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FIGER, verbe.
A.− Emploi trans.
1. [Le suj. désigne un agent phys. ou chim.]
a) Précipiter en une masse plus ou moins solide les particules en suspension (dans le sang). Synon. cailler, coaguler.On a prétendu que certains poisons figeaient le sang dans les veines (Ac.1835-1932).
Au fig., littér. [Le suj. désigne un comportement, un sentiment] Figer le sang. Affecter violemment. Synon. glacer le sang de qqn.Un regard d'elles [ses filles], quand il est triste, me fige le sang (Balzac, Goriot,1835, p. 151).
b) P. anal. Donner de la consistance à (un corps gras (semi-)liquide, ou à une substance d'aspect analogue). Synon. épaissir, solidifier.L'air froid fige la graisse des viandes (Ac.).Un souffle d'air fige une résine en fusion (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 302).C'était même dans la cour qu'ils mangeaient, se pressant d'avaler pour que l'air froid ne figeât pas trop vite leur rata (Benjamin, Gaspard,1915, p. 117).
2. Au fig.
a) [L'obj. désigne une pers. ou une chose]
[Le suj. désigne un phénomène phys. ou physiol.] Rendre immobile; priver de mouvement, d'animation. Synon. engourdir, immobiliser, paralyser, pétrifier.La chaleur t'excède, la faim t'affole, le froid te fige (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 9).La torpeur méridienne achève d'éteindre les bruits, de figer les choses (Loti, Pél. Angkor,1912, p. 64):
1. ... à peine avaient-ils [les soldats épuisés] cessé de se mouvoir, de faire circuler, dans leur chair gelée, leur sang presque inerte, qu'un engourdissement invincible les figeait, les clouait à terre, fermait leurs yeux, paralysait en une seconde cette mécanique humaine surmenée. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Horrible, 1884, p. 241.
[Le suj. désigne un affect ou un événement, un acte susceptible de provoquer une émotion] Frapper d'inertie, rendre incapable d'agir et de s'exprimer. Figer de crainte, d'épouvante, d'horreur. Synon. paralyser, pétrifier.Devant Mathilde, de nouveau, cette même paralysie m'a pris, qui me fige, au piano, chaque fois que je me sens écouté (Gide, Journal,1917, p. 616).L'expression de son visage me figea (Sartre, Nausée,1938, p. 106).
b) [L'obj. désigne un comportement intellectuel, une activité de l'esprit] Fixer (une production de l'esprit) dans un état donné, freiner (une pensée, une idée) dans son développement, son évolution. La scholastique est l'œuvre des pions, après les génies : les pions classificateurs qui figent l'art en formules (Kœchlin, Écrit. fugue,1933, p. 5).
B.− Emploi intrans. ou plus couramment, pronom.
1.
a) [Le suj. désigne le sang] Se solidifier. Synon. (se) coaguler.Quand le sang a pénétré la terre nourricière, Il appelle vengeance, et fige, et ne coule pas! (Claudel, Choéphores,1920, p. 917).Les ruisseaux de sang qui coulent des yeux de cette femme [Thérèse Neumann] et se figent sur ses joues, dans la nuit du jeudi au vendredi (Green, Journal,1931, p. 60).
Au fig., littér. [Éventuellement suivi d'un compl. introd. par la prép. de indiquant la nature de l'émotion, le suj. désignant le sang] Sembler se coaguler sous l'effet d'une forte émotion. Synon. se glacer.Jeppo. − (...) Ceci commence à devenir étrange! Maffio. − Je ne sais pourquoi mon sang se fige dans mes veines (Hugo, Borgia,1833, III, 1, p. 164).Dans ce silence gros de tant de monstres, il me semble que mes cheveux se dressent et que mon sang se fige (Camus, Dév. à croix,1953, p. 571).
b) P. anal. [Le suj. désigne un corps gras (semi-) liquide, ou une substance d'aspect analogue] Prendre de la consistance, devenir solide. Synon. (se) solidifier.L'huile se fige (très facilement). Ce bouillon s'est figé (Ac.). Laissant s'embourber sa cuiller dans la soupe qui se figeait (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 199).Des crèmes se figeaient à l'air dans des pots historiés d'or (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 7).On met le lard à fondre en guise d'huile... (...). Le lard se figeait; ce n'était pas très bon (Pourrat, Gaspard,1931, p. 72).
