Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
FEINDRE, verbe trans.
A.−
1. [Le compl. d'obj. exprime une manière d'être, un sentiment] Présenter comme réels des sentiments, des comportements qui n'existent qu'en apparence. Feindre un étourdissement, l'indifférence. Feindre une maladie, feindre la joie (Ac.). Synon. affecter, contrefaire, simuler.Je veux redoubler de légèreté, je veux vous traiter fort mal en apparence, feindre une rupture (Balzac, Langeais,1834, p. 264).Car ce n'est qu'un homme, capable de feindre une émotion sans doute, mais non de la dissimuler (Colette, Vagab.,1910, p. 165).Sans y prendre garde, elle leva des yeux interrogateurs. L'américaine feignait la mine honteuse des flagrants délits (Radiguet, Bal,1923, p. 48).
Emploi pronom.
Emploi pronom. réfl., rare, littér. Faire semblant d'être. Il y a un souffle sur ma chair, et je sens une horreur se feindre sur toute ma surface, hérissant la séparation du froid et du chaud (Valéry, Tel quel II,1943, p. 142).
Emploi pronom. passif. Être imitable. Et vous voulez me taire vos chagrins?... lui dis-je [à la comtesse] en essuyant mes larmes et avec cette voix qui ne se feint pas (Balzac, Honorine,1843, p. 370).
Spéc., MUS. Feindre une note. Altérer (une note) par un dièse ou un bémol. Quelquefois il est nécessaire de les feindre [des notes] pour éviter la mauvaise suite (Jumilhac, Sc. et prat. plain chant,1847, p. 132).
2. [Avec un compl. à l'inf. introd. par de] Faire semblant de (faire quelque chose). Feindre de ne pas connaître qqn. Feindre d'être gai, d'être en colère (Ac.). Synon. faire mine de.Elle était endormie ou feignait de l'être pour ne pas les troubler (Loti, Pêch. d'Isl.,1886, p. 266).Elle éprouvait le besoin de se rapprocher de lui, de dire quelque chose. Christophe, qui le sentait, feignait de s'intéresser à ce qu'elle racontait (Rolland, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 275):
Seul, dans un coin, un gros homme feignait de lire un journal, mais épiait les gestes et les propos des autres clients. − Regardez-moi cette belle tête de voyeur, fit Décugis. Arland, Ordre,1929, p. 137.
P. métaph. C'était l'instant où refluait la vague de feu, où la fièvre feignait d'abandonner son corps grelottant (Mauriac, Génétrix,1923, p. 330).
Emploi pronom. réfl. indir., rare. Se dissimuler à soi-même. Cela, que tu te feins d'ignorer, forme la trame de tes pensées et la substance de tes actes, de ton abstinence plutôt (Arnoux, Seigneur,1955, p. 110).
3. Emploi abs. Montrer à autrui ce qu'on ne pense ni ne ressent vraiment. Savoir feindre; avoir l'art de feindre. Synon. dissimuler.Avec toi, mon amour, je ne souhaitais pas suivre une politique sage. J'étais incapable de feindre, d'être prudente (Maurois, Climats,1928, p. 247).Avec les autres, il lui fallait feindre et ruser (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1174).
ÉQUIT., vx. Feindre en marchant, feindre du pied. Boîter légèrement. Il est guéri de sa goutte mais il feint encore un peu du pied gauche (Ac.1835, 1878).Ce cheval feint d'un pied (Ac.1835, 1878).
B.− Rare. [Avec une prop. complétive introd. par que] Faire semblant de croire (quelque chose), faire comme si (quelque chose existait). Il se décida à sortir sa lettre et à la faire lire à l'ambassadeur, mais il lui recommanda la discrétion, car il feignait que Charlie fût jaloux afin de pouvoir faire croire qu'il était aimant (Proust, Prisonn.,1922, p. 46).
Prononc. et Orth. : [fε ̃:dʀ ̥], (il) feint [fε ̃]. Conjug. cf. étreindre, craindre. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. « faire paraître des sentiments, une manière d'être... qui n'ont que l'apparence, pour tromper autrui; faire semblant de »; a) ca 1100 pron. + attribut (Roland, éd. J. Bédier, 2275 : si se feinst mort) b) 1280 feindre que (Clef d'Amour, 508 ds T.-L.); c) 1600 feint part. passé adj. « factice (en partic. terme d'archit.) » (O. de Serres ds FEW t. 3, p. 553b); d) 1680 art vétér. (Rich.); 2. 1176-81 trans. « imaginer, inventer (quelque chose) » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 3098 : Ceste mançonge voldra faindre). Du lat. class. fingere « façonner, pétrir, modeler; imaginer; inventer faussement ». Fréq. abs. littér. : 1 278. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 320, b) 1 595; xxes. : a) 2 035, b) 2 229. Bbg. Portier (E.). Essai de sém. : feindre, figurer, feinte, figure, fiction. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, pp. 183-201.