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ENTÉNÉBRER, verbe trans.
A.− Domaine concr.
1. [Le compl. désigne un inanimé] Envelopper de ténèbres, plonger dans l'obscurité (un paysage, un édifice). Synon. assombrir.Ses vitraux coloriés [de la cathédrale] l'enténèbrent de cette obscurité propre au recueillement (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 192).Une poussière rougeâtre (...) enténébrait l'atmosphère (Tharaud, Bienaimées,1932, p. 249):
1. Un soir qu'il [Raboliot] était resté plus longtemps à la lisière du Chamboux, (...) il avait vu la nuit engrisailler la lande, l'enténébrer sous un ciel sans lune, ... Genevoix, Raboliot,1925, p. 293.
Au passif. [Avec un compl. introduit par les prép. de ou par] Les bois noirs de sapins étaient déjà obscurcis et enténébrés du soir (Michelet, Oiseau,1856, p. 158).Cette salle était (...) enténébrée malgré ses nombreuses fenêtres par l'éternelle poussière noire (Genevoix, E. Charlebois,1944, p. 78).
Emploi pronom. à sens passif. Otto, debout contre la vitre, (...) regardait s'enténébrer le ciel (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 317).Le chemin s'enfonce, s'enténèbre (Genevoix, Raboliot,1925, p. 57).
2. Rare. Mettre une note sombre. Orchidées enténébrées de crêpes. De longues boucles noires, presques bleues, enténébraient cette face blanche (Lorrain, Contes chandelle,1897, p. 172).
Rem. La docum. atteste enténèbrement, subst. masc. Il est des rares indépendants que n'aient pas tout d'abord influencé le travers du bleu et la manie du lilas; lui, au contraire, avait à se débarrasser des enténèbrements de l'école (Huysmans, Art mod., 1883, p. 116).
B.− P. métaph. et au fig.
1. [Avec l'idée de confusion, de trouble; le compl. désigne une faculté intellectuelle] Rendre incapable de discernement, faire perdre la possibilité de raisonner. Enténébrer l'esprit, la raison. Je sais pourquoi ma raison, ce soir, est enténébrée. Dans mon esprit gâté par l'abus récent de l'opium, la privation soudaine de cette drogue ajoute le ravage au ravage (Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 187):
2. ... le courant froid qui longeait la côte condensait sur le large des brumes décevantes et molles qui (...) faisaient du rivage ce désert frileux et moite, à l'haleine humide de malade, qui mollissait les muscles et enténébrait le cerveau. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 282.
Emploi pronom. à sens passif. Alban chercha à maîtriser son esprit qui s'enténébrait (Montherl., Songe,1922, p. 114).
2. [Avec l'idée de tristesse, de menace qu'évoquent les ténèbres]
a) Rendre triste, sombre; priver de gaieté, de joie. Sa présence enténébrait le plus joyeux repas. Il [Edward] ne savait plus laisser au vestiaire son masque fatal (Mauriac, Chair et sang,1920, p. 217):
3. On était en droit de rechercher le Christ en deçà du supplice, et dans la plénitude de sa joie (...). C'est le Christ crucifié qu'on continuait à voir, à enseigner. C'est ainsi que cette religion parvint à enténébrer le monde. Gide, Feuillets,1928, p. 899.
b) Emploi pronom. à sens passif. [Le suj. désigne la physionomie d'une pers.] Avoir une expression hostile, menaçante. Des visages qui s'ouvraient déjà, se ferment. Il serait plus juste de dire qu'ils s'obscurcissent, s'enténèbrent (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1105).
Prononc. : [ɑ ̃tenebʀe]. Étymol. et Hist. Fin xiiies. entenebrez (Vies des Saints, Richel. 20330, fo2 rods Gdf.). Dér. de ténèbre*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 22. Bbg. Darm. 1877, p. 139.