2. Au fig.
a) [Le suj. désigne un animé ou un inanimé concr.] Devenir d'une immobilité absolue. Se figer dans une attitude respectueuse, au garde-à-vous. Synon. s'immobiliser, se pétrifier.Beethoven ne posait pas volontiers; il était impatient, ou il se figeait; et les peintres manquaient de génie, pour dérober le feu rentré sous l'écorce (Rolland, Beeth.,t. 1, 1937, p. 221).Cf. consommer ex. 4 :
2. Les cimes des épinettes et des cyprès, oubliées par le vent, se figèrent dans une immobilité perpétuelle; au-dessus de leur ligne sombre s'étendit un ciel auquel l'absence de nuages donnait une apparence immobile aussi... Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 66.
En partic. [Le suj. désigne une pers.] Être brusquement paralysé par l'émotion, la surprise. Se figer sur place. Synon. se pétrifier.Tout à coup, ils se figèrent... − Mon enfant! Mon enfant... pleurait la mère (La Varende, Pays d'Ouche,1934, p. 164).D'abord, c'est une vraie stupeur! Elle se fige! transie qu'elle demeure (Céline, Mort à crédit,1936, p. 48).
P. ext. [Le suj. désigne l'aspect phys. d'une pers., son comportement] Devenir impénétrable, perdre toute expression. Synon. se glacer.Son sourire, sans disparaître tout à fait, se figea, se dépouilla de sens (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 301).Souvent, en plein banquet, en pleine cérémonie, je vois ton visage qui fige, tes lèvres qui remuent sans paroles (Giraudoux, Électre,1937, II, 7, p. 185).
b) [Le suj. désigne une pers., un animé abstr.] Se fixer dans un état ou une forme donnée, cesser d'évoluer (affectivement, intellectuellement, spirituellement). Se figer dans une discipline. Synon. se scléroser.Ne nous figeons pas; tenons nos esprits vivants et fluides (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 7, 1863-69, p. 50).Lorsque la foi cesse d'être amour, elle se fige en une croyance objective à une puissance plus ou moins physiquement conçue (Marcel, Journal,1914, p. 58):
3. Ce moment de la pleine jeunesse est, d'ailleurs, celui où les hommes sont le plus impatients de tout frein et le plus avides de changement. La vie qui circule en eux n'a pas encore eu le temps de se figer, de prendre définitivement des formes déterminées, et elle est trop intense pour se laisser discipliner sans résistance. Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 280.
Prononc. et Orth. : [fiʒe], (il) fige [fi:ʒ]. Conjug. : prend un e devant a et o : je me figeai(s), nous nous figeons. Étymol. et Hist. 1. Ca 1225 fegier « coaguler (le sang) » (L'Histoire de Guillaume le Maréchal, 9101 ds T.-L.); 2. 1592 figer pronom. « devenir d'une immobilité absolue » (Montaigne, Essais, I, 21, éd. A. Thibaudet, p. 129). Norm. à l'orig.; du lat. pop. *feticare proprement « prendre l'aspect du foie »; de *feticum « foie » issu du lat. de l'époque imp. ficatum devenu *fecatum (v. foie) puis feticum, avec métathèse des consonnes c et t et substitution de suff.; la forme figier serait due au pic. fie issu de *ficatum. Fréq. abs. littér. : 214. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 79, b) 158; xxes. : a) 430, b) 497.
DÉR.
Figement, subst. masc.,rare. a) Action de figer (le sang; p. anal., un corps gras (semi-)liquide ou d'aspect analogue, une substance huileuse); état d'un corps, d'une substance figée. Synon. coagulation, épaississement, solidification. (Dict. xixeet xxes.).b) Au fig. Action d'immobiliser un corps animé, de suspendre un mouvement; état de ce qui est immobilisé. J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets! (Rimbaud, Poés.,1871, p. 129).C'était terrible, ces regards fixes, ce figement de la vie! (Goncourt, Journal,1885, p. 420). [fiʒmɑ ̃]. 1reattest. 1549 « action de se figer, état de ce qui est figé » (Est.); de figer, suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. − Paris (G.). Figer. Romania. 1879, t. 8, pp. 434-435.