj. Fixe! [Commandement militaire prescrivant le garde-à-vous à la troupe quand un officier entre dans un local] [Dans le maniement d'armes] Fixe!... Repos!... Fixe! Les hommes s'exécutaient, scandalisés. D'une voix très sûre, il continua : − Arme sur l'épaule... Droite! (Benjamin, Gaspard,1915, p. 60).
À vos rangs, fixe! [Même commandement prescrivant de s'aligner et de se mettre au garde-à-vous quand un officier supérieur entre dans un local].
Prononc. et Orth. : [fiks]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1remoitié xives.; ca 1362-63 « qui demeure au même endroit, déterminé de façon précise » (Oresme, Quadrip., B.N. 1349, f. 8b ds Gdf. Compl. : les estoiles fixes; B.N. 1348, fo39 ro, ibid. : les signes fix ou establis). Empr. au lat. class. fixus part. passé adj. de figere « ficher, enfoncer », fig. « fixer, attacher » (v. ficher) « fixé, fiché; déterminé, arrêté ». Fréq. abs. littér. : 3 140. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 774, b) 3 945; xxes. : a) 4 346, b) 4 547. Bbg. Quem. DDL t. 12.