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FAILLIR1, verbe intrans.
I.
A.− Céder, ne pas résister.
1. [Le suj. désigne une chose] Cet édifice a failli par le pied (Ac.).
P. anal. Vite essoufflé, le gars avait perdu sa prodigieuse souplesse et faillait d'ailleurs par les jarrets autant que par les coudes (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 152).
2. [Le suj. désigne une pers.] Gabinius, conduit le dernier dans la curie (...), faillit comme les autres (Mérimée, Conjur. Catilina,1844, p. 348):
1. Oui, ton âme fut belle, ainsi que ton génie; Elle ne faillit point devant la tyrannie, Et chanta dans les fers l'hymne de liberté. Barbier, Iambes,1840, p. 148.
B.− Manquer, faire faute, faire défaut. Je ne te faudrai point mon ami. Au lieu d'aller te mariner dans les Indes, il est beaucoup plus simple de naviguer de conserve avec moi dans les eaux de la Seine (Balzac, Contrat mar.,1835, p. 353).Quelque chose de sa conscience d'honnête homme eût pu faillir dans les crises de la vie (Goncourt, Journal,1854, p. 128).Des sujets dont le loyalisme n'avait jamais failli (Barrès, Colline insp.,1913, p. 79):
2. Un homme de chez nous a fait ici jaillir, Depuis le ras du sol jusqu'au pied de la croix, Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois, La flèche irréprochable et qui ne peut faillir. Péguy, Tapisserie N.-D.,1913, p. 678.
Faillir à + subst.Inflexible dans sa logique, la guerre ne faut pas, dans l'application, à ses propres maximes (Proudhon, Guerre et Paix,1861, p. 493).Faillir à son devoir, à sa destinée. Il s'agit ici de ne point faillir aux espoirs qu'ont reportés sur moi des créatures désespérées (Gide, Journal,1934, p. 1210).
3. ... ne craignez-vous pas d'outrager le marquis et sa fille en mettant le pied sur ces terres? N'est-ce point faillir du même coup au culte de l'amitié et à la religion du malheur? Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 43.
Faillir à sa parole, à sa promesse. Ne pas tenir sa parole, sa promesse. Il s'était juré de ne pas faillir à sa promesse. Il n'y faillirait pas (Mauriac, Galigaï,1952, p. 116).
Faillir à + inf.Je ne puis faillir à dire quelque chose en l'honneur des rois mages (Renan, Feuilles dét.,1892, p. 76):
4. ... je te prie, Philippe, que tu trouves des excuses à ces deux générations, dont l'une faillit à garder l'honneur et dont la seconde ne sut point le rétablir. Barrès, Amit. fr.1903, p. 211.
Avoir une défaillance. Quand il revit ce visage altéré à peine et sa beauté encore reconnaissable à travers la mort, le cœur lui faillit (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 2, 1863-69, p. 48).Enfin nous arrivâmes, moi, le cœur faillant, lui joyeux et affairé comme un démon (Green, Autre sommeil,1931, p. 93):
5. − Lisez, lisez, monsieur, s'écria Adamas, assurez-vous bien... − Je ne puis, dit le marquis, qui devint pâle, le cœur me faut! D'où vient ce papier? Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t. 1, 1858, p. 203.
Loc., vx. À jour faillant. ,,Lorsque le jour est près de manquer`` (Ac. 1835). Arriver à jour faillant (Ac. 1835). À nuit faillie, à jour failli. Après la tombée du jour. On l'accusait (...) d'escalader, à nuit faillie, les fenêtres des métairies (Fabre, Xavière,1890, p. 113):
6. Et voilà qu'à l'entrée de Soisy, le bel orphelinat (...) donne à ces roulottiers l'idée de laisser là un de leurs petits brame-la-faim, la plus jeune, la fillette toute mignonne, tout angélique, que l'on dépose, au jour failli, sous le porche haussé d'une croix. A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 289.
Proverbe. Au bout de l'aune faut le drap*.
C.− Au fig.
1. Tomber dans l'erreur, se tromper. Les plus doctes sont sujets à faillir (Ac.1932).Dans cette haute magistrature, sur tous les points il [Renan] faillit. Il n'admit pas la preuve ontologique (Barrès, Cahiers,t. 1, 1898, p. 173).
