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ENGOURDIR, verbe trans.
A.− [En parlant du corps, ou d'une partie du corps] Provoquer une paralysie partielle; rendre un membre inerte ou insensible. Engourdir les doigts, les mains; engourdir par le froid. « Le seul moyen qui ait réussi à engourdir la malade, c'est la morphine sur emplâtre (à dose infinitésimale)... » (Michelet, Journal,1842, p. 822):
1. ... tout en donnant des signatures sur une table basse en laque doré qui s'écaillait, tellement elle était près du feu, il [le duc] tendait à chaque instant ses doigts engourdis vers la flamme... A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 34.
Emploi pronom. à sens passif. Pieds qui s'engourdissent. Le membre se refroidit, s'engourdit et quelquefois même se gangrène (Nélaton, Pathol. chir.,t. 1, 1844, p. 222).
B.− P. ext. Mettre dans un état de passivité, de sommeil. C'est de là que viendrait cette poudre blanche que soufflent les voleurs dans une chambre pour engourdir les gens et les voler en toute sécurité (Goncourt, Journal,1894, p. 651):
2. Dans une heure, peut-être, il serait là... Elle allongea les jambes, renversa la tête et ferma les yeux. Sa lassitude fondait à l'eau comme de la poussière. Un bien-être animal l'engourdissait. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 115.
Emploi pronom. à valeur subjective. Il se laissa aller dans un fauteuil où, peu après, il s'engourdit (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 107).
Spéc. [En parlant de certains animaux] Entrer en hibernation. Les chauve-souris qui, comme les ours, s'engourdissent pendant l'hiver (Cuvier, Anat. comp.,t. 5, 1805, p. 225).
C.− Au fig.
1. Ralentir l'activité physique ou intellectuelle de quelqu'un. Une paresse engourdissait peu à peu l'abbé Mouret (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1231).Je ne puis secouer cette torpeur qui m'engourdit l'esprit et le rend incapable d'effort (Gide, Journal,1943, p. 199).
Emploi pronom. à valeur subjective. Quand tout est tranquille et calme, il semble que mes facultés s'engourdissent; il faut du mouvement, des événements extraordinaires pour les mettre en jeu (Maine de Biran, Journal,1816, p. 242).
2. Mettre en sommeil un sentiment. Engourdir ses passions; engourdir sa moralité. Éline va et vient sans bruit (...). C'est sa façon d'engourdir son chagrin, dans une activité matérielle (A. Daudet, Évangéliste,1883, p. 10):
3. Ses épaules [à Florentine] allaient et venaient dans un balancement ininterrompu, triste et monotone, comme si elle berçait un enfant ou une pensée ou encore une vieille rancune qu'elle aurait bien voulu engourdir. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 319.
Rem. La docum. atteste l'adj. engourdisseur, euse. Qui engourdit. Le crépuscule engourdisseur (cf. Genevoix, Nuits de guerre, 1917, p. 48).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃guʀdi:ʀ], (j')engourdis [ɑ ̃guʀdi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1195 (Ambroise, Guerre Sainte, 1571 ds T.-L. : engurdi [ms. desgurdi]); ca 1260 « devenir gourd » (Ph. de Novare, Quatre temps, 123, ibid.). Dér. de gourd*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 290. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 294, b) 309; xxes. : a) 685, b) 404.