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ENCANAILLER, verbe trans.
A.− Emploi trans.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Faire déchoir quelqu'un socialement en lui faisant fréquenter de la canaille*, des gens d'un rang inférieur ou considérés comme de mauvaise compagnie. Naïs (...) qui nous encanaille avec le fils d'un apothicaire et d'une garde-malade (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 101):
1. ... le règne de la bourgeoisie arrivait, et, quoique j'aie entendu les « vieilles comtesses » accuser Madame Eugénie d'avoir laissé « encanailler » son couvent, je me souviens fort bien que, lorsque j'en sortis, peu de jours après la mort de Madame Canning, le « Tiers État » avait déjà fait, par ses soins, une irruption très-lucrative dans le couvent. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 250.
2. Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou une chose abstr.] Abaisser, ramener à une qualité inférieure, dégrader en rendant vulgaire, trivial. Je ne sais pas de couplets de corps de garde. Je ne m'encanaille pas la mémoire! (Musset, Mimi Pinson,1845, p. 229):
2. Presque toutes les fois qu'une femme se dégrade − par une mode qui l'enlaidit, une danse qui l'encanaille, une façon imbécile de penser ou de parler, − c'est l'homme qui l'y a poussée; mais pourquoi ne résiste-t-elle pas? Montherlant, Pitié pour les femmes,1936, p. 1120.
B.− Emploi pronom.
1. [Le suj. désigne une pers.] Déchoir socialement en fréquentant des personnes d'un rang inférieur ou de mauvaise compagnie. Ils l'accusaient (...) de s'encanailler avec la roture, et de caresser les nobles (Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 101).Il aimait assez les façons populaires, à certaines heures, quand la société était mêlée; mais chez lui, ma foi, on ne s'encanaillait pas sans réserves (Abellio, Pacifiques,1946, p. 88).
2. Au fig. [Le suj. désigne une pers. ou une chose abstr. relative à une pers.] Perdre en qualité, se dégrader en prenant des caractères vulgaires. Plus de contrainte, plus de noblesse! Le bonheur même s'encanaille (Bloch, Dest. du S.,1931, p. 273):
3. Un des messieurs de ce papier [une revue] informe les intelligences d'élite, pour lesquelles il travaille exclusivement, de ma déchéance profonde. Il paraît que « je m'encanaille » et que « le formidable styliste Bloy n'est plus, à l'heure actuelle, que l'entrepreneur de vidange de toutes les bassesses humaines... » Bloy, Journal,1894, p. 115.
Rem. On rencontre ds la docum. encanaillé employé comme adj. Lui très encanaillé, elle très supérieure (Goncourt, Journal, 1890, p. 1230). Le jeudi chômage encanaillé, grève en tablier noir et bottines à clous (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 34).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃kanɑje], (j')encanaille [ɑ ̃kanɑ ̃:j]. Mais [a] ant. à la 3esyll. ds Lar. Lang. fr. et aussi DG. Cf. -aille, -ailler. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1660 s'encanailler « descendre de son rang en frayant avec la canaille » (A. B. de Somaize, Le Grand dict. des précieuses, I, p. 63); 1697 verbe trans. « mêler avec des gens d'un rang bien inférieur » (Dancourt, Le Retour des officiers, sc. 9 ds Littré). Dér. de canaille*; préf. en-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 60.