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ENFILER, verbe trans.
A.− [Le compl. dir. désigne un obj. filiforme] Passer à l'intérieur (de quelque chose). Enfiler une corde dans une poulie. Il attendit, pour continuer, que ma nièce eût enfilé de nouveau le fil, qu'elle venait de casser (Vercors, Silence mer,1942, p. 52).
B.− [Le compl. désigne un obj. percé de part en part]
1.
a) Faire traverser par un fil de manière à retenir à la suite. Petites pièces d'or dont les Syriennes se font des colliers et des bracelets en les enfilant avec un brin de soie (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 185).Pour faire le cœur, enfilez une perle de verre sur un bout de laiton (P. Rousset, Trav. pts matér.,1928, p. 173):
1. Alors bonne-maman sortait du buffet la toupie métallique sur laquelle on enfilait, pendant qu'elle tournait, des ronds de carton multicolores... Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 13.
Loc. fig. Enfiler des perles. N'être d'aucune utilité. À quoi que tu crois que ça sert, une paillasse? À enfiler des perles? (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 171).
b) En partic. Traverser par un fil. Il lui avait offert d'enfiler son aiguille (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 180).
2. P. anal. [Le compl. désigne des productions verbales] Raconter à la suite, sans discontinuer. Enfiler des bobards, des bons mots, des compliments. Synon. débiter.C'est-y singulier! reprit Madame Vauquer en enfilant une suite de phrases insignifiantes sur cet événement (Balzac, Goriot,1835, p. 215).Ce n'était plus le moment d'enfiler des maximes ou des oracles sur la politique (Aymé, Jument,1933, p. 159).
3. [Le compl. désigne un vêtement] Mettre, revêtir. Enfiler ses bas, son pantalon. Là-dessus, il prend son chapeau, enfile son pardessus, et va voir ses malades (Duhamel, Terre promise,1934, p. 209).Il possédait autant de bretelles que de pantalons, de façon à enfiler le tout ensemble (Morand, Homme pressé,1941, p. 67).
SYNT. Enfiler ses chaussettes, son pyjama, sa veste, ses bas, ses gants, son peignoir, un caleçon de bain.
C.− P. anal. [Le compl. désigne un lieu par où l'on passe] S'engager tout droit (dans, sous quelque chose).
1. Emploi trans. Enfiler la porte, l'escalier. Je le vois pendant cinq secondes, et puis il disparaît, enfilant à toutes jambes le chemin qui mène aux bois (Colette, Cl. école,1900, p. 111).L'une après l'autre, depuis vingt minutes, ils enfilaient des rues sombres et presque désertes (Montherl., J. filles,1936, p. 968).
Loc., vx. Enfiler le degré, enfiler la venelle. ,,S'enfuir`` (Ac.).
Spéc., ART MILIT. Prendre en enfilade. Enfiler une tranchée, un navire.
2. Emploi pronom. S'enfiler sous un porche. Les eaux s'enfilaient et battaient leurs rives (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 74).
Au fig., arg. S'engager. Ne t'enfile jamais dans cette combinaison-là; tu serais dans le seau (Bruant, Dict. fr.-arg.,1905, p. 168).
D.− P. ext.
1. Vx. Transpercer d'un coup d'épée. Enfiler un ennemi.
2. Vulg. Pénétrer (quelqu'un) par sodomie. Synon. enculer.Ah! ça oui, les filles, il y a de la ressource, si ça ne leur plaît pas, le turbin, elles peuvent toujours se faire enfiler (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 72).Mon vit de marbre noir t'enfile jusqu'au cœur (Genêt, Poèmes,1948, p. 25).
Emploi pronom. C'est les bestioles du bled qui se coursent pour s'enfiler ou se bouffer (Céline, Voyage,1932, p. 207).
3. Au tric-trac, vieilli. Se faire enfiler, s'enfiler. Disposer son jeu de manière telle qu'on ne puisse jouer soi-même et qu'on soit constamment battu.
4. Emploi pronom. indir., pop. Absorber, S'enfiler un cognac, un bifteck. Synon. fam. s'envoyer, se taper.Moi je me connais un mec qui s'enfile soixante jaunes d'œufs durs (Musette, [Cagayous phil.], 1906, p. 248):
2. ... jamais elle ne trinquait avec l'un de ses clients malgré toutes les politesses que l'on pouvait lui faire, mais après (...) elle s'enfilait des rasades d'eau-de-vie. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 86.
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃file], (j')enfile [ɑ ̃fil]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1193-97 « passer un fil ou un objet analogue au travers de quelque chose » aguille enfiler (Hélinant de Froidmont, Les Vers de la Mort, éd. Fr. Wulff et E. Walberg, IX, 11); 1595 enfiler qqn « transpercer quelqu'un avec une épée, une arme » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, livre I, chap. 48, p. 328); 2. 1549 pronom. « se laisser prendre au piège » (Est.); 3. 1609 « s'engager dans une voie » en partic. pour prendre la fuite enfiler la venelle (Régnier, Sat., XII, 327 ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p. 166); 4. 1618 enfiler un long pourparler (D'Aub., Hist., I, 140 ds Littré); 5. 1866 « mettre un vêtement » elles enfilent leur bas (Taine, Voy. Ital., t. 1, p. 10); 6. 1878 fam. « boire » enfiler sa potée (Rigaud, Dict. jargon paris., p. 279). Dér. de fil*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 437 (enfilé : 112). Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 198, b) 586; xxes. : a) 854, b) 858. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 213, 237, 412. − Guiraud (P.). Le Champ morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 96-109. − Quem. Fichier.