2. Commettre une faute. Je crus (...) ne pouvoir faillir en obéissant à la reine (Courier, Pamphlets pol.,1824, p. 71):
7. ... De faveurs sans égales J'ai joui, tout enfant, près du prince de Galles. Chaque fois que... Son altesse royale avait failli, j'avais Le privilège... De recevoir le fouet que méritait le prince. Hugo, Cromwell,1827, p. 145.
Spéc., vieilli. [Le suj. désigne une femme] Succomber à la séduction, se laisser séduire. Si vous n'aviez pas failli vous-même, jamais je ne vous aurais parlé de ces choses, car j'aurais craint de vous salir (Zola, Renée,1887, I, 2, p. 331):
8. ... il n'était pas fâché de voir cette Blanchotte (...) et il se disait peut-être, au fond de sa pensée, qu'une jeunesse qui avait failli pouvait bien faillir encore. Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Papa de Simon, 1879, p. 18.
II.− [En fonction d'auxil. suivi de l'inf., pour exprimer qu'un fait a été près de se produire] Être tout près de, sur le point de, manquer de.
A.− Vx. Faillir de/à + inf.
Faillir de.À l'entrée de la nuit, nous faillîmes d'être arrêtés au village de Saint-Paternion (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 456).
Faillir àIl a failli à me blesser; il a failli à être ministre; cet événement faillit à retarder notre départ (Ac.1835, 1878).
B.− Usuel. Faillir + inf.Il se jeta tout effaré hors de sa chambre et faillit être renversé par maître Jolibois (Sandeau, Sacs,1851, p. 24).Elle faillit dire quelque chose; mais se tut (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 501):
9. ... il m'empoigna la taille et me donna, sur la nuque, un baiser qui faillit me décoiffer. − Tu es épatante... souffla-t-il... Ah! nom d'un chien! ... ce que tu sens bon... Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 153.
Rem. 1. ,,Faillir n'est plus guère usité qu'à l'infinitif, au passé simple : je faillis, etc.; au futur : je faillirai, etc.; au conditionnel : je faillirais, etc.; et aux temps composés : j'ai failli, j'avais failli, etc.`` (Grev. 1969 § 701, p. 652). 2. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. failli, vx ou région. Lâche. Chante. Quiche, afin de fouetter les jus de navet de leurs veines, d'activer, leur cœur failli et mollasson! (Arnoux, Rhône, 1944, p. 113). [Gabrielle] − Tenez, t'nez encore (...) Faillis! L'alcool de cidre débordait. Ils [les ouvriers] ne burent pas (La Varende, Indulg. plén., 1951, p. 155). Mar. Failli gars. Mauvais marin. Le navire était soûl; l'eau sur nous nous faisait nappe. − Aux pompes, faillis chiens! L'équipage fit − non − (Corbière, Am. Jaunes, 1873, p. 211). P. anal. [La vivandière :] Mais qui diable est-ce qui vous trahit, faillis soldats? (Richepin, Chien, 1898, p. 4). 3. La plupart des dict. gén. enregistrent a) La loc. (en termes de blas.) chevrons faillis. Chevrons brisés dans leurs montants. b) Faillance, subst. fém., vx. Manque, absence (de quelque chose).
Prononc. et Orth. : [faji:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1040 « faire défaut (à quelqu'un) » d'une pers. (Alexis, éd. Chr. Storey, 495 : faldrat [futur]); 2. ca 1100 « manquer (à quelqu'un) » d'une chose (Roland, éd. J. Bédier, 2231 : Falt li le coer); 3. ca 1165 « manquer (à un devoir, un engagement), commettre une faute » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 15437). B. 1559 faillir à « manquer de peu » (Amyot, Pyrrhus, 70 ds Littré : Evalcus [...] luy tira un coup d'espée, duquel il faillit à lui couper la main). Du lat. vulg. *fallire, pour class. fallere « tromper, échapper à » d'où le sens de « manquer »; extension à l'inf. et au part. passé du rad. faill- régulier à l'ind. prés. (*falliunt) et à l'imp. (*falliebam). Bbg. Boulan 1934, p. 30. − Darbelnet (J.). Survivances lex. en fr.-can. In : Congrès International de Linguistique et Philologie romanes. 13. 1971. Québec. Québec, 1976, t. 2, p. 1136. − Laboriat (J.). Faillir et ses frères. Déf. Lang. fr. 1973, no70, pp. 6-7. − Leicht (H.). Morphologie und Semasiologie der französischen Verben faillir und falloir. Kiel, 1909, 63 p. − Lew. 1960, p. 65, 128 (s.v. faillance).